Rétro Classiques - Van Aert... émergence d'un champion en pleine apocalypse
Place au deuxième numéro de notre série "Rétro Classiques" ! Après notre premier épisode retraçant la déroute de la structure Quick - Step lors de l'Omloop Het Nieuwsblad en 2015, passons désormais au récit relatif au deuxième grand rendez-vous de ce début de saison, à savoir les mythiques Strade Bianche. Il n'aura pas fallu longtemps à la course italienne pour obtenir ses lettres de noblesse auprès des passionnés. Créée en 2007, l'épreuve des Routes Blanches en sera seulement à sa 18e édition en 2024. Et pourtant, certains n'hésitent pas à (déjà) la définir comme le 6e Monument cycliste ! Difficile de leur donner tort lorsque l'on jette un coup d'œil au palmarès qui ne contient - presque - que des grands noms du cyclisme comme Tadej Pogacar, le triple vainqueur Fabian Cancellara, les trois fantastiques Wout van Aert, Mathieu van der Poel et Julian Alaphilippe, ou encore Michal Kwiatkowski, Philippe Gilbert et Tom Pidcock. Pour préfacer la course, nous avons choisi de revenir sur l'édition qui reste dans les mémoires comme la plus dantesque de l'histoire de la course, mais aussi comme celle où nous avons assisté à la naissance d'un futur champion. Cyclism'Actu remonte le temps de quelques années et vous donne rendez-vous en 2018.
Vidéo - Tiesj Benoot, le lauréat de ces mythiques 12e Strade Bianche
Un joli plateau au départ
En 2018, la course a déjà acquis ses premières lettres de noblesse et accueille donc le gratin du cyclisme mondial chaque premier samedi du mois de mars. Au coup d'envoi de la 12e édition, on retrouve, entre autres, le vainqueur sortant, le Polonais Michal Kwiatkowski (Team Sky), le Requin de Messine Vincenzo Nibali (Bahrain Merida Pro Cycling Team), le récent champion olympique Greg van Avermaet (BMC Racing Team), le triple champion du monde Peter Sagan (BORA - hansgrohe), le vétéran Alejandro Valverde qui entamait sa 14e saison avec son équipe de la Movistar ou encore Philippe Gilbert, atout majeur de la Quick - Step Floors. Et pourtant, aucun de ces coureurs ne figurera sur le podium final, qu'aboslument personne n'aurait pu voir venir !
Gravel strokes, steep terrains and heavy rain. The 2018 edition of Strade Bianche was epic! Relive the day 👉🻠https://t.co/verDeBfs3q pic.twitter.com/CeAkA1H5BR
— ShimanoROAD (@ShimanoROAD) March 3, 2018
Une course de Flandriens
Les conditions sont dantesques. La pluie et le froid rendent la course extrêmement difficile et les coureurs sont couverts de boue dès les premiers chemins blancs, transformées en routes brunes pour l'occasion. A une cinquantaine de kilomètres de l'arrivée, un groupe d'hommes forts s'est détaché en tête de course avec, entre autres, Alejandro Valverde et Michal Kwiatkowski. Côté français, deux représentants ont intégré le groupe de tête. Valentin Madouas pour la Groupama - FDJ et Pierre Latour pour AG2R La Mondiale. Mais la grosse surprise, c'est la présence de Wout van Aert (Vérandas Willems - Crélan) que personne n'attendait à pareille fête, malgré ses excellentes capacités dans les labourés. Ils seront rapidement rejoints par Romain Bardet (AG2R La Mondiale) au prix d'un gros effort.
Le Français ne semble d'ailleurs pas sentir ses jambes car, peu de temps après, il partira seul à l'offensive à 45 kilomètres du but. Et puis, la surprise est encore plus grande chez tous les suiveurs lorsque le seul coureur capable de le rejoindre et d'accrocher sa roue n'est autre que le jeune Wout van Aert ! À l'époque, le Belge venait de décrocher son 3e titre de champion du monde de cyclo-cross, mais n'avait aucune référence dans des courses de niveau WorldTour sur la route. Les voilà partis à 2 à une quarantaine de kilomètres de l'arrivée ? Vont-ils aller au bout ?
La naissance d'un futur grand
À la surprise générale, Wout van Aert fait mieux que s'accrocher. Il relaie Romain Bardet et le duo semble bien parti pour se disputer la victoire. L'écart approche de la minute lorsque deux coureurs sortent en contre : Tiesj Benoot, futur équiper de van Aert chez Visma | Lease A Bike mais à l'époque coureur au sein de la Lotto - Soudal, et Pieter Serry (Quick-Step Floors). Les deux hommes de tête font de la résistance et l'écart se stabilise autour des 30 secondes. Benoot décide de boucher le trou seul et revient sur la tête de course au prix d'un impressionnant effort. Le podium est désormais connu, mais dans quel ordre ?
Tiesj Benoot mettra fin au suspense dans le Tolfe, dernier secteur de routes blanches. Il y déposera ses deux compagnons d'échappée et s'envolera vers une victoire de prestige, sa première en tant que pro. Derrière, Wout van Aert et Romain Bardet se disputeront la 2e place dans la montée finale vers la Piazza del Compo. Le Français prendra le dessus sur son adversaire qui, perclus de crampes, devra même mettre pied à terre. Il conservera malgré tout son podium bien mérité. Même s'il n'a pas gagné, les connaisseurs du monde de la Petite Reine se rendent compte qu'ils ont sans doute assisté à la naissance d'un futur grand. Après un nouveau podium en 2019, Wout van Aert remportera d'ailleurs sa première grande classique lors des Strade Bianche 2020, disputées au mois d'août en raison de la pandémie. Un nouveau champion est né, et le monde du vélo s'apprête à se régaler devant ses nombreux duels avec son meilleur ennemi, Mathieu van der Poel.
Strade Bianche: Wout van Aert 2018 vs Wout van Aert 2020
— Miroir du Cyclisme (@Miroir2Cyclisme) August 2, 2020
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