INTERVIEW - Cédric Vasseur : «Cofidis est fière d'être française, mais...»
Après une saison 2024 très compliquée, Cofidis doit assurer sa place dans l'élite du cyclisme mondial cette année. En marge de la préparation de la formation nordiste, Cédric Vasseur, qui entame sa huitième saison en tant que manager de Cofidis, a répondu aux questions de Cyclism'Actu. Mercato, classement UCI, cyclisme français, ambitions... Cédric Vasseur est revenu sur de nombreux sujets dans un long entretien, à lire ou à regarder ci-dessous !
Vidéo - Cédric Vasseur fait le point sur Cyclism'Actu avant 2025 !
"Il y a eu une remise en question de la part de l'équipe cet hiver"
En octobre dernier vous tiriez un bilan négatif de la saison 2024, est-ce que ça a changé trois mois plus tard ?
Je crois qu'il y a eu une remise en question de la part de l'équipe cet hiver, on a analysé tranquillement ce qui s'est passé, on a apporté pas mal de modifications, c'est une équipe Cofidis nouvelle version en 2025 et maintenant on n'est plus qu'à quelques jours du début de saison. Les juges de paix sont toujours les compétitions, les résultats des coureurs pour voir la qualité de l'effectif, la qualité du travail qui a été effectué donc je suis encore plus optimiste que lors de notre dernier entretien parce que j'ai échangé notamment ce matin avec quelques coureurs qui ont le moral, qui ont juste hâte que la saison débute pour pouvoir justement mettre un dossard et faire briller ce maillot Cofidis.
Vous avez recruté trois leaders (Buchmann, Aranburu, Teuns), comment se passent leur adapatation ?
L'intégration s'est parfaitement réalisée, on les avait forcément un peu timides au stage administratif en octobre, ils ont pris tout doucement leur marque sur le stage de décembre et puis là ils font partie intégrante de l'équipe. Ils ont pris leur marque, ils sont chez eux à la maison, je pense que ça apporte un vrai vent de nouveautés, ça insuffle vraiment une nouvelle dynamique dans l'équipe. Ce sont des coureurs qui n'hésitent pas maintenant à prendre la parole, à prendre des décisions, c'est ce qu'on attend d'eux dans les compétitions donc je crois que toute cette phase de préparation est maintenant derrière nous et il n'y a plus qu'à s'exprimer sur le terrain. C'est un peu comme dans les examens, vous prenez du temps à préparer les choses, à réviser etc. et puis vous arrivez le jour J, et il faut mettre tout votre savoir sur la table pour essayer d'avoir la meilleure note possible et c'est ce que sont en train de faire nos coureurs actuellement.
"On revendique notre fierté d'être une équipe française, mais..."
En étant étranger dans une équipe française, ce n'est pas plus compliqué ? Decathlon AG2R a changé sa "langue officielle" pour passer à l'Anglais, Groupama reste au Français, quel est votre avis ?
Nous, on revendique notre fierté d'être une équipe française, ça c'est une certitude, mais on est déjà depuis longtemps passé à l'international. C'est aussi à l'image de Cofidis Group qui a neuf filiales dans le monde, donc au sein de l'équipe Cofidis on a eu l'habitude d'avoir des Italiens, des Espagnols, des Allemands, des coureurs de toutes les nationalités et tant chez les garçons que chez les filles, donc on s'exprime beaucoup en anglais, on essaie de faire un mixe en fait. On ne veut pas imposer une langue d'emblée, ce qu'on aime c'est parler anglais le matin, on fait quelques briefings en français, on parle parfois espagnol, on parle italien. Je pense qu'il y a vraiment une pluralité au sein de cette équipe et c'est ce qui me plaît. Je pense qu'aujourd'hui c'est l'image que je cherche à dégager de cette équipe Cofidis, c'est tout simplement une équipe internationale et avec notre siège social en France, on a cette culture française et on veut faire briller la France au travers de talents du monde entier.
"Les propos d'Alexis Gougeard ? Une grande déception, j'ai été le seul manager à lui tendre la main..."
Parlons maintenant des départs, et notamment d'Alexis Gougeard qui a donné une interview assez cinglante à L'Equipe, avez-vous une réponse ?
Non, je n'ai pas grand chose à apporter, j'ai tout simplement une grande déception d'avoir lu ses propos parce que j'ai été le seul manager à lui tendre la main, il faut quand même bien rappeler qu'Alexis Gougeard était chez les amateurs, aucune équipe n'en voulait chez les professionnels. J'ai été le seul manager à lui tendre la main, Cofidis a été la seule équipe à lui donner une deuxième chance, on a donné le meilleur de nous-mêmes chacun, je parle des mécaniciens, des assistants, des directeurs sportifs, chacun a essayé de l'aider.
On lui a proposé notre aide à plusieurs reprises pendant l'année, on a essayé de le relancer sur un stage en altitude au mois de juillet parce qu'il ne faisait pas partie du Tour de France et ça n'a pas pris. Moi je pense tout simplement que c'est un sport qui est très exigeant et qu'Alexis, peut-être comme certains coureurs, n'ont plus les capacités de faire les sacrifices nécessaires pour être au niveau. Je ne cherche pas à rentrer dans une polémique, j'ai tendu la main à un coureur, aujourd'hui il dit qu'on n'a pas été à la hauteur pour le relancer. Ce qui est surprenant, c'est qu'aucune autre équipe ne l'ait sollicité pour qu'il puisse continuer sa carrière.
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Il y a eu pas mal de changements dans votre équipe, au sein du staff de la performance, pouvez-vous nous en dire plus ?
Comme je vous l'ai dit, je pense que vous êtes bien placé pour le savoir, on a quand même été beaucoup critiqués en 2024 pour nos résultats sportifs, donc à partir de là mon boulot de manager c'est d'essayer d'analyser la situation, d'essayer de voir ce qui ne fonctionne pas et ce qui ne fonctionnait quand même pas beaucoup c'était la préparation des coureurs. Parce quequand on arrivait sur les courses on n'avait pas vraiment de coureurs capables de rivaliser avec les adversaires. On a travaillé sur la nécessité de donner aux coureurs de nouvelles méthodes de travail, donc on a contacté différentes personnes et j'ai tout de suite très accroché avec Mattia Michelusi.
J'ai senti dans son discours celui d'un directeur de la performance passionné, qui aime profondément les coureurs, qui a une forte expérience et d'ailleurs si vous parlez aujourd'hui à tous les coureurs de l'équipe de cette effectif 2025, ils sont contents de ces nouvelles méthodes de travail. Je pense qu'il fallait de toute façon tirer un trait sur ce qui s'était passé, que je ne renie pas, ça fait partie de l'histoire de Cofidis, mais à un moment donné le boulot d'un manager c'est d'apporter des changements quand ça ne fonctionne pas.
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"Il ne faut pas tomber dans le piège, ce n'est pas l'encadrement qui va tout de suite vous transformer en Pogacar"
On parle souvent d'un cyclisme "à deux vitesses", avec des équipes ayant de bien plus gros budgets que d'autres. Au-delà du recrutement, en quoi cela joue sur la performance ?
Je pense que c'est la même chose dans tous les sports. Si on compare par exemple le football, les clubs de foot français peuvent pas rivaliser forcément avec les clubs de foot anglais ou d'autres ligues. Quand on parle foot en France, on parle plus championnat et donc on a des équipes qui sont plus ou moins dans les mêmes dans les mêmes situations, excepté peut-être le PSG qui est vraiment hors catégorie. Dans le cyclisme, on mêle toutes les équipes, c'est comme si on est toujours en Champions League dans le cyclisme, et donc je pense que les équipes qui ont la chance d'avoir un budget qui dépasse les 50 millions, tant mieux pour elles, je veux dire c'est une bonne nouvelle.
Maintenant il faut pas forcément avoir dix nutritionnistes pour qu'un coureur puisse atteindre un très bon niveau de performance. Il ne faut pas tomber dans le piège, ce n'est pas l'encadrement qui va tout de suite vous transformer en Pogacar. Vous devez tout doucement faire votre apprentissage, montrer des prédispositions à la performance. Quand vous êtes nép-pro, vous montrez tout simplement que vous êtes capable d'accompagner les meilleurs le plus longtemps possible. Vous prenez des leçons de temps en temps et vous montrez un certain tempérament, et c'est grâce à ce cheminement là que vous attirez des partenaires plus performants, des membres du staff plus performants, et c'est comme ça que vous grandissez.
Je pense qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, c'est ce que je dis toujours. Je crois qu'on a toujours ce qu'on mérite d'avoir. Si on veut avoir mieux, à nous de montrer qu'on est capable d'avoir des résultats plus importants. Et là oui, l'équipe est prête à faire des concessions, on l'a déjà fait cette année, pour mettre à disposition des coureurs de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux outils de travail aussi. On va travailler sur des plateformes digitales de nutrition, des plateformes digitales d'évaluation de l'état physique de chaque coureur, donc on apporte déjà beaucoup aux coureurs, et je suis persuadé qu'on va franchir un cap.
Quelles sont vos ambitions pour 2025 ?
Les ambitions c'est de retrouver la confiance, de retrouver la sérénité, de retrouver le devant de la course. Évidemment je souhaite le plus de victoires, j'aimerais bien gagner sur le Giro, sur le Tour, sur la Vuelta. Je voudrais voir ce beau maillot Cofidis lever les bras le plus souvent possible. J'espère enfin un maillot bleu-blanc-rouge chez les garçons, être protagoniste dans les classiques avec Dylan Teuns et essayer pourquoi pas d'avoir un podium sur un monument. On sait qu'Alex Aranburu est un coureur aussi capable de jouer les premiers rangs ur Milan-San Remo. On a des jeunes talents qui peuvent commencer à espérer voir la victoire sur des Coupes de France parce qu'il y a aussi les Coupes de France qui nous intéressent vraiment beaucoup.
Voilà ce que je souhaite, je ne veux pas non plus mettre trop de pression sur les coureurs parce que vous savez quand vous dites on veut gagner absolument ça, si et ça, ça met aussi une pression qui est négative et vous le savez bien, aujourd'hui les coureurs ont besoin de travailler dans la confiance, dans la sérénité. J'attends beaucoup du Tour Down Under pour voir un peu comment les choses vont prendre, parce que ça donne la température. Vous savez la première course de l'année, on a un Bryan Coquard qui est déjà en bonne condition, Alexis Renard qui est vraiment à un niveau supérieur de l'année dernière, un Ion Izagirre et un Jesus Herrada qui vont pouvoir aussi se mêler à quelques batailles en Australie. Je pense que le ton va être donné très rapidement en Australie et on va essayer de maintenir le niveau le plus haut possible tout au long de l'année.
"Le Tour de France 2025 ? J'espère une victoire d'étape, et peut-être porter le maillot Jaune..."
Le Tour de France qui débute à Lille, on se doute que c'est votre plus grand objectif...
Oui, vous savez le Tour de France va partir de Lille, c'est la première fois que Cofidis, qui existe depuis 1997, va s'élancer dans un Tour de France qui part de chez nous, parce que la dernière fois c'était en 1994. J'étais spectateur à l'époque, je me souviens de ce Tour de France qui s'était lancé par un contre la montre remporté par Chris Borman de l'équipe Gan, à laquelle j'appartenais cette année là, puisque j'avais signé dans l'équipe Gan en 1995, et je ne sais pas, je pense que ce que j'attends, c'est un beau Tour de France où on fait honneur aux couleurs Cofidis et peut-être un maillot jaune. On a gagné deux étapes il y a deux ans, l'année dernière ça a moins bien marché. J'aimerais bien qu'on puisse aller chercher une victoire d'étape et qu'on ait la chance d'avoir un coureur de l'équipe Cofidis qui porte le jaune, vous l'avez vu sur le maillot 2025, on a une petite allusion à cette couleur jaune. J'ai moi-même porté le maillot pendant cinq jours et j'aimerais bien être le manager d'un coureur qui porte le maillot jaune.
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"Le classement UCI ? On ne se préoccupe pas du tout de la relégation, je n'ai pas envie d'être un comptable"
2025, c'est la fin du cycle de trois ans au niveau du classement UCI pour les promotions et relégations, vous êtes actuellement 18e donc le dernier non relégable, vous avez 2000 points d'avance sur Arkéa. Comment vous vous situez par rapport à ça ?
Notre objectif c'est d'aller chercher la 10-12e place donc on ne se préoccupe pas du tout de la relégation, du maintien. Vraiment le recrutement a été fait pour que Cofidis aille sécuriser une 10-12e place donc notre objectif à nous, ça va être d'engranger des résultats pour pouvoir justement approcher le plus possible cette 10e place. On ne va pas se préoccuper de celui qui est 17e, 18e, 19e, 16e, c'est pas vraiment dans notre philosophie, en tout cas je n'ai pas envie d'être un comptable. Quand on devient manager comptable, on fait tout à l'envers, l'objectif c'est d'essayer de mettre les coureurs dans les meilleurs dispositions pour qu'ils fassent des résultats sur les courses et les résultats donnent des points et on n'a pas besoin de compter ces points si on accumule les résultats.
Moi, ce que je souhaite vraiment et ce que j'ai demandé à tous les coureurs, c'est d'accumuler les bons résultats, d'accumuler les podiums, d'accumuler les top 5 sur toutes les courses. Et quand vous faites ce type de résultats tout au long de l'année, je peux vous assurer que vous ne regardez pas du tout les points. Là où vous vous retrouvez dans une situation difficile avec les points, c'est quand il n'y a pas de résultats. C'est à dire quand vous faites des compétitions et que dans le top 10, top 15, top 20 il n'y a pas un coureur de votre équipe, là, oui, les points ça devient une vraie préoccupation et c'était un peu notre problème en 2024. Donc avec des coureurs comme Aranburu, Simon Carr, Buchmann, Dylan Teuns, Aniolkowski, Fretin... Ce sont des coureurs qui peuvent vraiment aller faire des super résultats dans toutes les courses et je suis sûr que ces coureurs là vont nous donner la sécurité de ne pas compter les points chaque semaine.
"Le paysage du cyclisme dans 10 ans ne sera plus du tout le même. On va devoir repenser notre approche et notre système, il n'y a pas de place pour tout le monde..."
Quelle est votre vision des choses sur l'état et le niveau actuel du cyclisme français ? On a entendu beaucoup de choses à l'intersaison et de nombreux acteurs se sont montrés très inquiets...
Vous savez, je pense qu'on a aussi eu la chance d'avoir des stars comme Bernard Hinault, à une époque où toutes les autres nations devaient envier la France. On est aujourd'hui dans une mondialisation du cyclisme, et il faut accepter que de temps en temps, sur une période, LE champion est Danois, Slovène, Espagnol, etc... Aujourd'hui, il y a un bon cyclisme français honnêtement. On a de très cons coureurs chez les jeunes. Ce qui est peut-être un peu plus difficile, c'est leur adaptation au plus haut niveau. Alors oui, on va avoir Romain Bardet qui va prendre sa retraite, un an après celle de Thibaut Pinot, on est sur une phase de transition. Mais on a des coureurs talentueux comme Lenny Martinez, David Gaudu qui a déjà fait des choses exceptionnelles, nous on a Benjamin Thomas qui est au top...
Evidemment, pour gagner le Tour de France, c'est trop léger aujourd'hui parce que Tadej Pogacar a une telle longueur d'avance qu'on ne peut pas le rattraper au moment où on se parle. Mais rien ne dit que Pogacar ou Vingegaard vont garder ce niveau encore longtemps. Regardez Chris Froome. Je me souviens quand je commentais ses victoires sur le Tour de France à la télévision, il écrasait tout et on se disait qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Aujourd'hui, il a du mal à terminer une course dans les 50 premiers. Donc voilà, le cyclisme est tellement exigeant actuellement que c'est dur de rester au top longtemps. J'espère avoir l'heureuse surprise de voir des Français décomplexés et enchaîner des victoires. On en a eu de belles l'an passé, notamment avec la saison exceptionnelle de Decathlon AG2R La Mondiale, que je tiens à féliciter. Ils ont donné de l'espoir à toutes les équipes françaises après leur métamorphose en seulement une intersaison. S'ils ont su le faire, n'importe qui en travaillant dur peut y arriver, mais ça ne se fait pas en claquant des doigts.
Donc le cyclisme français se porte bien, on est la nation qui a le plus de compétitions, même si certaines sont un peu en difficulté financière, mais c'est à l'image de l'économie mondiale. Et le cyclisme amateur doit trouver sa place dans cette nouvelle donne, car le schéma qu'on connaissait par le passé, c'est-à-dire juniors, amateurs, professionnels, il est en train d'être complètement bouleversé. Le paysage du cyclisme dans 10 ans ne sera plus du tout le même. On va devoir repenser notre approche et notre système, c'est aussi le travail des instances nationales et internationales pour assurer la pérennité de notre sport. Il ne faut pas se leurrer, on est aussi en concurrence avec les autres sports, il n'y a pas de place pour tout le monde. C'est comme dans le peloton avant la Trouée d'Arenberg ! Il faut jouer des coudes et se trouver un chemin.
"Pogacar ? Le cyclisme doit redevenir un peu plus humain, avec des défaillances"
Si on sort un peu de votre rôle de manager de Cofidis, qu'est-ce que vous attendez de cette saison 2025 en tant que pur suiveur du cyclisme ?
J'attends une saison sur laquelle on a un peu plus de rivalité et de matchs... C'est vrai que de voir un coureur écraser outrageusement une course et quasiment tuer le suspense à 80 kms de l'arrivée, c'est désespérant et mauvais pour les audiences... J'aimerais bien qu'on ait des rebondissements. Le cyclisme doit redevenir un peu plus humain. On doit voir des échappées formidables, on doit voir des défaillances... J'en ai vécues personnellement, ce n'est pas agréable mais ça fait partie du cyclisme. Donc j'espère des surprises, des rebondissements, et peut-être un vainqueur surprise du Tour de France. Aujourd'hui, on se dit tous que Pogacar va gagner le Tour, c'est une évidence. Mais si quelqu'un d'autre peut venir le titiller... Il faut surprendre les gens pour qu'ils puissent encore s'intéresser au cyclisme.
Sur l'hégémonie de Pogacar justement, il y a un peu deux écoles, ceux qui trouvent formidable de voir de telles envolées et la légende s'écrire sous leurs yeux, et ceux qui trouvent ça ennuyant de connaître le résultat 2 heures avant l'arrivée... Qu'en pensez-vous ?
On ne peut de toute façon jamais satisfaire tout le monde. Il y a toujours une partie des gens qui va aimer ça, et l'autre qui ne va pas adorer. Quoi qu'il arrive, il y aura toujours des critiques, et avec les réseaux sociaux on est bien servi, car chacun donne son avis comme s'il avait la connaissance et l'expérience sur la situation. Moi, je pense que Pogacar est aussi une chance pour le cyclisme. C'est quelqu'un qui dégage une force phénoménale. Mais il ne faudrait pas non plus qu'il écrase le cyclisme pendant 5 ans, car c'est vrai qu'on s'ennuierait un peu. Encore une fois, il a fait une saison 2024 exceptionnelle, il est au sommet de son art, mais je reste persuadé qu'on va voir un Pogacar moins à son avantage en 2025, car ses rivaux vont s'adapter et esayer de le piéger. Cela annonce une saison palpitante et plus incertaine, rien n'est écrit à l'avance dans le cyclisme. C'est rock and roll, ça va dans tous les sens et de plus en plus vite. Souhaitons qu'on ait de belles batailles sur les routes.
"Quand on voit l'état d'esprit des coureurs qui nous ont quittés, on comprend mieux aujourd'hui 2024..."
Pour conclure cette interview, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour cette saison 2025, que ce soir d'un point de vue personnel ou autre ?
Après cette année 2024 compliquée... Quand on voit l'état d'esprit des coureurs qui nous ont quittés, on comprend mieux aujourd'hui pourquoi les choses n'ont peut-être pas marché en 2024... Ce qu'on peut souhaiter, c'est qu'on ait un effectif qui prenne du plaisir à travailler et vivre ensemble, qui ait l'honnêteté de dire les choses quand ils ont le maillot Cofidis sur les épaules et ne pas critiquer l'équipe derrière. Car chez Cofidis, on rêve de voir nos coureurs gagner, on ne vit que pour ça, c'est notre passion sinon on ne ferait plus ce métier-là. On est malheureux quand on voit des coureurs en difficulté et souffrir, on essaie de trouver des solutions.
Mais il y a une chose qui est vraie, c'est que nous - et je m'inclus ainsi que tout le staff dans ce "nous" - on ne peut pas faire les sacrifices et le travail nécessaires pour aller gagner une course. A un moment donné, les 5 à 6h de vélo qu'il faut faire aujourd'hui, je ne peux pas les faire à la place d'un autre coureur. Là, on les a vu partir à l'entraînement, il y a une vraie motivation. Et je vois sur les visages des coureurs qu'il y a ce petit rayon de soleil, et l'envie de montrer que Cofidis est une équipe qui n'a pas encore atteint le maximum de ses possibilités. Mon voeu le plus cher, c'est de voir Cofidis faire la meilleure saison depuis sa création, tout simplement. Et si 2025 était la plus belle saison de toute l'histoire de Cofidis ?