Journal de Bord - Boudat : «Europcar ? Suite logique»

 

Après un mois de "galère", Thomas Boudat arrivait, la semaine dernière, sur les Championnats de France du Futuroscope "sans pression". "Sans préparation spécifique pour le contre-la-montre", le coureur du Vendée U voulait cependant "donner le maximum", le jeudi, sur une distance qu'il ne connaissait pas. 50 kilomètres en solitaire, c'est long, très long, quand l'on n'arrive pas à "trouver son rythme". Sur ce long chrono, Thomas, finalement 41ème à 5'58'' du Champion de France Sylvain Chavanel, n'a "pris aucun plaisir". Il ne regrette pourtant pas d'avoir fait ce contre-la-montre, car il estime que celui-ci lui "servira pour le futur". Samedi, sur la course en ligne des Amateurs, Thomas voulait bien faire. Et il a plutôt bien fait, puisqu'il a réalisé toute la course à l'avant, dans la bonne échappée. Mais, au final, le Champion du Monde de l'omnium a craqué dans les 10 derniers kilomètres, puis a retrouvé sa place dans le peloton. Au final, alors que Yann Guyot (Armée de Terre) remportait la course, Thomas terminait quelques mètres derrière le peloton, après avoir aidé ses coéquipiers. "Déçu" de passer si près de la victoire, Thomas a quand même réalisé une bonne course. Mais rassurez-vous, sa déception n'a pas duré ! En effet, le soir même il annonçait son passage chez les pros, dans l'équipe Europcar. Ceci sera chose faite le 1er novembre prochain. Content d'avoir réalisé son objectif, Thomas revient, d'abord, sur ses Championnats de France, puis explique ensuite son choix de rejoindre l'équipe Europcar. Enfin, il nous parle de la suite de sa saison sur la route et sur la piste. Son objectif ? Le Championnat du Monde Espoirs. Place au 7ème Journal de Bord de Thomas Boudat avec Cyclism'Actu.

 

Le contre-la-montre des Championnats de France

 

J'ai fait le choix, en accord avec mes directeurs sportifs, de participer au contre-la-montre pour l'expérience, afin de me préparer pour le futur.

 

"Je n'ai vraiment pris aucun plaisir sur cet effort solitaire"

 

Je dirai que je n'ai vraiment pris aucun plaisir sur cet effort solitaire... Je n'ai jamais su trouver mon rythme. Je n'arrivais pas à me concentrer sur mon effort... Le vent me perturbait beaucoup, car j'avais gardé ma roue de 80 à l'avant. Après, avec du recul, je trouve que c'est une bonne expérience ! Ça m'a montré à quel point c'était difficile de gérer un si long effort. J'ai essayé de partir prudemment, afin de pouvoir accélérer sur la fin du parcours. Malheureusement à la mi-course, quand j'ai eu connaissance de mon temps intermédiaire, je savais que je n'étais pas dans le bon timing...

 

"Ça me servira pour les prochains chronos"

 

La partie finale a été très longue. En réalité, j'étais plus déçu de mon effort en lui-même que de mon temps. Finir à 6 minutes de Sylvain Chavanel (le vainqueur, Ndlr) c'est beaucoup, certes, mais c'est la conséquence d'un chrono sur lequel je n'ai pris aucun plaisir. Je suis arrivé sans préparation spécifique pour le chrono et je l'ai payé cash... Ce n'est pas la distance en elle-même qui m'a handicapé, car je suis assez endurant. Au contraire, cela aurait pu jouer en ma faveur. Dans tous les cas, même si mon résultat est ridicule, ça me servira pour les prochains chronos que je serai amené à faire chez les pros. J'aurai beaucoup moins d'appréhension à l'approche de ce type d'effort.

Et puis, j'ai eu une satisfaction dans cette journée quand même. Mon collègue Julien Morice a terminé deuxième à seulement 3'' du vainqueur (Romain Bacon, Ndlr). J'étais super content pour lui, car c'est un mec bien qui n'a pas toujours eu de chance sur le vélo.

 

La course en ligne des Championnats de France

 

Suite au chrono, j'ai essayé d'optimiser au maximum ma récupération pour arriver en forme sur l'épreuve en ligne.

 

"J'ai fait le choix de ne pas me réveiller de très bonne heure"

 

Malheureusement, cette année, nous avons pris le départ de très bonne heure. Il a fallu faire avec... J'ai fait le choix de ne pas me réveiller de très bonne heure, comme certains ont pu le faire. Je me suis levé 3 heures avant ma course pour pouvoir déjeuner tranquillement. J'ai déjeuné essentiellement avec du "gâteau sport" et du "sport dej", car ce sont des aliments faciles à digérer. Comme nous avions le bus d'Europcar à notre disposition, on a pu être au chaud jusqu'au départ de la course. C'était un super avantage pour nous par rapport à ceux qui se changeait sur la place dehors. Je ne me suis même pas échauffé, car nous avions un fictif assez long.

 

"Je ne voulais pas forcément faire partie de la première échappée"

 

Le départ fut très rapide et je me suis retrouvé à l'avant de la course de bonne heure en suivant une attaque de Julien Loubet. Je ne voulais pas forcément faire partie de la première échappée, mais je n'ai pas forcé le destin. J'ai passé mes relais sans en rajouter. Nous avions comme consigne d'être actifs durant le début de la course et d'être toujours bien représentés dans les grosses vagues. C'est sûr qu'une fois que j'étais lancé dans une course de mouvement, mes chances de pouvoir être compétitif au sprint, face à des coureurs qui seraient restés au chaud dans le paquet durant toute la course, diminuaient au fur et à mesure des kilomètres... Mais bon, après dans un Championnat de France c'est rare que le final se dispute au sprint, alors autant être acteur de ma course et ne pas être à contretemps. D'autant plus que le circuit était usant. On s'est retrouvé dans un bon groupe à l'avant. Tout le monde collaborait à part les Nantais, qui avaient fait le choix de ne pas rouler dans les échappées.

 

"Je ne pensais pas à la victoire pendant la course"

 

Au début, je passais mes relais comme tout le monde, puis plus ça allait et moins on était à l'avant. Je passais alors des relais plus efficaces afin de pouvoir résister au retour du paquet. Je ne pensais pas à la victoire pendant la course, par contre je me faisais des scénarios possibles pour pouvoir réagir à tous les déroulements possibles. En fin de course, les attaques se sont multipliées, je ne pouvais pas aller partout et c'est sorti avant la bosse raide. Je savais que c'était fini pour nous devant car on ne s'entendait pas derrière les deux hommes de tête. À 10 kilomètres de l'arrivée, mon DS m'a dit que c'était fini et que mon équipe roulait derrière pour un sprint massif. Dès qu'ils m'ont rattrapé, j'ai roulé pour mon équipe et je me suis écarté à 2 kilomètres de l'arrivée et j'ai eu du mal à reprendre les roues...

 

"Je suis forcément déçu du résultat en lui-même"

 

C'est ce que je disais... Souvent le Champion de France n'est pas celui qui gagne le sprint du paquet. Yann Guyot (le vainqueur, Ndlr) a très bien géré sa course. Je suis forcément déçu du résultat en lui-même, mais au final, comme j'ai dit en passant la ligne : "Je suis Champion du Monde, j'ai remporté une Coupe des Nations et malgré toutes les péripéties que j'ai connu ce dernier mois j'étais quand même présent à l'avant et je me suis montré toute la journée". Au final, Romain Cardis fini 4ème en remportant le sprint du paquet. Nous étions tous déçus de ne pas être monté sur le podium... Mais je me suis retrouvé tout seul, tout le long de la course. Il m'aurait fallu un coéquipier dans l'échappée. C'est comme ça... On ne peut pas gagner tous les jours !

 

Le passage chez les pros avec Europcar

 

Passer chez les pros, c'est une chose à laquelle je pensais de plus en plus. C'était l'un de mes objectifs cette saison. C'est désormais chose faite !

 

"Signer c'est bien beau, mais il faut confirmer"

 

Maintenant, le plus dur reste à faire ! Signer c'est bien beau, mais il faut confirmer. Ça faisait un petit moment que j'étais en contact avec Jean René (le manager général de l'équipe Europcar, Ndlr). Je courais déjà sans pression à la suite de mon titre de Champion du Monde, mais quand j'ai su que j'allais passer professionnel, j'ai encore plus relativisé les choses. Je commençais à avoir fait le tour des choses chez les Amateurs. On se connaît tous, toutes les courses sont les mêmes, il fallait que je change d'air !

 

"C'est vrai que j'aurai pu signer ailleurs avec un meilleur salaire, mais..."

 

J'ai appris la nouvelle au début du mois de juin. J'ai choisi Europcar, tout d'abord, car je suis au Vendée U. C'est la suite logique des choses. En plus de ça, ils ont créé une structure sur piste qui va nous permettre de réaliser notre double projet. J'ai discuté avec mes parents sur ce choix, mais au final j'ai pris seul la décision. C'est vrai que j'aurai pu signer ailleurs avec un meilleur salaire, mais Europcar me permet de pouvoir progresser dans de bonnes conditions et c'est ça le plus important.

 

"Faire de la piste était la condition principale pour signer"

 

J'ai vraiment envie de participer au Jeux Olympiques de 2016. Pour moi, faire de la piste était la condition principale pour signer ! Je pense que je vais presque faire la même saison piste que l'année dernière. J'ai été présent sur la route en sortant de la piste chez les Amateurs. Ça sera plus difficile chez les pros, mais d'autres y sont arrivés alors pourquoi pas moi ? C'est vrai que Bryan (Coquard, Ndlr) a fait le choix de mettre les objectifs internationaux sur piste de côté, mais si Europcar a fait une structure piste ça montre bien qu'il veut revenir sur la piste aussi.

C'est sûr que mon maillot, ainsi que la médaille de Bryan sur les JO 2012, ont favorisé cette structure et c'est que du bonus pour nous. Après, nous ne sommes pas les seuls dans cette structure.

 

"Je pense fortement au Championnat du Monde Espoirs"

 

Je ne suis pas stagiaire cet été, car je souhaite participer au maximum aux déplacements de l'équipe de France sur route. De ce fait, c'est plus simple comme cela. Cela m'aurait fait gagner 3 mois de professionnalisme. C'est certes important, mais je pense fortement au Championnat du Monde Espoirs. C'est un très gros objectif pour moi cette année !

 

"La piste me semble indispensable !"

 

Je verrai comment ça se passe, mais dans tous les cas, la piste me semble indispensable ! Je passe pro le 1er novembre, afin de pouvoir courir sous le maillot Europcar dès le début de la saison piste.

 

"Répondre aux ambitions de l'équipe, satisfaire leurs attentes et ne pas les décevoir"

 

L'objectif pour moi l'année prochaine sera de répondre aux ambitions de l'équipe, de satisfaire leurs attentes et de ne pas les décevoir. C'est sûr, que d'être le poisson pilote de Bryan peut être une chose qui va me faire grandir.

Pour l'instant, je suis au Vendée U et pas chez Europcar, je n'ai donc pas le matériel ou autres choses venant de chez eux. Ce qui est normal d'ailleurs. L'équipe n'est pas pour une différenciation entre les coureurs. Tout le monde est sur le même pied d'égalité.

Je connais quelques coureurs de l'équipe Europcar, bien sûr, mais pas tous non plus. C'est une grande famille où les relations humaines sont très importantes.

 

La suite du programme 

 

Pour la suite, je vais participer au Challenge National à Mareuilh. Ensuite, je vais participer au Championnat d'Europe Espoirs sur route, puis sur piste. J'ai un très gros mois de juillet qui m'attend ! J'ai envie d'honorer mes sélections, une fois de plus. J'ai à coeur de porter les couleurs de l'équipe de France au mieux. On verra ce que seront les consignes, mais dans tous les cas je serai à 100 % investi dans l'esprit du groupe. 

 

"Mon premier gros rendez-vous sur la piste sera le Championnat de France"

 En ce qui concerne le Vendée U, je ne sais pas trop ce que je vais faire comme course avec eux, car je suis avec l'équipe de France jusqu'à la fin juillet. Avec l'équipe de France, j'espère prendre le départ du Championnat du Monde Espoirs. Par contre, le Tour de l'Avenir ne tombe pas au bon moment pendant ma saison... En ce qui concerne la piste, mon premier gros rendez-vous sera le Championnat de France à St Quentin.

Thomas 

 

Propos recueillis par Alexis ROSE 

 

Les précédents Journaux de Bord de Thomas Boudat : #1, #2, #3, #4, #5, #6, #7.