Route - Totalement dépassée... qu'arrive-t-il à la Soudal-Quick Step ?
Elle semble loin l'époque où l'écurie de Patrick Lefevere dominait les classiques pavées ! La dernière édition de Paris-Roubaix, dimanche, résume assez bien les maux actuels de l'équipe Soudal-Quick Step. Alors qu'ils devaient relever la tête sur les pavés du Nord après une campagne flandrienne manquée, les coureurs du Wolfpack se sont encore plus enfoncés dans une crise sportive (pratiquement) sans précédent - un seul podium sur... la Classic Brugge-De Panne, c'est dire ! - pour cette formation, créée en 2003 et qui avait fait des épreuves pavées sa marque de fabrique avec des coureurs de renom (Tom Boonen, Philippe Gilbert, Johan Museeuw, Niki Terpstra...). Entre un collectif moins dominateur, des coureurs en manque de confiance et des choix stratégiques surprenants, qu'arrive-t-il à Soudal-Quick Step ?
Vidéo - ITW - Guimard : "Quick-Step ne fait plus peur aujourd'hui"
Aucun succès sur les courses pavées, une première depuis... 2016 !
"Les Flandriennes n'ont pas été bonnes", les mots ont été lâchés par... Patrick Lefevere, manager général emblématique de Soudal-Quick Step, dans les colonnes du Het Nieuwsblad. En même temps : il ne faut pas être un observateur avisé pour se rendre compte que la formation belge n'a pas été au niveau sur les classiques pavées, version 2023. Un seul podium sur... la Classic Brugge-De Panne, le bilan est vraiment maigre pour cette équipe, créée en 2003 et qui avait fait de cette période sa marque de fabrique avec des coureurs de renom comme Tom Boonen (lauréat à quatre reprises de Paris-Roubaix notamment), Philippe Gilbert, Johan Museeuw, Stijn Devolder, Sylvain Chavanel ou encore Niki Terpstra.
Il faut ainsi remonter à... 2016 pour voir un printemps sans la moindre victoire du Wolfpack. Mais les performances inquiétantes ne datent pas de cette année. La saison passée, l'écurie belge du World Tour n'avait remporté qu'une seule course (Kuurne-Bruxelles-Kuurne). Trop peu. On est donc assez loin des années fastes où elle amassait les succès comme en 2019 avec quatre victoires d'envergure (Omloop Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, E3 Saxo Classic et Paris-Roubaix). Il y a quelques jours, notre chroniqueur Cyrille Guimard, ancien directeur sportif et sélectionneur de l'équipe de France, avait donné son point de vue sur les difficultés actuelles de l'équipe Soudal-Quick Step.
Cyrille Guimard : "Aujourd'hui, cette équipe ne fait plus peur"
"Le premier problème vient de la Jumbo-Visma, qui a progressé, maîtrisant maintenant parfaitement ces courses, avec les coureurs qui ont le talent pour le faire. Et vient s'ajouter derrière, une perte de confiance, au point de faire des erreurs de stratégie, de se trouver piégé, de rater les bons coups... Comme ils sont un cran en dessous des autres, la confiance s'en va, même Lefevere ne doit pas se sentir très bien. Mais c'est logique, aujourd'hui cette équipe ne fait plus peur", déclarait Cyrille Guimard à Cyclism'Actu, il y a quelques jours. Comme de nombreux observateurs, l'ancien directeur sportif et sélectionneur de l'équipe de France - surnommé "Le Druide" - fait le constat que l'équipe Soudal-Quick Step n'est plus la référence sur les courses pavées.
À qui la faute ? Certaines équipes - Jumbo-Visma en tête - ont progressé. Oui, mais voilà. Les explications se trouvent peut-être au sein même de l'écurie belge de Patrick Lefevere. Voulant notamment se tourner sur les courses par étapes avec comme figure de proue Remco Evenepoel - le champion du monde a notamment remporté le Tour d'Espagne en septembre dernier (le premier Grand tour de l'histoire de Quick Step depuis sa création en 2003) -, le Wolfpack a sans doute délaissé ce qu'il faisait sa force : les classiques du Nord. Il suffit ainsi de regarder les derniers mercatos pour se rendre compte de cette nouvelle orientation sportives (Ilan Van Wilder est arrivé en 2021, Louis Vervaeke et Mauro Schmid en 2022, Jan Hirt en 2023). Pratiquement que des grimpeurs !
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— Cyclism'Actu (@cyclismactu) April 10, 2023
Des leaders moins dominants et dépassés par le "trio magique" !
Tandis que Philippe Gilbert, Zdenek Stybar, Bob Jungels et Niki Terpstra avaient notamment quitté la formation belge au cours des cinq dernières années. Difficile de remplacer ces coureurs expérimentés, d'autant plus que les nouveaux leaders n'ont pas vraiment pris la relève. À part Kasper Asgreen qui a remporté l'E3 Saxo Classic et surtout le Tour des Flandres en 2021 - le Danois peine d'ailleurs à retrouver son niveau -, Yves Lampaert et Florian Sénéchal n'ont jamais été à la hauteur des attentes. Le constat est peut-être plus terrible pour l'actuel champion de France qui n'arrive pas à franchir le cap depuis quelques années (2e de Gand-Wevelgem en 2020, 2e de l'E3 Saxo Classic, 13e de Paris-Roubaix 2022...). Sénéchal marque le pas, même s'il n'est pas épargné par la malchance.
Le cas Julian Alaphilippe reste particulier. Plus à l'aise sur les Ardennaises, l'ancien champion du monde a toujours l'espoir de briller sur les courses pavées, mais le printemps 2023 aura peut-être raison de ses bonnes intentions (29 d'À Travers la Flandre, 51e du Tour des Flandres...). Si les leaders n'ont pas le niveau des autres cadors (Tadej Pogacar, Wout Van Aert, Mathieu van der Poel...), c'est aussi tout le collectif du Wolfpack qui demeure inférieur aux années précédentes, avec des équipiers moins forts et absents des moments importants au contraire de... Jumbo-Visma ou d'Alpecin-Deceuninck. Comment la formation Soudal-Quick Step va pouvoir relever la tête ? A-t-elle vraiment envie de la relever ou va-t-elle définitivement se tourner vers les courses par étapes ? Les questions sont nombreuses, mais après des classiques pavées aussi mauvaises l'écurie de Patrick Lefevere doit réagir !