Tour de France - Prudhomme : «C'est pas illégitime de se poser des questions»
Alors qu'ils étaient nombreux à ne pas donner cher de la peau de Remco Evenepoel pour sa première participation au Tour de France face à Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et Jonas Vingegaard (Visma | Lease a Bike), force est de constater que le Belge a levé de nombreux doutes sur sa capacité à jouer les premiers rôles sur la plus grande course du monde. Très solidement accroché au podium à seulement trois étapes du terme et dans le match avec le Slovène et le Danois, le leader de la Soudal Quick-Step réalise une Grande Boucle de très haute facture qui sème de très belles promesses pour l'avenir. "Remco sera quoi qu'il arrive un personnage central du Tour pour les dix années à venir", affirme même le directeur du Tour Christian Prudhomme dans un entretien accordé jeudi au média belge Le Soir, à propos de celui que la Belgique rêve de voir succéder à Lucien Van Impe, près de 50 ans après le dernier succès belge (1976).
Vidéo - Christian Prudhomme... comme Pierre Rolland !
"Il a tout pour être aimé, c'est une coqueluche... comme Tadej Pogacar"
"Remco Evenepoel gagnera un Tour un jour ou l'autre", déclarait cette semaine à Cyclism'Actu un autre acteur et connaisseur du cyclisme, Pierre Rolland. Christian Prudhomme n'est pas loin d'emboiter le pas à l'ancien double vainqueur d'étape sur le Tour. "Pourquoi pas imaginer Evenepoel vainqueur du Tour ? Il en a les moyens, maintenant tout le monde en est convaincu. Il a dissipé toutes les craintes. Je suis impressionné par sa forme constante et ascendante en troisième semaine. Personne ne connaît sa marge de manoeuvre. Il a 24 ans, c'est son premier Tour et il n'a jamais quitté la tête de la course depuis le premier jour. Et compte tenu des séquelles de la chute de Vingegaard, je me dis que rien n'est fait pour le podium", s'avance même le patron du Tour.
Au-delà du pur aspect sportif, Prudhomme est charmé par la personnalité attachante et offensive du Belge, qui a déjà tout d'un grand protagoniste du mois de juillet. "Il a tout pour être aimé par n'importe quel public. C'est une coqueluche sur le podium, les gens en raffolent et il sait jouer de cela, comme Tadej Pogacar. D'où une complicité incontestable entre Remco et Tadej qui n'existe pas avec Jonas Vingegaard". De quoi promettre de belles batailles dans les années à venir, et pas plus loin que la prochaine édition qui s'élancera du Nord et de Lille en 2025. "Dans chaque scénario, si on se projette déjà sur le Tour 2025, je vois Evenepoel à l'avant", a-t-il confié.
"Je suis un peu jaloux des Belges... "
Autre sujet forcément mis sur la table, les doutes toujours plus grands concernant les performances de Pogacar et Vingegaard sur cette 111e édition, avec des écarts indécents sur le reste des favoris et des records qui tombent à la pelle dans les ascensions. "J'ai vu là des écarts proches de ceux de mon enfance, quand j'allais voir passer Eddy Merckx, Luis Ocana, Bernard Thévenet. Tout me rappelle dans ce Tour le cyclisme d'antan. Nous avons le droit de dire que nous saluons chaque jour des phénomènes", s'est-il d'abord réjoui avant de revenir sur les nombreuses suspicions de dopage qui sortent ces derniers jours.
"Ce n'est pas illégitime de poser des questions sur le dopage... "
"Je comprends parfaitement toutes les questions et interrogations vu le passé du vélo. Ce n'est pas illégitime de poser des questions sur le dopage. Mais j'ai entièrement confiance en l'agence mondiale antidopage, nous nous sommes battus pour que cette institution devienne un must", a-t-il tenu à rassurer. Niveau parcours, Christian Prudhomme a glissé que "le Tour reviendrait en Belgique, c'est une évidence, à fortiori avec un certain Remco Evenepoel", sans en dire plus sur l'année de ce retour après un passage en 2022. "Une seule chose, je suis un peu jaloux des Belges... Vous avez des champions partout ! En France, c'est plus délicat...", a-t-il conclu en rigolant.