Tour d'Espagne - Kuss : «Roglic et Vingegaard ? Il n'y a pas de cadeaux»
Qui aurait parié avant ce 78e Tour d'Espagne sur un Sepp Kuss en Rouge lors de la dernière journée de repos ? Propulsé sur le devant de la scène depuis sa belle victoire en échappée à Javalambre (6e étape) et sa prise de pouvoir deux jours plus tard, l'Américain de la Jumbo-Visma a délaissé son costume de lieutenant de luxe pour se muer en véritable leader au cours d'une deuxième semaine pourtant riche en action, notamment dans les Pyrénées. A 28 ans, l'atypique grimpeur surnommé "l'Aigle de Durango" est à une semaine de rallier Madrid en Rouge et de remporter son tout premier Grand Tour, à moins que ses coéquipiers et habituels leaders Primoz Roglic et Jonas Vingegaard - respectivement 2e et 3e à 1'37" et 1'44" - ne finissent par sonner la fin du rêve. "Ce sera peut-être la plus belle et importante semaine de ma carrière", a-t-il confié dans une interview réalisée par Sporza ce lundi.
Vidéo - Sepp Kuss lors de sa dernière journée de repos sur La Vuelta
"J'ai une connexion plus que spéciale avec La Vuelta"
"Celles d'avant avient déjà été sources de belles et nouvelles expériences. Même si je n'avais pas été dans cette position, j'aurais attendu avec impatience la semaine qui arrive. J'adore les ascensions en Cantabrie et dans les Asturies. C'est le genre de montées raides et typiques de La Vuelta. Je me sens vraiment bien, je suis impatient d'y être", a prévenu un Sepp Kuss visiblement pas impressionné et comme un poisson dans l'eau sur ce Tour d'Espagne qu'il aime tant. "La Vuelta est vraiment spéciale pour moi. C'est la course à laquelle je m'identifie le plus, avec les fans, les routes... C'était mon premier Grand Tour, et j'ai une connexion plus que spéciale avec. C'est donc cool pour moi d'avoir le maillot rouge et de sentir l'affection des gens, ça me donne beaucoup de motivation. Je ne sais pas si ce serait la même sur d'autres courses où il y a bien plus de pression et de médiatisation."
La tactique de la Jumbo-Visma avec sa triplette magique constitue la principale inconnue sur cette dernière semaine. "Si j'ai été désigné leader par mes directeurs ? Pas directement. Evidemment, nous voulons garder la situation favorable dans laquelle nous sommes actuellement. Mais il n'y a pas de cadeaux, on ne va pas plus compliquer les choses sur comment utiliser chacun de nous trois. C'est bien d'être à trois dans notre position, mais on ne peut pas mettre trop l'accent là-dessus et ensuite rater le principal objectif qui reste de gagner La Vuelta avec l'un d'entre nous à la fin. Il faut juste qu'on soit honnête avec nous-mêmes, qu'on se dise qui se sent le mieux et qui est le plus à même de s'imposer", a-t-il expliqué sans se mouiller.
"Roglic et Vingegaard sont aussi de réels compétiteurs, ils veulent gagner"
"On se connaît tous les trois très bien", a poursuivi Sepp Kuss sur son entente avec les deux vainqueurs des premiers Grands Tours de la saison. "C'est top de voir qu'ils croient aussi en moi, et qu'ils sont heureux que je sois dans cette position. Mais ils sont aussi de réels compétiteurs, et ils veulent gagner autant que le reste de la saison. En cyclisme, il n'y a pas de cadeaux, personne ne lâche prise. Quand vous vous sentez bien, vous n'allez pas vous retenir. Donc je pense que c'est juste et bien comme ça".
Considéré depuis plusieurs années comme l'un des meilleurs grimpeurs du monde mais sans le mental qui va avec pour espérer viser plus haut, Sepp Kuss a totalement changé de dimension en 2023 et semble prêt pour enfin récolter sa propre gloire. "C'est sûr que cette année et plus particulièrement cette Vuelta ont été un gros changement pour moi, car j'ai pris beaucoup de confiance en moi. Quand j'ai été sur le Giro, je ne savais pas comment je me sentirais, car je n'étais pas pleinement préparé pour. Mais une fois démarré, je me suis rendu compte que j'étais en grande forme, et mentalement je savais déjà que je serais bon. Ensuite sur le Tour de France, j'ai encore franchi une grosse marche, j'avais confiance en moi pour être avec les meilleurs. Et enfin pareil ici en Espagne. Avec ce maillot rouge, j'ai été capable de faire bien plus que je n'avais jamais fait. C'est plus mental que physique à mon avis".