Giro - Diego Ulissi, futur roi des Ardennaises ?
Par Antoine PLOUVIN le 14/05/2014 à 20:03
Vidéo - Diego Ulissi remporte la 5e étape du Giro d'Italia 2014
C’est déjà la deuxième victoire de Diego Ulissi dans l’histoire du Giro, et pourtant, on a aujourd’hui l’impression de la possible éclosion d’un futur champion. En 2011, il remportait la dix-septième étape au terme d’une échappée, à même pas 22 ans. Devant Pablo Lastras et Giovanni Visconti certes, mais au terme d’une échappée… Ce mercredi à Viggiano, il a réussi à être plus fort que tous les grands coureurs du classement général, dont la plupart ont montré leurs velléités dans cette ascension finale, rendue difficile par le vent. Une victoire qu’il doit à ses caractéristiques de coureur de classique. Et des profils typés classique, il y en a sur ce Giro… Alors va-t-on revoir le coureur de la Lampre – Merida lever à nouveau les bras dans les jours qui arrivent ? Au sommet de Viggiano, il signe en tout cas, une très belle victoire.
Retardé sur chute
« C’est une victoire importante pour moi car, déjà, c’est la première victoire Italienne sur ce Giro. Mais aussi et surtout parce que c’était une arrivée difficile, dans une étape nerveuse avec du vent et de la pluie dans la finale. Et parce que je bats des champions, des coureurs de classement général. Une étape pas facile donc. J’ai été retardé sur la chute intervenue un peu avant le premier passage à Viggiano (ndlr : chute à 17 kms de l’arrivée). Mais mes coéquipiers ont fait un super travail pour me ramener. »
Un parcours non sans encombre donc pour Ulissi, qui a néanmoins su être le plus fort, à la fois physiquement, mais aussi mentalement. « Il ne fallait pas se découvrir trop tôt à cause du vent. Nous étions dans la roue de Quintana et il a lâché prise, alors mes coéquipiers ont fait le travail pour revenir sur Matthews. Moi j’ai produit mon effort au bon moment. »
Une progression constante
On ne l’a jamais vu briller à ce niveau encore… En tout cas sur une course World Tour. Car l’an passé, il remportait un Milan – Turin très relevé. Face à Alejandro Valverde, Alberto Contador, Domenico Pozzovivo, Daniel Moreno ou encore Rafal Majka, il avait été nettement le plus fort, les distançant tous à la pédale. « Je suis passé professionnel assez jeune, en 2010, et cette année je n’aurai que 25 ans en juillet. En passant pro’, j’avais donc encore beaucoup de choses à apprendre, mais l’important pour moi est que je suis sur une progression constante. Mais il me reste beaucoup à apprendre. Les deux dernières années ont été importantes pour moi. J’ai beaucoup progressé avec Michele Bartoli, qui est plus qu’un entraîneur sportif mais aussi un formidable motivateur ! » On croirait presque entendre Carlos Betancur quand il parlait de ce même coach, lors de sa victoire à Paris – Nice.
Bien sûr, l’Italien, très à l’aise et toujours prêt à blaguer (un peu comme son ancien leader Michele Scarponi) est prudent sur la suite de ce Giro, et notamment l’étape de demain arrivant à Montecassino, et faisant appel à des caractéristiques similaires. « Il y a encore des étapes qui me conviennent sur ce Giro et sur lesquelles je viserai la gagne. Demain, ça risque d’être juste. Gagner deux jours d’affilé n’est jamais aisé. Il faudra voir où en sont les sensations demain. Mais dans notre équipe, nous avons aussi deux coureurs pour le classement général avec Damiano Cunego et Przemyslaw Niemiec. »
"Je suis une tête de con"
Sa victoire au sommet de la Basilique de Superga, sur les hauteurs de Turin, lors du dernier Milan – Turin et celle d’aujourd’hui nous font nous demander pourquoi on ne le voit pas plus sur les Ardennaises… Dans aucune des trois, il n’a été devant cette année. Pourquoi ? « Parce que je suis arrivé avec une préparation dédiée au Giro et au Tour de Suisse que je ferai ensuite. Je suis un peu une tête de con des fois. Je ne crois pas en mes chances sur les Ardennaises. Je dois encore acquérir de la confiance et c’est pour ça que le rôle de Michele Bartoli est si important, car il me donne de la confiance. Hier soir, avant d’aller me coucher, j’ai pensé à l’étape du jour, à la façon dont la montée vers Viggiano se déroulerait, aux obligations protocolaires du vainqueur… et ça m’a permis d’y croire, et c’était un point important ».