Tour de France - Christian Prudhomme : «Je suis le dernier des Mohicans...»

Par Arthur DE SMEDT, Emmanuel POTIRON & Cyclism'Actu le 12/02/2024 à 20:01. Mis à jour le 04/03/2024 à 14:59.
Tour de France - Christian Prudhomme : «Je suis le dernier des Mohicans...»
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Photo : @Cyclism'Actu / CyclismActu.net

Nouvelle saison, nouvelle rubrique sur Cyclism'Actu avec L'Entretien Cyclism'Actu ! Le premier à avoir accepté notre idée, notre demande, c'est Christian Prudhomme. Le patron du Tour de France depuis 17 ans, qui entame donc sa 18e année, nous a reçu dans son bureau de Boulogne-Billancourt, au siège d'Amaury Sport Organisation, pour discuter de la saison qui a déjà commencé et à venir. Forcément, on a évoqué la 111e édition de la Grande Boucle (29 juin - 21 juillet 2024)... mais pas que ! L'évolution et le futur du cyclisme, le projet de Super Ligue et One Cycling, mais aussi son avenir personnel, sa succession ? Le journaliste devenu directeur du Tour de France s'est livré avec sa bonne humeur et son sourire que tout le monde connait. L'Entretien Cyclism'Actu avec Christian Prudhomme, c'est maintenant.

Vidéo - L'Entretien Cyclism'Actu... avec Christian Prudhomme !

 

Christian Prudhomme... meilleur voeux et merci de nous accorder cet entretien. Avant de rentrer dans le vif du sujet, un mot sur la bonne nouvelle du jour : la Vache qui rit est de retour sur le Tour de France !

Vous voyez mon grand sourire, j'en ris moi-même ! On est évidemment content, c'est une marque emblématique tout court, et du Tour de France naturellement. Ce retour nous fait très plaisir. La Vache qui rit était un des tout premiers partenaires du Tour, dans la caravane et dans les années 30, quasiment dès la création.

 

La saison 2024 a déjà bien commencé. Qu'est-ce qu'on peut souhaiter pour ASO et le cyclisme en général cette année ?

On peut souhaiter avoir la saison la plus emballante, la plus étincelante, la plus haletante. Sinon, et là je vais le dire de manière beaucoup plus grave, ce que l'on souhaite, c'est de ne pas connaître le drame d'un Gino Mäder l'an passé, bien évidemment. Car un accident mortel sur la route, que ce soit un coureur ou un enfant renversé, c'est la négation de tout ce qu'on peut faire. Donc nous, on rêve évidemment, à travers toutes les courses, et avec la perspective d'un mois de juillet avec les quatre as dans quatre équipes différentes, ce qui n'était pas forcément gagné il y a quelques mois.

En plus, il y aura une formidable montée en puissance pour nous, avec un super plateau sur Paris-Nice et les débuts de Remco Evenepoel sur une épreuve en ligne en France, contre Roglic. Il n'avait encore jamais couru comme coureur professionnel sur une course par étape en ligne française. Et puis le Dauphiné, où il y aura Evenepoel, Roglic, et Vingegaard, et enfin le Tour avec Pogacar en plus. On va donc avoir une année sur le papier exceptionnelle, avec en plus bien sûr le rendez-vous des Jeux olympiques à Paris.

 

En tant que directeur et acteur majeur du cyclisme depuis de nombreuses années, comment se sent-on à l'aube d'une saison qui s'annonce si chargée et intense ? La motivation est-elle toujours là ?

La passion pour le Tour de France et pour le vélo est et sera toujours là, depuis que je suis gamin et jusqu'à mon dernier souffle... tant que je serai conscient de ce que je fais, et j'espère que ce sera le cas jusqu'au bout ! Vous savez, en vérité ça ne s'arrête quasiment jamais, puisqu'avec ASO, nous travaillons de la fin janvier jusqu'à début novembre pour livrer des courses, avec l'AlUla Tour et le Tour d'Oman en ce moment, jusqu'aux Critériums à Singapour et à Saitama au Japon. Donc nos équipes sont tout le temps sur les routes, en réunion, dans les préfectures... et c'est à peu près la même chose pour moi.

J'ai une chance extraordinaire, je ne sais pas si je travaille 100 heures par semaine ou jamais. J'ai ce bonheur là, même si ce n'est pas ce que j'ai voulu faire, car je rêvais d'être journaliste et de commenter le Tour de France, jamais d'être directeur du Tour. Ça fait 20 ans que je suis chez ASO, ce sera mon 18e Tour comme directeur, j'ai la chance d'être entouré d'une super équipe... Le seul truc, quand on se pose un peu, c'est qu'on ne voit pas le temps passer et qu'on se rend compte qu'on se trompe systématiquement de 10 ans et que les gens qui m'interrogent sont de plus en plus jeunes... alors que c'est moi qui suis de plus en plus vieux !

 

Comment résumer toutes ces années ?

Je ne sais pas, car elles passent à toute vitesse, c'est complètement fou. Aujourd'hui, j'ai été plus longtemps dans l'organisation du Tour et des épreuves cyclistes que journaliste, ça me paraît dingue. Je me souviens encore, quand j'ai quitté le journalisme et France Télévisions il y a 20 ans tout juste, en décembre 2003, de cette dépêche qui indiquait : "Après 18 ans de journalisme, Christian Prudhomme a choisi un autre voie". 18 ans, je me suis dit qu'ils ne parlaient pas de moi... Mais si, et 20 ans après, c'est passé encore plus vite.

 

Vous l'avez dit, le calendrier cycliste est de plus en plus dense et chargé, avec un rythme effréné de janvier à novembre. Est-ce qu'il n'y a pas justement trop de courses aujourd'hui ?

Je vais le dire autrement : je pense qu'au contraire, comme tous les amoureux du vélo, je suis absolument ravi qu'on retouve les champions de mars à octobre. Comme dans mon enfance, où Eddy Merckx était là de Paris-Nice et Milan-SanRemo jusqu'au Tour de Lombardie. On a retouvé des champions d'exception comme ça. Voir un Pogacar se battre du début à la fin de la saison, voir des Van der Poel et Van Aert exceptionnels, voir un Vingegaard qui court quand même beaucoup de courses... Regardez le podium de Paris-Nice de l'an passé. On a des champions qui ne sont plus au départ d'une course juste pour faire des kilomètres en entraînement, et ça j'adore vraiment. Après vous savez, chacun sait quelles sont les grandes courses (rires). Les champions ne se trompent pas...

 

En parlant de grande course, le Tour de France 2024 s'annonce plus palpitant que jamais, avec en tête d'affiche les fameux 4 Fantastiques Pogacar, Evenepoel, Vingegaard, Roglic. L'attente n'a peut-être jamais été aussi grande que pour cette 111e édition.

Elle est en effet énorme, et elle est d'autant plus grande qu'à l'automne, on a craint, j'ai craint, qu'il n'y ait pas les quatre as dans quatre équipes différentes. Car ça change évidemment complètement la donne. On aura donc ces quatre champions ensemble : Vingegaard, le double tenant du titre; Pogacar, celui qui est devenu son challenger, ce qu'on aurait jamais imaginé deux ans plus tôt, et qui a cet instinct de folie qui fait qu'il attaque partout, n'importe où, n'importe quand. J'en discutais avec Matteo Trentin, il me disait : "Oui, il attaque même quand moi je crève et on n'est pas au courant" (rires) ! Ça peut être compliqué pour son équipe, mais pour les fans de vélo c'est exceptionnel.

Il y aura donc aussi Roglic, qui a changé d'équipe pour la remarquable BORA-hansgrohe et a encore l'ambition de gagner le Tour, malgré tous ses pépins. Et puis il y a Remco Evenepoel, qu'on attend comme un exceptionnel poil à gratter. Je pensais sur la dernière Vuelta qu'il allait abandonner après sa défaillance. Et puis il est resté, il a fait des chevauchées solitaires presque tous les jours, et là il a montré qu'il avait un mental extraordinaire. Je rêve évidemment qu'il se mêle à la victoire finale. Il devrait être très à l'aise dans les dix premiers jours du Tour. Je rêve d'une alliance Pogacar-Evenepoel sur l'étape du Lioran. Et la deuxième partie du Tour sera plus pour Vingegaard, avec des cols qui montent très haut. On a vu que plus ça montait haut, plus Vingegaard semblait invincible. J'ai bien vu son sourire lors de la présentation avec le Col de la Bonette (2802 mètres)... Mais déjà, je me rends compte que je parle longtemps, ça veut dire qu'on a plein de choses à dire et plein d'envies.

 

On pense forcément au scénario rêvé d'avoir ces quatre là encore en lice pour la victoire finale à Nice, pour le dernier contre-la-montre ?

Donnez moi un papier, je signe tout de suite ! Mais c'est du tableau noir, on ne peut pas savoir ce qui va se passer. Même si tout est fait pour que. J'ai envie de vous dire, comme Garcimore "Dès fois, cha marche, dès fois cha marche pas" ! Donc voilà, avec Pierre-Yves Thouault et Thierry Gouvenou, on fait des parcours pour qu'il y ait du suspense jusqu'au bout, mais ce sont les coureurs qui décident. La fameuse formule "Les organisateurs proposent, les coureurs disposent" est une réalité.

 

Votre Tour de France idéal, ce serait quoi ?

On ne peut pas raisonner comme ça, car il y a toujours un Tour après le Tour. Je ne sais pas ce qu'il va se passer. Le rêve, là pour 2024, c'est le scénario qu'on vient d'évoquer juste avant. Mais plus que ce dernier écart restreint sur le chrono au départ de Monaco vers Nice le 21 juillet, l'idéal serait une bagarre haletante, avec des changements de maillots, un Vingegaard qui attaque un jour, Pogacar qui reprend du temps ensuite, Evenepoel qui fait tout sauter, Roglic auquel on ne croit plus mais qui va les surprendre... Mais aussi des sourires sur le bord de la route, pas de pépins, pas d'accidents.

 

Est-ce qu'il ne manquerait pas un Français pour rendre cette lutte encore plus belle ?

On entend souvent "Ah les Français, ça fait 40 ans qu'il n'y a pas une victoire, depuis Bernard Hinault en 1985"... Ces dernières années, depuis 10 ans, on a quand même eu de sacrées belles performances. Les 2e et 3e places de Romain Bardet, Thibaut Pinot évidemment, le Tour 2019 de Julian Alaphilippe... On a eu de super satisfactions. Je crains qu'on en ait un peu moins, et on en a eu un peu moins depuis deux ans, en attendant l'avènement des plus jeunes, comme un Lenny Martinez, un Romain Grégoire qui va découvrir le Tour, un Kévin Vauquelin excellentissime. J'espère qu'ils seront là, même si ce ne sera pas pour la victoire finale.

Et puis le David Gaudu de Paris-Nice 2023, c'est un sacré client. Je suis convaincu qu'il a une volonté de revanche. Il sera sûrement à nouveau la première chance française au classement général. Il y a aussi Guillaume Martin, dont on parle moins mais qui est toujours là et s'accroche avec un courage incroyable. Mais bon, je ne vais pas vous faire croire que je pense qu'un Français peut gagner le Tour de France en 2024...

 

Pas de Julian Alaphilippe au départ non plus...

Je vais vous faire la réponse que je vous avais faite il y a quelques années : si on me propose, à moi organisateur du Tour de France, un Tour avec ou sans Julian Alaphilippe, je prends évidemment avec, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais voilà, ce sera sans Julian, ni Thibaut Pinot qui a pris sa retraite. Je l'évoquais juste avant, mais Romain Bardet sera là, dans un registre différent. Il est là pour essayer de gagner des étapes en marge du classement général, et je suis convaincu que cette année ça va le faire, c'est tout ce que je lui souhaite.

 

Changeons un peu de sujet et prenons de la hauteur. Avec tout le recul que vous avez sur le cyclisme, comment jugez-vous son évolution ces dernières années ?

Je ne sais pas trop quoi vous dire. Ce que j'ai en tête là, c'est que depuis 3, 4, 5 ans, on a à nouveau des courses emballantes. On est sorti de ce système façon catenaccio dans le foot italien il y a une trentaine d'années où ça éliminait par l'arrière et il n'y avait plus d'attaque. On a retrouvé des attaques ! On a des coureurs flamboyants, tout ça c'est formidable. Ce qui me semble être le plus compliqué dans cette évolution du vélo, c'est la charge mentale pour les coureurs, qui doivent par exemple faire très attention 365 jours par an à ce qu'ils mangent. Ils sont de plus en plus dans une sorte de corset. Les jeunes générations qui sont nées avec semblent parfaitement s'y adapter, mais c'est sûrement plus compliqué pour les plus anciens.

Mais sur ce qu'on voit en course, ce vélo là me plait, évidemment. Et il plait à tout le monde. Sur le bord des routes du dernier Tour de France, un quart des gens venaient pour la première fois ! Et là-dedans, il y avait une majorité de femmes. Depuis deux ans, la tranche d'âge qui regarde le plus le Tour sur France Télévisions, c'est les 15-24 ans. On aurait jamais dit ça il y a 10 ans, pour ce sport "de vieux". Et ça c'est d'abord du au comportement des champions. Ce n'est pas un hasard si les jeunes sont revenus.

 

Marc Madiot disait récemment à notre micro : "Le cyclisme ne doit surtout pas ressembler au football". Vous êtes d'accord avec lui ?

Partout et à chaque fois que le cyclisme a voulu se transformer par le biais unique de l'argent, il a échoué. Y compris avec un Hein Verbruggen (ancien président de l'UCI). Voilà ce que je pense. Il y a une différence fondamentale avec le football : le cyclisme est un sport individuel qui se court par équipe. On ne peut donc pas raisonner par rapport au foot, qui est à tout point de vue hors-norme. C'est impossible. Il y a le foot, et tout le reste.

 

Et ce projet de Super Ligue, One Cycling, qu'est-ce que vous en pensez ?

Ce n'est pas notre projet. C'est une idée qui a été lancée, moi je ne peux pas m'exprimer davantage là-dessus. On n'est pas du tout moteur chez ASO.

 

Vous ne vous sentez pas menacés ?

Menacés ? Non. Je ne veux pas rentrer là-dedans. D'abord, ça ne m'intéresse pas, et je ne suis pas convaincu que ça intéresse grand monde. La plus grande force du cyclisme, c'est que c'est un sport gratuit pour les gens sur le bord des routes. Ça, ça doit rester. La famille Amaury a toujours voulu aller chercher des contrats télé avec des chaînes de télévision gratuites, généralistes et si possible du service public. Seulement après, on gagne de l'argent quand on a beaucoup de téléspectateurs. Il ne faut pas se tromper de sens.

Le Tour est un géant diffusé dans 190 pays, suivi par 2000 journalistes. Voyez le monde au bord des routes, on a même eu des difficultés et la rançon de la gloire avec un public encore plus nombreux, plus jeune et donc plus "dynamique". C'est ça la réalité du mois de juillet, sur la plus grande course cycliste au monde. Et quels que soient les gens qui voudraient y changer quelque chose, il faut juste qu'ils se rendent compte de ça.

 

Et la proposition d'Eusebio Unzué concernant d'éventuels remplacements sur les Grands Tours, bonne ou mauvaise idée ?

Ça n'a rien de neuf, car même quand je venais d'arriver chez ASO, il y avait déjà ça qui tournait. Je ne suis pas sur, mais il me semble que c'est Manolo Saiz qui portait cette idée à l'époque. Ma seule réponse, elle est très simple : le cyclisme est un sport individuel qui se court par équipe. Ce n'est donc pas un sport d'équipe. On ne peux pas gagner sans équipiers, c'est une certitude. La série Netflix l'a très bien montré. Mais je le redis, c'est un sport individuel qui se court par équipe. Si on change ça en sport d'équipe, ce n'est plus la même chose.

 

La question de l'environnement et du changement climatique : comment on envisage l'évolution à venir chez ASO, notamment pour le calendrier ?

Ce qui est sûr, c'est que le changement climatique et le réchauffement induit, ça va vite, et plus vite que les spécialistes ne l'imaginaient. Après, on n'a pas eu un bel été l'an dernier. Depuis le 15 octobre, ça fait bon nombre d'années qu'il n'a pas plu autant au nord de la Loire et partout en France. Il y a forcément un raisonnement sur le temps long, mais il y a aussi un raisonnement sur le Tour d'après, et on ne sait absolument pas ce qu'il va se passer et quel temps il fera. Quand on voit il y a deux ans qu'il faisait 40° à Brest et 42° à Nantes, on ne peut même pas se dire qu'on va rester dans le Nord ou l'Ouest où il fait plus frais. On n'en sait strictement rien.

Ce que je peux simplement vous dire, c'est qu'il y a une dizaine d'années, quand on allait tracer des parcours en montagne et chercher de nouvelles difficultés, on regardait ce qui allait être le plus beau, le plus intéressant et le plus sélectif pour les coureurs, mais aussi le plus beau pour ceux qui posent la glacière. Aujourd'hui, on va regarder toutes les ascensions rudes qui sont en sous-bois et voir à quelle altitude elles sortent, pour qu'il ne fasse pas trop chaud au soleil. Sauf que, même si on regarde ça, on ne pourra pas faire un parcours du Tour de France uniquement en faisant ça. On est évidemment très attentif à ça, d'autant plus que le succès du Tour dépend aussi du cadre, pas que des champions. La beauté de la France, c'est la diversité. On veut protéger les régions et les paysages qu'on traverse.

 

On l'a encore vu avec le drame de Gino Mader l'an passé, la sécurité est également l'un des enjeux majeurs du cyclisme pour le futur. Vous êtes Président de l'Association Internationale des Organisateurs de Courses Cyclistes. Sur quels points peut-on et doit-on encore faire évoluer les choses ?

Le premier danger, c'est que ça va trop vite. Certaines mesures ont été prises, notamment l'interdiction d'être sur le cadre - et l'UCI a été critiquée là-dessus alors qu'elle avait parfaitement raison. J'ai en tête ce que Philippe Gilbert m'a dit un jour après sa fameuse chute sur le Tour dans la descente du Portet-d'Aspet. Il m'a dit : "Je suis rentré dans le virage à 76-78 km/h, je revenais de la position sur le cadre, si je n'avais pas été dans cette position là, je serais passé à 73 ou 74 et j'aurais pu virer". La différence entre le vélo sur route et les autres sports, c'est que nous ne sommes pas les seuls à décider. La route ne nous appartient pas, il y aura forcément de plus en plus d'aménagements routiers chaque année. C'est inexorable.

Plus ça va vite, plus c'est dangereux. Si ça continue à aller plus vite, on va aller au carton. Il ne faut pas être devin pour le comprendre. C'est ça la première question, ce n'est pas une question d'organisateurs qui devraient faire ceci ou cela. Alors attention, parfois on ne fait pas bien les choses, je ne dis pas qu'on ne se trompe jamais. Mais la première raison, c'est la vitesse. Donc il faut trouver quelque chose, car on ne va pas dire à un coureur de rouler moins vite. Soit les équipes comprennent qu'à un moment il faut faire attention à ça, soit l'UCI légifère et limite les braquets.

Pour le reste, bien sûr qu'il faut faire un tas d'efforts de tous les côtés. Il y a le projet Safer, qui se met en place et rassemble les équipes, les coureurs, les organisateurs... avec des gens de bonne volonté qui ne rejettent pas la faute sur les autres, c'est capital. Il y a donc le travail des organisateurs, le comportement des coureurs, et il y a le matériel. S'il n'y a pas d'une manière ou d'une autre un coup de frein sur ce plan là, le peloton, mais également les gens au bord des routes, seront plus que jamais en danger dans les années qui viennent.

 

Quel oeil portez-vous sur l'évolution du cyclisme féminin depuis plusieurs années ?

J'en ai déjà un peu parlé tout à l'heure : sur les routes du Tour, un quart des gens sont venus pour la première fois. Et parmi eux, d'après une enquête que nous avons menée, il y avait 54% de femmes. Bien sur que ça manquait. On ne peut pas avoir envie de parler aux gens partout dans le monde et ne pas parler aux femmes qui sont à côté de nous, ça n'a aucun sens. Voir les jeunes filles et jeunes femmes au bord de la route et se dire qu'elles, elles peuvent se dire : "Peut-être que moi j'en ferai mon métier et le Tour de France", c'est formidable. Je ne vais pas dire que c'est encore mieux que ce que nous imaginions mais...

J'ai dit une bêtise au Palais des Congrès lorsque nous avons relancé le Tour Femmes il y a deux ans. J'ai dit : "Vive le Tour, Vive les Tours". Et je m'étais trompé. Ce sont bien sûr deux épreuves distinctes, mais c'est le Tour ! C'est aussi un gros succès à la télévision. Et ça nous fait un mois complet de vélo, même si ce ne sera pas le cas en 2024 avec les JO. Il y aura un premier grand départ à l'étranger, dans un pays, les Pays-Bas, où ça devrait à priori bien se passer. On veut que l'épreuve soit pérenne. On va passer par les Ardennes, La Redoute, le Glandon, arriver à l'Alpe d'Huez... Ce sera dur et fort.

Donc oui, je suis super content. Ça donne le sourire. Et je suis impressionné par la manière dont Marion Rousse apprend à toute vitesse, en plus de ses connaissances de base du milieu. Très clairement, je n'avais pas d'autres noms en tête pour ce poste.

 

On vous connaît patron du Tour depuis 17 ans maintenant. Est-ce que vous préparez votre succession ou pensez à la suite ?

D'une part, je ne me sens pas usé. Ensuite bien évidemment, la transmission est quelque chose qui compte, et elle va avec la passion. Quelqu'un un jour m'a dit : "Mais vous aimiez le Tour avant ?" Oui. Je n'aurai jamais quitté le journalisme qui est le métier de ma vie pour autre chose que pour ce poste de directeur du Tour. Le directeur du Tour a, à ce jour, quasiment toujours été journaliste, je pense en revanche être le dernier des Mohicans. Mais ce qui compte vraiment, c'est l'amour du Tour. C'est être capable d'aller un peu partout et de prendre du temps avec les gens, d'aller les voir. Il n'y a pas de secret. La transmission est évidemment quelque chose à laquelle je pense. On ne va pas raisonner en décennie, mais on ne va pas non plus raisonner en mois...

 

Pour conclure que peut-on vous souhaiter ?

Que pour le retour d'un contre-la-montre le dernier jour du Tour de France sur une année exceptionnelle, avec pour la première fois un départ en Italie et une arrivée qui n'est pas à Paris, on ait un final éblouissant dont on se souviendra encore dans 30 ou 40 ans. Quand je serai sur le bord de la route avec la glacière et le déambulateur (rires) !

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