Tour d'Espagne - Carapaz la 20e étape, Evenepoel va gagner La Vuelta !
Par Nicolas GAUTHIER le 10/09/2022 à 17:34
Contrairement à ce qu'il s'était passé en 2021, la 20e et avant-dernière étape du Tour d'Espagne, disputée ce samedi entre Moralzarzal et Puerto de Navacerrada, n'a pas bouleversé le classement général. Elle a en revanche permis à Richard Carapaz de s'offrir une troisième victoire sur cette Vuelta 2022, l'Équatorien s'étant imposé en solitaire après avoir réalisé un nouveau grand numéro à l'avant. Le coureur de l'équipe INEOS Grenadiers - également meilleur grimpeur de cette 77e édition - a devancé Thymen Arensman (Team DSM) de 8 secondes. Arrivé juste derrière, dans un groupe des favoris réglé par Juan Ayuso (UAE Team Emirates), Remco Evenepoel (Quick-Step Alpha Vinyl Team) n'a pas tremblé lors de cette ultime journée en montagne et va remporter dimanche - sauf accident - le Tour d'Espagne.
Vidéo - Carapaz et Evenepoel, les deux héros de la 20e étape !
Juan Ayuso sur le podium de La Vuelta... à 19 ans, Carlos Rodriguez chute de deux rangs
Sur le podium, aux côtés du Belge, qui, 44 ans après Johan De Muynck sur le Tour d'Italie 1978, va enfin offrir à son pays un nouveau succès final en Grand Tour, on retrouvera les Espagnols Enric Mas (Movistar Team) et Juan Ayuso, ce dernier montant sur le podium d'une course de trois semaines alors qu'il n'a même pas 20 ans ! Miguel Angel Lopez (Astana Qazaqstan Team) n'a en effet pas réussi à faire craquer le jeune Ibérique et va devoir se contenter de la quatrième place. C'est derrière qu'un changement intervient puisque Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers), diminué par sa chute survenue il y a 48 heures, a beaucoup souffert ce samedi et concédé sur la ligne plus de 1 minute à ses rivaux. Cela fait les affaires de Joao Almeida (UAE Team Emirates) et Thymen Arensman, qui gagnent tous les deux une place aux dépens de l'Espagnol et occupent respectivement les cinquième et sixième places du général. Derrière le champion d'Espagne, pas de changements en revanche pour Ben O'Connor (AG2R Citroën Team), Rigoberto Uran (EF Education-EasyPost) et Jai Hindley (BORA-hansgrohe), qui vont terminer huitième, neuvième et dixième de cette Vuelta.
ðŸEtapa 20 | Stage 20
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Un groupe de sept se détache rapidement, ça s'anime dans le premier col
Il faut des qualités de rouleur plus que des véritables qualités de grimpeur pour s'échapper en ce début de 20e étape du Tour d'Espagne, les 23 premiers kilomètres étant au faux plat montant. Au bout d'une dizaine de bornes, un groupe de sept coureurs parvient à se former à l'avant de la course. Dans celui-ci, on retouve Clément Champoussin (AG2R Citroën Team), Ruben Fernandez (Cofidis), Xandro Meurisse, Robert Stannard (Alpecin-Deceuninck), Daniel Navarro (Burgos-BH), Joan Bou (Euskaltel-Euskadi) et Simon Guglielmi (Team Arkéa-Samsic).
Tandis que le peloton laisse filer, Julien Bernard (Trek-Segafredo) et Jonathan Caicedo (EF Education-EasyPost) sont en chasse-patate, mais les deux hommes plafonnent et pointent à 1 minute au moment d'aborder le Puerto de Navacerrada (10,3 km à 6,8%), première des cinq ascensions répertoriées de la journée. Certains coureurs tentent alors de relancer la course, Richard Carapaz (INEOS Grenadiers), le meilleur grimpeur de cette Vuelta, passant notamment à l'attaque à plusieurs reprises. Ce sont finalement Gino Mäder (Bahrain Victorious) et Gregor Mühlberger (Movistar Team) qui arrivent à sortir du peloton. Le Suisse et l'Autrichien reviennent rapidement sur Julien Bernard, qui a explosé, puis sur Jonathan Caicedo.
Des attaque dans tous les sens, Carlos Rodriguez lâché du peloton
Alors que Mäder lâche Mühlberger et Caicedo, les Marc Soler (UAE Team Emirates), Thibaut Pinot, Sébastien Reichenbach (Groupama-FDJ) et autre Hugh Carthy (EF Education-EasyPost) tentent de s'extraire de la meute, mais la Quick-Step Alpha Vinyl Team veille au grain. L'allure au sein du peloton est rapide et beaucoup de coureurs sont distancés dans ce premier col... dont Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers), le cinquième du classement général, qui paye sa chute de jeudi et risque de vivre une terrible journée.
Plus haut, Gino Mäder se fait reprendre par Marc Soler, puis le Suisse, accompagné de Joan Bou, distancé du groupe de tête, perd le contact avec Soler. Derrière ces hommes, une dizaine de coureurs ont pris leurs distances avec la meute, ce groupe étant composé de Rohan Dennis (Team Jumbo-Visma), David De la Cruz (Astana Qazaqstan Team), Louis Meintjes (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux), Mikel Bizkarra (Euskaltel-Euskadi), Thibaut Pinot, Sébastien Reichenbach, Hugh Carthy, Richard Carapaz et Gregor Mühlberger.
Pinot, Carapaz, Nibali, Valverde... un groupe de contre très intéressant
Au sommet, franchi en tête par Robert Stannard, les six échappés de la première heure possèdent une quinzaine de secondes d'avance sur Marc Soler, tandis que le groupe Pinot-Carapaz est pointé à environ 30". Composé seulement d'une vingtaine de coureurs, le groupe maillot rouge est à 1 minute, et Carlos Rodriguez, attendu par deux coéquipiers, est à 2'15". Sortis juste avant le sommet du Puerto de Navacerrada, Robert Gesink (Team Jumbo-Visma), Vincenzo Nibali (Astana Qazaqstan Team), Sergio Higuita (BORA-hansgrohe), Jesus Herrada (Cofidis), Alejandro Valverde (Movistar), Urko Berrade et Raul Garcia Pierna (Equipo Kern Pharma) reviennennent dans la descente sur le groupe Pinot - qui a repris Champoussin, distancé dans le haut de la Navacerrada - tandis que Soler fait maintenant partie du groupe de tête et que Carlos Rodriguez profite du ralentissement du peloton pour le réintégrer.
Marc Soler et Robert Stannard s'isolent, Thibaut Pinot part en contre, Stannard menace Carapaz
L'accalmie au sein de la meute se confirme lors des kilomètres suivants puisqu'à 120 bornes du but, elle a plus de 5 minutes de retard sur le sextuor de tête. Les poursuivants n'arrivent quant à eux pas à rentrer et sont pointés à 40 secondes... mais ça ne va tout de même pas assez vite pour Marc Soler, qui s'échappe avec Robert Stannard. Les deux hommes creusent l'écart sur un groupe des poursuivants qui rattrape Daniel Navarro, Xandro Meurisse, Ruben Fernandez et Simon Guglielmi. Le peloton est quant à lui dorénavant emmené par les coureurs de la BORA-hansgrohe, qui roulent certainement pour protéger le top 10 de Jai Hindley.
Alors que l'avance du duo de tête est de 1'30", Thibaut Pinot - qui sent que le groupe de contre, totalement désorganisé, est en train de se faire hara-kiri - décide de bouger dans le Puerto de Navafria, dont le sommet est situé à près de 90 bornes de l'arrivée. Gino Mäder et Gregor Mühlberger reviennent sur le Français de la Groupama-FDJ, les trois hommes passant au sommet - de nouveau franchi en tête par Stannard, qui revient à 14 points de Carapaz au classement de la montagne - à 55" des hommes de tête. Les anciens compagnons de Mader, Mühlberger et Pinot naviguent une quarantaine de secondes derrière ces derniers, tandis que le peloton pointe à 5'30".
Richard Carapaz remet les pendules à l'heure, tout le monde rentre, le peloton se rapproche
Dans la transition amenant au Puerto de Canencia (7,5 km à 4,9%), le trio reprend du temps au duo, ce qui incite ce dernier à ralentir. La jonction a lieu à 70 bornes du but, et on retrouve donc cinq hommes en tête sur cette 20e étape. Quelques minutes plus tard, au pied de la troisième des cinq difficultés répertoriées du jour, Pinot, Soler, Mäder, Mühlberger et Stannard ne possèdent cependant plus que 30" de marge, le groupe des poursuivants ayant bien accéléré. Conduite par Matteo Fabbro (BORA-hansgrohe), la meute a également passé la vitesse supérieure et est revenue à 4 minutes.
Désireux de s'assurer le gain du classement de la montagne dès ce col, Richard Carapaz attaque dès que la route s'élève. Accompagné de Sergio Higuita et Alejandro Valverde, le maillot blanc à pois bleus rattrape à vitesse grand V le groupe de tête... puis ce sont tous les poursuivants qui rentrent. Au sommet, et sans surprise, c'est Carapaz qui passe en tête et repousse quasiment définitivement la menace Robert Stannard. C'est ensuite le col le plus difficile de la journée, le Puerto de la Morcuera (9,4 km à 6,9%), qui se dresse devant les coureurs, le peloton n'ayant alors plus que 3'30" de retard.
âªEtapa 2⃣0⃣ Stage | ðŸ - 50 km
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�'�¡@RichardCarapazM sale a la defensa del maillot de lunares en el Puerto de Canencia! Más puntos para el ecuatoriano.
�'♂�'� Carapaz defends the polka dot jersey on the Puerto de Canencia! More points for the Ecuadorian.@loterias_es #LaVuelta22 pic.twitter.com/c2rg9aLQII
Enric Mas attaque mais Remco Evenepoel ne plie pas, Carlos Rodriguez lâché... puis de retour
Comme attendu, la Movistar Team durcit la course dès le pied de cette ascension, tandis qu'à l'avant, Meintjes, Higuita et Carapaz distancent leurs adversaires. Au sein du peloton, le rythme est de plus en plus élevé, ce qui provoque le décrochage de Carlos Rodriguez. À 4 kilomètres du sommet, Enric Mas (Movistar Team) place sa première attaque ! Calé dans la roue, Remco Evenepoel ne semble pas du tout souffrir et accompagne l'Espagnol, tout comme Juan Ayuso (UAE Team Emirates), Thymen Arensman (Team DSM) et Ben O'Connor (AG2R Citroën Team). Un temps distancés, Miguel Angel Lopez (Astana Qazaqstan Team) et Joao Almeida (UAE Team Emirates) font l'effort pour rentrer, ce qu'ils parviennent à faire quelques instants plus tard.
Au sommet de la Morcuera, Richard Carapaz passe en tête devant Higuita et Meintjes, l'Équatorien assurant alors son maillot à pois. À 15 secondes, on retrouve un groupe composé de Nibali, Valverde, Herrada, Reichenbach, Champoussin, Gesink, Mäder et Carthy. Le groupe maillot rouge - dans lequel on retrouve sept des huit premiers du général, Rodriguez étant le seul absent - bascule quant à lui à 1'50" de la tête de course. Dans la descente, les écarts évoluent quelque peu, le trio de tête abordant le Puerto de Cotos (10,3 km à 6,9%) avec 45" de marge sur les poursuivants et 1'45" sur un groupe maillot rouge qu'ont réintégré de nombreux coureurs, dont Rigoberto Uran (EF Education-EasyPost) et Jai Hindley (BORA-hansgrohe), respectivement neuvième et dixième du classement général, mais aussi Thibaut Pinot.
Carapaz et Higuita tentent le tout pour le tout
Le peloton roulant fort sous l'impulsion de la formation UAE Team Emirates, et notamment d'un impressionnant Marc Soler, Richard Carapaz accélère dès le pied du col. Seul Sergio Higuita parvient à rester avec l'Équatorien, Louis Meintjes étant distancé. Tous les poursuivants sont quant à eux rattrapés par les cadors, sauf Mäder et Gesink, qui tentent un dernier baroud d'honneur. Le premier à relancer les hostilités au sein du groupe maillot rouge, c'est Miguel Angel Lopez. Tous les membres du top 10 suivent le Colombien, sauf Carlos Rodriguez, encore une fois lâché. Cette accélération de Lopez fait mal au duo de tête, qui n'a plus que 40" d'avance à un peu plus de 3 kilomètres du sommet.
C'est ensuite Almeida qui se met à rouler, le Portugais ayant la possibilité d'intégrer le top 5 suite à la défaillance de Rodriguez. Rigoberto Uran est ensuite lâché, tandis que Meintjes se fait rattraper par les cadors. À 500 mètres de la bascule, Carapaz place une attaque violente dans son style si caractéristique et lâche Higuita. Le Colombien passe au sommet avec une quinzaine de secondes de retard, le groupe maillot rouge étant juste derrière. L'arrivée se faisant sur un plateau, il reste alors 6,7 kilomètres de plat à Carapaz pour aller s'offrir une troisième victoire d'étape. Malgré l'attaque de Thymen Arensman, l'Équatorien résiste et remporte cette 20e étape devant le Néerlandais. Remco Evenepoel coupe la ligne en compagnie de tous ses rivaux et peut savourer sa victoire au classement général, la dernière étape disputée dimanche ne devant être qu'une formalité pour le Belge.
🚂 ¡La LOCOMOTORA se va a por la victoria!
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⚡�'�¡Ataque de @RichardCarapazM!
�'♂�'� Attack by Richard Carapaz @INEOSGrenadiers! He is going for the victory!@loterias_es #LaVuelta22 pic.twitter.com/jfm8CgjZYT
Remco Evenepoel a tenu bon. Le Belge n'a pas craqué dans l'avant-dernière étape du Tour d'Espagne et est donc à moins de 100 kilomètres de la victoire finale. La dernière étape de la Vuelta étant une étape "protocolaire", c'est un grand ouf de soulagement qui a été lâché par le Belge dès la ligne franchie. Il a donc course gagnée, sauf incident majeur. Pour l'occasion, sa famille était là à l'arrivée. La joie était perceptible dans le clan et l'accompagnement du champion belge, qui aussi été félicité par ses principaux adversaires. Remco Evenepoel a pris quelques minutes pour communier en famille, lâchant quelques larmes de joie légitimes.