Chronique - Daniel Mangeas : «Paris-Roubaix me manque»
Par Valentin GLO le 07/04/2016 à 19:26
Vidéo - Les favoris du 114e Paris-Roubaix
Daniel Mangeas, la voix du Tour de France pendant 40 ans, mais pas seulement ! Comme pour tout amoureux du cyclisme, Paris-Roubaix est également un rendez-vous attendu pour le speaker normand. Un rendez-vous qu'il a présenté jusqu'en 2014. Actuellement sur le Circuit de la Sarthe, où il a été impressionné par les performances de Marc Fournier et Anton Vorobyev, le chroniqueur de Cyclism'Actu nous parle du parfum particulier de l'Enfer du Nord. Avec, toujours, quelques anecdotes à raconter.
"Le parfum de Paris-Roubaix me manque"
Paris-Roubaix a toujours été une épreuve particulière pour moi. On sentait une tension dès la veille de la course. Le samedi, les coureurs étaient dans une concentration maximale que je n'ai jamais retrouvée ailleurs. Les coureurs étaient déjà conscients de la tâche qui les attendait le lendemain. Lors des interviews, je sentais une pression déjà bien présente. C'était différent le dimanche matin car ils savaient qu'ils allaient se libérer pendant la course. Paris-Roubaix c'est vraiment un parfum unique.
Cette tension particulière ne concernait pas seulement les coureurs ! J'avais toujours envie de réaliser mon meilleur commentaire. Je me souviens de ce moment extrêmement intense quand j'avais motivé le vélodrome de Roubaix pour Marc Madiot et Gilbert Duclos-Lassalle. Le public scandait leur nom avec moi ! Des amis m'avaient dit qu'ils avaient eu la chair de poule. Paris-Roubaix, c'est une dramaturgie : le vainqueur est un héros, celui qui termine est un champion.
"Sagan sera difficile à battre"
Peter Sagan sera difficile à battre dimanche. Il est dans la spirale du succès. Il faut très adroit pour gagner Paris-Roubaix et Sagan vient du cyclo-cross. C'est LE favori de cette édition. Ce coureur gère parfaitement la pression, c'est un formidable atout. il deviendrait le premier champion du Monde en titre à gagner l'Enfer du Nord depuis Bernard Hinault en 1981. Ce jour-là, Louison Bobet, premier grand champion français d'après-guerre, était présent. Il avait félicité Le Blaireau. C'était une image forte.
"Florian Sénéchal est peut-être trop jeune"
Cela s'annonce compliqué pour les coureurs français. Arnaud Démare avait une forme comme il n'en avait jamais eu auparavant, son forfait est un coup dur. Cependant, Matthieu Ladagnous, Sébastien Turgot et Damien Gaudin ont de belles cartes à jouer. Les coureurs français ont toujours eu une certaine fascination pour Paris-Roubaix, certains s'y révèlent même. Mais les trois cités ont déjà l'expérience de cette course. Quant à Florian Sénéchal, il a pris de l'épaisseur, c'est un coureur courageux, avec du panache, et il peut assurément l'emporter un jour dans sa carrière. Mais il est peut-être trop jeune pour gagner dès cette année.
"Franco Ballerini vainqueur de Paris-Roubaix... 10 secondes"
La 2e victoire de Gilbert Duclos-Lassalle, en 1993, était extrêmement serrée. J'étais juste derrière la ligne et je ne savais pas qui avait gagné entre lui et Franco Ballerini. Je me tourne vers le juge, il me crie Ballerini. Voulant informer le public le plus rapidement possible, je l'annonce. Moins de 20 secondes après, le juge me dit l'inverse. Ballerini a été vainqueur pendant 10 secondes c'était un moment douloureux pour lui comme pour moi. Heureusement, il gagnera finalement en 1995.