Tour d'Espagne - Evenepoel la 14e étape en champion... Bardet impuissant
Par Arthur DE SMEDT le 09/09/2023 à 17:34
"Les loups n'abandonnent jamais", avait prévenu Remco Evenepoel au soir de sa terrible défaillance vendredi. Le Belge n'aura pas tardé à le prouver et à faire parler l'orgueil du champion en remportant avec panache la 14e étape du Tour d'Espagne ce samedi, au sommet du Puerto de Belagua ! Offensif dès le départ, le porteur du maillot de champion de Belgique a retrouvé le mode rouleau compresseur qu'on lui connait si bien, ne laissant aucune chance à ses compagnons d'échappée. Parti seul avec un grand Romain Bardet (Team dsm-firmenich) à 90 kms de l'arrivée, le coureur de la Soudal Quick-Step a écoeuré le grimpeur français dans l'ultime difficulté, le repoussant à 1'12" et finissant en solitaire après un grand numéro ! Arrivés plus de six minutes plus tard, Lennert Van Eetvelt (Lotto Dstny) a réglé les derniers rescapés pour monter sur le podium. Statuquo chez les favoris, Sepp Kuss (Jumbo-Visma) reste en Rouge sans avoir été inquiété.
Vidéo - Bardet n'a rien pu faire contre Evenepoel sur la 14e étape !
#LaVuelta23 Au lendemain de sa journée sans, Remco Evenepoel a eu une réaction de grand champion en remportant en solitaire la 14e étape du Tour d'Espagne ! Également auteur d'une grande étape, Romain Bardet a fini 2e. À suivre sur https://t.co/hItDtvxPXA pic.twitter.com/CPc3LWksMe
— Cyclism'Actu (@cyclismactu) September 9, 2023
Evenepoel prend le maillot de meilleur grimpeur, Lenny Martinez explose
Malgré une formation UAE Team Emirates offensive, Juan Ayuso n'a pas réussi à destabiliser le trio de la Jumbo-Visma dans le Port de Larrau à mi-course. La montée finale étant trop roulante pour créer de vrais écarts, les favoris sont arrivés ensemble à plus de huit minutes d'Evenepoel. Ce dernier profite également de sa folle chevauchée pour récupérer assez largement le maillot à pois bleus de meilleur grimpeur, porté depuis la veille par Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma). Une tunique qu'il devrait pouvoir ramener à Madrid au vu de ses jambes retrouvées. A noter l'explosion de Lenny Martinez (Groupama-FDJ) côté français, le jeune grimpeur étant visiblement épuisé après deux semaines de course et sortant probablement du top 20 au général.
Remco Evenepoel à l'attaque et à l'initiative de l'échappée
Au lendemain d'une magnifique 13e étape, avec notamment l'Aubisque et le Tourmalet à gravir, le Tour d'Espagne reste donc dans les Pyrénées samedi pour une 14e étape qui s'élance de Sauveterre-du-Béarn, en France, et se termine à Larra-Belagua, en Espagne, avec trois beaux cols au programme. Mais avant d'en arriver au premier d'entre eux, le col Hourcère (11,1 km à 8,7%), les coureurs doivent d'abord avaler un peu plus de 50 kilomètres totalement plats et propices à une grosse lutte pour former le bon coup du jour. Car après sa démonstration et son exceptionnel triplé de la veille au sommet du Tourmalet, la formation Jumbo-Visma pourrait bien laisser une belle échappée se développer et se jouer la victoire sur cette 14e étape.
Comme prévu, les attaquants se ruent à l'offensive dès le baisser de drapeau, et parmi eux un certain... Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) ! Après sa défaillance, le Belge avait annoncé au départ vouloir rebondir très vite, et comme le caractère de champion du bonhomme le laissait prévoir, il répond présent et passe à l'attaque. Mais il faut plus de 30 kms d'une intense bataille pour voir un groupe conséquent enfin réussir à fausser compagnie au peloton, à plus de 50 km/h de moyenne ! Auréolé de son maillot de champion de Belgique, Evenepoel en fait bien évidemment partie.
UAE prend la course en main, Evenepoel et Bardet partent à 2 au sommet de Hourcère
Le tenant du titre est seul du Wolfpack au sein d'un groupe de 24 unités avec d'autres très beaux prétendants à la victoire d'étape. Parmi eux, citons notamment Juan Pedro Lopez (Lidl-Trek) - le mieux classé au général, à 21'13" de Sepp Kuss (Jumbo-Visma) - Romain Bardet (Team dsm-firmenich), Kévin Vauquelin (Arkéa-Samsic), Michael Storer (Groupama-FDJ), Damiano Caruso (Bahrain Victorious), Lennard Kämna (BORA-hansgrohe), Rui Costa (Intermarché-Circus-Wanty)... Cet échappée aborde le pied de la Hourcère avec près de quatre minutes d'avance sur un peloton qui perd très vite Lenny Martinez (Groupama-FDJ), visiblement très touché physiquement en cette fin de 2e semaine. Certains coureurs intercalés parviennent à opérer la jonction à l'avant comme Mattia Cattaneo (Soudal-QuickStep), qui sera d'une précieuse aide pour son leader.
L'Italien imprime un bon tempo rapidement fatal aux moins bons grimpeurs du groupe, comme le maillot vert Kaden Groves (Alpecin-Deceuninck) ou Clément Davy (Groupama-FDJ). Mais contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, l'écart ne se creuse pas avec le peloton maillot rouge. Car derrière, les choses sérieuses commencent très tôt avec la formation UAE Team Emirates qui décident de rouler à un rythme très soutenu ! Juan Ayuso et ses coéquipiers semblent avoir une idée derrière la tête pour mettre à mal la Jumbo-Visma. Résultat, l'avance des fuyards n'est plus que de trois minutes au sommet, que Remco Evenepoel franchit le premier devant Romain Bardet pour les points de la montagne. Les deux hommes poursuivent leur effort dans la descente et prennent quelques secondes sur leurs anciens compagnons.
Un duel Evenepoel-Bardet pour la gagne, Ayuso teste timidement les Jumbo
Visiblement parti pour un numéro lointain dont il a le secret, le champion du monde du chrono emmène le Français dans sa roue et creuse un bel écart avec leurs poursuivants, repoussés à près d'une minute au bas de la descente ! On entre alors dans les 70 derniers kilomètres, et le duo de tête arrive rapidement au pied du Port de Larrau (14,9 km à 8%). Leur offensive a également le mérite de faire remonter l'écart avec les favoris, pointés à 4'30" malgré le travail de sape de l'équipe du maillot blanc. La tendance se poursuit dans les terribles pentes du Larrau, Evenepoel et Bardet collaborent bien à l'avant, continuant à distancer un groupe de chasse qui s'étiole et dont s'extirpe Michael Storer. L'Australien semble fort mais va devoir boucher 1'30" sur la tête.
Derrière lui, Jonathan Castroviejo (INEOS Grenadiers) et Lennert Van Eetvelt (Lotto Dstny) sont les plus costauds mais naviguent déjà à près de deux minutes. Après être revenu à une minute, Storer commence à piocher et reperd du temps. Les deux hommes de tête semblent bien partis pour se jouer la gagne, d'autant plus que ce qu'il reste du paquet accuse désormais plus de 5 minutes de retard. Après le gros travail de son équipe, Juan Ayuso tente de passer à l'attaque mais est tout de suite suivi par le trio de la Jumbo-Visma. L'Espagnol n'insiste pas, le groupe des leaders se recompose et l'écurie néerlandaise reprend les commandes en toute tranquillité. Au sommet, Evenepoel va de nouveau chercher les 15 points attribués et devient ainsi le leader virtuel du classement de la montagne, avec 50 pts contre 37 à Storer, passé en 3e position à 2 minutes.
Evenepoel fait exploser Bardet et s'impose, statuquo chez les favoris
C'est désormais une certitude : Evenepoel ou Bardet lèvera les bras à Larra-Belagua dans 40 kms. Avant d'aborder l'ascension finale, le duo franchit le court Puerto de Laza (3e catégorie / 3.2 km à 5.8%), dans lequel le Belge commence à tester les forces du Français, qui ne montre pas (encore) de signe de faiblesses. Mais le natif de Brioude laisse désormais la majorité du travail au champion de Belgique, qui ajoute 3 nouveaux points à son total au sommet. Direction le très roulant Puerto de Belagua (9.4 km à 6.3%), juge de paix du jour qui décidera du vainqueur. A plus de trois minutes, Storer est lui repris par Castroviejo et Van Eetvelt. Le peloton est maintenant emmené par les Bahrain Victorious à 6 minutes.
Pas d'évolution dans la transition jusqu'au pied de l'ultime difficulté, dans laquelle Evenepoel se met directement à la planche, à son rythme. Bardet ne semble pas en mesure d'attaquer le Belge et s'accroche dans sa roue. Un situation qui se prolonge jusqu'aux 4 kms, moment où le Français finit par craquer, essoré. Evenepoel s'envole en solitaire vers une 2e victoire sur cette Vuelta, beau lot de consolation après avoir perdu toute chance de réaliser le doublé au général. Plus de huit minutes plus tard, c'est un groupe maillot rouge pratiquement au complet qui franchit la ligne ensemble. Une journée pour rien au classement général.