Route - Froome : «Les données ont rendu les courses plus dangereuses !»
Par Nicola CANDONI le 15/03/2022 à 06:55
Chris Froome (Israel-Premier Tech), le champion britannique qui a remporté quatre Tours de France et qui n'arrive pas à retrouver un niveau compétitif depuis son grave accident en 2019, est désormais très sensible aux questions de sécurité. Après avoir dénoncé les vélos de contre-la-montre (que lui et Egan Bernal (INEOS Grenadiers) montaient lors de leurs terribles accidents, respectivement en 2019 et en 2022), il s'attaque aujourd'hui à l'abondance des données, dans des propos relayés par CyclingNews.
Vidéo - Quand Chris Froome évoquait la chute d'Egan Bernal !
"Tout le monde a un entraînement bien structuré maintenant"
"Il y a quelques technologies qui ont joué un rôle important dans le façonnement du sport, ces dix-quinze dernières années. Avant tout, la quantité de données fournie par les capteurs de puissance et la collecte de toutes ces données font que les performances sont désormais davantage guidées", explique Chris Froome, non sans une pointe de regret.
"Par le passé, poursuit-il, même si les capteurs de puissance étaient déjà en circulation depuis un moment, personne ne savait vraiment comment s'en servir pour s'entrainer, ou ce que les données signifiaient exactement. Maintenant nous avons tout simplement trop de données, de la part des coureurs qui gagnent les plus grosses courses du monde, et ces données servent de base à tous les plans d'entraînement et à toutes les préparations des courses".
Le natif de Nairobi conclut sur ce volet : "Tout le monde a un entraînement bien structuré maintenant. C'est très rare de trouver quelqu'un qui prend juste son vélo et va courir. Tout le monde a un plan, un coach, un agenda à suivre, et ça c'est un changement par rapport à il y a quinze ans".
Chris Froome says data has made pro cycling more competitive and more dangerous
— Cyclingnews.com (@Cyclingnewsfeed) March 11, 2022
'It's the only sport where someone tells you there’s danger up ahead and the pace lifts'https://t.co/NcJ4T8G2ER
.
"C'est proablement le seul sport où le rythme s'accélère quand on dit qu'il y a un danger. C'est mental"
Le Britannique dénonce également la capacité qu'ont désormais les coureurs à anticiper les aléas de la course, et qui la rend selon lui plus dangereuse : "Sitôt que nous avons les informations sur la topographie de la route telle qu'elle arrive à nous, nous savons tous à quoi nous attendre et quand il faut se repositionner, c'est la bagarre".
"C'est mental, développe-t-il. Quelqu'un te dit "ok les gars, vous vous approchez d'un village avec des routes sinueuses et dangereuses, la voie est vraiment étroite et il y a un petit pont avec un virage à angle droit juste après", et obligatoirement tu accélères, parce que tu veux être l'un des premiers à y aller. Si tu es à l'arrière, tu vas te retrouver coincé. C'est proablement le seul sport où le rythme s'accélère quand on dit qu'il y a un danger. C'est mental".
"Je pense que la course, en conséquence, est devenue plus dangereuse. Avoir plus de données a rendu les courses plus dangereuses. Auparavant nous n'aurions sans doute pas tous pu anticiper chaque obstacle et il n'y aurait pas eu une telle tension pour le positionnement. Nous serions simplement arrivés tous plus détendus et nous nous en sortirions sans problème. Mais cela a bien changé", achève le double médaillé olympique.