Milan-San Remo - Van der Poel : «Lombardie et Liège... ça me semble impossible»
Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) a remporté ce samedi Milan-San Remo 2025, le premier Monument de l'année. Après une bataille épique avec Tadej Pogacar (UAE Team Emirates XRG) et Filippo Ganna (INEOS Grenadiers), qui a commencé dès la Cipressa, Mathieu van der Poel s'est montré le plus véloce pour lever les bras sur la Via Roma. C'est le deuxième succès sur la Primavera pour le Néerlandais, le septième Monument de sa carrière. Dans une longue conférence de presse, Mathieu van der Poel est revenu sur cette journée folle, à regarder ou à lire ci-dessous.
Vidéo - Mathieu van der Poel après sa victoire à Milan-San Remo 2025
"C'est assez spécial de passer la Cipressa à trois"
Êtes-vous dans la meilleure forme de votre carrière ?
Oui, c'est l'une de mes meilleures formes, je pense. Je me sentais vraiment bien sur Tirreno. Je savais qu’avec une semaine de repos, je serais à mon meilleur niveau.
Sur la Cipressa et le Poggio, l’attaque de Pogacar a été très intense. À quel point avez-vous souffert et vous attendiez-vous à ce qu’il tente cela ?
Oui, pour être honnête, j'étais assez confiant de pouvoir suivre sur le Poggio. La Cipressa a été plus difficile, mais je savais qu’il allait essayer de nous lâcher. C'est très difficile sur une montée comme le Poggio, et il avait déjà dû aller à fond sur la Cipressa pour créer un groupe réduit. Je me sentais bien, mais on ne sait jamais à l'avance. J'étais confiant dans mes capacités à suivre.
À l’arrivée, vous sembliez très ému. C’était une victoire difficile. Pouvez-vous nous en parler ?
Oui, bien sûr. Les trois ou quatre premières heures de course ont encore été horribles pour moi aujourd’hui, comme ce fut le cas sur Tirreno. J’étais tellement soulagé en passant le tunnel du Turchino, en voyant le soleil et en sentant la température remonter. J’ai commencé à me sentir de mieux en mieux en longeant la côte. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous avons pu faire la différence sur la Cipressa à trois. Ce ne sont peut-être pas les heures les plus dures de la course, mais avec ces conditions météo, cela pèse sur le corps. Le vent était parfait pour le plan de UAE sur la Cipressa. J’ai été surpris et c’était assez spécial de voir seulement trois coureurs au sommet de cette montée.
"Pogacar... un talent générationnel"
Vous avez battu Tadej sept fois, il vous a battu sept fois. On parle souvent de votre rivalité avec Wout, mais celle avec Tadej est peut-être encore plus marquante. Comment faites-vous pour le battre autant de fois ?
Ce n’est pas seulement ma rivalité, je pense que Tadej est le rival de tout le monde. Le battre signifie être proche de la victoire aujourd’hui. C’est impressionnant, il est non seulement l’un des meilleurs coureurs de classiques, mais aussi l’un des meilleurs coureurs de Grands Tours. C’est un talent générationnel. Je suis heureux de courir contre lui et encore plus quand j’arrive à le battre.
Avant la course, vous disiez que gagner ici serait un petit plus dans votre carrière. Après la course, à quel point êtes-vous fier de cette victoire et de la performance de votre équipe ?
Je suis très heureux et fier de cette victoire. Gagner un Monument est toujours spécial, et celui-ci l’est peut-être encore plus au vu du déroulement de la course. L’équipe a été incroyable, comme toujours dans les moments clés. Nous pouvons être fiers de notre performance. Remporter cette course trois fois de suite en tant qu’équipe, c’est peut-être quelque chose qui ne s’est jamais produit et qui ne se reproduira peut-être jamais. C’est un exploit à savourer.
Sur le Poggio, vous avez tenté de distancer Pogacar. Était-ce important d’un point de vue psychologique ou cherchiez-vous à partir en solitaire ?
Non, j’ai vraiment essayé d’y aller en solitaire, car après une course aussi dure, on ne sait jamais ce qui peut arriver au sprint. Pogacar n’est clairement pas lent et Filippo est aussi très rapide. Après un tel effort, ce n’est pas forcément le plus rapide qui gagne, mais le plus fort. Je savais que Pogacar avait déjà tout donné à plusieurs reprises pour essayer de me lâcher, alors j’ai tenté de le briser un peu en contrant son attaque, mais il était suffisamment fort pour répondre.
"Le sprint long... je l'avais prévu cet hiver"
Mardi, vous disiez que l’arrivée via Roma pouvait être encore plus spéciale que le vélodrome de Roubaix, car on ne sait jamais comment cela va se terminer. Aujourd’hui, c’était encore le cas. Qu’avez-vous ressenti sur la ligne d’arrivée ?
Comme je l’ai dit, c’était assez émouvant, car la course a été extrêmement difficile. Gagner un autre Monument, c’est difficile à croire. Ça continue pour moi et pour l’équipe, et ce n’est pas quelque chose que nous devons considérer comme acquis. Chaque année, nous remportons un Monument, et c’est une fierté.
Pendant une des contre-attaques de Pogacar, peut-être sur la Cipressa, vous avez échangé quelques mots avec lui. Que vous êtes-vous dit ?
Aucune idée. Je crois qu’il m’a dit quelque chose au sommet du Poggio, mais j’étais vraiment à la limite et je n’ai pas compris. Il faudrait lui demander.
Dans les 500 derniers mètres, Ganna est revenu sur vous, mais on a l’impression que, dans un petit groupe de 2-3 coureurs, vous jouez toujours vos cartes parfaitement et vous trouvez le bon moment pour gagner. Est-ce vrai ?
Je pense que je les ai simplement surpris en lançant mon sprint à 300 mètres. Tout le monde pense qu’un sprint court est ce qui me convient le mieux, car cela a fonctionné plusieurs fois. Mais j’avais déjà prévu cela durant l’hiver. Je savais que je pouvais utiliser cet élément à mon avantage, car personne ne s’attendait à ce que je lance de si loin. Je pense que cela a été une clé importante pour gagner aujourd’hui.
"Dans la Cipressa, le rythme a été incroyable"
À quoi ressemble une semaine de repos pour vous ? Beaucoup de coureurs disent qu’ils sont meilleurs après une semaine de repos, mais vous semblez avoir un don particulier pour cela. Que faites-vous durant cette semaine ?
Ce n’est pas vraiment une semaine de repos. Lundi, j’étais fatigué, donc j’ai roulé une heure. Mardi, trois heures. Mercredi, j’ai fait une reconnaissance du Tour des Flandres, seul, pendant quatre heures à un rythme soutenu. Puis j’ai pris deux jours plus légers, en roulant simplement. Avec le temps, on apprend à écouter son corps et à savoir ce qui fonctionne. Nous avons accumulé assez de données ces dernières années pour savoir quoi faire. C’est aussi pour cela que j’ai couru Tirreno : nous savons que j’ai besoin de ce type de course pour être au top sur une épreuve comme aujourd’hui.
Qu’est-ce qui fait que cette saison pourrait être la meilleure de votre carrière ?
Chaque saison est différente, mais je pense que nous avons tout fait pour être dans la meilleure forme possible.
Quel a été le moment le plus difficile de la course pour vous ? Était-ce votre deuxième attaque sur le Poggio, où il y avait un petit écart, ou un autre moment ?
Non, pour moi, la Cipressa a été la partie la plus difficile de la course. Probablement pour tout le monde, d’ailleurs. Le rythme a été incroyable du bas jusqu’au sommet. Mais quand nous sommes descendus, j’avais encore assez de jambes pour suivre sur le Poggio
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"Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Lombardie... les gagner semble presque impossible"
Comment allez-vous célébrer cette victoire ? Un cadeau spécial ? Un cigare ?
Non, pas vraiment. J’ai juste hâte de manger quelque chose avec l’équipe. Rien de spécial, il y a encore beaucoup de courses à venir. Mais nous allons essayer d’apprécier le moment plus qu’avant, car ce n’est pas quelque chose de normal. Un jour, cela s’arrêtera, alors il faut en profiter.
Il vous manque encore Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie pour compléter votre collection. Est-ce un objectif pour vous, et envisagez-vous de perdre du poids pour être plus compétitif ?
Non, je me concentre sur mes points forts. Gagner ces courses semble presque impossible face à des coureurs comme Tadej et Remco. Peut-être pas totalement impossible, mais il faudrait être très chanceux. Il vaut mieux que je me focalise sur les courses où j’ai les meilleures chances de gagner.
