Tour de La Provence - Thomas Voeckler : «J’ai encore de beaux challenges...»

Par Leo LABICA le 15/01/2025 à 19:35. Mis à jour le 16/01/2025 à 15:00.
Tour de La Provence - Thomas Voeckler : «J’ai encore de beaux challenges...»
Tour de La Provence
Photo : @CICTourdelaProvence

La 9ème édition du CIC Tour de la Provence a été dévoilée mardi 14 janvier lors d'une conférence de presse. Absente du circuit UCI en 2023 suite à des problèmes financiers, la course a fait un retour convaincant la saison passée et sera de nouveau présente dans le calendrier français du début de saison. Le nouveau format, le tracé des trois étapes, l'inscription des coureurs... Thomas Voeckler, porte-parole du CIC Tour de La Provence interviewé par Le Méridional en marge de la présentation du CIC Tour de la Provence, est revenu en détail sur une 9ème édition qui "a de la gueule."

Vidéo - La présentation de la 9e édition du Tour de la Provence 2025


"Je préfère trois jours qualitatifs plutot que quatre jours au rabais"

Pour l'édition 2025, le prologue a été abandonné pour se concentrer sur trois jours de course en ligne du 14 au 16 février. "Il a fallu s’adapter aux contraintes économiques" a expliqué Thomas Voeckler, interviewé par Le Méridional en marge de la présentation du CIC Tour de la Provence. "Mais je préfère de loin trois jours qualitatifs, intenses, plutôt que quatre jours au rabais. On a évidemment l’espoir de repasser sur quatre jours à l’avenir." Le parcours, tracé entre Marseille et Arles, semble être promis aux sprinteurs à l'aise dans les bosses. Connu pour son punch, l'ancien coureur de Bouygues Telecom se serait bien vu briller sur le parcours de cette 9ème édition. "Les deux premières étapes auraient pu me plaire, quand j’étais coureur" a lâché le sélectionneur de l'équipe de France de cyclisme. "Il ne faut pas s’y tromper : lors du départ de la 1re étape, avec la Gineste d’entrée puis l’Espigoulier, qui des sprinteurs ou des puncheurs va pouvoir tirer profit de ce parcours ? Le lendemain, vers Manosque, il n’y aura pas un mètre de plat, ça monte, ça descend. Et le dernier jour, le vent peut s’en mêler et faire des différences."

 

"Des profils différents et de l'incertitude" 

En 2024 lors de son grand retour sur le calendrier UCI, le Tour de la Provence avait vu Mads Pedersen s'imposer sur le prologue, les deux premières étapes et au général. Si le Danois devrait bien être en lice à sa propre succession, sa domination devrait être moins évidente en 2025. "Ce CIC Tour de La Provence a de la gueule, avec des profils différents, des belles distances et puis de l’incertitude, sans doute plus de suspense qu’en 2024, où on avait un coureur, Mads Pedersen, qui avait archi-dominé" a rappelé Thomas Voeckler lors de la présentation de la course provençale. "On sortira de l’hiver, on sera dans le premier mois de compétition, les coureurs sont déjà ultra près, le public est en manque de vélo. On aura trois journées super denses."

 

Si le CIC Tour de Provence (2.1) est une compétition qui rapporte finalement peu de point au classement UCI (3ème échellon derrière le circuit WorldTour et .Pro), c'est une épreuve où les formations peuvent donner un premier élan à leur saison. Elle "sert à donner une bonne dynamique aux équipes" a expliqué Thomas Voeckler. "Quand vous gagnez une étape de La Provence, vous mettez votre groupe et un leader en confiance, vous faites tourner un collectif et vous ouvrez le compteur de victoires. Donc c’est hyper important. Ce sont toujours les équipes, les coureurs qui font la course. En 2024, on avait eu une météo un peu pourrie mais ça n’avait rien enlevé au spectacle sportif. Ce qui est sûr, aujourd’hui, c’est que je suis incapable de vous dire quel profil de coureur va s’imposer et c’est tant mieux."

 

L'interview complète de Thomas Voeckler à retrouver sur le site Le Méridional

Voir un tel parcours, ça ne vous donne pas envie de remonter sur le vélo ?

Les deux premières étapes auraient pu me plaire, quand j’étais coureur. La compétition me manque bien sûr, je le dis souvent. Mais aujourd’hui, je suis de l’autre côté de la barrière. Ce CIC Tour de La Provence a de la gueule, avec des profils différents, des belles distances et puis de l’incertitude, sans doute plus de suspense qu’en 2024, où on avait un coureur, Mads Pedersen – qui reviendra cette année d’ailleurs – qui avait archi-dominé. Pour cette édition, on passe de quatre à trois jours, il a fallu s’adapter aux contraintes économiques, mais je préfère de loin trois jours qualitatifs, intenses, plutôt que quatre jours au rabais. On a évidemment l’espoir de repasser sur quatre jours à l’avenir.

 

À quoi doit-on s’attendre pour cette 9e édition ?

On sortira de l’hiver, on sera dans le premier mois de compétition, les coureurs sont déjà ultra près, le public est en manque de vélo. On aura trois journées super denses.

 

Il n’y a pas de haute montagne, mais la physionomie des étapes semble plutôt correspondre à un profil de puncheurs-sprinteurs, comme l’an passé ?

Il ne faut pas s’y tromper : lors du départ de la 1re étape, avec la Gineste d’entrée puis l’Espigoulier, qui des sprinteurs ou des puncheurs va pouvoir tirer profit de ce parcours ? Le lendemain, vers Manosque, il n’y aura pas un mètre de plat, ça monte, ça descend. Et le dernier jour, le vent peut s’en mêler et faire des différences. Ce sont toujours les équipes, les coureurs qui font la course. En 2024, on avait eu une météo un peu pourrie mais ça n’avait rien enlevé au spectacle sportif. Ce qui est sûr, aujourd’hui, c’est que je suis incapable de vous dire quel profil de coureur va s’imposer et c’est tant mieux.

 

Vous le disiez, désormais les coureurs sont prêts dès le début de saison. Malgré tout, des tops coureurs comme Mads Pedersen viennent ici dans l’optique de préparer les classiques de printemps. Le Tour de La Provence, comme l’Étoile de Bessèges, permet-il de préparer Paris-Roubaix ?

Il y a une dizaine d’années, c’était encore possible d’arriver sur les courses du début d’année, telles que le GP La Marseillaise ou le Tour Med’, pour faire de l’intensité. Si on ne gagnait pas, ce n’était pas grave, on se disait qu’il y aurait d’autres occasions.
Désormais, le CIC Tour de La Provence, c’est un objectif pour les coureurs qui viennent. Et c’est vrai, en même temps, que ça sert de préparation. Il y a de l’enjeu. Il faut aller chercher des victoires, surtout en cette année où se jouent les licences World pour les trois prochaines saisons.

 

L’ensemble des licences UCI World Tour hommes et femmes sera réattribué pour la période 2026-2028, avec un système de montées et de descentes, avec une élite à 18 équipes. La bataille se joue aussi là cette année ?

Si des équipes veulent rester au premier niveau mondial, il ne faudra pas attendre la fin d’année pour se bouger. C’est un peu comme dans un championnat de foot : quand il manque trois points pour le maintien, c’est dur d’aller les chercher dans les trois dernières journées. Donc dès le début d’année, les équipes vont arriver avec les crocs. Ça va être une bagarre.

 

Cette course aux points UCI, avec la crainte de descendre en ProTeam, sera un vrai enjeu ? Des équipes vont-elles adapter leur tactique et leur calendrier de compétitions pour maximiser le gain de points ?

Bien sûr, ça change la façon de courir. Peut-être pas en février. Par contre, ça change la manière d’aborder une saison. Pour le grand public, c’est peut-être un petit peu difficile à cerner, mais clairement, ce système influence le déroulement des courses. On voit des équipes décliner des invitations ; on l’a vu récemment pour le prochain Paris-Nice (Israël-Premier Tech et Lotto).

De notre côté, le Tour de la Provence sert surtout à donner une bonne dynamique aux équipes. Non pas que ça soit une épreuve dévalorisée, mais on n’est pas dans une classification qui apporte énormément de points (classe 1, soit le 3e échelon). Par contre, quand vous gagnez une étape de La Provence, vous mettez votre groupe et un leader en confiance, vous faites tourner un collectif et vous ouvrez le compteur de victoires. Donc c’est hyper important.

 

Un mot sur votre rôle de sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme. Vous avez prolongé d’une année…

(Il coupe) Non je n’ai rien prolongé. Mon contrat court toujours, rien n’a été modifié, il n’y a pas eu de prolongation. Simplement, on m’a demandé si j’avais été sollicité par des équipes de marque, j’ai répondu ‘Oui’. Est-ce que ça m’avait fait réfléchir ? Oui, aussi. Et finalement, j’ai décidé de rester dans mes fonctions actuelles de sélectionneur et de consultant (pour France Télévisions). Mais non, mon contrat n’a pas été modifié. Je garde pour moi les termes d’échéance de celui-ci.

 

Après les nombreuses médailles que vous avez obtenu à ce poste, notamment l’argent (Madouas) et le bronze (Laporte) aux JO, auriez-vous pu être tenter de raccrocher ?

J’aurais pu être ramené à faire autre chose, j’ai pesé le pour et le contre. J’ai encore des beaux challenges à relever avec l’équipe de France.

 

Vous avez le sentiment de ne pas avoir faire le tour de la question ?

Je crois que s’il n’y avait pas de tels talents en devenir en France… Il faut reconnaître qu’on a passé une période un peu creuse au niveau des tout jeunes. Et pour autant, les mecs qui deviennent un peu anciens ont tenu la baraque jusque-là. Alors, bien sûr, on n’a pas chez nous un phénomène comme Evenepoel, Pogacar, Vingegaard, Van Aert ou Van der Poel. Mais on a quand même fait 2e et 3e des JO ! Aujourd’hui, en tant que sélectionneur, ça me fait envie de voir ces jeunes mecs qui arrivent (Lenny Martinez, Paul Lapeira…) avec les parcours qui sont présentés lors des prochaines courses internationales. C’est un privilège d’être à la tête de l’équipe de France, ce n’est pas une fonction anodine, ni un métier. Moi je suis un privilégié, je suis très fier de ça. Après, quand on arrête, on ne peut plus revenir en arrière. Donc je veux encore en profiter, parce que j’ai l’envie.

 

Vous connaissez le Gabon pour avoir couru la Tropicale Amissa Bongo. Mais connaissez-vous le Rwanda ? C’est le premier pays africain de l’histoire qui accueillera les Mondiaux, en septembre prochain.

Oui, j’y suis même déjà allé ! En 2022, je suis allé assister au Tour du Rwanda (invité par la Fédération nationale de cyclisme) et sans trahir de secret, j’avais alors pu effectuer le circuit du championnat du monde. Je connais les facteurs de chaleur, d’humidité, de dénivelé. Franchement, ce Mondial, ça va être une boucherie, super dur. Avec une telle ferveur populaire, je ne sais même pas si on peut l’atteindre sur le Tour de France, c’est dire ! Il faut s’attendre à vivre un truc de fou au Rwanda.

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