Tour de France - Majka en solo, statu quo chez les favoris
Par Romain MICHEL le 15/07/2015 à 17:11
Au lendemain de la démonstration du Team Sky et de Christopher Froome, les coureurs repartent au combat pour la deuxième étape pyrénéenne. Pas de répis pour les adversaires du Britannique qui doivent absolument relever la tête, si ils veulent garder un espoir de mettre en danger le maillot jaune. L'étape du jour s'élance de Pau avant de rejoindre la station de Cauterets au terme des 188 kilomètres de course, via le Col d'Aspin, le Col du Tourmalet, Souvenir Jacques Goddet, et la montée finale. La chaleur est encore bien présente au départ de Pau lorsque les coureurs s'élancent à 11h 45 pour le défilé dans les rues de la cité paloise. En première ligne, le maillot jaune Chris Froome, le maillot à pois porté par son coéquipier Richie Porte, le maillot vert détenu par André Greipel et le maillot blanc de Nairo Quintana.
L'échappée met du temps à se former, Sagan reprend le vert
La course n'est pas encore au kilomètre 0 que Joaquim Rodriguez est déjà au sol. Purito, vainqueur au Mur de Huy et qui a perdu six minutes hier, repart sans blessure apparente et retrouve sa place dans le peloton. Dès le départ, les attaques fusent et quatre hommes se projettent en tête de course et pas des moindres : Michal Kwiatkowski, le champion du monde, Edvald Boasson Hagen, le champion de Norvège, Bob Jungels, le champion du Luxembourg, et Lieuwe Westra, coéquipier de Vincenzo Nibali. Mais beaucoup d'équipes, battues hier, ont coché cette étape et veulent retrouver l'avant de la course. Déjà aperçu entrain de rouler en tête de peloton vers la Pierre-Saint-Martin, la FDJ retrouve la tête du peloton, accompagnée de la Cannondale-Garmin. Conséquence : l'écart stagne à 30 secondes, malgré les relais appuyés des formidables rouleurs présents à l'avant.
L'allure est très rapide en ce début de course, plus de 48 kilomètres dans la première heure, pourtant l'échappée reste à porter de fusil des chasseurs. La course entre dans une partie plus vallonnée avec une succession de trois côtes, la côte de Loucrup, la côte de Bagnères-de-Bigorre et la côte de Mauvezin. Profitant du terrain escarpé, les grimpeurs relancent la course dans le peloton. L'échappée est reprise juste avant le sommet de la côte de Loucrup, que passe en tête Thomas Voeckler devant Dan Martin. La proximité du sprint intermédiaire incite la Lotto-Soudal d'André Greipel à rouler pour assurer les points du maillot vert. C'est un peloton groupé qui se présente à Pouzac pour le sprint et c'est Matteo Trentin qui empoche les vingt points devant Peter Sagan, maillot vert virtuel après la modeste neuvième place du gorille allemand.
Sept hommes prennent le large, Astana fait exploser le peloton
Après avoir laissé les grosses cuisses s'expliquer, les fins mollets des grimpeurs reprennent les attaques. Bardet, puis Pinot prennent place parmi les coups qui partent à l'avant. Morabito en profite pour passer en tête de la côte de Bagnères-de-Bigorre. Mais les Français revanchards ne passent que quelques kilomètres à l'avant de la course, ramenés à la raison par la Team Sky. La côte de Mauvezin est grimpée à allure soutenue, et c'est l'ancien maillot à pois, Daniel Teklehaimanot qui prend les deux petits points devant Thomas Voeckler. Le Français relance le rythme au sommet et part avec Rafal Majka. Les deux anciens maillot à pois à Paris sont rejoints par Pauwels, excellent quatorzième hier, Morabito et Buchmann. Avec un léger contre-temps, Julien Simon et Arnaud Demare font la jonction pour former une échappée de sept coureurs. Le peloton laisse filer, tandis que Dominik Nerz met pied à terre.
Dan Martin et Andriy Grivko sortent en chasse patate peu avant le pied du col d'Aspin. Dès les premières pentes, l'Irlandais au coup de pédale saccadé, distance son compagnon et file rejoindre le groupe de devant, d'où est distancé le sprinteur Arnaud Demare. Le peloton pointe à plus de sept minutes. Malgré sa poursuite au pied de l'ascension, le coureur Cannondale-Garmin remporte le sprint disputé au sommet et empoche dix points, devant Voeckler et Pauwels. Après Aspin, c'est le mythique Tourmalet qui se présente sous les roues des coureurs. Le peloton change de visage dès le pied. Le noir de la Sky laisse place au bleu ciel d'Astana. Les coéquipiers de Nibali mettent un coup d'accélérateur et les premiers dégâts se font vite sentir. On prend les mêmes et on recommence. Pas mieux qu'hier Thibaut Pinot est distancé, juste avant Jean Christophe Péraud et Romain Bardet. Puis c'est au tour de Joaquim Rodriguez de s'écarter, alors que les abandons s'enchainent avec le retrait de Rui Costa, Taaramaé et Gastauer.
Majka part seul pendant que les favoris se neutralisent
A l'avant, Rafal Majka change de rythme et décide de partir seul à l'assaut du Tourmalet. Le groupe maillot jaune perd encore des unités : Talansky, Uran et Barguil sont en difficultés. Alors qu'il ne reste plus qu'une quinzaine d'hommes forts dans le groupe des favoris, les coéquipiers du vainqueur sortant ont fini leur travail et Nibali se range derrière le train Sky mené par Porte et Thomas. Le Polonais bascule au sommet avec près de deux minutes d'avance sur Pauwels, Buchmann et Martin. Le maillot jaune n'est pas attaqué par ses adversaires apathiques, visiblement bien content de pouvoir encore voir la roue arrière du squelette britannique, et se cale dans les roues de ses grégarios. Froome se permet même le luxe de faire les points en haut du Tourmalet devant Pierre Rolland, en forme, qui ne s'attendait pas à ça. L'écart avec l'homme de tête est de 5'40", qui file vers une belle victoire d'étape.
Personne ne se risque à prendre l'initiative dans la descente du Tourmalet et certains en profitent pour revenir de l'arrière dans les premiers lacets notamment Talansky, Frank et Porte, légèrement distancé au sommet. Warren Barguil, seul membre du top 10 absent et qui accusait 50 secondes de débours au sommet, descend à toute allure, entre les vaches présentes sur la route, et finit par reprendre sa place dans le groupe maillot jaune. Devant Majka, sans doute trop serein dans la descente, voit revenir Pauwels à 1'15". Le polonais se remobilise dans la vallée et tient en respect le Belge, qui avait fait la descente à bloc. Toujours à près de six minutes, la course pour le maillot jaune est emmené par le Team Sky, surtout Richie Porte, et poursuit sa route vers le pied de Cauterets.
Majka triomphe, Nibali craque dans le final
Au moment d'aborder la montée finale, Majka possède toujours plus d'une minute d'avance sur Pauwels, qui commence à sentir le souffle de Dan Martin, qui lâche Buchmann dès les premières pentes. 6'30" plus tard, le groupe maillot jaune, fort de vingt coureurs, entame la dernière ascension. L'Irlandais a bien géré son étape et finit très fort. Il dépose Pauwels pour la deuxième place mais reste à bonne distance de Majka. Chez les favoris, on attend les quatre derniers kilomètres pour se découvrir. Mollema place un démarrage qui secoue cette fin d'étape. Après avoir fait un gros travail, Porte s'écarte aussitôt, Barguil lâche prise, et Nibali se gare sur la gauche de la route. Devant, Majka peut savourer son succès, le premier pour la Tinkoff-Saxo sur le Tour. Dan Martin conclut l'étape deuxième à une minute, tandis que Buchmann complète le podium. Le néerlandais de la Trek-Factory prend le large, et ça donne des idées à Tony Gallopin qui jumpe sous la flamme rouge. Mollema reprend quelques secondes, alors que Valverde fait le sprint au maillot jaune qui aura passé une journée assez tranquille. Nibali, après avoir fait rouler ses équipiers, perd encore du temps.