Tour de France - Mohoric gagne une 19e étape de folie à la photo-finish
Par Nicolas GAUTHIER le 21/07/2023 à 17:12
Nouvelle journée de folie sur les routes du Tour de France ! Au terme d'une énorme lutte de plus de 100 kilomètres pour former l'échappée victorieuse, un groupe d'une trentaine d'unités s'est joué la victoire dans le final de cette 19e étape vendredi - la plus rapide de ce Tour avec plus de 49 km/h de moyenne ! Et c'est finalement Matej Mohoric (Bahrain Victorious) qui s'est imposé à Poligny à l'issue d'un sprint très serré, privant le vainqueur de la veille Kasper Asgreen (Soudal Quick-Step) du doublé pour quelques centimètres ! Déclaré vainqueur à la photo-finish, le Slovène de 28 ans remporte un 3e succès en carrière sur la Grande Boucle - après son doublé en 2021 -, offrant également un 3e bouquet à son équipe sur cette édition 2023. Ben O'Connor (AG2R Citroën Team) complète le podium du jour.
Vidéo - Matej Mohoric, vainqueur de cette 19e étape
#TDF2023 Au terme d'une journée intense, Matej Mohoric s'est imposé d'un rien devant Kasper Asgreen sur cette 19e étape du #TourdeFrance. Parti dans l'échappée, le Slovène vient là chercher sa 3e victoire sur le Tour.
— Cyclism'Actu (@cyclismactu) July 21, 2023
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Un top 10 digne d'un Monument, Vingegaard pas inquiété
Parti avec le Danois et l'Australien à plus de 30 kilomètres de l'arrivée dans la dernière difficulté du jour, Mohoric et ses deux compères ont parfaitement collaboré pour résister au retour de leur poursuivants. Se sachant battu au sprint, O'Connor a tenté d'anticiper aux 500 mètres, sans succès. Asgreen a alors pris les devants et longtemps mené, avant de se faire sauter sur la ligne par Mohoric au jeté de vélo ! Quarente seconde plus tard, le maillot vert Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) a de nouveau pris la 4e place en règlant au sprint le groupe de 9 costauds qui était en poursuite.
Le Belge devance Mads Pedersen (Lidl-Trek, 5e), Christophe Laporte (Jumbo-Visma, 6e), Alberto Bettiol (EF Education-EasyPost, 8e), Matteo Trentin (UAE Team Emirates, 9e), Tom Pidcock (INEOS Grenadiers, 10e), Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck, 12e)... Un classement digne des plus grandes Classiques du printemps, preuve de la difficulté de cette journée ! Emmené par la Jumbo-Visma du maillot jaune, le peloton principal a franchi la ligne avec plus de 13 minutes de retard, aucun coureur n'étant assez dangereux à l'avant pour menacer Jonas Vingegaard ni chambouler le top 10. Seul changement notable au classement général : Tom Pidcock remonte à la 13e place, Ben O'Connor à la 17e.
L'échappée ne part pas... petit coup de chaud pour Adam Yates
Ils sont très nombreux à vouloir se glisser dans l'échappée ce vendredi midi, cette 19e étape du Tour de France pouvant sourire aux baroudeurs. Le début de course est donc marqué par de nombreuses attaques, mais il faut attendre une vingtaine de bornes avant de voir Alexey Lutsenko (Astana Qazaqstan Team) et Mads Pedersen (Lidl-Trek) se détacher. Le Kazakh et le Danois passent au sommet de la côte du Bois de Lionge avec quelques secondes de marge sur un peloton très étiré. L'avantage des deux hommes augmente lors des kilomètres suivants, et ce malgré les difficultés rencontrées par Lutsenko en descente.
Les multiples relances à l'avant du peloton condamnent cependant les deux fuyards, repris après une petite quarantaine de kilomètres de course. Pendant que Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step) et Stefan Küng (Groupama-FDJ) prennent la poudre d'escampette, il y a un peu le feu dans la maison UAE Team Emirates puisque Adam Yates, troisième du classement général, a pris une cassure et se trouve dans un groupe qui pointe à 30 secondes du peloton principal. Grâce au travail de son coéquipier Rafal Majka, qui tracte le Britannique dans la côte non répertoriée de Sarrogna, Adam Yates parvient à rapidement rétablir la situation, contrairement à une cinquantaine de coureurs qui se retrouvent à l'arrière de la course.
Une échappée de 9 avec Alaphilippe, Barguil, Pedersen... Gros bras de fer avec le peloton !
À 120 bornes de l'arrivée, et alors que l'échappée n'est toujours pas partie, un très beau groupe parvient à se détacher. Dans celui-ci, on retrouve les Belges Victor Campenaerts (Lotto Dstny) et Tiesj Benoot (Jumbo-Visma), le Français Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step), l'Allemand Nils Politt (BORA-hansgrohe), l'Italien Matteo Trentin (UAE Team Emirates), l'Australien Jack Haig (Bahrain Victorious) et le Danois Mads Pedersen (Lidl-Trek). Au courage, deux coureurs parviennent à faire la jonction, il s'agit du Français Warren Barguil (Team Arkéa-Samsic) et de l'Allemand Georg Zimmermann (Intermarché-Circus-Wanty).
Les neuf hommes de tête font la différence par rapport à la meute et leur avance dépasse très vite la minute. Non représentées à l'avant, les équipes Israel-Premier Tech, EF Education-EasyPost et Uno-X Pro Cycling Team se placent alors aux avant-postes et se mettent à rouler. Le travail commun de ces trois formations permet à l'écart de se stabiliser autour de la minute, mais jusqu'à quand vont-elles pouvoir rouler ? Un énorme bras de fer s'enclenche sur des routes toujours en prise et mal plates, alors que la moyenne atteint les 49 km/h depuis le départ ! Nul doute que ce début d'étape va laisser des traces, un groupe de 38 coureurs étant toujours attardé plus de 3 minutes derrière un peloton qui ne débranche pas.
Politt malchanceux, un gros groupe sort en contre et fait la jonction
La mano a mano se poursuit sans relâche pendant plusieurs kilomètres sans que l'écart n'évolue. Mais à 90 bornes de la ligne, coup dur pour Nils Politt et l'échappée : l'Allemand casse sa chaîne dans une relance et doit attendre le retour du peloton pour pouvoir changer de vélo ! Un fait de course qui va peut-être faire pencher la balance en faveur de la poursuite, les fuyards n'étant plus que 8 à l'avant et perdant un excellent rouleur. La chasse reprend d'ailleurs du poil de la bête suite à cet incident et réduit l'écart pour la première fois sous la minute.
Au sprint intermédiaire situé à Ney (75 km restant), Mads Pedersen passe logiquement en tête et prend 20 pts pour le classement du maillot vert, lui permettant de conforter sa 2e place. Derrière, le peloton passe avec seulement 35 secondes de retard, Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) passant en 9e position. Mais le Belge ainsi que de nombreux coureurs présent à l'avant poursuivent leur effort, et c'est donc un groupe d'une trentaine d'unités qui fausse compagnie au peloton maillot jaune et s'en va à la poursuite de l'échappée ! Une situation étonnante qui rebat totalement les cartes pour la victoire d'étape, puisque la jonction est faite à 67 km de l'arrivée, notamment sous l'impulsion des Uno-X Pro Cycling Team.
Le peloton abdique, la grosse échappée va se jouer la victoire !
Difficile d'y voir clair parmi ce gros mouvement de course, mais on retrouve un total de 36 coureurs à l'avant, dont de nombreux sprinteurs, comme Dylan Groenewegen (Team Jayco AlUla), Jasper Philipsen - accompagné de Mathieu van der Poel -, Mads Pedersen, Jordi Meeus (BORA-hangsrohe), Christophe Laporte (Jumbo-Visma)... A peine le temps de s'organiser pour la tête que deux coureurs ressortent : l'intenable Victor Campenaerts et Simon Clarke (Israel-Premier Tech). Ce duo prend une vingtaine de secondes sur le reste des poursuivants. Personne n'étant dangereux pour le général, le peloton maillot jaune laisse filer et pointe déjà à près de deux minutes à 60 km. La gagne se trouve parmi les 36 de devant, quelle étape !
Les deux hommes de tête s'entendent bien et réalise un beau numéro, augmentant leur avantage à 50 secondes sur le groupe de chasse, toujours emmené par des Uno-X qui ne ménagent pas leurs efforts malgré les nombreuses autres formations représentées. Sous l'impulsion de l'équipe norvégienne, l'écart repart ensuite à la baisse à l'approche de la dernière difficulté du jour, la Côte d'Ivory (2.3 km à 6.1%). A 32 km de l'arrivée, Simon Clarke est victime de crampes et doit laisser partir Campenaerts seul !
Magnifique bataille au sein de l'échappée, il y en a de partout !
Avant d'arriver au pied de la montée, les route s'élève déjà et certains en profitent pour attaquer ! On retrouve le vainqueur de la veille Kasper Asgreen (Soudal Quick-Step), Ben O'Connor (AG2R Citroën Team) et Matej Mohoric (Bahrain Victorious), un trio de costauds qui sort bien et revient très vite sur un Campenaerts en bout de course. Le rouleur belge doit s'écarter et laisser partir ce trio de coureurs frais, qui possède 30 secondes sur le petit peloton derrière. Tout le monde est à la llimite, et les sprinteurs souffrent particulièrement. Pedersen et Laporte sentent le danger et relancent pour tenter de se rapprocher au sommet. Mohoric le franchit en tête avec environ 15 secondes sur un premier groupe de contre, et 25 sur le groupe maillot vert. Il reste alors une belle descente et 28 kilomètres à parcourir jusqu'à Poligny.
Si l'entente est parfaite à l'avant, on assiste à un regroupement général en poursuite, à près de 30" du trio de tête. La descente se fait à vive allure, Corbin Strong (Israel-Premier Tech) subissant d'ailleurs une vilaine chute. Christophe Laporte et Mathieu van der Poel se détachent, mais le Néerlandais - qui a Philipsen derrière - refuse de relayer le Français, qui insiste mais est finalement repris. Le contre manque cruellement d'organisation, c'est du chacun pour soi et il y en a de partout ! Ca ressort directement avec Alberto Bettiol (EF Education-EasyPost), Matteo Trentin (UAE Team Emirates) et encore van der Poel. Un contre repris par un impressionnant Georg Zimmerman (Intermarché-Circus-Wanty), qui fait la jonction seul. Laporte, Pidcock, Pedersen, Mezgec et Philipsen parviennent à leur tour à intégrer ce groupe fort de 9 unités et pointé à 20 secondes du trio à l'avant.
Un trio Asgreen-Mohoric-O'Connor pour la gagne, Mohoric s'impose pour quelques centimètres !
Malgré leur avantage numérique, les neuf poursuivants ne reprennent rien aux trois costauds de devant et concède même du terrain. Sous l'arche des 10 kms, 22 secondes séparent ces deux groupes, qui se livrent une superbe lutte pour la victoire. On arrive alors dans la fameuse dernière ligne droite... longue de 8 kilomètres ! Les chasseurs aperçoivent ainsi la tête de course, qui ne fléchit pas et fait grimper l'écart à 30 secondes aux 5 bornes. Sauf gros marquage, la gagne devrait se jouer entre les trois qui ouvrent la route.
Le trio coopère bien jusqu'à la flamme rouge pour ne pas laisser échapper cette victoire. Moins rapide, Ben O'Connor tente d'anticiper le sprint et de surprendre ses rivaux aux 500 mètres, mais l'Australien et bien pris en chasse par Asgreen et doit s'avouer vaincu. Le Danois poursuit son effort et semble bien parti pour s'offrir le doublé, mais Mohoric reste bien dans sa roue et déboite au dernier moment. Les deux hommes sont au coude à coude sur la ligne, mais le Slovène jette son vélo à un meilleur timing et saute de justesse le vainqueur de la veille ! Troisième bouquet sur le Tour pour lui après son doublé en 2021. Philipsen règle lui les groupe des poursuivants pour la 4e place.