Paris-Roubaix - John Degenkolb : «Paris-Roubaix, c'est presque un conte de fées»

Par Titouan LABOURIE le 03/04/2025 à 15:55. Mis à jour le 06/04/2025 à 10:28.
Paris-Roubaix - John Degenkolb : «Paris-Roubaix, c'est presque un conte de fées»
Paris-Roubaix
Photo : @ParisRoubaix

John Degenkolb est né pour gagner Paris-Roubaix mais il ne sera pas au départ dimanche ayant été obligé de déclarer forfait. C'était la prophétie de son ancien entraîneur chez les Espoirs, Patrick Moster, avant que le coureur allemand passe professionnel et dompte les pavés de l'Enfer du Nord. Vainqueur de la Reine des Classiques en 2015, il s'est également imposé à Roubaix lors du Tour de France 2018. Cette victoire, en forme de renaissance après un grave accident en 2016, est aussi son seul succès juilletiste, sur des routes éternellement associées au printemps et qu'il a marquées de son empreinte au point que le plus long secteur pavé de la course (de Hornaing à Wandignies-Hamage) porte désormais son nom. À 36 ans, il n'a plus ses meilleures jambes, ce qui ne l'empêche pas d'impressionner par sa maîtrise d'une course à nulle autre pareille. Comme tout le monde, Degenkolb souffre dans l'Enfer du Nord. Mais il peut aussi se targuer d'un bilan immaculé : à chacune de ses douze participations, il a toujours rallié l'arrivée. "Je serai toujours déterminé à arriver au vélodrome d'une façon ou d'une autre", assure-t-il, fort de l'expérience acquise depuis 2011 sur les pavés de Paris-Roubaix.

Vidéo - John Degenkolb après sa victoire sur Paris-Roubaix en 2015 !

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La prépa : "Il faut que tous les curseurs soient au maximum"

On peut connaître les routes et les pavés menant à Roubaix comme le creux de sa main, chaque édition remet les compteurs à zéro et nécessite une préparation optimale. "Je dirais que 20 à 30 % de cette course repose entièrement sur la mise en place en amont", estime Degenkolb. "Et ce n'est pas une histoire de deux ou trois jours, ça commence des mois à l'avance pour s'assurer que tout est prêt."

"Toute la préparation de la journée doit être parfaite", insiste-t-il après avoir affronté la plupart des pièges de Paris-Roubaix, entre chutes et galères mécaniques. "Il faut avoir de bonnes jambes, être bien dans sa tête, être mentalement prêt à 100 %, avoir le bon équipement, les bons coéquipiers, le bon soutien sur le bord de la route, le bon soutien de l'équipe... Il faut que tous les curseurs soient au maximum pour être performant. Si tu as quelques problèmes, tu peux encore t'en sortir. Mais si ça s'accumule, ça finit par lâcher."

Pour mettre toutes les chances de son côté, le vétéran allemand effectue chaque année des reconnaissances, "pas vraiment pour voir le parcours, mais pour tester le matériel, surtout si on a de nouveaux équipements". Il espère ainsi éviter le cauchemar de 2012, lorsqu'il avait signé son moins bon résultat (63e) à Roubaix : "C'était la première année avec un dérailleur électrique. En gros, dès que j'étais sur les pavés, je ne pouvais plus changer de vitesse."

 

Les pavés : "La première fois, j'étais sous le choc"

Y a-t-il quelqu'un dans le peloton qui connaisse mieux que John Degenkolb les pavés du Nord ? Outre son palmarès exceptionnel dans la course, l'Allemand est ambassadeur des Amis de Paris-Roubaix, et le secteur de Hornaing à Wandignies-Hamage a même été rebaptisé en son honneur en 2020 pour saluer son engagement en faveur de l'épreuve Junior. Degenkolb aime ces pavés... Mais lui aussi a dû les apprivoiser.

"La première fois que j'ai roulé sur les pavés de Roubaix, j'étais sous le choc, je ne pouvais pas croire que c'était la forêt d'Arenberg, où nous allions courir trois jours plus tard", raconte-t-il. "Je savais tout sur Paris-Roubaix parce que je suis passionné et j'étais fasciné de regarder la course en tant que fan, mais je ne pensais pas que c'était si difficile. Quand je dis aux gens qui n'y sont jamais allés qu'ils passent à côté de l'histoire du cyclisme, ils ne comprennent pas vraiment ce que je veux dire. C'est un défi énorme et c'est tellement différent de tout ce que l'on peut vivre à vélo. Même si je trouvais le pire secteur pavé d'Allemagne, ce ne serait pas comparable à ce qu'il y a dans le Nord-Pas-de-Calais."

Mais dès cette première participation, il prend la 19e place, malgré "une chute très stupide au Carrefour de l'Arbre. J'étais par terre, Boonen et Hushovd sont passés à côté de moi. Mais j'ai réussi à continuer à me battre jusqu'au vélodrome. Tout était déjà presque réuni." Sa détermination et ses talents soutenaient les prédictions de son entraîneur des moins de 23 ans, Patrick Moster : "Avant même de devenir professionnel, je n'avais jamais roulé sur les pavés de Roubaix et il m'a dit : 'Un jour, tu gagneras Roubaix.' Je ne l'oublierai jamais."

 

Le mental : "Je n'ai pas grand-chose à faire pour être excité"

Pour survivre à l'Enfer du Nord, il faut les jambes, le matériel, la technique, la réussite... et une grande force mentale. "Au bout du compte, il s'agit surtout d'avoir la concentration et la détermination nécessaires pour vraiment se donner à fond", explique Degenkolb.

Le vainqueur de l'édition 2015 n'a aucun problème à rentrer dans son Paris-Roubaix : "Pour moi, c'est le summum des Classiques. Le week-end d'ouverture, c'est le premier contact avec les pavés et les monts. Ensuite, ça continue avec Sanremo, on enchaîne vers le Tour des Flandres... Et chaque semaine, on se rapproche de Roubaix. Donc mon excitation ne cesse de grandir, car cette course est si spéciale pour moi, ça vient naturellement. Pour moi, c'est la course la plus spéciale de l'année, quelque chose de vraiment unique. Je n'ai pas grand-chose à faire pour être excité. C'est en moi."

Si certains peuvent craindre les défis de Paris-Roubaix, Degenkolb a développé sa propre relation avec l'événement au fil des ans : "Je n'ai pas peur, mais j'ai un immense respect pour la course, je dirais. Quand tu traverses la forêt d'Arenberg, tout peut arriver, il y a beaucoup de choses qui ne dépendent pas de toi. Il faut avoir confiance et espérer que tout se passe bien."

 

L'abandon : "Je serai toujours déterminé à arriver au vélodrome"

Degenkolb se souvient être tombé "quatre ou cinq fois" sur les routes de Roubaix, où même des icônes de la trempe de Tom Boonen et Roger De Vlaeminck ont mordu la poussière et jeté l'éponge. "Je suis tombé à ma première participation, sur le Tour lorsqu'il pleuvait (5e étape, en 2014), lors de l'édition pluvieuse d'octobre 2021, et lorsque Mathieu van der Poel et Jasper Philipsen m'ont poussé hors de la route (2023)..."

Les pavés sont brutaux mais "au final, chaque chute est douloureuse", rappelle-t-il. "Je ne pense pas que ce soit très différent de tomber là ou sur d'autres courses." Cela ne l'a en tout cas jamais contraint à l'abandon. "On ne peut pas dire ce qui va se passer à l'avenir, mais je sais que je serai toujours déterminé à arriver au vélodrome d'une façon ou d'une autre", assure-t-il.

 

Le petit truc en plus : "C'est presque un conte de fées"

Degenkolb n'est pas seulement le coureur en activité à avoir le plus souvent rallié le vélodrome de Roubaix, il est peut-être aussi celui à qui ces routes ont apporté les joies les plus intenses. "Je ne pense pas qu'il y ait un autre coureur aujourd'hui avec la même passion et la même relation que j'ai avec Paris-Roubaix", reconnaît-il lui-même. "J'ai eu l'immense honneur de définir ma carrière à Roubaix, autour de cette course et aussi avec le Tour de France."

Sa victoire dans l'édition 2015 de l'Enfer du Nord a probablement marqué le point culminant de sa carrière : "Ce qui me marque le plus, c'est d'avoir pu ramener le pavé à la maison en 2015. Cela me rend évidemment encore plus fier que de simplement terminer chaque année."

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