INTERVIEW - Juliette Labous : «On commence à être prises au sérieux...»

Une nouvelle page de la carrière de Juliette Labous va s'écrire en 2025. En effet, celle qui avait toujours évolué sous les couleurs du Team dsm-firmenich PostNL (anciennement Team Sunweb), a changé de couleurs, en rejoignant la FDJ-SUEZ et sa nouvelle armada. La Championne de France n'a pas connu des débuts concluants, avec une décevante 11e place sur l'UAE Tour Women, mais la saison ne fait que commençait pour la Franc-Comtoise, qui va cette année disputer La Vuelta Femenina et le Tour de France Femmes avec Zwift en compagnie de Demi Vollering, mais aussi le Giro d'Italia Donne, où elle pourra jouer sa carte personnelle. Lors de la présentation de l'équipe FDJ-SUEZ, Juliette Labous s'est exprimée au micro de plusieurs médias, dont Cyclism'Actu.
Vidéo - Juliette Labous... ambitieuse en vue de cette saison 2025
"On a eu des meetings où c'était l'objectif de créer du lien hors vélo"
C'est une belle saison qui s'annonce. Comment on vit quand il n'y a que des stars ?
Je pense qu'on va vivre de belles choses et ça se passe très bien avec le collectif. On a eu un bel hiver avec pas mal de stages, que ça soit un petit peu plus administratif en octobre. Après on est parti aussi en Californie pour un côté de la performance mais aussi un petit peu unir ce groupe de leaders. Et ensuite nos stages en décembre et en janvier de préparation. C'est chouette et ça va être bien.
Comment on unit les leaders ?
Je pense qu'il y a eu un gros travail fait en amont par le staff. Déjà je pense qu'on était toutes vraiment dans le même objectif. On veut toutes gagner des courses et aider aussi les autres à en gagner. Je pense que c'est le principal. On a aussi eu des meetings où c'était l'objectif de créer du lien hors vélo. Je pense que ça s'est super bien passé cet hiver à ce niveau-là.
Demi Vollering, Evita Muzic, Juliette Labous et la FDJ - Suez peuvent avoir de l’ambition en 2025 !??
— Cyclism'Actu (@cyclismactu) February 11, 2025
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"J'ai vraiment senti que c'était le bon moment"
C'est moins de pression quand tout ne repose plus que sur ses épaules ?
Je dirais que la pression est différente. C'est ce que je recherchais aussi. J'étais leader unique et je me limitais certainement sur ma manière de courir certaines fois. Mais je n'avais pas forcément le choix on va dire. Alors que là je pense que ça va me pousser à vraiment me dépasser. Parce qu'on a une équipe très performante. On n'est pas que les trois leaders, on a vraiment tout le collectif qui est fort. Donc il faut être au niveau, il faut être présente au bon moment. Mais je pense que ça m'enlève de la pression dans le sens où je peux courir un peu plus librement. Parce que si moi j'attaque et que je me loupe, il y a toujours quelqu'un derrière. Donc c'est ça qui est vraiment chouette.
Ça fait longtemps que Stéphane Delcourt vous veut dans son équipe. Au final il y est arrivé...
Oui c'est ça, ça fait depuis les années Juniors. Quasiment chaque année on est en contact avec Stéphane. Moi j'ai vraiment senti que c'était le bon moment. Maintenant je suis là et il n'y a aucune question là-dessus. C'est vraiment une bonne décision que j'ai prise et je ne regrette pas du tout.
Vous avez dit tout à l'heure en conférence de presse, "j'en ai un peu marre de faire de la régularité, je veux la première place, lever les bras"...
Oui c'est ça, j'ai vu sur les réseaux ma série depuis 2021 à faire des top 10 sur toutes les courses par étapes WorldTour... elle s'est terminée à UAE avec ma 11ème place. Mais je ne suis pas forcément déçue parce que j'ai tout simplement envie d'être un petit peu moins régulière. Mais par contre vraiment d'avoir des pics de forme un peu plus important. Et donc du coup de gagner forcément plus de courses ou de faire plus de grosses performances. Donc voilà, c'est ce que je recherche.
"En 2016, le cyclisme féminin, c'était toute autre chose"
Quand on regarde ce qu'est devenu cette équipe qui est en World Tour, qui a un budget assez important avec trois coureuses top 10 mondiales... Quand ils vous parlaient dans les années junior, vous imaginez que ça pouvait devenir cette équipe ?
C'est sûr que c'est toujours dur de se projeter. Après, j'ai toujours suivi l'équipe, j'ai vu son progrès. C'est pour ça aussi que chaque année, j'étais ouverte aux discussions. Il y a eu beaucoup de réflexions, mais l'année dernière, il n'y avait quasiment pas de doute. On a eu des conversations, mais dans ma tête, c'était déjà un petit peu fait. C'est vrai qu'en 2016, le cyclisme féminin, c'était toute autre chose. Il n'y avait pas beaucoup d'équipes en France, le niveau à l'étranger était bien supérieur. Pour moi, ce n'était pas forcément possible d'intégrer l'équipe à ce moment-là. En tout cas, j'avais un petit peu moins d'intérêt. Mais c'est super impressionnant de voir ce que l'équipe a fait. Le fait que ce soit vraiment une équipe dédiée au cyclisme féminin, je trouve ça vraiment bien pour nous.
Quand on voit Demi Vollering, qui a gagné une fois le Tour et terminé deux fois deuxième. Vous avez fait top 5, pareil pour Evita Muzic... Ce serait une déception de ne pas le gagner, non ?
Oui, c'est sûr qu'on veut aller chercher le maillot jaune avec Demi. Il faudra être au niveau pour la supporter. Si un jour je veux gagner le Tour de France, il faudra être plus forte. Pour l'instant, Demi a montré que c'est elle qui est vraiment capable d'aller chercher ce maillot. On va tout faire pour l'aider à aller le gagner.
De partager l'affiche avec une cycliste qui a toujours joué les premiers rôles, ça ne pousse pas tout le monde à sortir le meilleur de soi-même ?
C'est sûr qu'il faut être au niveau. Comme je dis, être équipière de Demi sur un Tour de France, ça ne veut pas dire faire les premiers kilomètres d'une étape. C'est être là avec elle dans les cols. Il faut vraiment élever son niveau. Je pense que ça va tirer tout le monde vers le haut.
"Avant, à l'étranger, cette équipe était un petit peu moins considérée"
L'adaptation, ça se passe bien avec Demi et Evita ?
Oui, ça se passe très bien. Et aussi avec le staff et les autres équipières. C'est vrai que ça s'est vraiment bien passé cet hiver. Sur les stages, c'était un peu compliqué parce que j'étais malade. Mais les filles m'ont toujours supportée. Elles m'ont dit qu'il fallait prendre mon temps, que la saison était longue. Je ressens vraiment ce côté famille, que ce soit avec le staff ou avec les équipières. C'est vraiment plaisant.
Sur l'équipe en tant que telle, aujourd'hui, vous qui venez d'une équipe étrangère, d'intégrer une équipe française, vous avez l'impression que les autres équipes considèrent FDJ-SUEZ ?
Oui, c'est sûr qu'avant, à l'étranger, cette équipe était un petit peu moins considérée. Au final, au fur et à mesure, avec les victoires de Marta Cavalli, avec toutes les victoires des autres filles, elle a commencé à être prise au sérieux. Maintenant, il n'y a plus de doute. Les filles considèrent vraiment cette équipe comme une des meilleures équipes mondiales. On n'a plus à prouver ça, je pense. Il faudra juste montrer maintenant qu'on peut gagner des courses.