ITW - Arnaud Tournant : «Je veux un duel Pervis - Baugé»
Par Valentin GLO & Valentin NUNES le 01/03/2016 à 10:10
Vidéo - Piste - Mondiaux 2015 - A. Tournant au micro de Cyclism'Actu
Alors que les Championnats du Monde de cyclisme sur piste débutent ce mercredi 2 mars, Arnaud Tournant, consultant pour beIN Sports, s'est confié à Cyclism'Actu. L'ancien Champion olympique de vitesse par équipes (à Sydney en 2000) et multiple Champion du Monde s'étend notamment sur les chances de l'équipe de France de briller à Londres à quelques mois du début des Jeux olympiques de Rio.
Arnaud, qu'attendez-vous de ces Mondiaux ?
J'espère voir l'équipe de France briller une première fois cette année, qu'elle pose les jalons en vue des Jeux olympiques et qu'elle montre un beau visage par rapport au début de saison moyen malgré la dernière Coupe du Monde. La saison sera un peu plus longue que d'habitude avec les JO en août. Il faut tenir la condition car, généralement, on s'arrête en mars avec les Mondiaux. Pour ces grandes échéances nationales et mondiales, la France possède beaucoup de représentants mais il faudra être présent sur ces Championnats du Monde et sur les Jeux, ce n'est pas évident de doser et de gérer sa condition et ses efforts.
François Pervis a justement déclaré qu'il mettait Londres au second plan pour viser Rio.
Je comprends qu'il vise Rio mais la meilleure préparation reste de gagner des courses. Sur la question de la longueur de la saison, ce ne sont que des êtres humains et, à une époque où nous sommes suspicieux, on voit des athlètes qui réfléchissent et c'est bon signe, ce ne sont pas des machines, ils sont conscients de leurs limites. Mais briller aux Mondiaux reste quelque chose d'important, d'autant que cela se passe pas loin de la maison, chez nos voisins britanniques, c'est un avantage de ne pas être en Colombie ou en Australie.
"Jeuland peut être une belle surprise"
Quelles sont les chances de médailles françaises ?
Nous avons une dominante sprint depuis plusieurs années et j'ai envie de croire à une belle confrontation entre François Pervis et Grégory Baugé. C'est l'occasion pour lui de tirer un trait sur les pépins physiques qu'il a connu en début de saison et Londres a une signification particulière pour lui puisqu'il s'agit de la plus grosse désillusion de sa carrière. Quant à Pervis, il s'agit de l'un de ses derniers Championnats du Monde. Nous pouvons aussi compter sur Kévin Sireau et Michaël d'Almeida sur la vitesse par équipes, qui est une spécialité française. Je n'oublie pas non plus Quentin Lafargue. Du côté de l'endurance, il reste l'omniun avec Thomas Boudat. Le seul point faible est du côté des féminines.
Pascale Jeuland vise une médaille voire un titre sur le scratch, est-ce jouable selon vous ?
Pascale possède beaucoup d'expérience du haut niveau, ce ne sont pas ses premiers Championnats du Monde. Je l'ai connue sur le vélo il y a quelques années. Toute cette expérience peut lui servir, elle peut tirer son épingle du jeu dans l'épreuve du scracth. Elle sait être filou. C'est peut-être grâce à elle que l'on peut avoir une belle surprise. Son ambition fait d'ailleurs plaisir à entendre, elle est plus que motivée.
Un coureur qui vise les JO peut-t-il faire les Mondiaux à fond ?
L'avantage de cette situation, c'est qu'entre mars et août il y a un laps de temps de quelques mois pour effectuer une coupure et respirer un peu tout en restant concentré sur l'objectif olympique. Ces Mondiaux sont l'occasion de sortir un peu de l'hiver et de voir où on en est et si on est bien dans les temps. Je pense que c'est important pour se jauger et c'est risqué de faire une croix sur les Mondiaux.
"Le vélo à moteur ? Je n'y crois pas"
La présence de Wiggins et Cavendish est-elle une bonne chose pour ces Mondiaux ? Peuvent-ils espérer un titre ?
C'est forcément une bonne chose, ce sont deux garçons qui ont prouvé tout au long de leur carrière qu'ils avaient de bonnes capacités. C'est un plaisir de voir des gars qui reviennent sur la piste, qui n'ont pas oublié ce qui les a fait grandir. Certains sportifs ont la mémoire courte. En revenant à leurs premiers amours, ils bouclent la boucle, c'est une belle histoire. Mark Cavendish est toujours un gros client sur les sprints mais il n'était pas au top lors de la dernière manche de la Coupe du Monde. Bradley Wiggins reste, lui, un pur moteur, c'est un garçon incroyable. Sur un vélodrome, si j'étais encore sur un vélo, je les prendrais tous les deux au sérieux. Ils ont beaucoup d'expérience.
Le risque d'un scandale au vélo à moteur est-il possible lors de ces Mondiaux ?
On n’est jamais à l’abri de rien, on pense avoir des gens très bien et on est déçu. C'est tout de même beaucoup plus difficile sur la piste puisque, contrairement à la route, les vélos sont sans frein, à pignon fixe, alors que le bouton est d'habitude sur les poignées de freins. Ce sont des vélos monoblocs en carbone comme les Look, ils sont moulés à très haute température et le moteur ne va pas aimer la cuisson. Si les tricheurs ont un problème technique, les conséquences peuvent être graves. Cela me parait un peu tordu mais nous ne sommes à l’abri de rien. Avant chaque course et chaque série, les vélos sont contrôlés, pesés et scannés. Sur les Mondiaux, il n'y aura pas de passe-droit, l'UCI sera encore plus vigilante. Techniquement, c'est compliqué, je n'y crois pas.
Propos recueillis par Valentin GLO pour Cyclism'Actu.
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