Route - Ciconne, Bagioli... qui prendra la relève de Vincenzo Nibali ?
Par Clément LABAT-GEST le 02/12/2022 à 07:20
Il y a quelques années, on se posait des questions sur l'avenir du cyclisme ibérique concernant les Grands tours. C'est désormais de l'autre côté des Alpes où l'on peut avoir de sérieux doutes pour voir une victoire italienne sur une épreuve de trois semaines. Il faut dire que l'Italie se trouve un peu démunie dans ce domaine avec la retraite de Vincenzo Nibali qui a porté haut les couleurs italiennes sur les Grands tours pendant près de douze ans : deux Giro (2013 et 2016), un Tour de France (2014) et une Vuelta (2010). Mais qui pour prendre sa succession ? La question mérite d'être posée. Les candidats ne se bousculent pas au portillon malgré quelques bons coureurs comme Giulio Ciccone (27 ans / Trek-Segafredo) ou des jeunes prometteurs tels qu'Antonio Tiberi (21 ans / Trek-Segafredo) ou Andrea Bagioli (23 ans / Quick-Step Alpha Vinyl Team). Inquiétant ?
Vidéo - Qui va prendre la relève de Vincenzo Nibali ?
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Nibali : "Malheureusement, à ce jour, il n'y a pas un héritier ou un coureur qui se détache"
"Malheureusement, à ce jour, il n'y a pas un héritier ou un coureur qui se détache." Cette phrase choc est l'oeuvre de Vincenzo Nibali dans des propos rapportés par Il Messaggero. Le Requin de Messine a mis les pieds dans le plat et n'a pas masqué son inquiétude pour le cyclisme italien concernant les Grands tours. Il faut dire qu'il y a de quoi être inquiet pour l'avenir de la Péninsule. Alors qu'elle demeure l'une des nations historiques du vélo (85 succès sur les épreuves de trois semaines), l'Italie se retrouve confrontée à un trou générationnel. Il suffit de regarder les résultats de la dernière décennie (2010-2020) pour constater que la Botte était en retrait avec sept victoires, dont quatre pour le seul Vincenzo Nibali : deux Giro (2013 et 2016), un Tour de France (2014) et une Vuelta (2010).
Le Requin de Messine a ainsi porté haut les couleurs italiennes sur les Grands tours pendant près de douze ans. Actuellement, aucun coureur transalpin n'est capable de lui succéder. Un cycliste a été capable de le rejoindre au palmarès. Il s'agit de Fabio Aru (32 ans). Vainqueur du Tour d'Espagne en 2015, Il cavaliere dei quatro mori - Le Chevalier des quatre Maures - était logiquement désigné comme le successeur de Vincenzo Nibali, mais il n'a pas confirmé ses promesses et a mis un terme à sa carrière, qui laissera un énorme goût d'inachevé tant le Sarde avait de la classe sur le vélo, l'an dernier. À l'image de Fabio Aru, c'est tout une génération qui n'a pas eu le rayonnement attendu.
L'Italie démunie dans sur les Grands Tours ?
Un exemple : Davide Formolo (UAE Team Emirates / 30 ans). Après des résultats prometteurs sur les épreuves de trois semaines, avec notamment une 9e place sur le Tour d'Espagne 2016, il s'est finalement dirigé vers les courses d'un jour, sur lesquelles le natif de Negrar a obtenu de belles places (2e de Liège-Bastogne-Liège par exemple), sans toutefois réussir à être constant. À l'instar de Formolo, le cyclisme italien s'est tourné vers d'autres spécialités : le sprint (Elia Viviani, Giacomo Nizzolo, Matteo Trentin...), le contre-la-montre (Filippo Ganna) ou encore les Classiques (Diego Ulissi, Alberto Bettiol...).
La Péninsule regorge de grands coureurs, mais concernant les Grands Tours le réservoir est un peu limité même si Damiano Caruso (Bahrain Victorious / 35 ans), habituel équipier, a failli créer une grosse surprise l'an dernier (2e du Tour d'Italie). Désormais, les espoirs transalpins semblent ainsi reposer sur le seul Giulio Ciccone (27 ans / Trek-Segafredo). Cependant, le grimpeur - vainqueur de trois étapes sur le Giro - n'a encore jamais été à la lutte pour le classement général d'un Grand tour (16e du Tour d'Italie 2019, sa meilleure performance). "C'est un grimpeur très fort et un coureur courageux, mais parfois il est un peu nerveux. J'espère qu'il pourra trouver ce subtil équilibre qui lui permettra d'avoir une stabilité dans ses performances", a notamment indiqué Vincenzo Nibali lors de sa sortie médiatique.
Qui pour prendre la relève de Vincenzo Nibali ?
Même s'il possède les capacités pour briller sur un Grand tour, Giulio Ciccone - qui semble plus destiné à viser les victoires d'étape - demeure un peu limité pour rivaliser face à Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) et consorts. Qui alors pour prendre la relève de Vincenzo Nibali ? Antonio Tiberi (21 ans / Trek-Segafredo) peut être l'heureux élu. "Nous devons voir comment Antonio va mûrir, que ce soit dans le domaine du chrono ou en montagne pour devenir un leader. Après tout, il n'a que 21 ans et nous devons lui laisser du temps", a rappelé le Requin de Messine qui a mis un terme à sa carrière en octobre dernier.
Matteo Sobrero (25 ans / Team BikeExchange-Jayco), Kevin Colleoni (22 ans / Team BikeExchange-Jayco) et Andrea Piccolo (21 ans / EF Education-EasyPost) seront à surveiller, tout comme Filippo Zana (23 ans / prochainement chez Team BikeExchange-Jayco) ou le jeune Davide Piganzoli (20 ans), 5e du dernier Tour de l'Avenir. Mais là encore, les talents de cette nouvelle génération - Andrea Bagioli (23 ans / Quick-Step Alpha Vinyl Team) ou Jonathan Milan (22 ans / Bahrain Victorious) en tête - se tournent vers d'autres spécialités. L'Italie n'a plus gagné une épreuve de trois semaines depuis six ans... l'attente pourrait donc longue pour la Péninsule.