ITW - Pauline Ferrand-Prévot : «Ma vie n'a pas changé»
Par Valentin GLO le 07/02/2015 à 19:24
Vidéo - Pauline Ferrand-Prévot en duplex sur France 2
Une semaine jour pour jour après son titre mondial de cyclo-cross à Tabor (République Tchèque), la Française Pauline Ferrand-Prévot s'est confiée à Cyclism'Actu. La jeune femme de 22 ans revient sur ses deux couronnes mondiales acquises en quatre mois, sur sa nouvelle notoriété mais également sur la suite de sa carrière.
Pauline, samedi dernier vous deveniez championne du Monde de cyclo-cross. Dans quel état d'esprit êtes-vous une semaine plus tard ?
Je ne réalise toujours pas, ma vie n'a pas changé. Je n'en ai pas envie. J'ai envie de rester la même, de ne pas en faire une montagne. C'est super, c'est incroyable, mais je n'ai pas envie de réaliser.
Comment s'est déroulée la course ?
Je n'ai pas pris un bon départ à cause d'une chute intervenue devant moi. Je n'étais pas bien placée et je suis remontée durant le deuxième tour. Lucie Chainel était devant et j'ai eu une décision difficile à prendre. Mais Katerina Nash était à la peine derrière et je ne voulais pas qu'elle revienne, puisque c'était selon moi la principale prétendante au titre. J'ai donc décidé de rouler pour ne pas qu'elle revienne. Finalement je suis revenue seule sur Lucie mais on a dû mettre pied à terre dans un passage technique et les autres sont revenues à leur tour. Mais j'ai continué à courir comme je le faisais : en ne me posant aucune question. J'étais comme un robot programmé, à l'inverse de certaines manches de Coupe du Monde où je me posais trop de questions, où je voulais trop gagner et où je faisais des erreurs.
A quoi pensez-vous quand vous vous retrouvez avec Lucie Chainel en tête de course ? Pensez-vous à ce moment-là que vous pouvez monter toutes les deux sur le podium ?
Je n'ai jamais pensé au résultat durant la course. J'ai encouragé Lucie quand je suis passée, je lui ai dit : "Allez Lulu !". Mais je n'ai jamais pensé au résultat. Je ne me suis jamais mise de pression durant la course. Rien ne pouvait me perturber. J'étais comme transformée. Pourtant je n'étais pas confiante avant le départ. On m'attendait beaucoup, on me disait que j'allais gagner. Mais pas forcément ! Je me disais : "Ils sont fous !". Après mon titre mondial à Ponferrada, je ne me disais pas que ma carrière cycliste était déjà réussie, mais presque.
"Garder une certaine naïveté"
Justement, quel titre mondial est le plus beau ? Celui sur route à Ponferrada ou celui de cyclo-cross à Tabor ?
Je dirais que les deux sont différents. Mon titre sur route a plus mis en valeur mon sens tactique. Je n'étais pas la plus forte à Ponferrada, mais j'ai su être la plus maligne. C'était différent à Tabor. Je ne dis pas que j'étais la plus forte, mais quand je revois la vidéo de ma victoire je constate que je passe quasiment toute la course devant...
Est-ce que vous vous rendez compte que vous prenez une nouvelle dimension avec ces deux titres mondiaux ? Comment vivez-vous cela ?
Je commence à me faire connaître en France, ce qui implique de gérer toutes les sollicitations. C'est compliqué car je ne sais pas dire non. A un moment donné j'en ai eu marre, j'ai craqué car j'en avais marre d'avoir beaucoup trop de choses à gérer sans s'éparpiller (Jean-Christophe Péraud : "Je devrais être plus souvent sur mon vélo !"). Je me suis presque sentie persécutée. Désormais je me méfie plus des personnes, je suis plus réservée, car j'avais l'impression que dès quelqu'un venait me voir c'était pour me demander quelque chose. C'est difficile à gérer quand on a 22 ans.
Quels sont vos objectifs pour 2015 ?
Je veux me faire plaisir pour faire une saison aussi belle que l'année dernière. Je ne veux pas penser aux résultats. Mes titres de championne du Monde je les ai à vie. J'ai marqué mon histoire. Je n'avais jamais pensé être championne du Monde un jour. Je souhaite garder une certaine naïveté, je ne me fixe aucune limite. Surtout que j'ai encore une bonne marge de progression.
Peut-on vous souhaiter une carrière à la Marianne Vos ?
(Rires) Je n'ai pas la prétention d'avoir un jour son palmarès. Mais je suis déjà très fière de l'avoir battue.
Propos recueillis pour Cyclism'Actu par Valentin GLO.