Tour d'Espagne - Remco Evenepoel : «Je vise une victoire et le podium»
C'est un Remco Evenepoel tout sourire et visiblement de très bonne humeur qui s'est prêté au jeu de la conférence de presse ce jeudi, à deux jours du Grand Départ de la 78e édition du Tour d'Espagne (26 août au 17 septembre) depuis Barcelone ! Le leader de la Soudal Quick-Step, qui avait remporté son premier Grand Tour l'an passé sur les routes espagnoles, devra faire face à une concurrence accrue cette année, notamment avec la présence d'un Primoz Roglic à 100% et de Jonas Vingegaard, mais aussi du duo Juan Ayuso-Joao Almeida d'UAE Team Emirates, d'Enric Mas (Movistar Team), de Geraint Thomas (INEOS Grenadiers)... Une adversité qui n'effraie pas le Belge de 23 ans, qui a dévoilé avec décontraction ses objectifs pour sur cette Vuelta. "Mes attentes ? Ne pas attraper le Covid ! Blague à part, comme toujours j'espère pouvoir gagner une étape et viser le podium final à Madrid. Ce seront mes principaux objectifs".
Vidéo - Remco Evenepoel, avant La Vuelta 2023, de Barcelone à Madrid
"L'an passé nous n'avions fait aucune reconnaissance pour La Vuelta, j'avais été désavantagé..."
Pour y parvenir, le récent champion du monde du contre-la-montre a comme d'habitude soigneusement préparé ces trois semaines de course, réalisant de nombreux stages en altitude - dont le dernier il y a quelques jours à Andorre - et reconnaissant la plupart des étapes de montagne. "J'ai reconnu l'étape de l'Angliru, j'ai fait la montée en mode course, donc je sais à quoi m'attendre. L'an passé nous n'avions fait aucune reconnaissance pour La Vuelta, et j'avais été désavantagé. Mais l'Angliru n'est pas la seule ascension difficile, il y a aussi le Cruz de Linares le lendemain, la fin du Tourmalet est aussi très raide... Donc c'est bien d'avoir pu reconnaître toutes ces ascensions, et d'avoir pu me préparer sur des cols longs et pentus. Ma préparation n'a pas été trop perturbée par le contre-la-montre des Mondiaux. C'était un chrono long, donc un effort similaire en terme de durée à celui d'une ascension comme le Tourmalet. J'ai juste dû perdre un peu de poids ces deux dernière semaines".
Très bien parti sur le dernier Tour d'Italie qu'il a finalement dû abandonner pour cause de Covid, Evenepoel préfère rester prudent et mesuré quant à son objectif final. "Dire 'Je vais gagner ce Grand Tour' est très difficile, car tellement de choses peuvent arriver. J'en ai fait l'expérience au Giro. Mais je m'améliore par rapport à l'an passé. J'avais dit que je visais le top 10 et j'ai gagné. Maintenant que j'ai gagné, je dis que je vise le podium. Ce qui me semble assez juste. Avoir un mauvais jour, tomber malade, chuter, tout ça peut arriver si facilement. Si je gagne 3 ou 4 étapes mais finis 12e, ce sera une très bonne Vuelta. C'est pour ça que mon objectif initial est une victoire et le podium".
"Je veux comparer mon niveau à celui de Primoz Roglic et Jonas Vingegaard"
D'autant plus que ses rivaux semblent prêts et encore mieux armés que l'an passé pour en découdre et faire tomber le tenant du titre. "C'est sûr qu'il va y avoir un très haut niveau sur cette Vuelta. Tout le monde est à son maximum. Roglic a remporté le Tour de Burgos, Jonas est Jonas, et je suis champion du monde du chrono, ce qui veut dire que je suis en forme. Mais les autres sont aussi là, Vlasov est prêt, Almeida est toujours prêt, comme Ayuso, Geraint Thomas et INEOS... Mais avec la chaleur et le parcours, je pense que certains ne seront très vite plus dans la course".
Avec l'annonce tardive de la venue de Jonas Vingegaard, l'occasion est belle pour Evenepoel d'enfin se mesurer à un vainqueur en puissance de la Grande Boucle, avant d'aller se frotter au Tour en 2024. "Je veux comparer mon niveau à celui de Primoz Roglic et Jonas Vingegaard, qui ont montré qu'ils répondaient toujours présent sur trois semaines. Jonas Vingegaard sait comment gagner un Tour de France, il sait donc probablement comment remporter cette Vuelta. Je vais donc en profiter pour l'observer et essayer de copier le plus possible ses secrets en vue du Tour 2024. C'est donc plutôt excitant qu'il soit là, c'est bénéfique à tout le monde. Je suis heureux qu'il soit venu, ça va être un gros challenge."
"Il va falloir que j'apprenne à courir un peu plus défensivement qu'en 2022..."
Premier gros rendez-vous dès samedi avec le chrono par équipe. "Je vais me mettre dans la roue de mes coéquipiers pendant 14 km pour économiser un peu d'énergie ! Je rigole bien sûr. La stratégie va être bien différente de celui de l'an dernier, celui-ci est beaucoup plus technique. Mais on a de très bons rouleurs. On doit encore réfléchir à la meilleure composition et stratégie pour viser le meilleur temps samedi". Alors qu'il avait pris le maillot rouge dès le 6e jour en 2022, Evenepoel devrait se montrer plus discret lors de la première semaine. "Il va falloir que j'apprenne à courir un peu plus défensivement, comparé à l'édition précédente. La première semaine sera dure mais pas décisive pour le général, il faudra attendre les deuxième et troisième. Et puis certaines équipes sont très bien armées pour assumer la responsabilité de la course, donc on n'est pas obligé de courir offensivement tout de suite".
Interrogé pour finir sur le coureur le plus impressionnant en 2023 selon lui, Evenepoel a eu bien du mal à trancher entre les différents Fantastiques du peloton. "C'est une question difficile. En terme de quantité, c'est clairement Tadej Pogacar. Mais si on regarde en terme de qualité, je dirais Mathieu van der Poel. Son palmarès cette saison est phénoménal. Primoz a aussi gagné toutes les courses dont il a pris le départ, Vingegaard a fait le doublé Dauphiné-Tour... Ils sont tous impressionnants à leur manière, mais Mathieu est le numéro 1 cette année... après moi bien sûr !", a-t-il rigolé en guise de conclusion.