Les carnets secrets - Après le 121e Paris-Roubaix, Marc Fayet : «Moteur... »
Visiblement, vous avez aimé les billets d'humeur de Marc Fayet en 2023, alors on remet ça pour 2024 ! Vous avez pu le découvrir et le lire sur Cyclism'Actu ! Marc Fayet est donc de retour pour cette saison avec sa chronique ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets". Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène mais aussi passionné de vélo. Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisation. Marc Fayet et "ses" carnets secrets, c'est désormais à retrouver régulièrement sur Cyclism'Actu.
Vidéo - Marc Fayet : "MVDP L'intouchable"
📹 Relive the 121th edition of #ParisRoubaix from inside the peloton!
— Paris-Roubaix (@parisroubaix) April 7, 2024
📹 Revivez la 121ème édition de #ParisRoubaix de l’intérieur ! pic.twitter.com/eldFIhzTOY
"Moteur de Spartacus... "
Si vous suivez depuis le début de l’année la nouvelle saison des productions Alpecin Phenix, vous aurez tous étés séduits par l’épisode de dimanche diffusé sur les écrans pour conclure le diptyque Flandrien. Cet épisode intitulé « MVDP L’intouchable » nous proposait un scénario prévisible mais infaillible dans sa construction et pourrait être un modèle à étudier dans les grandes écoles d’écriture scénaristique.
Non seulement il y eut ce qu’on appelle le Climax (Point culminant dans un suspense) même s’il était un poil prématuré à 60 km de l’arrivée, mais il y avait aussi et c’est une nouveauté dans l’écriture, l’invalidation d’une des plus nauséabondes théories véhiculées comme un phantasme depuis 14 ans, celle restée dans les mémoires sous l’appellation du « Moteur de Spartacus », une série ancienne produite par la société Saxo Bank qui eut un joli succès en son temps.
Remémorons-nous les épisodes d’alors : Après un Tour des Flandres triomphal en 2010, s’étant défait d’un Tom Boonen (Tommeke) au sommet de sa forme avant le sommet du mur de Grammont, le Suisse Fabian Cancellara (Spartacus) l’emportait encore plus aisément le dimanche suivant sur le Paris-Roubaix où il abandonna ses accompagnateurs à 45 km de l’arrivée, comme le ferait un professionnel voulant se défaire de cyclos trop collants.
Souvenons-nous de ce final triomphal seul dans le Vélodrome Roubaisien pour savourer les 2 mn de solitude avant l’arrivée de ses adversaires harassés et abasourdis. Beaucoup d’observateurs n’avaient pas voulu croire la crédibilité de ces moments d’exception et pour annuler ces images de tricherie supposée, soupçonnèrent et accusèrent le héros d’avoir possédé un moteur dans son vélo. Rumeur qui allait bon train jusqu’à demeurer jusqu’à ce jour, presque une certitude.
"Que dire ? Où sont les dubitatifs ? Les sceptiques ? Les incrédules ? Les incroyants ?"
Quelques chiffres cependant pour remettre en perspective ces moments. Histoire de... la moyenne horaire du Tour des Flandres 2010 le fut de 40,732 km/h. Le Paris-Roubaix le fut à la moyenne de 39,325 km/h. Revenons à la série Alpecin Phénix 2024 « MVDP L’intouchable ». Lors du Tour des Flandres Notre héros décida de partir seul avant le sommet du Koppenberg à 45 km de l’arrivée, lâchant ses accompagnants comme s’il s’agissait de cyclos mal entraînés et juste bons à patiner sur le pavé. Sur la ligne d’arrivée le calcul de la vitesse moyenne était de 44,48 km/h.
L’épisode Roubaisien fut légèrement différent. Départ à 60km de l’arrivée, 3mn de solitude sur le vélodrome et 44,802 km/h de moyenne. Lorsqu’on sait être cartésiens et rationnels, même si on additionne les gains marginaux, multiplié par la performance du matériel, qu’on y rajoute les progrès de la diététique, qu’on calcule la racine carrée des revêtements routiers plus roulants et des vêtements plus respirants, les cm de freinage en moins, les moments d’inconscience en plus, on peut arriver à admettre qu’en 14 années 2 km/h, voire 3 km/h supplémentaires peuvent être rajoutés mais en 2024 c’est bien 3,75 km plus vite sur le Tour des Flandres et 5,477 km/h de plus sur Paris-Roubaix.
Que dire ? Où sont les dubitatifs ? Les sceptiques ? Les incrédules ? Les incroyants ? Je ne les entends plus. Est-ce parce que la place au doute est trop envahissante et rend-elle sourds et aveugles ? Ou bien est-ce que nous sommes contraints de renoncer à toutes nos élucubrations extravagantes sur ce qui n’a peut-être jamais existé ?
La raison nous reviendrait-elle ? Celle qui nous permet d’admettre une bonne fois pour toute que quand des hommes sont au-dessus du lot, c’est forcément parce qu’ils ont un moteur, mais ce moteur-là c’est celui des jambes et celui-ci est impossible à trouver, il passera toujours sous les radars et autres scanners. Non ! En 2010 comme en 2024, que ce soit à Audenarde comme à Roubaix je ne crois plus aux Gros menteurs, je n’y vois définitivement que des Gros moteurs.