Tour de France - Greipel passe la troisième devant Degenkolb
Par Romain MICHEL le 19/07/2015 à 17:05
Après une étape qui a laissé des traces sur les organismes, les coureurs repartent de Mende pour une journée que les sprinteurs ont coché. C'est peut-être leur dernière chance avant Paris et les Champs-Elysées. Cependant la tâche n'est pas aisée avec un parcours loin d'être évident : un départ casse-pattes, avec trois difficultés répertoriées, et le col de l'Escrinet, long de huit kilomètres. Si cela semble être trop dur pour Mark Cavendish, André Greipel ou encore Arnaud Démare, les passe-partout que sont Sagan, Degenkolb et Kristoff sont des coureurs qui peuvent légitimement penser à la victoire. Christopher Froome porte le maillot jaune pour le huitième jour de suite, après avoir parfaitement contenu les offensives de ses adversaires hier dans le final accidenté. Joaquim Rodriguez, Nairo Quintana et Peter Sagan posent également sur la photo de départ avec leurs maillots respectifs. Les champions s'élancent à treize heures précises de Mende pour les 183 kilomètres proposés aujourd'hui.
De nombreuses attaques, un maillot vert offensif
Comme hier, le départ est disputé et de nombreuses attaques secouent le paquet. Porteur du maillot à pois la première semaine, Daniel Teklehaimanot se distingue à l'avant avec un coureur Cofidis. La tentative des deux hommes ne dure que quelques instants et tout le monde se regroupe. Le profil est accidenté avec la côte de Badaroux qui se dresse déjà devant les roues des cyclistes. Profitant de cette ascension, 27 coureurs prennent les devants. Ce sont des hommes en forme, avec de la force, qui prennent place dans ce groupe : Westra, Pinot, Sagan, Vuillermoz, Uran, Kwiatkowski, Talansky, Hesjedal, Joaquim Rodriguez. Que du beau monde ! Alors que derrière, conséquence de cette allure ultra-rapide, de nombreux coureurs sont distancés : Kennaugh, Cavendish, Péraud, Démare ou encore Simon Yates. Serge Pauwels passe en tête de la première côte de la journée.
Mais une équipe est bien décidée à ne pas laisser cette échappée prendre du champ : la Katusha. L'équipe russe espère placer Alexander Kristoff dans d'excellentes conditions en vu d'un sprint final, mais pour cela il ne faut pas se faire surprendre. Ils stabilisent l'écart aux alentours des trente secondes. Sentant le souffle du peloton, et l'entente mavaise d'un groupe trop conséquent, Peter Sagan décide de relancer la course aux avants postes. Le Slovaque est suivi dans son entreprise par huit hommes : Pinot, Rogers, Bak, Geschke, Trentin, Hesjedal, Kwiatkowski et Adam Yates. Ce sont donc neuf pilotes qui ouvrent la route du Tour. La contre-attaque se fait reprendre par le paquet qui ne coupe pas son effort pour autant et garde l'échappée sous pression. Derrière, on annonce l'abandon de Sébastian Langeveld, de l'équipe Cannondale-Garmin.
9 coureurs devants, Katusha mène le peloton
Preuve du rythme supersonique de ce début d'étape, 47 kilomètres ont été parcourus dans la première heure de course ! Les fuyards du jour s'entendent bien, hormis Lars Bak qui ne roule pas pour protéger les intérêts de son leader André Greipel, et l'avance augmente pour atteindre 1'30, alors que la formation Katusha ne semble pas prête à laisser le manche. Le groupe des attardés pointe déjà à plus de quatre minutes de l'avant de la course. Le Tour arrive dans le col du Bez et l'allure ne baisse pas. C'est le deuxième de l'étape d'hier, Thibaut Pinot qui prend un point anecdotique en haut du GPM. L'équipe de Kristoff gère toujours le peloton, Joaquim Rodriguez participant même au travail collectif, qui bascule à deux petites minutes. Michael Rogers récolte lui aussi un petit point en franchissant en premier la ligne du col de la Croix de Bauzon.
La course rentre dans une longue portion descendante, pendant que la Katusha lève pour la première fois le pied depuis le départ de Mende. Le groupe Péraud-Cavendish se situe déjà à plus de huit minutes de la tête de l'épreuve. La pluie s'invite en Ardèche et la chaussée détrempée renforce la méfiance des coursiers dans cette descente de plus de trente kilomètres ! A l'avant, Sagan, Rogers, Kwiatkowski et Trentin en profitent pour montrer leurs talents de descendeur et créént une petite cassure avec leurs compagnons de fuite, mais tout rentre dans l'ordre une fois la vallée atteinte. La deuxième heure est bouclée sur une moyenne de 47km/h ! A ce rythme, les coureurs vont vite arriver à Valence.
Sagan consolide son maillot vert, un sprint en vue à Valence
Peter Sagan en profite pour passer en tête du sprint intermédiaire et garnir sa moisson de vingt points supplémentaires. Il devance son coéquipier Michael Rogers et Thibaut Pinot. Deux minutes plus tard, John Degenkolb et André Greipel se partagent les miettes laissées par l'ogre slovaque. Absente des débats depuis quelques kilomètres, la Katusha ne reste pas longtemps dans les roues et repasse en tête de peloton avec l'ensemble de ses coureurs. Le col de l'Escrinet, répertorié en deuxième catégorie, se présente devant les hommes de tête. L'écart baisse légèrement sous l'impulsion des Russes, relayés sur le sommet par la formation Europcar et Thomas Voeckler qui se place en tête pour la fin de l'ascension. A l'avant, Thibaut Pinot bascule en première position au sommet du col de l'Escrinet, quelques points supplémentaires pour le leader de la FDJ en vue des Alpes.
Le rythme élevé du paquet a permis à l'écart de passer sous la minute. Voyant les chances de l'échappée se réduire, les relais sont moins appuyés à l'avant. Matteo Trentin décide de fausser compagnie à ces camarades de fugue dans la descente. Il est bientot imité par Ryder Hesjedal, alors que derrière les sept coureurs ne s'entendent plus et se font revoir par le peloton mené par les Movistar. Les deux hommes de tête se rejoignent mais leur avance est très faible, alors que l'équipe Europcar prend ses responsabilités et envoie ses coureurs rouler à l'avant, ensuite suivie par la Lotto-Soudal et l'infatiguable Katusha. A trente bornes du but, les deux fuyards n'insistent pas et se relèvent, sachant leur entreprise vouée à l'échec. Peloton groupé pour un sprint inévitable à Valence, sans Cavendish et Démare qui naviguent à treize minutes.
Greipel remporte le sprint devant Degenkolb
Sagan est contrarié par une crevaison, décidément très en vue aujourd'hui, mais il revient sans soucis, bien aidé par deux de ses coéquipiers. Les équipes de sprinteurs se relaient à l'avant du paquet avec les Lotto-Soudal, les Europcar, puis les BMC qui décident d'acccélérer l'allure à moins de dix kilomètres de la ligne d'arrivée. On assiste à quelques attaques de coureurs audacieux. D'abord Kwiatkowski, visiblement pas émoussé par son escapade, puis de manière plus impressionnante Stybar à trois kilomètres du terme. Bien sorti, le vainqueur du Havre a creusé un bel écart sur un peloton désorganisé où aucune équipe ne contrôle. Le Tchèque coince après avoir fourni un gros effort et se fait revoir sous la flamme rouge. C'est la Katusha qui prend les commandes très tôt. Kristoff n'ose pas lancer le sprint de trop loin et c'est Greipel qui prend l'initiative. Degenkolb, Kristoff et Sagan tentent de remonter le Gorille de Rostock, mais le coureur de la Lotto-Soudal est trop fort cette année et s'adjuge sa troisième victoire d'étape sur le Tour 2015. Il devance son compatriote Degenkolb, Kristoff et le maillot vert Sagan. Christopher Froome reste en jaune avant les Alpes qui débutent dès demain.