Interview - Julien Jurdie : «On va remettre les mains dans le cambouis...»

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— Cyclism'Actu (@cyclismactu) September 17, 2024

 

"La Coupe de France FDJ ? On s'est pris au jeu au fil des manches"

Cette Coupe de France FDJ 2024, c'est carton plein pour Decathlon AG2R La Mondiale Team ?

C'est une satisfaction de pouvoir mettre la Coupe de France dans le beau palmarès 2024 de l'équipe. C'est clair que ce n'était pas un objectif prioritaire en début de saison, mais on s'est pris au jeu au fil des manches et on est donc très satisfaits de pouvoir remporter les trois principaux titres de la Coupe de France. Dans cette compétition, tant que les premières manches ne se sont pas déroulées, il est toujours difficile de définir des objectifs, mais si on la prend dans le bon sens, comme cela a été le cas pour nous, on est tout de suite plus attentifs aux résultats des manches qui suivent.

 

On les classe où ces victoires sur les classements de la Coupe de France FDJ dans une saison qui est pleine pour Decathlon AG2R La Mondiale Team ?

Cette Coupe de France fait partie intégrante des satisfactions, même si elle a bien sûr moins d'importance que la deuxième place de Ben O'Connor sur le Tour d'Espagne. Cependant, cette compétition fait partie du patrimoine cycliste français et c'est toujours sympathique d'accrocher tous les classements de cette Coupe de France.

 

"Le Tour de France n'a pas répondu à nos attentes"

Le seul hic de 2024, c'est le Tour de France en fait ?

Je m'y attendais à celle-ci (sourire). On a réussi un superbe Giro, une extraordinaire Vuelta, mais le Tour de France n'a pas répondu à nos attentes, que ce soit au niveau du classement général avec Felix Gall ou au niveau des étapes avec notre sprinteur Sam Bennett. On n'a pas pu remplir les objectifs, ça a été un Tour de France difficile, mais fort heureusement, ça a très bien fonctionné lors de l'avant et l'après-Tour, donc on peut parler d'une très belle saison 2024 pour l'équipe Decathlon AG2R La Mondiale.

 

"Il y a forcément de la déception et de la frustration quand on perd un coureur comme O'Connor"

Si on se projete un peu sur 2025, avec les départs notamment de Ben O'Connor et de Valentin Paret-Peintre (le premier a signé chez Team Jayco AlUla, le second est annoncé avec insistance chez Soudal Quick-Step), il va falloir du renfort pour que la Decathlon AG2R La Mondiale Team soit taillée pour aller contrer les cadors qui visent les podiums sur chaque Grand Tour ?

Je ne peux pas encore parler du recrutement, ça va être annoncé d'ici quelques jours, mais on va bien évidemment s'appliquer à construire une belle saison 2025. Il y a forcément de la déception et de la frustration quand on perd un coureur comme Ben O'Connor, qui est notre leader numéro un depuis quatre ans et avec lequel on a obtenu des superbes résultats. Les courses par étapes et les Grands Tours, c'est notre ADN, donc on va s'appliquer à refaire les bases pour 2025.

Après, on sait qu'on a un contrat à long terme avec Decathlon AG2R La Mondiale (jusqu'en 2028, ndlr), donc il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. On a fait une saison exceptionnelle, on aura la pression en 2025, mais on aura un groupe solide et équilibré pour aller jouer sur les différentes courses. On va travailler durant l'intersaison pour finaliser et optimiser tous les objectifs.

 

Le départ de Valentin Paret-Peintre, on imagine que ce n'était pas quelque chose de prévu ?

Valentin est un excellent grimpeur, c'est une denrée rare dans le peloton, mais ça fait partie de la vie d'un coureur et d'une équipe. Il faut l'admettre et positiver en se disant que certains jeunes vont arriver et qu'ils pourront prendre la relève. On souhaite bonne chance à Valentin dans sa nouvelle équipe, mais c'est clair que c'est un élément important qui ne sera plus là.

 

"Vincent Lavenu ? Les choses sont écrites, c'est malheureux, mais on doit tourner la page"

Un Remco Evenepoel a percé tôt, un Tadej Pogacar a également a percé tôt. Si je vous dis Paul Seixas...

C'est un excellent coureur, l'un des meilleurs sinon le meilleur junior de sa génération. Je ne peux pas actuellement vous en parler, je ne peux pas plus vous en dire, mais il est clair que son avenir est florissant et qu'il pourrait, en 2026, 2027 ou 2028, être l'une des révélations françaises sur le Tour de France. 

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— Cyclism'Actu (@cyclismactu) September 8, 2024

 

On est obligé de vous en parler et d'aborder le sujet : vous devez avoir une petite pensée pour Vincent Lavenu dans tout ça ?

Oui, forcément. Vincent, c'est aussi un sujet compliqué à aborder puisqu'il n'y a pas eu de communication officielle de la part de l'équipe et je n'en ferai pas non plus. Les choses sont écrites, c'est malheureux, mais on doit tourner la page et avancer tous ensemble. Si ça me touche personnellement ? Oui, bien sûr, mais je ne peux pas entrer dans les détails. Des décisions ont été prises, il faut les respecter, et on va remettre les mains dans le cambouis car il y a un bel horizon avec Decathlon AG2R La Mondiale Team. 

 

"Tadej Pogacar domine de la tête, des pieds et des épaules le cyclisme actuel"

On évoque les Championnats du monde de Zurich, avec cette question toute simple : Tadej Pogacar peut-il faire le triplé Tour d'Italie-Tour de France-Mondiaux, comme seuls Eddy Merckx et Stephen Roche l'ont fait ? 

Bien sûr ! J'étais présent sur les courses canadiennes et il a fait une démonstration de force dimanche à Montréal. Il est enexcellente condition, il va sûrement progresser d'ici les Mondiaux. C'est pour moi le favori numéro un, au-dessus de Remco Evenepoel. Après ses deux médailles d'or olympiques, la préparation de Remco sera peut-être un peu moins bonne. Pogacar n'a jamais obtenu ce maillot, ce serait un fort symbole qu'il le décroche et il ferait bien évidemment un beau champion du monde.

 

Quand on regarde sa saison 2024, ses stats sont affolantes, et je comprends qu'on parle de nouveau Cannibale ou de Cannibale du 21e siècle. Pogi ressemble beaucoup à Eddy Merckx, dès qu'il accélère, personne n'est réellement en mesure de le suivre. Il domine de la tête, des pieds et des épaules le cyclisme actuel, et j'espère que son panache fait plaisir aux téléspectateurs.

 

Donc que nenni des éventuelles doutes sur la Toile, il faut faire confiance au cannibalisme ?

Oui, je pense que c'est important de faire confiance. L'UCI et toutes les équipes travaillent dans ce sens-là, toute la famille du cyclisme lutte pour avoir le vélo le plus propre, et je pense qu'il y a eu beaucoup d'avancées dans ce domane-là et qu'on peut se regarder fièrement dans une glace le matin.

 

Pour finir, quel serait le voeu de Julien Jurdie pour cette fin de saison 2024 ?

Faire encore tourner le compteur de victoires. On est à 30, mais si on peut en avoir 31 ou 32, ce ne sera que mieux. Il reste quelques courses d'un jour en Belgique, mais aussi une course par étapes WorldTour en Chine (le Tour de Guangxi, ndlr)), qui est importante pour nos partenaires et sur laquelle on aura l'ambition de décrocher un podium au classement général mais aussi des étapes. Sans oublier le Tour de Lombardie, où on emmènera une équipe de grimpeurs, avec un Clément Berthet ou un Aurélien Paret-Peintre.