Paris 2024 - Alaphilippe, Ferrand-Prévot... quelles chances de médailles ?

 

Route Hommes - Des outsiders derrière les monstres sacrés

La route est sans doute la discipline où les chances de médailles semblent les plus hypothétiques pour les Français. Chez les hommes, quatre coureurs sont engagés dans la course en ligne : Julian Alaphilippe, Christophe Laporte, Valentin Madouas et Kevin Vauquelin, ce dernier disputant également le contre-la-montre. Derrière les grands favoris que sont Mathieu van der Poel (Pays-Bas), Wout van Aert et Remco Evenepoel (Belgique), Mads Pedersen (Danemark) et Tom Pidcock (Grande-Bretagne), les Français devront compter sur l'imprévisibilité de la course olympique pour décrocher quelque chose.

Le "sorcier" Thomas Voeckler devra une nouvelle fois concocter un plan dont il a le secret et compter sur les fulgurances de Julian Alaphilippe, qui dans un bon jour et en fonction des circonstances de course, est capable d'aller décrocher une médaille qui consacrerait sa carrière. Au niveau du contre-la-montre, il semble compliqué de voir Kevin Vauquelin parvenir à tirer son épingle du jeu pour montrer sur le podium contre les Filippo Ganna (Italie), Joshua Tarling (Grande - Bretagne), Stefan Küng (Suisse) Remco Evenepoel et Wout van Aert. Un top 5 serait déjà une magnifique performance. 

 

Route Femmes - Une polémique et la quadrature du cercle

Chez les dames, l'annonce de la sélection avait créé une tempête dans un verre d'eau, principalement au niveau de l'éviction d'Évita Muzic. Les trois coureuses qui disputeront la course en ligne se nomment Victoire Berteau, Juliette Labous et Audrey Cordon-Ragot, les deux dernières citées défendant également les chances tricolores lors du contre-la-montre. Là aussi, viser une médaille semble compliqué vu la concurrence. Bien entendu, la dream team des Néerlandaises a le potentiel pour remplir les trois marches du podium avec Marianne Vos, Lorena Wiebes et Demi Vollering, mais il faudra également compter sur la championne du monde Lotte Kopecky (Belgique), Kasia Niewiadoma (Pologne), Lizzie Deignan (Grande-Bretagne), Mavi Garcia (Espagne) et Grace Brown (Australie).

Dans l'exercice chronométré, Cordon-Ragot et Labous peuvent viser un top 5, mais il semble présomptueux d'envisager beaucoup mieux contre les coureuses présentes sur la liste de départ. La grande favorite Marlen Reusser (Suisse) s'est vu contrainte de déclarer forfait à la suite de problèmes de santé, mais les prétendantes au podium restent nombreuses. Grace Brown est bien entendu également favorite pour le contre-la-montre, mais n'oublions certainement pas la triple championne du monde de la discipline Ellen van Dijk (Pays-Bas), qui est revenue à la compétition après avoir donné naissance à son premier enfant. Les autres favorites sont l'actuelle porteuse du maillot arc-en-ciel Chloé Dygert (États-Unis), Christina Schweinberger (Autriche) et Anna Henderson (Grande-Bretagne). 

 

VTT Hommes - Un possible top 5, ou plus si affinités ? 

Aux Jeux Olympiques, le VTT se résume à une seule épreuve, le cross-country. Pas de place donc pour la descente, le short track ou l'endurance. Côté français, les chances de médailles reposeront sur Victor Koretzky et Jordan Sarrou, qui pointent actuellement aux 7e et 10e place du classement de la Coupe du Monde. On peut donc s'attendre à des performances solides de la part du duo lors des Jeux Olympiques, mais monter sur le podium ne sera pas chose aisée, surtout que Tom Pidcock sera également de la partie et est annoncé comme le grand favori de l'épreuve.

Il faudra également "se farcir" la légende Nino Schurter (Suisse) et son compatriote Mathias Flückiger, le Sud-Africain Alan Hatherly, actuel leader de la Coupe du Monde, ainsi que l'Allemand Luca Schwarzbauer. En revanche, Mathieu van der Poel se concentrera uniquement sur la route, lui qui reste sur deux mauvaises expériences avec deux chutes lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 et le Championnat du Monde à Glasgow l'année dernière. Le fait que seuls deux athlètes maximums soient sélectionnés par pays permet de diminuer quelque peu le cercle des prétendants et laisse un coureur tel que Filippo Colombo (Suisse) à la maison. De quoi envisager un top 5 pour les athlètes français, voire mieux ? 

 

VTT Femmes - La tournée d'adieu de Ferrand-Prévot

Elle l'a annoncé, Pauline Ferrand-Prévot quittera le monde du VTT après les Jeux Olympiques de Paris pour se consacrer deux années supplémentaires à la route et disputer le Tour de France Femmes avec Zwift. Son ultime objectif dans sa discipline de prédilection sera de décrocher une médaille olympique et de réparer une anomalie sur son palmarès, elle qui n'a jamais pu goûter au podium lors des Jeux. À ses côtés, la relève est assurée avec la jeune Loana Lecomte. Les deux françaises tenteront de monter sur le podium à domicile. Mais ici aussi, la tâche s'annonce ardue.

En 2021, la Suisse avait signé un triplé historique en s'appropriant les 3 marches du podium. Après avoir été initialement sélectionnée, la championne olympique Jolanda Neff ne défendra finalement pas son titre et sera remplacée par Sina Frei, qui sera accompagnée d'Alessandra Keller, actuelle leader de la Coupe du Monde. Mais la grande favorite se trouve sans doute du côté des Pays-Bas en la personne de Puck Pieterse. À l'instar de Tom Pidcock, elle ne dispute pas toutes les manches de Coupe du Monde, mais elle les marque de son empreinte dès qu'elle est présente sur la ligne de départ. N'oublions pas non plus les Américaines Haley Batten et Savilia Blunk qui seront deux sérieuses clientes également. Assisterons-nous au conte de fée pour PFP ou repartira-t-elle une nouvelle fois déçue face à des Jeux qui se refusent obstinément à elle ? 

JO - Paris 2024 - Pauline Ferrand-Prévot : "Je délaisserai le VTT dès cet été" #Paris2024 #PFP #JeuxOlympiques #INEOS #VTT #UCI https://t.co/Ic5ZrfAsa8 #cyclisme #cycling

— Cyclism'Actu (@cyclismactu) June 18, 2024

 

Piste Hommes - L'or dans une épreuve d'endurance ?  

C'est sans doute au niveau de la piste que la moisson de médailles devrait être la plus importante pour les athlètes tricolores, étant donné le nombre d'épreuves proposées et la qualité des athlètes engagés. Chez les hommes, c'est principalement au niveau des épreuves d'endurance que tous les espoirs sont permis. Benjamin Thomas sera l'atout majeur de la sélection et participera aux trois épreuves d'endurance - poursuite par équipe, omnium et madison. En omnium, le français représente une sérieuse chance de médaille, lui qui est double champion du monde (2017, 2020) et d'Europe (2019, 2023) de la discipline.

En madison, Benjamin Thomas ne retrouvera pas son compère Donavan Grondin avec qui il avait été sacré champion du monde en 2022, mais sera aligné avec Thomas Boudat et la paire française tentera de décrocher une médaille également. La tâche semble plus ardue en poursuite par équipe face aux grosses formations que sont l'Italie, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande et le Danemark, mais une grosse performance le Jour J pourrait propulser le quatuor français - Benjamin Thomas, Thomas Boudat, Valentin Tabellion et Thomas Denis - sur le podium.  

 

Au niveau des épreuves de sprint, les athlètes sélectionnés sont Florian Grengbo, Sébastien Vigier et Ryan Helal. Même si ces coureurs sont capables de réaliser de très belles performances, difficile de les voir rivaliser avec les stars de la discipline et de se mêler à la lutte aux médailles lors de tournoi de vitesse individuelle. Les passionnés se délectent déjà du duel annoncé entre Harrie Lavreysen (Pays-Bas) et Matthew Richardson (Australie) qui devraient se disputer les deux premières places du podium en vitesse individuelle. En revanche, pour ce qui est de la vitesse par équipes, le trio tricolore visera clairement la médaille... et pourquoi pas faire mieux qu'à Tokyo en 2021 (3e), même si cela paraît très compliqué sur le papier. 

Le keirin est plus tactique et nous livre parfois de grosses surprises. Souvenez-vous de l'échappée folle de Jason Kenny aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. Les principaux espoirs de médailles reposent sur Sébastien Vigier, double champion d'Europe (2017, 2022) et double médaillé de bronze aux Championnats du Monde (2018, 2021) de vitesse individuelle et champion d'Europe (2022) du keirin. Tout est toujours possible en cyclisme sur piste, mais si l'un des sprinteurs français venait à décrocher une médaille en individuel, ce serait un véritable exploit. 

 

Piste Femmes - Pléthore de possibilités

Les épreuves féminines de sprint représentent sans doute l'une des plus belles chances de médailles françaises dans le monde de la Petite Reine. Mathilde Gros sera le porte-drapeau de la délégation tricolore de cyclisme sur piste et l'une des favorites dans la course à la médaille sur l'épreuve de vitesse individuelle. La championne du monde et lauréate de la Ligue des Champions en 2022 fera tout de même face à une sérieuse opposition avec le duo allemand Emma Hinze et Lea Sophie Friedrich ainsi que la championne du monde en titre Emma Finucane (Grande-Bretagne).

Il sera également intéressant de voir ce dont Taky Marie-Divine Kouamé sera capable, même si la marche sera sans doute un peu trop haute pour la jeune coureuse, qui n'a toujours que 21 ans. C'est sans doute en keirin qu'elle sera la plus à même de tirer son épingle du jeu. Du côté de Mathilde Gros, bien qu'il s'agisse d'une discipline qui lui réussissait plus jeune - elle été championne d'Europe du keirin en 2018 et 2019 - ce n'est plus forcément sa tasse de thé. Définitivement, la plus grande chance de médaille et l'objectif principal pour Gros sera l'épreuve de vitesse individuelle. 

 

En ce qui concerne les épreuves d'endurance, il est également permis de rêver. L'équipe de France reste sur deux médailles de bronze aux Championnats du Monde en poursuite par équipe. C'est l'équipe attendue qui sera alignée avec Marie Le Net, Valentine Fortin, Marion Borras et Clara Copponi. Il est donc tout à fait permis d'espérer une nouvelle breloque pour le quatuor français.

Tandis que Berteau disputera également la course en ligne et se contentera de la poursuite par équipes sur la piste (elle a été inscrite en tant que cinquième poursuiteuse), Copponi et Borras feront équipe dans la madison. Lors du titre européen décroché en début d'année, Borras était alignée avec Valentine Fortin, mais la Toulousaine de l'équipe Cofidis se concentrera uniquement sur l'omnium aux Jeux Olympiques. Elle peut y envisager de monter sur le podium au vu de sa récente médaille de bronze dans la discipline aux Championnats d'Europe. 

 

BMX Racing Hommes - Un statut de favori à assumer

Ne nous le cachons pas : les Français sont très attendus en BMX Racing ! Trois après l’immense déception de Tokyo - trois Tricolores en finale, mais aucune médaille, comme c’est malheureusement et de façon incompréhensible le cas depuis l’apparition de la discipline aux JO en 2008 - l’équipe de France masculine n’aura pas le droit de se louper dans l’enceinte du Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, où a été construit un stade de BMX. 

Avec le champion du monde et numéro un mondial, Joris Daudet, le numéro 2 mondial et champion du monde 2023, Romain Mahieu, et Sylvain André, champion du monde en 2018 et médaillé de bronze aux Mondiaux cette année, la France va se présenter avec un trio de très haut niveau, l’objectif vraiment minimal étant de décrocher au moins une breloque, comme c’est le cas aux Championnats du monde depuis… 2016 !

Mais quand on a en son sein les deux derniers porteurs du maillot arc-en-ciel, c’est le Graal qu’on doit viser, et on peut compter sur nos trois pilotes français pour avoir chacun cette ambition ultime les mercredi 1er et jeudi 2 août prochains. Daudet, Mahieu et André ne retrouveront pas face à eux le champion olympique en titre et ancien double champion du monde, le Néerlandais Niek Kimmann, victime d’un souci cardiaque et qui a dû déclarer forfait. C’est un gros obstacle en moins pour nos Bleus, qui devront toutefois se méfier du Britannique Kye White, du Colombien Carlos Ramirez ou encore du Suisse Simon Marquart.

 

BMX Racing Femmes - Peu d'espoirs de médaille

Chez les femmes, cela risque d’être beaucoup plus compliqué, et sauf excellente surprise, Anne-Caroline Chausson et Laëtitia Le Corguillé, première et deuxième à Pékin en 2008, ne devraient pas être rejointes par une troisième française dans la catégories des médaillées olympiques françaises en BMX Racing. Seule Bleue sélectionnée, Axelle Etienne n’apparaît qu’au 18e rang mondial, et il faut remonter à 2021 pour trouver trace de sa dernière finale lors d’une grande compétition internationale (septième des Jeux olympiques de Tokyo). La pilote de 26 ans, médaillée de bronze mondiale en 2019, ne partira donc pas favorite face aux Saya Sakakibara (Australie), Alise Willoughby (États-Unis), Mariana Pajon (Colombie), Zoe Claessens (Suisse) ou encore la championne olympique en titre, Bethany Shriever (Grande-Bretagne).

 

BMX Freestyle Hommes - La consécration pour Anthony Jeanjean ?

Comme en BMX Racing, la France aura une médaille dans le viseur en BMX Freestyle à Paris. Ces espoirs de breloque reposeront sur celui qui est l'un des meilleurs freestylers de la planète et est même actuellement numéro 1 mondial : Anthony Jeanjean ! Triple champion d'Europe, sur le podium de la Coupe du monde à deux reprises, médaillé de bronze mondial en 2022... le natif de Béziers a multiplié les très grosses performances ces dernières années et s'est imposé comme un candidat plus que crédible à une médaille olympique.

Septième à Tokyo il y a trois ans, le Français de 26 ans pourra se servir de cette première expérience olympique pour sortir le meilleur de lui-même les 30 et 31 juillet prochains. Ses principaux adversaires seront certainement l'Australien Logan Martin, champion olympique en titre et ancien double champion du monde, le Britannique Kieran Reilly, sacré champion du monde l'an passé, et le Japonais Rimu Nakamura, qui avait décroché le maillot arc-en-ciel en 2022.

 

BMX Freestyle Femmes - Une première expérience olympique pour Laury Perez

20 ans et déjà une première participation aux Jeux olympiques ! Possédant un palmarès national impressionnant pour son jeune âge, avec cinq titres de championne de France consécutifs depuis 2020, Laury Perez monte progressivement dans la hiérarchie mondiale. Médaillée de bronze lors des deux dernières éditions des Championnats d'Europe, la Biterroise - comme... Anthony Jeanjean - figure actuellement au cinquième rang mondial et peut donc espérer décrocher un beau résultat à Paris.

De là à la voir monter sur le podium ? La concurrence est tellement forte - l'Américaine Hannah Roberts, les Chinoises Deng Yawen et Sun Jiaqi, la Suissesse Nikita Ducarroz, la Britannique Charlotte Worthington... - que ce serait un véritable exploit pour la Française de décrocher une breloque dès ces JO de Paris 2024. Mais autorisons-nous à rêver... et les Jeux olympiques sont d'ailleurs faits pour ça !