Route - Marion Rousse : «J'ai connu le cyclisme féminin à une époque...»
Dans un long entretien avec Eurosport la championne de France sur route 2012 et désormais directrice du Tour de France Femmes avec Zwift, Marion Rousse est revenue sur la "fantastique" édition du Tour de France Femmes avec Zwift 2024 avant de se féliciter du chemin parcouru par le cyclisme féminin. Elle évoque également l'ajout d'une étape pour cette édition du Tour de France Femmes avec Zwift 2025, "un gros message concernant le développement du cyclisme féminin envoyé", selon elle. Un développement financier également, car elle confie qu'à son époque elle ne pouvait pas vivre de son sport, ce qui a précipité l'arrêt de sa carrière sportive.
Vidéo - La présentation du Tour de France Femmes 2025
Une situation financière toujours précaire, mais en amélioration
Le cyclisme féminin est aujourd'hui en pleine croissance et cela se répercute sur le plan financier : "J'ai connu le cyclisme féminin à une époque où je ne gagnais pas d'argent. J'étais dite 'professionnelle', mais je n'en avais que l'appellation. Il fallait que j'aille travailler pour gagner un SMIC. J'ai tellement galéré sur mon vélo, j'ai vu que je ne pouvais pas en vivre, j'ai dû arrêter ma carrière tôt... Ma volonté, quand on a instauré le Tour de France Femmes avec Zwift, était que cela suive, que les filles puissent avoir un salaire, vivre de leur sport. L'enjeu était d'obtenir de la visibilité, grâce à la course la plus connue du monde. Avec le Tour de France, on parle à un public de connaisseurs, d'initiés... mais aussi à des gens qui ne regardent pas de vélo tout au long de l'année. Cette mise en lumière manquait au cyclisme féminin. On ne connaissait pas les championnes avant de profiter de cette formidable vitrine. Maintenant, il y a beaucoup plus d'argent dans les équipes, cela s'est structuré. L'équilibre financier reste précaire, mais cela n'a plus rien à voir."
Neuf étapes en 2025
Comment réussir à entretenir la flamme d'une édition 2024 "fantastique" ? En innovant en ajoutant une neuvième étape : "Passer de huit à neuf étapes, c'est un gros message envoyé, concernant le développement du cyclisme féminin. La course fonctionne, on a l'impression qu'on existe depuis longtemps, alors que ce ne sera que la quatrième édition. Quand on a pris cette décision de relancer un Tour de France Femmes, notre priorité était qu'elle soit encore là dans cent ans. On tend vers ça. Il faut y aller pas à pas. Je souhaiterais que la course soit plus longue et on ne se ferme aucune porte."
"Je souhaiterais que la course soit plus longue et on ne se ferme aucune porte. On a construit de bonnes bases. Cela fonctionne tellement bien que ce n'est plus possible de faire machine arrière. C'est une satisfaction. Mais il faut qu'on avance au même rythme que le cyclisme féminin, avec des équipes qui n'ont pas des effectifs aussi fournis que leurs homologues masculins. Prendre trop de place dans le calendrier, c'est risquer de tuer d'autres courses, qui existent depuis plus longtemps que nous. On n'est pas là pour ça. Ce n'est pas un problème physique. Les femmes en sont capables. Elles s'entraînent autant que les hommes, partent en stage en altitude… "