Tour de France - Tony Martin sort des pavés en vainqueur
Par Alexis ROSE le 07/07/2015 à 17:36
Après 3 journées pleines de rebondissements sur les routes du Tour de France, d'Utrecht au Mur de Huy, en passant par la Zélande, le peloton n'avait pas encore tout vu ! Il n'avait, d'ailleurs, peut-être pas vu le pire, malgré la chaotique chute de mardi qui avait stoppé, pour un fait presque historique, la course en plein coeur de la Belgique. En effet, le parcours de la Grande Boucle proposait, pour son retour sur le sol français, une très grande 4e étape : grande par sa taille, 223,5 kilomètres, ce qui la classait comme la plus longue de ce Tour 2015, et grande par ses particularités nordistes, avec ses pavés. Entre Seraing et Cambrai, les coureurs allaient donc vibrer, dans le bon ou dans le mauvais sens. Cette journée était redoutée par tous, encore plus après trois jours de folie, à cause des 13,3 kilomètres de secteurs pavés inscrits au menu du jour. Quand on se souvient de l'étape des pavés de l'an passé, l'attente des spectateurs et des coureurs ne pouvait qu'être gargantuesque !
Un quatuor s'approche de la France, un essai de bordure avant les pavés
Après un court départ fictif de 2,7 kilomètres, les 191 coureurs (sans la présence de l'ancien maillot jaune Fabian Cancellara) sont lâchés à 12h06, pour une très longue journée de vélo. Dès le premier kilomètre, 4 coureurs s'échappent à l'avant de la course. Le Belge Thomas De Gendt (Lotto Soudal), à domicile, lance les hostilités ! Il est suivi par Lieuwe Westra (Astana) et 2 Français : Perrig Quemeneur (Europcar) et Frédéric Brun (Bretagne-Séché Environnement). Cannondale-Garmin gère l'allure, à l'arrière, mais le peloton laisse filer l'échappée de 4.
À 200 kilomètres de la ligne, le quatuor compte 6' sur l'ardoise. Après une heure sur la selle, et 40,9 kilomètres parcourus, le peloton, mené par le Team Sky et la Giant Alpecin, se retrouve désormais à 9'.
La seule côte référencée de la journée, la très célèbre Citadelle de Namur, est, par la suite, escaladée à allure modérée. De Gendt passe en tête. Alors que la pluie fait une timide apparition sur le final de l'étape, le paquet reprend un peu de temps aux échappés : 5'25", à 143 bornes de la fin.
La course prend un peu plus de vitesse, à l'approche du premier secteur pavés, placé au kilomètre 103,5. L'écart fond sous l'impulsion des différents trains des leaders : Astana, Sky , Movistar et Tinkoff-Saxo se montrent à l'avant, avec l'envie d'en découdre, enfin. L'équipe britannique tente même un petit coup de bordure à 125 kilomètres du but : ça casse un peu par l'arrière. Le gros du peloton reste groupé, mais étiré.
Les pavés lancent la course, une accalmie avant la guerre
L'échappée rentre sur le premier secteur de Pont-à-Celles avec 1'10" d'avance. Ce sont les équipes Etixx-Quick Step, Tinkoff-Saxo et Astana, avec Nibali dans les premières positions, qui rentrent en tête sur les premiers pavés du Tour. Ce secteur se passe sans encombres, et les 4 fuyards ressortent avec 54" d'avance. À la sortie de ce secteur d'ouverture, le peloton ralentit. Les principaux leaders, comme Contador, Quintana, Nibali ou Pinot, s'arrêtent pour changer de vélo et enfourcher la machine de Paris-Roubaix. Ces arrêts sont aussi accompagnés d'une "pause pipi" générale. Ce moment de calme permet à l'échappée de reprendre un peu de temps : 2'37", à 111 kilomètres de l'arrivée. En rentrant dans les 100 dernières bornes, à l'entrée de Binche, l'écart entre les 2 groupes tourne toujours autour des 3', alors que Westra a changé de vélo et repris sa place, en tête.
Alors qu'Uran est victime d'un ennui mécanique, la Giant-Alpecin prend les reines du peloton, et l'avance de l'échappée descend à 2'30", à l'approche du sprint intermédiaire, placé au bord de la frontière franco-belge. Les équipes des sprinteurs préparent le terrain. Devant, De Gendt fait le sprint et passe 1er. Derrière, ce sont les Lotto Soudal et les Giant qui lancent l'emballage, mais c'est Coquard qui part le premier : il est seulement doublé par Cavendish, Greipel termine 3e devant Sagan et Degenkolb. À cause de ce sprint, l'écart chute un peu, mais remonte, rapidement, autour des 2'30", et ce pendant une trentaine de kilomètres, qui propose une accalmie.
Une pluie fait monter la nervosité, les pavés font (un peu) de mal
Le peloton redevient nerveux aux 60 kilomètres. Les formations Katusha, Tinkoff-Saxo, Astana, BMC et Sky se mettent en ordre de bataille. Une légère pluie orageuse fait son apparition, alors que l'échappée se trouve désormais à moins de 2' du peloton, et ce à 53 bornes de la fin. Lors d'un virage sur la droite, alors que Froome semble tendu au milieu du paquet, on assiste à une chute. Dan Martin est au sol, et perd du temps précieux avant les choses sérieuses. Cette chute étire la meute, toujours menée par les mêmes équipes. Une 2e chute se déroule quelques mètres plus loin. Astana décide de faire monter la température, à 48 kilomètres du but. Nibali semble très serein, avant d'aborder le 2e secteur pavés.
Le peloton roule très vite, alors que les hommes de tête rentrent sur le pavé. Le peloton rentre à toute vitesse par l'intermédiaire du Champion du Monde en personne, Kwiatkowski. Et, ça pète de partout ! Le peloton, mené par Tony Martin, sort du secteur sur les talons de l'échappée. Le peloton est étiré : il y a beaucoup de lâchés, mais les favoris sont là.
À la sortie de ce secteur, c'est la Lotto NL qui roule pour la victoire d'étape. Le paquet n'est plus très nombreux. Dan Martin est loin, dans un second groupe. Le Team Sky fait le forcing en rentrant sur un nouveau secteur et rattrape l'échappée. Astana embraye directement, par la suite. Nibali décroche Froome, mais le Britannique revient quelques mètres plus loin, sur le haut de la chaussée défoncée. Contador est plus loin. Barguil est dans les toutes premières places à la sortie de ce nouveau secteur. Pinot est loin dans la file
Pierre Rolland est distancé, avant le secteur numéro 4. C'est la BMC qui rentre en tête ici et qui mène la troupe jusqu'à la fin de ce tracé cabossé. Kristoff est, lui, victime d'une crevaison et tente de revenir avec Kwiatkowski dans sa roue, mais en vain : la machine est lancée devant. Le 1er peloton file vers un autre secteur, avec 30" d'avance sur un second peloton.
Nibali essaye, Pinot perd très gros, Tony Martin prend l'étape et le jaune !
Alors que Froome passe proche de la chute, les Français Péraud et Pinot traînent en queue de peloton. Dès l'entrée du secteur suivant, c'est Nibali en personne qui force pour faire tourner la course à son avantage ! Degenkolb est dans sa roue. Froome, Contador et Quintana suivent, non sans mal. Juste avant la sortie de ces pavés, c'est l'impressionnant Warren Barguil qui accélère l'allure. La BMC reprend les commandes avant le numéro 2. Sep Vanmarcke tente alors de partir dans cet avant-dernier secteur, le plus difficile, mais le vent de face calme le Belge. Pinot fait le secteur en dernière position du peloton et crève en plein secteur, après un virage mal négocié... Le Français attend de longues minutes un dépannage, et perd son sang froid. Le leader de la FDJ ressort du secteur avec 2'15" de retard ! Le groupe Rolland, où se situe le maillot vert Greipel, est à 1'26", alors que Tony Martin crève. L'Allemand, 2e du général, revient, accompagné de ses équipiers.
Le peloton se dirige, ensuite, vers la dernière portion de pavés. Derrière, Pinot, avec l'aide de quelques coéquipiers, recolle au groupe de devant, alors distancé à 2'. Le peloton de devant est alors composé de nombreux sprinteurs, comme Sagan, Coquard ou Bouhanni. Astana et BMC rentrent dans le dernier secteur pavés avec l'envie de faire la différence. Nibali tente un dernier baroud d'honneur : le peloton s'étire, mais ne casse pas. Les spécialistes des pavés passent, ensuite, à l'action. Stybar fuit avec Van Avermaet. Froome revient sur eux avec l'aide de Thomas, Nibali est aussi au rendez-vous. Quintana, lui, est dans le dur, tout comme Contador, qui se retrouvent dans un second groupe. À la sortie des derniers pavés, la Sky fait le forcing, devant un tout petit peloton. La jonction entre le groupe Froome et l'autre peloton Contador-Quintana s'opère à 8 kilomètres de la fin. Le paquet grossit donc, alors que le peloton des distancés est déjà à 3'...
Le premier groupe, composé d'une trentaine de coureurs, se dirige donc tout droit vers un sprint massif ! C'est Thomas qui mène le train, devant son leader, Froome. Dans ce groupe, on retrouve la plupart des leaders : Contador, Froome, Valverde, Rodriguez, Barguil, Van Garderen, Bardet, Nibali...
Tony Martin, qui vise le maillot jaune, rentre dans Cambrai, aux 3 kilomètres, en attaquant ! 1 borne plus loin, il a fait le trou, mais les équipiers de Degenkolb roulent pour revenir sur ses trousses. L'Allemand poursuit sa chevauchée fantastique, et passe la flamme rouge avec quelques secondes de bénéfice. Il peut le faire, surtout que Stybar joue bien le coup, derrière, en ralentissant le peloton dans le dernier virage. L'Allemand Tony Martin résiste jusqu'à la fin et s'impose en solo, après un très beau numéro ! Degenkolb, Sagan, Van Avermaet et Boasson Hagen complètent le top 5 de cette étape. Thibaut Pinot arrive, lui, avec 3'23" de retard : le Français est le seul favori qui perd du temps...
Le vainqueur de l'étape rafle tout, puisque Martin prend le maillot jaune des épaules de Froome, grâce aux bonifications et après ce très bel effort solitaire : c'est le 4e leader en 4 jours. Maintenant, direction la Bretagne, en passant par le Nord de la France.