Tour de France - Rodriguez au sommet, Froome pas inquiété
Par Romain MICHEL le 16/07/2015 à 17:00
Au départ de Lannemezan ce matin, les coureurs savent que c'est une étape importante qui les attend. La montée du Plateau de Beille est le bouquet final d'une étape d'une intense difficulté, avec le Col de Portet d'Aspet, le col de la Core et le Port de Lers. Beaucoup de points distribués aujourd'hui pour le maillot à pois, toujours enfilé par Richie Porte, à la place de son coéquipier Chris Froome, toujours détenteur du paletot jaune. Nairo Quintana est lui tout en blanc, pendant que Peter Sagan a repris son maillot vert grâce au sprint intermédiaire disputé hier. Justement, c'est la bataille pour le maillot du meilleur sprinteur qui va agiter le début de course, avec un sprint intermédiaire placé au bout de vingt petits kilomètres. Les coureurs s'élancent à 11h 10.
Greipel reprend des points à Sagan, 22 hommes en tête
Dès le départ fictif, on distingue les équipiers d'André Greipel en nombre à l'avant du peloton, de même que de nombreux sprinteurs. Le baisser de drapeau effectué les coureurs de la Lotto-Soudal prennent les commandes du peloton et condamne toutes tentatives d'échappées. Les vingt premiers kilomètres sont parcourus à rythme soutenu et les véloces sprinteurs arrivent ensemble pour leur première arrivée de la journée. Greipel déboîte Sagan et remporte aisément les vingt points accordés, devant Degenkolb, qui a coiffé le maillot vert sur la ligne. Le gorille reprend donc cinq points au champion de Slovaquie et revient à deux points au classement général. La lutte sera indécise jusqu'au bout pour la tunique verte.
Comme prévu dès le sprint passé, les contres s'enchainent et trois coureurs prennent les devants : Lieuwe Westra, Bryan Coquard et Louis Meintjes. Derrière de nombreux coureurs tentent leurs chances et c'est un groupe de 19 coureurs qui parvient à fausser compagnie au peloton. Parmi ces fuyards, beaucoup de coureurs déçus de leur début de Tour : Joaquim Rodriguez, Bardet, Fuglsang, Kwiatkowski, Navarro. Egalement de nombreux baroudeurs français avec Chavanel, Coppel, Riblon, Chérel, Roy, Ladagnous, Brun, Delaplace et Sicard. Le trio de tête attend le groupe de contre pour former une échappée de 22 coureurs ! Piégé les Cannondale-Garmin, déjà à contre-temps hier avec Daniel Martin, tentent de relancer la course derrière les hommes de tête. Immédiatement rappelé à l'ordre par le Team Sky, ils coupent leur effort et l'échappée prend du champ.
Le peloton laisse l'échappée prendre du champ
La première ascension du jour se dresse sous les roues des cyclistes, le col de Portet d'Aspet. Les coureurs passent devant la stèle Fabio Casartelli, mort sur la route du Tour il y a vingt ans. Au sommet, Georg Preidler fait les points devant Roy et Westra. Le peloton, qui monte sur un rythme léger, franchit le haut du col avec plus de cinq minutes de retard. A l'arrière, Zakari Dempster, repêché hier, et Alex Dowsett, coéquipier de Nairo Quintana, abandonnent. A 22 devant l'entente est mauvaise et la tête de course commence à s'attaquer dans le Col de la Core. Les premiers signes de fatigue apparaissent pour Kwiatkowski, Coquard, Brun, Riblon ou encore Barta. Mais devant personne n'ose se livrer et la situation rentre dans l'ordre avec 22 coureurs qui passent ensemble au sommet, sous la pluie, où Durasek et Preidler se disputent les points. L'avantage revenant au coureur de la Lampre-Merida.
Les échappées se lancent à tombeau ouvert dans la descente humide. Le groupe de tête se casse en plusieurs parties avec notamment Mickael Chérel à l'avant, tandis que Brun, Chavanel, Coppel, Roy, Westra, Navarro et Barta lâchent quelques mètres. Pour Riblon c'est plus compliqué, il est irrémédiablement distancé. Les 21 coureurs se rejoignent après quelques kilomètres de chasse et possèdent près de dix minutes d'avance ! Le champion du monde profite d'un moment de flottement pour partir dans la vallée, emmenant avec lui Vanmarcke et Preidler. Derrière les poursuivants se neutralisent et abordent le Port de Lers avec un retard de 1'40" sur le trio de tête. Le peloton à plus de treize minutes. Mais la course rentre dans sa partie finale et le rythme s'accélère.
L'échappée explose, Kwiatkowski et Vanmarcke prennent les devants
Dès le pied du Port de Lers, la contre-attaque est secouée par des attaques. Jan Barta est le premier à lancer les hostilités, puis Chérel et enfin Bardet qui fait exploser le groupe. Devant Preidler explose. Alors que la pluie, puis les grêlons, s'abattent sur le Plateau de Beille, le peloton change de braquet et de rythme. Sky accélère et beaucoup de coureurs passent par la fenêtre, notamment Sagan, Boasson Hagen ou encore Péraud. Kwiatkowski et Vanmarcke basculent au sommet avec cinq petites secondes d'avance sur le contre composé de Rodriguez, Bardet, Fuglsang, Meintjes, Sicard, Chérel et Izagirre. Le peloton est toujours à plus de dix minutes, malgré le changement de rythme. Dans la descente, Meintjes chute sans gravité et repart tout de suite. Alors qu'ils étaient sur le point d'être repris les deux hommes de tête profitent de la descente pour reprendre du temps : 45" en bas de la descente. Le Plateau de Beille se présente devant les coureurs et avec lui la pluie qui fait une apparition remarquée sur la course.
Les coureurs tournent à droite et entament l'ascension finale. Les deux fuyards comptent près de deux minutes d'avance sur un groupe de chasse, qui ne s'entend pas, renforcé par Barta. Le peloton est toujours très loin, à plus de onze minutes, et devrait laisser les hommes de tête se disputer la gagne. Kwiatkowski fait l'essentiel du travail à l'avant, tandis que Vanmarcke est déjà bien content d'être là. Derrière c'est Chérel qui emmène pour son leader Romain Bardet. Le champion du monde distance logiquement son compagnon à treize kilomètres du sommet. Le peloton arrive sous la pluie au pied de Beille, le virage au pied se passe bien, l'explication peut commencer.
Rodriguez s'envole vers la victoire, Froome attaqué
Kwiatkowski fait de la résistance avec plus de 1'30" d'avance. Sentant l'écart stagné Fuglsang attaque et emmène avec lui Bardet, Rodriguez et Meintjes, qui reviennent sur Vanmarcke. Dans le peloton changement de physionomie avec les Tinkoff-Saxo qui prennent le relais de Kennaugh et durcirssent la course pour Contador. Conséquence : les premiers dégâts avec de nombreux lâchés. Rodriguez relance l'allure dans le contre avec Bardet et Fuglsang, Meintjes lâche et Kwiatkowski pointe à moins d'une minute. On rentre dans les dix derniers kilomètres. Le groupe maillot jaune explose sous le coup de force des Tinkoff-Saxo menés par Kreuziger et Majka. Talansky, Gallopin, Frank puis Barguil sont annoncés en difficulté, tandis que Pinot retrouve son coup de pédale et accompagne les meilleurs. Rodriguez, visiblement le plus fort devant, lâche, sur un changement de rythme, Fuglsang et Bardet. Le vainqueur du Mur de Huy reprend le champion du monde et s'en débarasse aussitôt.
Majka s'écarte et Porte prend la tête d'un groupe de douze hommes forts. Gesink est victime d'une crevaison et se retrouve distancé. Contador, en danseuse, accélère dans le peloton maillot jaune, mais au train Porte revient et annihile la tentative de l'Espagnol. A peine rejoint, c'est Nibali qui tente un contre. Le vainqueur sortant prend quelques mètres. Valverde sort de sa réserve mais les Sky ne lui laisse pas prendre de champ. Nibali est repris. Le maillot à pois continue d'imprimer un tempo soutenu. Quintana change de rythme et oblige Porte à se garer, un coéquipier de moins pour Froome, mais il lui reste Thomas qui reprend le maillot blanc. Devant, à trois kilomètres de la ligne, Rodriguez est toujours seul et file vers la victoire d'étape avec plus d'une minute sur Fuglsang qui a lâché Bardet.
Rodriguez s'impose au sommet de Beille
Derrière à moins de cinq bornes du sommet, c'est le maillot jaune en personne qui se dresse sur ses pédales. Quintana répond immédiatement, alors que Contador, Van Garderen puis Valverde reviennent avec un temps de retard. Froome n'insiste pas et laisse Thomas reprendre les commandes du groupe. Quintana tente une énième fois de distancer le maillot jaune, mais Froome s'accroche à la roue. Devant Rodriguez s'impose et vient ajouter une deuxième étape dans sa musette. Fuglsang prend la deuxième place à près d'une minute juste devant Romain Bardet, bon troisième. Sept minutes plus tard, les favoris arrivent ensemble, régler comme d'habitude par Valverde qui reprend sa seconde quotidienne. Gesink et Mollema perdent une minute. Gallopin et Barguil lâchent près de trois minutes au maillot jaune.