Chronique - Mangeas : «Vous me verrez sur le Tour en 2016»
Par Sam MYON le 30/07/2015 à 08:42
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Sa voix vous a manqué pendant le mois de juillet ? Daniel Mangeas est de retour avec une nouvelle chronique sur Cyclism’Actu. L’occasion pour lui de vous conter son Tour de France 2015, qu’il a vécu de l’extérieur pour la première fois depuis 1974. À Lisieux, il a également repris le micro et commenté le premier Critérium post-Tour en France, comme pour prolonger la magie du mois de juillet.
Un Tour derrière le poste… Une première pour Daniel Mangeas depuis 41 ans
J’ai suivi le Tour de France avec intérêt et de manière beaucoup plus détendue comme j’étais devant ma télévision. Je l’ai regardé avec passion parce que dès le surlendemain du Tour je reprenais l’animation au Critérium de Lisieux… J’observais comment ça se passait tout en analysant les résultats le soir comme je le faisais avant. Il faut dire que je m’y étais préparé… en 2008 déjà, j’avais prévu d’arrêter pour la centième édition (2013) mais j’ai finalement fait une année de plus. J’étais mentalement prêt à vivre ce moment même si ç’a été une petite pointe de tristesse quand le Tour est arrivé sur les Champs-Élysées. Pourquoi ? Parce que j’avais commenté toutes les arrivées d’étapes sur les Champs. La roue tourne pour tout le monde et elle est en train de le faire avec moi, même si le Tour ne me quittera jamais.
Un Tour excellent des Français
On a eu un Tour de France intéressant, surtout dans sa dernière semaine. Une dernière semaine où Tony Gallopin (Lotto-Soudal) a craqué, dommage car il avait pris un excellent départ. J’ai vu des coureurs admirables, ce fut un Tour usant, difficile et tous ont dit qu’ils avaient vécu trois semaines de souffrance. Moi j’ai envie d’y associer le mot « exploit ».
Côté français, Thibaut Pinot (FDJ) aurait pu gagner trois étapes avec un peu plus de chance. Lorsqu’il fait quatrième à Pra Loup et deuxième à Mende, il n’est vraiment pas passé loin. Il a surtout gagné une magnifique étape à l’Alpe-d’Huez, résistant à Nairo Quintana (Movistar). Romain Bardet (AG2R La Mondiale) a lui aussi remporté son étape et on n’oublie pas le passage breton d’Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale) qui est allé en chercher une belle également. Pour Bryan Coquard (Europcar), il s’en est fallu d’un rien sur les Champs. Et je me suis réjouie de la performance de mon voisin normand Mikaël Chérel, qui en plus d'avoir parfaitement rempli son rôle d'équipier a été chercher une belle place au général (18e).
C’est une bonne tenu des coureurs français en général même s’il n’y a pas de podium au bout. Je pense qu’ils n’ont rien à se reprocher, ils ont fait un Tour de France excellent.
En cyclisme, on est supporter de l’un mais jamais ennemi de l’autre
Christopher Froome (Team Sky) a bien géré pour conserver son maillot jaune après avoir pris la mesure de ses adversaires à La Pierre-Saint-Martin. Il était dominateur sur cette étape mais nous avons vu que Quintana était à son niveau les autres jours. Il y a eu des gestes déplacés à l’encontre de Froome que je condamne évidemment. Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on écrit fait qu’il y a une petite minorité du public qui manifeste son mécontentement. Certains peuvent avoir des doutes, mais il faut des preuves. Moi j’ai le souvenir de Christopher Froome qui fait deuxième du Tour derrière Wiggins (2012), il aurait pu le gagner mais avait alors privilégier la tactique de l’équipe Sky. Je trouve dommage ces débordements car le sport cycliste est un sport de fair-play où l’on est supporter de l’un mais jamais ennemi de l’autre. Le Tour est une fête et doit le rester.
Critérium, un moment de partage devenu incontournable
Les Critériums, c’est la rencontre des champions avec le public ! C’est très important, Poulidor me dit toujours que jadis : "on faisait 80 Critériums", maintenant il en reste presque dix fois moins. C’est dommage car c’est une belle fête et à l’époque, le cyclisme n’était pas mondialisé. La quasi-totalité des épreuves se disputaient dans l’Ouest de l’Europe et en particulier en France. Merckx ou Hinault faisaient 80 jours en France. Le mois de juillet, c’était le Tour de France et le mois d’Août, celui des Critériums. C’est totalement différent aujourd’hui, on ne reverra pas Froome en France avant l’année prochaine mis à part sur trois Critériums qu’il va faire (Lacq, Castillon-la-Bataille et Marcoles).
Le mois d’Août de Daniel Mangeas
Dimanche, je serai sur la Polynormande. Nacer Bouhanni (Cofidis) y effectuera sa rentrée après avoir été malchanceux sur le Tour et sur le championnats de France. Je ne dis pas qu’il aurait décroché le maillot bleu-blanc-rouge puisque Steven Tronet (Auber 93) était l’un des hommes les plus forts, mais il a été vraiment malheureux. Il me semble qu’il fait deux courses avant le Tour d’Espagne : la Polynormande et le Tour de l’Ain. Ce sera pour nous un grand bonheur de l’accueillir d’autant que nous auront les deux champions de France, Steven Tronet (professionnel) et Clément Mary (espoirs). Ça va être une belle fête.
Après la Polynormande, je pars faire tous les Critériums, ensuite le Tour de l’Ain, le Tour du Limousin, le Tour du Poitou-Charentes et le Grand Prix de Plouay. C’est un mois d’Août plutôt chargé mais ça va être un plaisir énorme de retrouver ceux dont j’ai accompagné les premiers tours de roues ce mardi à Lisieux.
Son retour sur le Tour de France
Je renouerai contact physiquement avec la Grande Boucle l’an prochain. Je serai l’un des ambassadeurs du département de la Manche. Vous me verrez trois jours et ça sera pour moi un réel plaisir de vous accueillir dans ce département qui est l’un des plus beaux de France. Mont-Saint-Michel, Granville, La Glacerie, Saint-Lô… il va y avoir des moments très forts.
* Propos recueillis mardi peu avant le début du Critérium de Lisieux.