Chronique - Guimard : «Cavendish, c'est quand même un méchant coursier»

 

Après deux semaines "ennuyantes", cette 3e semaine a-t-elle tenu ses promesses ?

On a eu un Tour d'Italie très pénible et inconfortable pour l'ensemble des coureurs à cause des conditions climatiques qui étaient exécrables, mais aussi à cause des chutes et du Covid. Et puis c'était un tour qui était très, voire trop, montagneux. On l'a vu, à chaque fois qu'il y a eu un combat entre les vainqueurs potentiels, ils ne se sont jamais attaqués avant les 5 derniers kilomètres. Et il y a eu ce contre-la-montre qui a rebattu les cartes, c'est l'épreuve de vérité et elle a donné son verdict.

 

Cet ultime chrono était complétement fou, un scénario exceptionnel pour Roglic

Quand on regarde les écarts entre les trois premiers du général, deux étapes auraient suffit pour les départager. Alors qu'il y avait autant de difficultés avant, que trois coureurs arrivent aussi proche au dernier contre-la-montre, et quel contre-la-montre... on pouvait s'attendre à tout. Ce n'est pas Geraint Thomas qui a subit une défaillance, mais simplement Roglic qui était un cran au-dessus. La montée de Thomas est plus que correcte, c'est surtout Roglic qui fait un petit exploit, d'autant plus avec son saut de chaîne.

 

 

Est-ce que ce succès efface la désillusion de la Planche des Belles Filles pour Roglic ?

Non. Il y a toujours une cicatrice profonde et le Tour d'Italie n'est pas le Tour de France. Pour l'instant, le Tour de France n'est pas à son palmarès. Ça peut être une consolation, mais pas plus.

 

Avec ce nouvel accomplissement, où se trouve Roglic dans la hiérarchie sur les 15-20 dernières années ?

C'est compliqué de comparer les époques. Il fait partie des meilleurs coureurs. Il n'a pas le Tour de France, mais il a un Giro et trois Tour d'Espagne, des grandes Classiques... Pour l'instant, vous avez Tadej Pogacar et Primoz Roglic, et aussi Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel.

 

Geraint Thomas, 2e, et Joao Almeida, 3e, pouvaient-ils aller chercher mieux ?

Non, Almeida est à son top niveau, Thomas a couru avec beaucoup de métier, beaucoup d'intelligence... mais ce n'est plus le Geraint Thomas d'il y a 3 ou 4 ans. Si on regarde bien, aucun de Roglic, Thomas ou Almeida n'était capable de faire une vraie différence. On peut aussi se demander quel était le vrai niveau de ce Giro ? C'est au mieux un cru moyen, mais ça s'arrête là.

 

 

Pas de victoire d'étape, mais le maillot bleu et la 5e place du général, Thibaut Pinot a-t-il réussi son Giro ?

C'est un très bon Giro. Mais l'adversité était-elle au niveau de ce que l'on peut attendre sur un Grand Tour ? Je n'en suis pas certain. En fonction des circonstances de course, je trouve que Thibaut s'en est très bien sorti, même s'il fait quelques erreurs qui le privent d'une victoire d'étape. Je crois que son gros problème, c'est qu'on ne le retrouve pas comme un vrai coursier, un vrai gagneur. Il est à un niveau qui ne lui permet plus d'être le meilleur dans un groupe de 20-25 échappés. En revanche, sur le contre-la-montre final, on l'a vu au combat, on l'a rarement vu comme ça dans sa carrière. Mais ce n'est pas un vrai gagneur, les vrais gagneurs vont plus loin que ça, ils n'acceptent pas la défaite, alors que lui il est toujours entre deux eaux. Et on est incapable de lire son vrai projet de course, sur ce Giro, il a beaucoup changé, avec le général, les étapes, le maillot bleu...

 

Thibaut Pinot doit-il être au départ du prochain Tour de France ?

Je n'ai pas la réponse et je ne peux pas l'avoir, car je ne suis pas au coeur même de l'équipe. Je ne peux pas juger sa véritable motivation, sa véritable envie d'être au départ du Tour. L'autre problème, c'est que Gaudu part en position de leader, du coup on joue Gaudu ou on joue Pinot ? Pinot ne sera jamais équipier, il n'a pas cette fibre pour pouvoir le faire. Et si, en plus, vous rajoutez Arnaud Démare, qu'est ce qu'il vous reste comme équipier ?

 

 

 

Quel bilan tirer pour les Français sur ce Giro ?

On est à notre niveau. On a une belle victoire d'étape, on a eu un bon comportement dans les courses de "seconde zone", mais à aucun moment on a été acteur dans la course au classement général. Donc on est à notre niveau en tant qu'animateurs, en essayant d'aller chercher des victoires d'étapes.

 

Avec ce succès sur la 21e étape, Mark Cavendish rentre encore plus dans la légende

Cavendish c'est quand même un méchant coursier. Vous le jetez par la porte, il rentre par la fenêtre. Ça fait quand même 3 ans qu'il rentre par la fenêtre et qu'il cartonne derrière. Aujourd'hui, il mérite le respect, quand il sent qu'il va aller chercher la gagne, vous ne pouvez rien faire. Je trouve que ce qu'il fait est formidable, je lui tire mon chapeau.

 

Le Critérium du Dauphiné arrive à grands pas, qu'est ce qu'on peut attendre de cette course ?

Le Dauphiné a toujours été une course importante par le passé, pour les coureurs qui voulaient jouer la victoire sur le Tour de France. Il ne faut pas attendre qu'il nous donne le verdict du Tour, mais il nous donne des orientations. Ça nous permet de sentir qui sera en forme sur le Tour et surtout qui ne le sera pas.

Critérium du Dauphiné - Vingegaard, Gaudu, Alaphilippe... seront présents #Dauphiné #TDF2023 #Vingegaard #Gaudu #Alaphilippe #Cyclisme #Sport https://t.co/EiikUhxflO

— Cyclism'Actu (@cyclismactu) May 24, 2023