ITW - Loïc Vliegen : «Philippe Gilbert est un modèle»
Par Mathieu RODUIT le 11/03/2016 à 19:09
Vidéo - Loïc Vliegen prend la 4e place du Samyn 2016
Passé professionnel dans l'équipe BMC en juillet dernier, Loïc Vliegen réalise un bon début de saison. Le jeune Belge a connu des ennuis de santé l'automne dernier, mais cela ne l'a pas empêché de revenir à son meilleur niveau. Récent 4e du Samyn, le Wallon est l'un des plus grands espoirs du cyclisme belge. Pour Cyclism'Actu, il revient notamment sur son début de saison et évoque son avenir.
Vous venez de disputer les Trois jours de Flandre Occidentale. Comment s’est passée la course pour vous ?
Tout d’abord, on a pris le maillot jaune avec Tom Bohli dès le premier jour. La première mission était donc de défendre le maillot. Le samedi, c’était un peu la planche toute la journée pour moi et j’ai remis ça aussi le dimanche. Les sensations étaient bel et bien là. Notre première mission était d’espérer garder le maillot. Mais, le dernier jour, ça a été un peu dur de contrôler la course.
Sur Le Samyn, vous avez pris la 4e place. Est-ce que c’est de bon augure avant les classiques du printemps ?
C’est vrai qu’au Samyn, je savais que les jambes tournaient bien. C'était déjà le cas en France, au Tour du Haut-Var, au Tour La Provence et à la Classic Sud Ardèche. J’ai un peu levé le pied le dernier week-end au Sud-Ardèche et au Drôme Classic, en pensant au Samyn. J’étais très motivé pour le Samyn ; je pense qu’il fallait une bonne motivation pour pouvoir espérer faire un résultat, parce que les conditions météo étaient quand même exécrables. Maintenant, ça a été une course très dure et je pense que tout le monde a ressenti la course assez difficilement. Je suis très content avec ma 4e place. C’est dommage pour le podium, mais je suis content et j’espère pouvoir en faire un prochainement. C'est quand même un signe positif. La forme est bel et bien là. Il suffit de l’entretenir et pour la suite de mon programme. J’espère encore franchir un palier d’ici les Ardennaises.
Les classiques vont justement arriver. Aux quelles allez-vous allez participer ?
On m’a quand même mis sur une classique flandrienne pour un peu voir ce que ça donne. Je vais faire À travers les Flandres normalement. Ensuite, je ferai les classiques ardennaises wallonnes, les deux Flèches (Brabançonne et Wallonne) et Liège-Bastogne-Liège.
Quel rôle va-t-on vous donner dans l’équipe BMC sur ces classiques ?
Je ne sais pas encore. Chez BMC, on a de gros leaders et je pense que, dans un premier temps, il faudra surtout apprendre et terminer mes courses. Il faudra aussi engranger les kilomètres et essayer d’aller le plus loin possible, essayer d’apprendre le final d’une grande classique pour les années futures. Sinon, je devrais quand même rouler pour nos leaders, qui sont de grands noms. Forcément, j’apprendrai en même temps et je ne pense pas que j’ai la pression.
Quels seront vos objectifs pour ces courses ?
L'objectif pour moi, ce serait tout d’abord d’apprendre et d’aller le plus loin possible avec le premier groupe. Maintenant, on verra bien. Je suis encore un peu perdu pour les classiques, parce que ce sera ma première participation. Mais j’espère vraiment aller le plus loin possible avec le premier groupe, avec mes leaders et, pourquoi pas, essayer de faire une belle place. Une belle place pour moi, ça serait peut-être top 20 ou top 30. Ce serait déjà pas mal pour ma première participation.
Est-ce que vous allez faire des reconnaissances pour préparer les classiques ?
Pour les deux Flèches et Liège-Bastogne-Liège, je connais assez bien les routes, parce que c’est dans ma région. Je viens de Liège. Liège-Bastogne-Liège, je dois forcément encore reconnaître, mais je connais assez bien le final. Ce n'est donc pas vraiment un problème pour moi. Je pense cependant qu’on ira reconnaître avec l’équipe la semaine avant la course. En toute logique, j’irai faire aussi des reconnaissances avec Silvan Dilier. On ira tous les deux reconnaître les classiques.
Revenons sur votre opération du cœur, que vous avez subie en automne dernier. Comment s’est passée la reprise du vélo après l’opération ?
Tout d’abord l’opération s’est vraiment très bien déroulée. Il n'y a eu aucun souci. On m’a quand même mis au repos un mois. Pendant un mois après l’opération, je n’ai rien fait. J’ai recommencé tout doucement à rouler. Je suis ensuite allé au premier stage avec l’équipe début décembre. Je n’avais que dix heures de vélo dans les jambes depuis un bon bout de temps. Ça n’a donc pas été facile, mais je vois que la condition est déjà là. Alors que, quand j’ai été opéré au cœur (le 31 octobre), c’était un peu inespéré : je pensais que j’allais revenir, mais un peu plus tard. Pourtant, dès ma première course à Dubaï, je me sentais déjà bien. J’ai fait l’échappée et j’ai pu porter le maillot des sprints intermédiaires, donc c’était vraiment motivant pour la suite.
Est-ce que vous avez pu faire néanmoins une préparation normale pendant l’intersaison ?
Sans le vouloir le problème a été découvert au bon moment, vers mi-septembre et fin octobre, je me faisais déjà opérer. C'était vraiment l’idéal à ce moment-là, pendant la saison morte. Comme je dis, tout s’est bien passé et j’ai été bien suivi avec mon médecin, les médecins de l’équipe et le chirurgien. J’ai pu reprendre l’entraînement assez rapidement, un mois seulement après l’opération. J’ai senti directement une nette amélioration du point de vue de la récupération. Maintenant, on va dire que je récupère vraiment mes moyens, mes capacités physiques. Je ne les avais jamais encore connues, donc c’est beaucoup mieux maintenant.
Comment définiriez-vous votre profil de coureur ?
J’ai un peu du mal à m’orienter. Je peux aussi bien rouler dans les pavés que dans les courses de type Ardennaises, que ce soit les classiques ou d’autres courses similaires. Si je peux me définir, je dirais puncheur avec une belle petite pointe de vitesse.
En juillet dernier, vous avez intégré l’équipe professionnelle BMC. Comment se passe votre relation avec les grands coureurs de l’équipe ?
Ça se passe très bien. Il faut dire que c’est ma 4e année dans la famille BMC, parce que j’ai déjà fait trois ans et demi dans l’équipe espoir. On côtoyait déjà les coureurs pros en stage l’hiver. Une fois que je suis passé stagiaire, j’étais directement à l’aise chez BMC. Je m’entends vraiment bien avec tout le monde. Mes équipiers sont vraiment bien, comme mes leaders, à savoir Greg [van Avermaet] ou Philippe [Gilbert]. J'ai un peu moins côtoyé Tejay [van Garderen]. Mais avec Greg et Philippe, l’an passé, on a fait beaucoup de courses ensemble. J’ai la chance d’avoir des leaders comme ça, sur lesquels je peux beaucoup apprendre. Ils n’hésitent pas à m’apprendre l’une ou l’autre chose pendant la course ou en dehors. Je m'entends bien avec Philippe ; on est souvent ensemble en chambre aussi. Je pense qu'il a une belle expérience de la vie en général. J’ai vraiment de la chance de pouvoir côtoyer cet homme-là. Pour moi, c’est un modèle à tout point de vue. En tant que cycliste, mais aussi en tant qu’homme.
Quels sont vos rêves de carrière ?
Je ne veux jamais rêver. Je préfère garder les pieds sur terre, parce que le cyclisme est un sport très difficile et qu'il demande vraiment de la rigueur. Mais, je fais tout pour mon sport, mon métier maintenant, comme je l’ai toujours fait. Mes objectifs ? J’espère un jour pouvoir gagner une ou plusieurs courses professionnelles et pourquoi pas, ce qui me fait rêver, gagner une classique.
Qu’est-ce qui vous manque encore pour décrocher une grande victoire ?
Je ne pense pas qu’une grande victoire viendra maintenant, c’est sûr. Une victoire World Tour n'est pas donnée à tout le monde, surtout chez les jeunes. Je pense qu’il faut quand même un certain nombre d’années professionnelles et surtout en World Tour derrière soi avant de pouvoir gagner une épreuve World Tour. Il faut aussi accumuler les kilomètres, s’habituer à faire 250 kilomètres en course et avoir le jus sur la dernière heure. Ce n'est pas évident, après 250 kilomètres, d’avoir encore la force, surtout à 22 ans. Avec les années, je pense que ça viendra.
Propos recueillis par Mathieu Roduit pour Cyclism'Actu
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