Tour de France - Van Avermaet surpuissant contient Sagan
Par Romain MICHEL le 17/07/2015 à 17:33
Les coureurs tournent le dos aux Pyrénées et mettent le cap sur les Alpes. 198 kilomètres au programme aujourd'hui entre Muret et Rodez pour une étape facile dans sa première partie, avant un final casse-pattes qui favorise un homme fort. La bataille pour le maillot vert va reprendre de plus belle avec une arrivée favorable à Sagan et Degenkolb. A moins que les échappées ne déjouent les pronostics et résistent au peloton ? Changement à signaler au départ, c'est Joaquim Rodriguez qui porte, par substitution, le maillot de meilleur grimpeur après son succès de la veille au Plateau de Beille. Froome porte toujours le paletot jaune et Quintana s'élance tout de blanc vêtu. Le peloton décolle à 12h20 de Muret, accompagné par une chaleur toujours présente.
Une échappée de six coureurs, Giant-Alpecin mène la chasse
On s'attend à une bagarre féroce pour prendre l'échappée du jour, qui intérèsse beaucoup de coureurs. Et pourtant, la première offensive est la bonne. Dès le kilomètre 1, les six premiers coureurs a avoir levé le cul de la selle ont déjà faussé compagnie au peloton. Deux minutes d'avance après cinq kilomètres de course sur un peloton sans réaction. Les six courageux du jour se nomment : Gautier, De Gendt, Kelderman, Haas, Périchon et le régional de l'étape Geniez. Une échappée avec de beaux noms, qu'il faut prendre au sérieux au sein des équipes qui visent la victoire d'étape au sprint. Partis avec un temps de retard, Grivko et Quemeneur tentent de rejoindre les fuyards, en vain. Ils se font reprendre par le paquet après dix kilomètres.
Alors que la Team Sky voit d'un bon oeil qu'un coup se soit déssiné aussi rapidement, c'est la Giant-Alpecin qui prend les commandes du peloton après seulement une quinzaine de kilomètres. La journée va être longue à l'avant du paquet pour les coéquipiers de John Degenkolb. Le mieux classé parmi les hommes de tête est le breton Cyril Gautier, mais le coureur d'Europcar pointe déjà à plus d'une heure de Froome. L'allure est assez soutenue sur les routes de la Haute-Garonne et du Tarn avec plus de 41 kilomètres parcourus pendant la première heure. L'équipe allemande continue de stabiliser l'écart à quatre minutes. Elle ne veut pas que l'avance enfle trop, pour ne pas avoir à fournir un effort trop important dans la deuxième partie de course, favorable aux hommes de tête.
Greipel repasse au vert, Péraud au sol
Alors que les favoris passent une journée relativement calme dans le peloton, malgré une crevaison pour Alberto Contador, les sprinteurs se replacent à l'amorce du sprint intermédiaire. Il y a un emballage disputé dans l'échappée et c'est le coéquipier d'André Greipel, Thomas De Gendt, qui passe en première position devant Périchon et Haas. Trois minutes et demi plus tard, ce sont les rois du sprint qui s'affrontent et on frôle la chute entre Sagan et Greipel. Le long des balustrades, l'Allemand remporte la bataille du peloton. Degenkolb et Cavendish s'intercalent devant Peter Sagan, et permettent au Gorille de Rostock de prendre provisoirement, pour un petit point, le paletot vert. L'ordre d'arrivée, tout à l'heure à Rodez, sera déterminante pour le classement du maillot de meilleur sprinteur.
Dans une chaleur étouffante, 40 degrés sur la route du Tour, les échappées continuent leur bonhomme de chemin. Malgré quelques péripéties, la crevaison de Cyril Gautier, les fuyards comptent plus de 4'30" d'avance sur un peloton où Tinkoff-Saxo vient prêter main forte aux maillots noirs de la Giant-Alpecin. L'allure s'accélère et la route se cabre sous les roues des coursiers. La première côte de la journée, la côte de Saint-Cirgue, fait son apparition et c'est De Gendt qui bascule en tête. Dans le peloton, on ne rigole pas et un groupe d'une trentaine d'hommes passe par la fenêtre, avec notamment Greipel. Déjà en difficulté dans les Pyrénées, Jean Christophe Péraud est projeté au sol à haute vitesse. Le deuxième du dernier Tour de France est bien amoché et met du temps à repartir, mais au courage il retourne au combat. Les distancés de la première bosse, profite de la crevaison de Nibali pour revenir dans le paquet, calé derrière le train Astana.
La course se durcit, un trio se détache
Bien abîmé des deux côtés, Péraud parvient à rejoindre le peloton, en prenant au passage quelques bidons pour ses collègues d'Ag2r la Mondiale. Devant, c'est le local Géniez qui franchit en tête la côte de Pomparie, à quarante bornes du terme. Le peloton, qui est à l'oeuvre, passe à trois minutes et va devoir cravacher pour reprendre les fugitifs. Dans ce final valloné, les reliefs s'enchainent et les échappées entament la côte de la Selve. Derrière, le peloton ne faiblit pas le rythme et beaucoup de coureurs sont en surchauffe. Déjà en difficulté tout à l'heure, Greipel est distancé et va perdre de nombreux points dans la course au maillot vert, alors que Kwiatkowski, Porte ou encore le téméraire Péraud sont aperçus en queue de paquet. L'élégant Kelderman marque le point distribué en haut de la côte avec toujours deux minutes de marge.
Les Tinkoff-Saxo laissent beaucoup de force pour tenter de rejoindre la tête de course, on voit même Rafal Majka prendre ses relais pour combler l'écart. Alors qu'on rentre dans les 25 derniers kilomètres, Haas tente de fausser compagnie à ses compagnons. Tentative lointaine pour l'australien de la Cannondale-Garmin qui a présumé de ses forces et ne creuse pas face à la contre-attaque. Il se fait reprendre quelques kilomètres plus loin, cette attaque va t-elle désorganisée la tête de course ? Dans la bosse de la Primaube, non répertoriée, l'échappée se casse sous l'impulsion de Kelderman, qui a contré De Gendt. Gautier s'accroche aux basques des deux coureurs du Bénélux, mais ne relaie pas. L'écart passe sous la minute à treize bornes du but. Le vainqueur de la veille se laisse glisser dans un groupe d'attardés et va rejoindre l'arrivée à son rythme.
Sagan bute sur Van Avermaet
On rentre dans les dix derniers kilomètres en faux plat descendant, favorables à l'imposant peloton. Orica, MTN et Giant-Alpecin conduisent la cohorte, juste devant les Sky avec le maillot jaune dans la roue de son formidable équipier tout terrain, Geraint Thomas. Les trois hommes de tête jettent leurs dernières forces dans la bataille et résistent bien, toujours trente secondes sous la banderole annonçant l'arrivée à cinq kilomètres. Le final de course est tendu, le peloton manquant de main d'oeuvre pour effectuer le dernier effort. Quinze secondes à deux bornes du but, alors que Mollema est victime d'une crevaison sans conséquence. C'est Katusha qui apparaît pour la première fois de la journée en tête de peloton. La flamme rouge et un final compliqué. L'échappée est en point de mire. Kelderman démarre avec Gautier dans la roue, mais le peloton, lancé par une offensive suicidaire d'Arnaud Démare, revient à toute vitesse. Van Avermaet jaillit de derrière et laisse tout le monde en plan, sauf Peter Sagan. Le maillot vert semble le mieux placé pour gagner l'étape, mais il ne parvient pas à reprendre son vélo de retard sur le belge qui triomphe en costaud. Derrière, preuve de la difficulté de l'étape, les favoris squattent le top 10.