Rétro Classiques - Raymond Poulidor, son jour de gloire... Milan-San Remo 1961
La saison est désormais bien lancée et nous en sommes déjà au 3e épisode de notre série "Rétro Classiques"! Les deux premiers récits vous ont beaucoup plû et cette nouvelle livrée devrait rendre nostalgique tous les amateurs de la Petite Reine car il évoquera l'un des plus beaux succès du chouchou du public, Raymond Poulidor. Son mythe s'est construit autour de la Grande Boucle, qu'il n'a jamais réussi à remporter bien qu'il ait terminé à 8 reprises sur l'une des deux autres marches du podium. Et pourtant, il serait bien réducteur de résumer la carrière de Poupou au seul et unique Tour de France et à l'image d'éternel second qu'il en a retirée. Car Poulidor, c'est d'abord et avant tout un très grand champion. Son palmarès compte 72 victoires dont un Tour d'Espagne, deux Paris-Nice et deux Critérium du Dauphiné ainsi que 4 étapes sur la Grande Boucle. Il a également été champion de France et a remporté La Flèche Wallonne. Et bien évidemment, l'une de ses plus belles victoires, décrochée au début de sa carrière, sur le premier Monument cycliste de la saison, Milan - San Remo. Cyclism'Actu vous fait revivre cette belle journée du 19 mars 1961.
Vidéo - Poulidor a remporté La Primavera 62 ans avant son petit-fils
Poupou, sur le point d'éclater aux yeux du grand public
Raymond Poulidor a débuté sa carrière la saison précédente, en 1960, dans la structure Mercier, dirigée par le légendaire Antonin Magne et à qui Poulidor voue le plus grand respect. Il lui sera d'ailleurs fidèle tout au long de sa carrière. Au départ à Milan, Poupou doit encore construire sa légende. Il n'est pas réellement connu du grand public, bien qu'il s'apprête à faire une entrée éclatante dans la cour des grands quelques heures plus tard. Auréolé d'un seul petit succès, décroché la saison précédente lors de la 2e saison du Tour du Sud-Est, il ne fait pas partie des favoris de l'épreuve au départ du premier Monument de la saison. Et il s'en est d'ailleurs fallu de peu pour qu'il n'atteigne même pas la mi-course.
De quoi Raymond Poulidor est-il devenu le nom? (alerte SPOIL ci-dessous) https://t.co/Rt1e8OIOZm @Khiri_Yassine #AFP pic.twitter.com/yyDzhWIUQI
— Agence France-Presse (@afpfr) April 15, 2016
La poisse, fil rouge de la carrière de Poupou
En cette matinée ensoleillée du 19 mars 1961, le peloton s'apprête à affronter la première difficulté du jour, le Passo del Turchino. Au moment d'entamer l'ascension, Poulidor crève et mettra plus de 2 minutes à être dépanné. Il pense donc à l'abandon, estimant qu'il ne rejoindra jamais l'avant de la course. Heureusement, Magne, son directeur sportif, le forcera à poursuivre et, le peloton roulant à un rythme de sénateur, le Limougeaud retrouvera finalement assez facilement sa place au sein du peloton. Les premières escarmouches ont lieu dans les 3 Capi et Poulidor se retrouvera à l'avant dans un groupe de trois à la suite d'une accélération dans le Capo Berta. Ses compagnons d'échappée se nomment Jean-Claude Annaert (Saint-Raphaël - Geminiani) et Albertus Geldermann (Radium).
Entre 1961 et 1974, Raymond Poulidor finira quatre fois sur le podium des championnats du monde, mais jamais sur la première marche pic.twitter.com/USmOaViKLG
— Perdants magnifiques (@TousPoulidor) February 25, 2024
Les 3 hommes se lanceront dans l'ascension du Poggio avec une petite avance sur le peloton. Poupou décide alors de tenter crânement sa chance, dans le style flamboyant qu'on lui connait, et place une accélération dès les premières pentes. Au moment de passer la mythique cabine téléphonique, il compte 20 secondes d'avance sur un peloton déchainé lancé à sa poursuite. Excellent pilote, Poulidor ne perd rien dans la descente et se présente sur la Via Roma avec une avance confortable. Mais, malheur, la poisse frappe à nouveau ! Mal aiguillé, Poupou se retrouve hors parcours ! Heureusement, le Limougeaud se rend rapidement compte que quelque chose cloche et fait demi-tour. Plein de rage et de désespoir, il se lance à corps perdu dans la dernière ligne droite.
March 18, 1961 - March 18, 2023
— Milano Sanremo (@Milano_Sanremo) March 18, 2023
Do you believe in coincidences? We believe in the magic of cycling. Mathieu Van der Poel wins Sanremo exactly 62 years after his grandfather Raymond Poulidor.#MilanoSanremo pic.twitter.com/VSG9cSRBJi
Un triomphe sur la Via Roma
Le peloton, emmené par la Faema de Rik Van Looy fond sur notre héros malheureux. Le Keizer d'Herentals lance son sprint et revient comme un boulet de canon sur Raymond Poulidor. Mais, cette fois-là, la poisse n'aura pas raison du coureur de Mercier. Il conservera une minuscule avance de 3 secondes sur le peloton et peut savourer l'un de ses plus beaux succès. Raymond Poulidor, un coureur avec lequel il faudra compter durant plus de 15 ans dans le peloton professionnel. Un grand champion, bien trop souvent malheureux et victime de malchance. Mais c'est sans doute cela qui l'aura rendu si populaire aux yeux du grand public. Milan - San Remo restera le seul monument qu'il accrochera dans sa carrière, ses objectifs étant bien (trop?) souvent uniquement fixés sur les courses par étapes. Un problème dont n'est pas victime son petit-fils, Mathieu van der Poel (Alpecin - Deceuninck), déjà vainqueur du Tour des Flandres et de Paris - Roubaix, et qui a bouclé la boucle la saison dernière en remportant son premier Milan - San Remo, également en solo sur la Via Roma, comme son illustre aïeul 62 ans avant lui.
What a win!!@mathieuvdpoel wins the first Monument of the season at #Milansanremo after a daring attack over the Poggio!
— GCN Racing (@GcnRacing) March 18, 2023
Watch the race highlights over on GCN+ 👉 https://t.co/8FSJcLL3Gx pic.twitter.com/eS1UAqZ4AB