INTERVIEW - Thomas Voeckler : «Lefevere sur Alaphilippe... je n'oublie pas»
Thomas Voeckler a vécu une année 2024 assez singulière ! En tant que sélectionneur de l'Équipe de France, l'ancien coureur a forcément connu une saison particulière, avec les Jeux olympiques a domicile et les deux médailles remportées, mais aussi les Championnats du Monde et d'Europe comme échéances importantes. L'occasion pour lui de revenir au micro de Cyclism'Actu sur cette année folle, mais également d'évoquer de nombreux sujets, dans un monde du cyclisme en grande évolution, entre domination de Tadej Pogacar, départ de Patrick Lefevere, mercato animé... avec sa franchise, son humilité et sa bonne humeur habituelle. Une longue entrevue avec le sélectionneur des bleus, mais également suiveur assidu et commentateur de vélo, à retrouver ci-dessous.
Vidéo - Thomas Voeckler au micro de Cyclism'Actu
"Les JO de Paris 2024 ? Je n'ai pas ressenti les mêmes émotions que vous... je fonctionne ainsi"
Thomas Voeckler, comment va le sélectionneur de l'équipe de France en cette intersaison 2024/2025 ?
Bonjour à toutes et tous. Et bien ce qui se passe, c'est que c'est un temps un peu calme, mais dans le bon sens du terme. Comme pour tout le monde, c'est la période un peu creuse. Je la mets à profit déjà pour prendre du temps d'un point de vue personnel, avec les enfants, mais aussi sur un plan professionnel, pour comme je le fais souvent, anticiper sur les échéances à venir. Et ça, ça passe par un suivi ou une prise de contact selon les cas. Et puis aussi beaucoup de travail autour des autres collectifs, de tout ce qui forme la filière route au sein de la Fédération française de cyclisme.
Donc c'est clair que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de course qu'on n'est pas en train d'anticiper sur les déplacements, sur l'hébergement, sur le profil des coureurs qui pourraient être appelés, sur les programmations de courses, sur qui va où, qui a progressé, qui a eu une année galère, pourquoi... On est dans l'échange. Et puis ça bouge du côté des coureurs, des staffs, il faut se tenir au courant de tout ça et prendre prendre des contacts.
Pas trop dur de repartir après une une année 2024 qui a été très intense et forcément très réussie avec ces 2 médailles olympiques ? Est-ce qu'on réalise plusieurs mois après cette résussite ?
En fait, de mon côté ils étaient réussis avant même la course j'ai envie de dire, avec l'approche et ce que je ressentais auprès des coureurs. Je ne sais même pas exactement pour quoi j'aurais signé comme résultat. C'est en termes d'état d'esprit de course que je fonctionne. Mais c'est clair que ça a dépassé nos attentes, il faut regarder les choses objectivement. Si on nous avait dit qu'il y aurait deux coureurs français derrière Remco Evenepoel sur le podium... Moi, j'y croyais à pouvoir jouer le titre, j'en étais même convaincu, mais comme je pense d'autres coureurs au départ, il n'y a qu'à voir le pedigree du classement. Si vous enlevez juste Pogacar... enfin "juste" n'est peut-être pas le bon terme. D'ailleurs, juste une parenthèse sur Pogacar, je suis convaincu que s'il avait été là, ça aurait complètement changé la donne et la course. On dit que les absents ont toujours tort, mais ça ne m'a pas dérangé qu'il ne soit pas là... Bref, c'était tant mieux pour nous.
Toujours est-il que pour répondre concrètement à la question, je vais être très honnête avec vous : pour moi les JO, le samedi après la course, le lendemain j'étais au volant de la voiture de Paul Brousse pour les filles, et la page était tournée. Cela ne paraît pas si dur comme ça, mais je fonctionne ainsi. Je n'ai pas ressenti les mêmes émotions que vous. J'ai beaucoup entendu parler de cette ambiance, de ces images, de cette ferveur... Mais moi j'étais dans la voiture concentré, et même quand Valentin (Madouas) a franchi la ligne, je n'ai pas eu de réaction, j'attendais de voir ce que ça allait donner pour Christophe (Laporte). Et là seulement on a gueulé dans la voiture. Tout ça pour dire que c'est passé, les JO sont très loin dans ma tête, mais ce n'est pas plus loin pour moi que ça ne l'était quelques jours après. Je me suis converti en spectateur lambda des JO, à distance, tout en pensant déjà aux Mondiaux et Europe. J'ai tourné la page, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas fier, que je ne savoure pas ce que les gars ont fait et l'aventure qu'on a vécue.
"La domination de Tadej Pogacar ? Une année à la Merckx dans une époque qui n'est plus celle de Merckx. Je suis désolé, mais c'est ennuyeux..."
Vous avez évoqué Tadej Pogacar... Difficile de retenir autre chose sur cette saison 2024 que la domination du Slovène, que vous avez d'ailleurs endurée sur les Mondiaux de Zurich. Comment jugez-vous cette supériorité écrasante qui a parfois paru lasser les suiveurs mais aussi les coureurs eux-mêmes ?
C'est une année à la Merckx... dans une époque qui n'est plus celle de Merckx. Où tout a évolué, où la concurrence est normalement beaucoup plus mondialisée, où tout le monde a un peu les mêmes méthodes de travail. Il n'y a pas de secret normalement, les techniques d'entraînement, le matos, la nutrition, tout le monde est au point quoi. Ce qu'il a fait, c'est donc pour moi encore plus fort que ce que faisait Merckx. Eddy Merckx et Bernard Hinault, ils étaient juste plus forts à la base, ils avaient juste à appuyer sur les pédales. Pogacar est le plus fort aujourd'hui, alors même que tout est optimisé. Beaucoup de coureurs ont été lassés. Moi, les propos qui m'ont marqué, ce sont ceux de Romain Bardet. Dans une interview en début d'année, il disait bien que ce que seulement 10 coureurs étaient capables de faire il y a 7 ou 8 ans, il y en a 40 qui peuvent faire aussi bien aujourd'hui. Cela vous donne une idée, Romain n'est pas quelqu'un qui parle en l'air comme ça.
Comment je perçois ça... J'ai trouvé ça magnifique les exploits qu'il a réalisés, son panache. Je pense qu'on ne peut que aimer Tadej Pogacar. Franchement, je l'adore. Par contre c'est ennuyeux, je suis désolé. Quand il part si loin de l'arrivée, derrière c'est palpitant, mais c'est juste pour la place de 2e quoi. Maintenant, il ne faut pas résumer cette situation à Pogacar. Si on prend les classiques, Mathieu van der Poel a fait la même à Paris-Roubaix, et c'était ennuyeux, même si magnifique. Au Vélo d'Or l'autre jour, on voyait des images de Tom Boonen sur les pavés, on avait l'impression que c'était il y a 40 ans, alors que c'est la légende de l'Enfer du Nord !
Donc oui bien sûr, ultra domination de Pogacar. Le bon côté de tout ça, c'est que ça attaque loin de l'arrivée, comme ces dernières années où c'était palpitant, et merci aux grands champions comme Julian Alaphilippe, Van der Poel, Wout Van Aert ou Pogacar de déclencher les courses si loin de l'arrivée. Mais aujourd'hui, Pogacar ou autres, comme Remco Evenepoel sur Liège les deux années d'avant, quand ils s'envolent, ce n'est plus intéressant à regarder. Je ne leur en veux pas, c'est magnifique ce qu'ils font, ils ont du panache. Mais tout le monde sera à peu près d'accord avec moi : une fois qu'on a dit tout ça, on ne trouve plus grand chose à dire et on ne s'emballe pas comme quand il y a du suspense pour la victoire.
"Julian Alaphilippe ? Je pense qu'il a bien choisi son équipe"
Vous venez de parler de Julian Alaphilippe, qui s'est retrouvé cette année et s'est lancé un nouveau défi pour 2025 en rejoignant l'équipe Tudor après des années au sein du Wolfpack. Vous qui le connaissez si bien, est-ce un bon choix pour la suite de sa carrière ?
C'est la suite qui le dira. Moi je n'ai pas forcément d'avis à donner, ce n'est pas à moi de juger. Pour revenir à Julian, ce qui me chagrine pour lui, c'est surtout la manière dont il a fini sa saison 2024. Sur une route, le long d'un champ à Zurich au bout de 60 kilomètres. Il n'aurait sans doute pas battu Pogacar, mais il aurait pu finir sa saison autrement que comme ça.
Au-delà de ça, sur le choix de l'équipe, je pense qu'il est suffisamment entouré, avec de l'expérience. Mon avis est qu'il a bien choisi, même si mon avis compte peu. Ceci dit, si on regarde concrètement, avec l'année qu'il avait vécue de par les déclarations de son patron (Patrick Lefevere, ndlr) - qui a d'ailleurs un peu passé la main au sein de la structure à laquelle il appartenait - ça ne sert à rien d'anticiper. On verra bien, il faut qu'il travaille dur, et on sait que c'est un gros travailleur. Au-delà de parler de changement d'équipe, il faut surtout retenir le niveau auquel Julian était revenu cette année par rapport à 2023 et 2022.
"Le départ de Patrick Lefevere, ça ne m'évoque rien. Je n'oublie pas ses déclarations mal placées pour Julian..."
Pour rester dans le thème, le départ de Patrick Lefevere de son poste de patron de la Soudal Quick-Step, ça vous évoque quelque chose ?
Non, ça ne m'évoque rien du tout. J'ai pris du plaisir à le saluer quand je le vois. Je n'oublie pas qu'il a été très sympa lorsque Julian était à son prime et que j'étais en contact avec lui pour l'équipe de France. Ensuite, avec l'avènement de Remco Evenepoel, je n'oublie pas non plus ces dernières années et ses déclarations mal placées... Voilà, je n'ai pas de relation autre que ça, donc ça ne m'évoque rien. Mais j'apprécie le bonhomme, il me fait sourire, on va dire ça.
Si je peux tout de même rajouter, on est obligé d'avoir quand même du respect pour l'ensemble de son oeuvre et ne pas rester sur ses déclarations aussi malvenues, peut-être volontairement. On est obligé de retenir le manager que ça a été. On a beau dire, il y a eu pendant un paquet d'années à la Quick-Step un esprit collectif qu'il n'y avait pas forcément ailleurs.
"La footballisation du cyclisme ? Ce qui m'inquiète davantage, c'est le jeunisme à outrance"
Prenons un peu de recul sur le mercato et même le cyclisme en général. Après Cian Uijtdebroeks l'an passé, on a eu un nouveau feuilleton mercato ces dernières semaines avec le départ forcé de Maxim Van Gils de la Lotto Dstny vers Red Bull-Bora-Hanshrohe. Quel est votre regard sur cette évolution du mercato, avec toujours plus d'argent en jeu, des contrats non respectés, des agents omniprésents.... Certains parlent de "footballisation" du cyclisme.
En fait, dans les textes ça n'a pas beaucoup changé, ça n'a même pas du tout changé. Je ne suis pas un pro de la règlementation, mais pour quitter une équipe si on a un contrat - sauf en cas de clause particlière - il faut l'accord de l'équipe, un accord tripartite. Il y a plus d'argent dans le vélo aujourd'hui qu'à mon époque (et à mon époque il y en avait plus qu'à celle de Bernard Hinault), il y a des sommes très très importantes engagées. Quand on dit qu'on va vers une footballisation, c'est comme si on diabolisait, mais il faut peut-être plus anticiper ça. Est-ce qu'on peut vraiment rester sur le modèle actuel ? Le vélo evolue, les contrats évoluent aussi. Aujourd'hui, des coureurs signent des contrats sur 5 ou 6 ans, c'était juste inenvisageable il y a une dizaine d'années.
Moi, je ne suis personne pour dire qu'il faut faire comme ci ou comme ça. C'est un peu comme sur l'ensemble de l'année, j'observe beaucoup, je parle peu, mais ce qui est sûr, c'est que les coureurs doivent être bien encadrés. Car l'intérêt des agents n'est pas toujours celui des coureurs. Mais tout ça ne m'inquiète pas tellement. Ce qui m'inquiète davantage, c'est le jeunisme à outrance.
Transfert - Maxim Van Gils a officiellement rejoint Red Bull-BORA-hansgrohe #VanGils #Mercato #RedBullBora #LottoDstny #MVG https://t.co/AbVq2w2Bp6
— Cyclism'Actu (@cyclismactu) December 10, 2024
"J'ai l'impression aujourd'hui que si on n'est pas professionnel à 19 ans, le vélo c'est foutu"
C'est-à-dire ?
Il y a un bon côté, c'est que les très jeunes performent très tôt. Moi qui étais comme beaucoup convaincu que le vélo était un sport à maturité tardive, qu'il fallait attendre 27 ans pour avoir son meilleur niveau, et bien force est de constater que ce n'est plus vrai. Et tant mieux pour les jeunes. Mais je pense plutôt à ceux qui sont appelés, recrutés, mais qui ne vont pas faire carrière derrière. Que deviennent-ils ? Je pense à ceux-là plutôt qu'aux rares élus, aux 20 ou 30 qui montent et à qui on fait croire qu'ils vont faire carrière, qu'ils dédient leur vie au vélo, parfois en laissant l'école de côté et en se coupant de liens sociaux. Et puis au bout de deux ou trois ans...
Ce qui me fait un peu peur, c'est que j'ai l'impression aujourd'hui que si on n'est pas professionnel à 19 ans, c'est foutu. Et même que si on n'est pas professionnel tout court, le vélo c'est foutu. Alors que je suis convaincu qu'on peut passer professionnel plus tard, mais aussi et surtout qu'on peut être épanoui en faisant du vélo à haut niveau sans passer professionnel. Ce n'est pas un échec. Je crois qu'on oublie un petit peu ça, le plaisir de faire du vélo à haut niveau, ou pas d'ailleurs.
"Si les clubs ne vivent pas, là le cyclisme français sera en danger, mais pas à court terme"
Revenons sur l'un des sujets de ces derniers mois : de nombreux managers et acteurs du milieu ont tiré la sonnette d'alarme pour le cyclisme français, on pense notamment à Emmanuel Hubert. Le cyclisme français est-il selon vous en danger ?
Ce serait facile de dire quoi faire. J'en entends beaucoup qui disent : "Il faut faire comme ci", "il faut faire comme ça", ou "il faut qu'ils arrêtent de se plaindre"... Je crois et je suis convaincu que c'est très compliqué. Que les managers d'équipes françaises, ou d'équipes de vélo ou de clubs en général, ont quelque part beaucoup de mérite parce qu'il y a une entreprise à faire tourner, des salariés à faire vivre et des objectifs à atteindre. Tout ça avec la pression des résultats, des contrats commerciaux à renégocier, une belle image à dégager, penser à la formation... Donc je ne ferai certainement pas le donneur de leçons.
Est-ce que le cyclisme français est en danger ? Il faut voir le bon côté des choses. On est le pays avec la meilleure densité, avec quatre équipes WorldTour, des ProTeams très saines, et un gros réservoir. Après, je ne suis pas fiscaliste, expert financier ou manager d'équipe, donc je ne préfère pas commenter et plutôt écouter. Mais je n'ai pas le sentiment que le cyclisme français soit en danger à court terme. C'est un sport historique, on a le Tour de France, qui fait partie du patrimoine français et est la seule course de vélo qui dépasse le cadre du vélo. Et puis on est le pays qui organise le plus de courses au niveau professionnel. Comparez avec l'Italie par exemple. Il faut en revanche être plus vigilant sur le long terme, dans 10 ou 20 ans, et là je pense plus aux clubs. C'est ça la problématique. Si les clubs ne vivent pas, là le cyclisme français sera en danger.
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— Cyclism'Actu (@cyclismactu) December 13, 2024
"Les Mondiaux à Kigali, ça va être un truc de malade ! "
Replongeons dans la cadre de l'équipe de France pour conclure. On a eu une année 2024 très riche en émotions, mais 2025 s'annonce également très intéressante avec les Mondiaux de Kigali, au Rwanda, et les Championnats d'Europe en Drôme-Ardèche, en France. Comment on aborde ces deux compétitions en tant que sélectionneur ?
Avec ambition, beaucoup d'ambition ! Et du réalisme. Les parcours, je sais exactement où on va mettre les roues. Je sais à quel type de coureur ça peut s'adresser selon le déroulement de la course. Il faudra attendre de voir quels coureurs les préparent en objectif, que ce soit les Mondiaux ou les Europe. Et puis il faudra bien sûr attendre de voir comment se déroule la première partie de saison de 2025. Pour la France, les Championnats d'Europe seront forcément un temps fort à domicile. Ce n'est pas une épreuve au rabais. Ils se déroulent une semaine seulement après le Rwanda, et ils s'adressent peut-être au même type de coureurs. Donc clairement, ce sont deux challenges très excitants à double titre.
D'abord, ce sera le premier Mondial en Afrique, avec une ferveur populaire qu'on ne s'imagine même pas. Je ne crois pas qu'on aura déjà vu ça sur un Mondial, même à Louvain 2021, pourtant en Belgique dans un pays fou de vélo. A Kigali, ça va être un truc de malade. Il faut aussi tenir compte des conditions météo, de l'acclimatation, la chaleur, l'humidité, le type de parcours, l'opposition... Si le Slovène décide de s'énerver à 100 kms de l'arrivée, ce ne sera pas la même course. Et puis les Europe qui sont en France, forcément. Donc j'ai déjà hâte d'y être même si on n'est qu'à la mi-décembre. J'espère et je sais que des coureurs ont ces deux échéances en tête, et j'espère vraiment avoir beaucoup de mal à bâtir la sélection, dans le bon sens du terme.
Ecnhaîner ces deux évènments en une semaine, ce sera une première. Ça se prépare toujours d'une manière particulière, mais là c'est vrai que ce sera différent. On est sur le sujet, on travaille dessus, c'est clair que ça ne s'improvise pas. Mais on n'a pas commencé que depuis une semaine pour préparer tout ça...
Vous préférez être champion du monde à Kigali, ou champion d'Europe en France, à domicile ? Si vous viaez un choix à faire ?
Les deux ! Danx le vélo on ne choisit pas, on essaye d'aller chercher ce qu'on peut aller chercher.
"Mon souhait pour 2025 ? Qu'on montre qu'on est là et que le cyclisme français retrouve sa place tout en haut... parce que la France, on est là ! "
Un dernier mot Thomas, en cette période de Noël qui approche, si vous aviez un souhait, un voeu pour l'an prochain, ce serait quoi ?
Ce qui me ferait plaisir, c'est que la France remonte dans la hiérarchie mondiale. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a eu des belles perfs, mais c'est vrai qu'au classement mondial, on a tout juste été dans le top 5 en fin d'année dernière. Là où en 2019, 2020, on était première ou deuxième nation mondiale. Mais ce n'est pas tant le classement en lui-même qui m'intéresse. Quand on rétrograde dans la hiérarchie, c'est que l'ensemble des performances est un peu moins élevé que ce qui avait pu l'être, ou que ce qu'on est capable de faire peut-être.
On a une génération qui s'en va tout doucement : Romain Bardet va arrêter, Julian est encore à son meilleur niveau, mais ça ne va pas durer encore 10 ans. Et on a des jeunes qui arrivent, avec d'autres qui sont encore en plein dans la moyenne d'âge et capables de très grandes choses comme David Gaudu. Voilà, mon souhait, c'est qu'on soit plus présent au très très haut niveau. Je ne suis pas à dire qu'il faut qu'ils se bougent, je sais qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Pour résumer, ce que je souhaite, c'est que le cyclisme français retrouve sa place tout en haut. Car on n'en est pas très loin. Qu'on montre qu'on est là la France, parce qu'on est là.