Tour de France - Rodriguez dompte Huy, Froome en jaune
Par Alexis ROSE le 06/07/2015 à 17:30
Après un beau contre-la-montre d'ouverture dans les rues d'Utrecht, remporté par Rohan Dennis, et une étape folle dans le vent et la pluie de Zélande, où André Greipel est sorti vainqueur, au coeur des Pays-Bas, le peloton du 102e Tour de France reprenait la route depuis la Belgique. En ce début de semaine juilletiste, les organisateurs de la Grande Boucle avaient décidé de faire un clin d'oeil à l'une des plus grandes classiques ardennaisses du calendrier mondial : la Flèche Wallonne. En effet, après un départ d'Anvers, les coureurs prenaient la direction du célèbre Mur de Huy, et son final ardennais, parcouru au cours du mois d'avril. 159,5 kilomètres étaient au programme du jour, et les premières véritables difficultés de ce Tour débutaient au kilomètre 105 de cette 3e étape. Le final, qui s'annonçait plus que nerveux, était réservé aux puncheurs, mais aussi aux grimpeurs, puisque cette arrivée se présentait comme la première explication au sommet. Certes, ce n'était pas un dénouement en col, mais ce terrible Mur, long d'1,3 kilomètre à 9,6 % de moyenne, devait déjà ordonner les principaux protagonistes au maillot jaune !
Un quatuor, lancé par un Français, en échappée
Le départ réel de l'étape est donné à 13h39 ! Le Français Bryan Nauleau lance les grandes offensives, et ce dès les premiers instants de la journée. Le coureur d'Europcar est suivi de Jan Barta (Bora - Argon 18), Martin Elmiger (IAM Cycling) et Serge Pauwels (MTN-Qhubeka). Ce quatuor part, et le peloton ne lutte pas bien longtemps !
Astana prend les commandes de la poursuite, alors que l'avance des fuyards passe assez vite au-dessus de la minute. Après une grosse trentaine de kilomètres, l'écart se stabilise autour de 3'30". Le premier maillot jaune, Rohan Dennis (BMC), est, par la suite, victime d'une petite chute, mais l'Australien repart avec son grand sourire. L'étape part alors dans un scénario classique pendant de nombreuses minutes...
Regroupement général avant les ascensions
La chasse est désormais menée par les formations Tinkoff-Saxo, Trek et Astana, alors que tout le monde passe la 1ère heure de course avec 45 kilomètres au compteur. Malgré un arrêt global pour satisfaire un besoin naturel, l'avance des échappés n'augmente pas ! À l'entrée dans les 100 derniers kilomètres, Tony Martin (Etixx-Quick Step) crève, tout comme Michele Scarponi (Astana). À 80 kilomètres de la ligne, l'écart passe sous les 3'.
Le peloton accélère, ensuite, l'allure un peu plus, et Adam Hansen (Lotto-Belisol) est en difficulté à l'arrière du peloton, à cause de sa blessure, due à sa chute de dimanche. À l'approche de la zone de ravitaillement, le peloton devient nerveux : de ce fait, il reprend une minute à l'échappée. Après ce passage, le peloton, mené par la Katusha et la Movistar, ne réduit pas la cadence, et l'écart fond comme neige au soleil : 35", à 68 kilomètres du but. Le peloton monte encore d'un cran et les équipes des favoris (BMC, Tinkoff-Saxo, FDJ, Movistar, AG2R...) roulent à toute allure ! L'échappée est reprise à 59 kilomètres de la ligne.
Une sévère chute amène à une neutralisation complète, Cancellara touché
Et ce qui se sentait, arriva : William Bonnet (FDJ) chute très lourdement et entraîne une bonne partie du peloton avec lui, juste au moment du regroupement général ! Il y a de nombreux coureurs à terre, environ une quarantaine, et beaucoup de dégâts : le maillot jaune, Cancellara, a goûté au bitume, tout comme Rui Costa (Lampre-Merida) et Tom Dumoulin (Giant Alpecin), qui abandonne d'ailleurs, avec Bonnet et Gerrans.
Cette grosse chute provoque une neutralisation de la course. Après une seconde chute et un énervement des coureurs de la Sky, les organisateurs décident même d'arrêter le peloton au pied de la 1ère côte du jour : la Côte de Bohissau, au kilomètre 105. Le maillot jaune, touché, effectue alors son retour à l'arrière du peloton, qui reste à l'arrêt pendant de nombreuses minutes.
La meute repart à 16h15, grimpe la Côte de Bohissau dans les pare-chocs des commissaires et est lâché au sommet, aux 50 kilomètres. La reprise se fait en douceur, car tout le monde essaye de reprendre ses esprits, alors que le maillot jaune traîne en queue de peloton. Le Team Sky relance enfin la course, avec la Tinkoff-Saxo, la Katusha et la Cannondale-Garmin. Les rescapés de la chute sont rapidement lâchés : Laurens Ten Dam, Johan Vansummeren sont notamment dans les voitures, alors que Michael Matthews est déjà loin derrière.
La cassure après le chaos, les Français ont eu chaud...
Après la remise en route, les équipes Astana et Tinkoff-Saxo tentent un coup de bordure à 40 bornes de la fin ! Au départ, il n'y a une petite dizaine de coureurs dans le premier groupe, mais le Team Sky fait un gros effort pour recoller aux roues de devant. Le groupe Sky revient, mais un 3e groupe est distancé. Dans ce dernier, on retrouve quelques leaders piégés : Thibaut Pinot (FDJ), Romain Bardet (AG2R) et Alejandro Valverde (Movistar). Devant, l'allure reste soutenue. Derrière, la FDJ, la Lampre-Merida et AG2R mettent du temps à réagir, et le trio Bardet-Pinot-Valverde est obligé de boucher seul, avec un coureur de la BMC, le retard de 10" qui le séparait du premier paquet.
Au moment où ça recolle de derrière, c'est l'heure du sprint intermédiaire à l'avant ! C'est Cofidis qui lance le tout pour Bouhanni, mais André Greipel coupe la ligne le premier devant John Degenkolb et Nacer Bouhanni. Par la suite, tout rentre plus ou moins dans l'ordre : les deux pelotons se regroupent.
Mais, le calme ne reste pas longtemps, et ça repart aux 20 kilomètres, juste avant la Côte d'Ereffe. Par conséquent, ça casse par l'arrière, sous l'impulsion de la Lotto Soudal et la BMC, et le maillot jaune est distancé : Cancellara, qui se touche le dos, perd donc le leadership à ce moment-là.
Le peloton arrive dans la côte longue de 2,1 kilomètres à 5 % de moyenne. Le bas de la montée fait très mal aux sprinteurs : Greipel, le maillot vert, et Cavendish sont lâchés, par exemple, alors que la Sky prend place en tête de peloton. Angelo Tulik (Europcar) tente le coup, mais c'est Michael Schär (BMC) qui marque le premier point au sommet d'Ereffe.
Tinkoff-Saxo fait exploser le peloton, Rodriguez gagne à Huy devant Froome !
À 12 kilomètres de la fin, dans la descente de la côte précédente, tous les leaders essayent de se placer avant le final. Le peloton est étiré à cause du train britannique noir et bleu, traîné par Richie Porte. Sous la banderole des 10 derniers kilomètres, c'est la Tinkoff-Saxo qui prend place en tête, avant l'arrivée de la locomotive Etixx-Quick Step.
Au pied de la Côte de Chérave, aux 7 bornes, c'est la Tinkoff-Saxo qui fait toujours le tempo. Et ça explose de partout ! Rui Costa, qui a chuté et qui souffre du genou, est distancé : il va perdre du temps. Pinot est aussi en difficulté sur le haut de la côte, alors qu'Arredondo a pris le point de la montagne. La descente se fait à toute vitesse : Basso arrive même trop vite dans un virage, et termine sa folle trajectoire dans un buisson... Aux 3 kilomètres, la meute est menée par la Movistar, alors que Pinot se situe à plus de 10", et Cancellara à 6'.
Astana, Trek et Tinkoff-Saxo reprennent les reines aux 2 kilomètres jusqu'au pied du Mur de Huy. C'est la Katusha qui passe la flamme rouge en tête. Le bas est avalé ! Nibali, Vuillermoz et Rodriguez semblent à l'aise dans les avant-postes.
Froome attaque, de loin, avant le célèbre virage. Contador est dans sa roue, mais il grimace. Rodriguez lance, ensuite, le sprint pour la victoire d'étape, avec Gallopin dans sa roue. Froome arrive à suivre les 2 puncheurs, et ça fait un trou derrière lui : Contador est vraiment dans le dur et se retrouve en second rideau, avec Van Garderen et Nibali. Purito dépose les 2 derniers coureurs de sa roue et s'impose en solitaire devant Froome et Vuillermoz, qui a fait une très belle remontée finale. Nibali et Van Garderen arrivent à 11" de l'Espagnol de la Katusha, avec Quintana, et gagnent 7" sur Contador, 12e. Péraud coupe la ligne à 24" avec Barguil. Bardet termine un peu plus loin : à 36". Pinot, lui, termine très loin : à 1'32''.
Chris Froome, qui a fait forte impression dans le Mur de Huy, avec sa cadence de pédalage habituelle, s'empare du maillot jaune pour une seule petite seconde, devant Tony Martin ! Le leader de la Sky dispose maintenant d'une belle petite avance sur ses 3 principaux rivaux : Contador est à 36", Nibali à 1'38" et Quintana à 1'56". Les leaders Français sont assez loin, avant l'étape des pavés : Barguil est à 1'07", Péraud à 2'07", Bardet à 2'54" et Pinot à 2'58".