Route - C'est qui le meilleur... Evenepoel, van der Poel ou Pogacar ?
Cette saison, seuls 3 coureurs ont levé les bras à l'issue d'un Monument. Mathieu van der Poel (Alpecin - Deceuninck) a remporté Milan - San Remo et Paris - Roubaix. De son côté, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) a pris sa revanche sur le Tour des Flandres après son sprint manqué de la saison dernière, avant de remporter le Tour de Lombardie pour la 3e fois consécutive au début du mois d'octobre. Enfin, Remco Evenepoel (Soudal Quick - Step) a signé le doublé sur Liège - Bastogne - Liège après un nouveau numéro en solo dont il a le secret. Seulement 3 vainqueurs différents dans les Monuments au cours d'une même saison, ce n'était plus arrivé depuis 1975. Cette année-là, Eddy Merckx avait une nouvelle fois laissé des miettes à ses adversaires en remportant Milan - San Remo, le Tour des Flandres et Liège - Bastogne - Liège tandis que Roger De Vlaeminck remportait le 3e de ses 4 succès sur Paris - Roubaix et que Francesco Moser remportait son premier Tour de Lombardie. Nous avons donc vécu une première depuis près de 50 ans. Mais parmi ces 3 champions que sont Evenepoel, Pogacar et van der Poel, lequel est le meilleur ?
Vidéo - Tadej Pogacar, vainqueur du dernier Monument de la saison !
Mathieu van der Poel, le sniper
Suivons l'ordre chronologique et commençons par le vainqueur du premier Monument de la saison, à savoir Milan - San Remo. Premier grand objectif de la saison de MVDP qui sort d'un Tirreno - Adriatico où il a joué le poisson - pilote pour son équipier Jasper Philipsen, le Néerlandais ne se loupe pas. Une attaque supersonique dans le Poggio en frôlant les murs, et une arrivée en solo sur la Via Roma, van der Poel marque déjà les esprits. Deux semaines plus tard, il loupe le coche sur le Tour des Flandres mais termine tout de même à la deuxième place derrière un Pogacar de gala. Qu'à cela ne tienne, il lèvera les bras sur le Vélodrome de Roubaix la semaine qui suit. On regrettera simplement la crevaison de son meilleur ennemi Wout Van Aert (Jumbo - Visma) à la sortie du secteur du Carrefour de l'Arbre qui nous aura privés d'un duel de titans.
Après un Tour de France passé dans un relatif anonymat, où il s'est "contenté" de lancer les sprints de manière magistrale pour Jasper Philipsen, il ajoutera la cerise sur le gâteau d'une saison déjà réussie en devenant champion du monde à Glasgow. Titre qu'il ajoute à celui décroché en début d'année en cyclo-cross. Pour la première fois de l'histoire, un coureur a réussi le doublé. De quoi nous permettre de parler de saison historique. Mathieu van der Poel ne gagne pourtant pas beaucoup. "Seulement" 6 victoires cette année - en ce compris le classement général sur le Tour de Belgique. Mais quand il gagne, c'est du très, très lourd. Lorsqu'il a un objectif en tête, il ne se loupe - presque - jamais. À l'inverse d'un Wout van Aert extrêmement régulier, avec Mathieu van der Poel, c'est tout ou rien. Il a appris à gérer ses pics de forme à la perfection et à ne pas dépenser d'énergie inutilement sur les courses qu'il n'a pas entourées en rouge sur son calendrier. Le Tour de France de cette année, où il n'est pas entré une seule fois dans le top 10, en est sans doute le meilleur exemple. Et c'est ce ciblage précis qui lui aura permis de réaliser une saison 2023 tout simplement exceptionnelle.
Tadej Pogacar, l'éclectique
Il nous enchantait déjà la saison dernière en brisant les codes du cyclisme moderne. À l'ère de la super spécialisation, il était impensable qu'un vainqueur du Tour de France participe aux classiques printanières. Ou éventuellement, sur un "coup de folie", il pouvait s'aligner sur une des courses du triptyque ardennais. Mais certainement pas les classiques flamandes. Heureusement pour nous, fans de cyclisme, Tadej Pogacar n'est pas comme les autres. Il veut juste s'amuser sur son vélo. Et par la même occasion, nous enchanter. Alors, en 2022, il tente sa chance et remporte presque le Tour des Flandres, loupant son sprint, un peu tétanisé par l'enjeu. Comme quoi, Pogacar est humain - parfois - lui aussi. Cependant, il adore cette course et en fait un objectif majeur pour 2023. Au même niveau que celui de décrocher un troisième bouquet sur le Tour de France. Et l'objectif sera atteint, avec la manière. Une démonstration de son talent et de son éclectisme. Tadej Pogacar écœure la concurrence. Même Mathieu van der Poel, le roi des monts flandriens, et en excellente forme qui plus est, ne parvient pas à le suivre. Pogacar continue à écrire l'Histoire en devenant le troisième vainqueur du Tour de France à remporter le Tour des Flandres, après Louison Bobet et Eddy Merckx.
Pogacar clôturera la saison comme il l'a commencée, avec une victoire. La troisième de suite sur le Tour de Lombardie. Une nouvelle performance historique que seuls deux coureurs, Alfredo Binda et Fausto Coppi, avaient réalisée jusqu'ici. Coppi en avait d'ailleurs ajoutée une quatrième, Pogi aura l'occasion de l'égaler en 2024. Ce qui fait le charme de Pogacar, c'est qu'il est présent toute l'année, et sur tous les terrains. De la Jaen Paraiso Interior le 13 février, une semi-classique espagnole avec des chemins de gravel, au Tour de Lombardie le 7 octobre, le Slovène a accumulé 17 (!) victoires. 7 victoires sur des courses d'un jour, avec également la Flèche Wallonne et l'Amstel Gold Race, et 10 succès sur des courses par étapes, dont deux sur le Tour de France et trois sur Paris-Nice, avec une victoire finale sur la Course au Soleil et le Tour d'Andalousie. Il a également livré un duel fabuleux avec Jonas Vingegaard (Jumbo - Visma) sur la Grande Boucle avant de craquer en 3e semaine, sans doute à la suite d'une préparation tronquée par sa fracture du poignet occasionnée par sa chute sur Liège - Bastogne - Liège. Sans laquelle il n'y aurait d'ailleurs peut-être eu que deux vainqueurs différents dans les Monuments cette année, qui sait ?
Remco Evenepoel, le tenace
Cette saison, il a encore passé un palier dans son développement ultra - rapide. On a souvent tendance à l'oublier, mais Remco Evenepoel n'a - toujours - que 23 ans. Et pourtant, il compte déjà 50 victoires professionnelles à son palmarès ! Il se laissait parfois submerger par ses émotions. Mais cette année, il a réussi à canaliser toute cette fougue et à l'utiliser à bon escient. Remco Evenepoel est sans doute l'un des (futurs) patrons du peloton professionnel. Et cette année, il a pris une nouvelle dimension, n'hésitant pas à donner son avis devant les caméras. Comme à l'issue du contre-la-montre inaugural du Tour d'Espagne disputé dans le noir. Mais sur le vélo aussi, Evenepoel semble plus mature. À Liège - Bastogne - Liège, on se réjouissait de son duel avec Tadej Pogacar. Mais une fois le Slovène hors course, sa victoire ne faisait plus aucun doute. Patiemment, Evenepoel a attendu et a ensuite lâché un à un ses adversaires, pour s'imposer finalement avec plus d'une minute d'avance.
Remco Evenepoel cette saison, c'est également deux maillots distinctifs. Un titre de champion du monde sur le chrono, un titre de champion de Belgique sur la course en ligne, qui était pourtant dessinée pour les sprinteurs. Il a également remporté la Classique de San Sebastian, deux étapes sur le Tour de Catalogne et une étape ainsi que le classement final de l'UAE Tour. Sur les Grands Tours, le bilan est excellent aussi, mais il reste un petit goût de trop peu, comme l'avoue Remco Evenepoel lui-même. Il n'y a pas eu de victoire finale. Après avoir décroché deux étapes sur le Tour d'Italie, il a été forcé de le quitter pour cause de Covid alors qu'il avait le maillot rose sur les épaules. Sur le Tour d'Espagne, il a semblé en mesure de signer le doublé jusqu'à cette funeste 13e étape où il a perdu plus de 30 minutes. Mais paradoxalement, cette défaillance nous aura permis de voir à quel point Evenepoel est un battant. Il n'abandonne jamais. Il repartira avec trois étapes, le maillot de meilleur grimpeur et le titre de super-combatif. L'année prochaine, il s'alignera pour la première fois sur le Tour de France. Le cru 2024 s'annonce déjà légendaire avec sans doute Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar et Primoz Roglic, sous ses nouvelles couleurs au sein de la BORA - hansgrohe, comme principaux adversaires. On a déjà hâte d'y être !
Au final... qui est le meilleur ?
Trois coureurs très différents, trois immenses champions cyclistes qu'il est presque impossible de départager. Chacun aura ses propres critères sur lesquels se baser pour les classer, chacun aura également sans doute sa petite préférence. Tous les trois ont réalisé une saison incroyable. À la fois au niveau du prestige de leurs victoires, mais aussi au niveau de la manière dont ils les ont obtenues. Tous les trois ont révolutionné le cyclisme moderne avec leurs longs raids solitaires, leurs attaques lointaines et leur envie de faire la course. Si l'on s'en tient uniquement à la saison 2023, c'est sans doute Mathieu van der Poel qui a le plus brillé avec 2 Monuments et un double titre de champion du monde, sur la route et en cyclo-cross.
Mais la question que pose l'article est "qui est le meilleur ?". Et pour répondre à cette question, notre choix se porte sur Tadej Pogacar. Tout simplement parce qu'il est le plus complet. C'est le seul parmi les 3 qui est capable de gagner à la fois un Grand Tour et une classique flandrienne. Et sans doute parce qu'au sein du peloton actuel, il semble le plus à même d'être en mesure de remporter les 5 Monuments dans sa carrière, comme seuls Eddy Merckx, Roger De Vlaeminck et Rik Van Looy l'ont fait avant lui. Il est également tout à fait en mesure de remporter un titre de champion du monde dans sa carrière, comme l'ont déjà fait Evenepoel et van der Poel. Tout comme les trois Grands Tours - et le Tour d'Italie déjà l'année prochaine ? Avec Pogacar, les possibilités semblent infinies. Nous pensons que lorsqu'on regardera dans le rétroviseur dans une vingtaine d'année, c'est le Slovène qui aura construit le plus beau palmarès. Et c'est sur ce critère de cycliste le plus complet que nous avons souhaité nous baser pour faire notre choix. Et vous, qu'en pensez-vous ? Qui est le meilleur coureur parmi les 3 ? Le sniper Mathieu van der Poel, l'éclectique Tadej Pogacar ou le tenace Remco Evenepoel ?