Journal de Bord - Boudat : «Passer pro l'an prochain»

 

Depuis son titre de Champion du Monde sur l'omnium, Thomas Boudat surfe sur la vague. Cette vague, il l'a façonnée lui-même, en créant la surprise, le 2 mars dernier à Cali, lors des Mondiaux sur piste. La vague aurait pu s'essouffler au fil des jours, mais bien au contraire elle n'a pas cessé de s'agrandir depuis, mais pas sur le même revêtement. Thomas est passé vite et bien du bois à l'asphalte. En effet, depuis son atterrissage sur le sol européen, Thomas a enchaîné les belles performances sur la route : 9ème au Prix de Buxerolles, 5ème sur la Boucle de l'Artois (deux manches de la Coupe de France DN1, Ndlr), puis 2ème de la Côte Picarde et victorieux sur le ZLM Tour (deuxième et troisième manche de la Coupe des Nations Espoirs, Ndlr), et enfin, plus récemment, 2ème et 4ème d'étape sur le Tour de Bretagne, une course ouverte aux professionnels. Dans ce nouveau Journal de Bord sur Cyclism'Actu, le coureur de l'équipe Vendée U nous raconte son retour des Mondiaux. Il revient ensuite sur ses belles performances avec le Vendée U et avec l'équipe de France Espoirs, qu'il a découvert cette saison, et dévoile ensuite son but pour l'an prochain, qui n'aura sans doute aucun mal à se réaliser.

 

Le retour des Mondiaux ? "Un moment riche en émotions"

 

Le retour des Championnats du Monde s'est très bien passé. Je suis arrivé un peu fatigué à Bordeaux, à cause du long voyage. Le retour à l'aéroport fut un moment riche en émotions ! J'y ai revu toutes les personnes qui m'ont toujours soutenu dans ma progression. Quand je suis descendu de l'avion, j'étais encore sur la nacelle que j'entendais déjà les cornes de brume, les sifflets et les chants, provenant des gens qui m'attendaient à l'extérieur. Une fois devant la porte de sortie, c'était tout simplement de la folie ! J'ai failli verser une petite larme, tellement j'étais ému. Il y avait au moins 150 personnes ! La télé, la radio...etc. Là, j'ai commencé à me rendre compte que j'avais réalisé quelque chose.

 

"Ne pas vivre que sur mon titre (de Champion du Monde)"

Dans ma vie quotidienne, rien n'a vraiment trop changé. J'essaie de ne pas vivre que sur mon titre. C'est sûr que quand je passe une mauvaise journée à l'entraînement, ou que je n'ai pas trop le moral pour aller rouler, je repense aux moments extraordinaires que j'ai vécu et ça me remet un coup de boost ! Je n'ai pas changé depuis mon titre, ou du moins je ne pense pas.

 

"J'ai l'impression que c'était hier encore..."

 

La seule chose qui a changé, c'est que je suis beaucoup plus médiatique qu'avant. Les gens attendent plus de moi. Mais c'est normal, et d'un côté c'est bien car je me dois d'être performant à chaque sortie ! Sur les courses, je suis souvent sollicité au départ, mais j'aime bien ça. C'est flatteur ! C'est important de savoir que l'on a des gens derrière soi.

En ce qui concerne les médias, c'est tout nouveau pour moi. Je commence à m'y faire. J'ai eu la chance de faire un plateau sur beIN Sports ainsi que sur France 3. Ce lundi, je vais faire un petit tournage avec TF1 chez moi. C'est super ce qui m'arrive.

Ça me permet aussi de découvrir de nouvelles choses, d'avoir un impact médiatique supérieur à d'habitude. Bien entendu, il faut gérer aussi tout cela, car on peut vite en faire trop et oublier d'aller s'entraîner à côté. On se laisse vite emporter par l'enthousiasme qu'on a à aller un peu partout, pour profiter du titre et montrer le maillot. Ça ne dure qu'un an et il faut savourer chaque moment, car ça passe très vite ! Ça fait déjà plus de 2 mois que j'ai le maillot... J'ai l'impression que c'était hier encore...

 

Le bilan du début de saison sur route ? "Satisfaisant"

 

Dans l'ensemble, mon début de saison sur la route est satisfaisant. J'ai levé les bras sur une très belle épreuve et je suis toujours présent dans les courses. Je sens que j'ai progressé par rapport à l'année dernière et c'est ça qui est important. C'est encourageant pour la suite.

Les manches de Coupe de France DN1 se sont plutôt pas mal déroulées pour moi. À Buxerolles, avec seulement 10 jours d'entraînement sur la route, je me classe 9ème. Je pense que j'aurai pu faire mieux, mais un petit groupe s'est détaché dans le dernier tour et on ne les a jamais revu. Ensuite aux Boucles de l'Artois, je me suis fait plaisir sur le chrono, où je termine 5ème. Une belle performance sur une épreuve que je n'avais pas forcément préparée. Je fais également 8ème sur l'étape du dimanche, où je règle le sprint du "peloton". Ça m'a mis en confiance pour la suite des événements, surtout que j'ai appris à ce moment-là que j'avais la chance de disputer la campagne des Classiques avec l'équipe de France.

 

"J'essaie d'être un coureur complet"

 

Tout ceci montre peut-être que je ne suis pas qu'un simple sprinteur, que j'arrive à m'exprimer dans différents domaines et c'est ce qui me plait. Le fait de pouvoir défendre ses chances dans plusieurs types d'épreuves est une chose qui me tient à coeur. J'essaie d'être un coureur complet, tout en gardant une certaine pointe de vitesse. Je progresse pas mal dans les bosses en ce moment.

Je dirais que ces résultats me confortent dans mes choix, à savoir marier piste et route à haut niveau. Il y a un bon niveau chez les amateurs en France et faire partie des premiers rôles est important pour moi. J'ai envie de passer pro à la fin de l'année et il faut donc que je me montre au plus haut niveau chez les amateurs.

 

"Je prends les courses comme elles viennent, tout en essayant de me faire plaisir"

 

J'ai pu défendre les couleurs de l'équipe de France sur les trois premières manches de la Coupe des Nations Espoirs. Le Tour des Flandres ne s'est pas super bien passé. Je termine loin de la gagne... C'était ma première expérience à ce niveau-là, sur la route, et je n'ai pas forcément géré au mieux la course. Je termine seulement 42ème... En revanche, j'ai beaucoup apprécié cette course et j'espère avoir l'occasion d'y retourner un jour.

On a enchaîné sur la Côte Picarde, où je me classe second. J'ai eu de bonnes jambes durant toute la course et j'ai couru différemment que sur le Tour des Flandres. J'ai appris de mes erreurs. Malgré tout, j'ai eu un petit regret à l'arrivée, car j'aurai aimé lever les bras, surtout que nous étions en France ! Le Belge a joué sa carte très intelligemment et nous a tous surpris... J'étais certainement un peu trop marqué par certains de mes adversaires, mais c'est le jeu...

J'avais à coeur de me venger sur le ZLM Tour, bien que la course n'était pas très bien partie pour moi. On a eu de la chance que tout se regroupe et on a pu repartir de plus belle. L'équipe de France a fait un super boulot durant toute la journée et je dois les remercier pour cela. La victoire leur appartient aussi.

Très vite, on s'est tous bien entendu. Et le fait que Pierre-Yves Chatelon, le sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, conserve la même structure de base au sein de l'équipe a permis de créer une certaine complicité entre nous.

Je dois dire que ces résultats ont aussi été permis par le titre. Désormais, j'arrive sur les courses sans pression. Je prends les courses comme elles viennent, tout en essayant de me faire plaisir.

 

"J'ai acquis pas mal d'expérience sur le Tour de Bretagne"

 

Je viens de sortir d'un gros cycle de courses, avec notamment avec le Tour de Bretagne. Ça s'est plutôt bien passé pour moi. Je me classe 4ème de la première étape et 2ème de la cinquième.

J'avais de bonnes sensations tout au long de la semaine, et j'ai acquis pas mal d'expérience sur ce Tour de Bretagne. C'était la première fois que je participais à une épreuve aussi longue. J'appréhendais un peu, mais finalement tout s'est bien passé. Je regrette seulement d'avoir crevé sur l'étape de Jugon-les-Lacs, car cela m'a privé d'un bon résultat sur le classement général...

Pour la suite, je vais prendre 2-3 jours de repos et ensuite je vais participer à la Coupe de France de l'Américaine la semaine prochaine. À plus long terme, je prendrai le départ de Paris-Arras et ensuite des Boucles de la Marne.

 

Le but pour l'an prochain ? "C'est clairement de passer pro"

 

C'est certain que tout cela, mon titre mondial et ma victoire sur une manche de Coupe des Nations, marque un cap dans ma carrière.

Mon but pour l'année prochaine est clairement de passer professionnel. Je commence à avoir des contacts pour passer pro. C'est très flatteur et cela me met encore plus en confiance pour la suite de la saison.

 

"Des contacts pour passer pro, mais rien n'est officiel"

 

Après moi je suis attaché à l'équipe Vendée U et les relations de proximité qui y sont installées avec l'équipe Europcar. C'est un avantage pour moi. Quand on est au Vendée U, on espère passer pro chez Europcar un jour. Jean-René Bernaudeau a commencé à dire qu'il souhaitait me faire passer pro en fin d'année, mais, pour le moment, rien n'est officiel.

Pour l'avenir je ne sais pas dans quel domaine me diriger. Je verrai comment j'évolue au cours du temps et on verra quoi faire en fonction de tout cela.

Thomas 

 

Propos recueillis par Alexis ROSE 

 

Les précédents Journaux de Bord de Thomas Boudat : #1, #2, #3, #4, #5.

N.B. : Si vous avez des questions à lui poser, n'hésitez pas à poster des commentaires dans le formulaire ci-dessous. Thomas répondra à toutes les questions dans les prochains Journaux de bord.