INTERVIEW - Marc Madiot : «Vingegaard et Pogacar ? Là où on les attend... »

Marc Madiot, figure incoutournable du cyclisme français, est toujours à la tête de la Groupama-FDJ en ce début de saison 2025. Le patron de la formation française est revenu sur le début d'année de son équipe pour Cyclism'Actu. David Gaudu, les problèmes d'organisation, Tadej Pogacar, les différentes recrues... l'emblématique patron de la Groupama-FDJ a évoqué de nombreux sujets ce lundi, à voir ou à lire ci-dessous.
Vidéo - Marc Madiot... l'entretien avec Cyclism'Actu
"La première victoire... toujours quelque chose d'important"
Bonjour Marc Madiot, comment allez-vous en ce début de saison 2025 ? On a déjà plus d'un mois de compétition, la saison est désormais bien lancée. On va aborder le printemps et une des parties les plus intéressantes. On a vu la reprise de la plupart de vos coureurs. Quel bilan on tire de ce début de saison pour la Groupama-FDJ ?
C'est la mise en route, il y a des coureurs qui ont encore très peu couru. Donc on se met en place et on va se focaliser sur les épreuves qui arrivent à partir du week-end prochain, avec l'ouverture en Belgique, plus la Drôme-Ardèche, et derrière l'Italie qui va arriver très vite avec les Strade, Tireno et Paris-Nice. Donc tout ça fait que le mois de février a été assez complet, avec beaucoup de courses qui se sont enchaînées les unes derrière les autres. Et nous on n'a pas forcément trop couru, ni beaucoup couru pour certains de nos coureurs. Donc on était en phase de mise sur orbite, si je puis dire.
Une mise sur orbite qui est plutôt réussie. On a quand même pu voir vos principaux leaders, David Gaudu, Romain Grégoire et Guillaume Martin très récemment notamment, avec une belle victoire de David Gaudu. C'est essentiel pour bien lancer une saison, une victoire en plus qui est acquise en patron devant Adam Yates sur le Tour d'Oman...
Il faut toujours gagner vite en début de saison, la première est importante. Psychologiquement, elle ouvre le compteur de résultats pour l'équipe. Et on sait aujourd'hui avec l'importance des réseaux sociaux qu'on est vite catalogués l'équipe qui n'a pas gagné. "Ça fait 300 ou 400 jours ou 300 jours qu'on n'a pas gagné. Ils n'ont pas gagné depuis telle date. Les autres équipes ont gagné..." Il y a toujours telle et telle équipe qui n'a pas encore de victoire au compteur. Donc on sait qu'il y a un aspect psychologique non négligeable sur l'ouverture du score. Et pour moi, l'ouverture du score, c'est toujours quelque chose d'important.
Saison après saison, j'aime bien qu'on gagne assez vite pour être tranquille de ce côté-là. Et puis, on a eu un bon passage avec David. Malheureusement, il a chuté. Il n'a pas pu défendre ses chances sur les épreuves du week-end passé. Maintenant, ça fait partie des aléas. J'espère qu'on va le retrouver très vite en compétition. Et puis, il y a une belle rentrée aussi pour Romain Grégoire qui a performé notamment hier sur le chrono à Algarve. Donc j'espère de belles choses également sur ce week-end en Belgique et à Drôme-Ardèche. Donc ça y est, l'équipe est en route. Et maintenant, il faut concrétiser des résultats, des victoires.
Guillaume Martin... son genou est sous surveillance
David Gaudu, si on peut venir juste rapidement dessus. Vous nous aviez communiqué justement que ce n'était rien de trop grave. On a eu un bilan médical de la Groupama-FDJ. Il va zapper le week-end en Drôme-Ardèche ?
La décision n'est pas encore prise. On va voir dans les prochaines heures ou les prochains jours comment on s'organise pour la suite.
On a eu un Romain Grégoire très impressionnant en Algarve ce week-end, notamment sur le chrono. Il a rivalisé avec Jonas Vingegaard. Il a échoué juste au pied du podium. On peut attendre beaucoup de Romain Grégoire, notamment par exemple sur les Strade Bianche et sur le week-end en Drôme-Ardèche, le week-end prochain ?
Je pense que Romain a franchi un palier psychologiquement et physiquement. On sent qu'il a passé un cap. Donc l'idée, c'est de concrétiser et de continuer à aller chercher les beaux et grands résultats comme on l'espère le concernant.
Nouvelle recrute cette année, Guillaume Martin-Guyonnet, je précise. Qu'est-ce qu'on en pense de cette rentrée, de son intégration ?
Il aurait dû être avec David Gaudu sur ce week-end. On sent qu'il va apporter quelque chose en plus à la Groupama-FDJ cette année. C'est un coureur de fond. On sait qu'avec lui, sur les courses longues et difficiles, et les enchaînements d'étapes compliquées, il peut s'exprimer et rivaliser avec les meilleurs. J'espère que ça va bien se passer et qu'il va enchaîner de belles et bonnes performances dans les semaines qui arrivent.
On a entendu parler d'un petit problème au genou. Vous avez des précisions sur ce détail-là ?
Il y a un petit genou qui le chatouille un petit peu. On va voir. C'est sous surveillance.
"Pogacar... Je n'en pense plus rien du tout"
On aborde une partie de saison qui est certainement l'une de vos préférées. On le sait bien, sur les classiques, avec le week-end d'ouverture en Belgique. Quelles sont les ambitions de la Groupama-FDJ cette année ? Une victoire, absolument ? Peser comme les autres années, avec un groupe flandrien qui est toujours très solide ?
Pour pouvoir gagner, il faut déjà être constant et être régulier dans le niveau de performance. Donc j'attends un bon niveau de performance et un bon niveau moyen sur l'ensemble de ces courses-là avec tous nos coureurs qui vont faire la campagne flamande. Et puis après, on sait que la victoire sera difficile à aller chercher parce que quand on voit les Pogacar qui s'inscrivent sur les courses flamandes, ça augmente la difficulté. On sait qu'il y a un très haut niveau de performance chez quelques coureurs, mais on peut exister et j'espère qu'on sera opérationnels pour être régulièrement dans le match avec les plus grands.
On en pense quoi de ce jeu médiatique de Tadej Pogacar autour de la participation à Paris-Roubaix ou pas ? On a l'impression que c'est vraiment un jeu. On l'a encore vu sur l'UAE Tour cette semaine où il prend l'échappée avec le maillot rouge. Qu'est-ce qu'on en pense de cette rentrée de Pogacar ?
Je ne pense rien, rien du tout.
On n'en pense plus rien ?
Ce n'est pas mon sujet. Mon sujet, c'est mes coureurs. Je m'occupe des miens pour faire en sorte qu'ils soient au départ des courses. Après, la participation des uns ou des autres sur les courses qui arrivent ne sont pas de mon ressort. Je regarde la liste des partants la veille de l'épreuve et puis on fait avec.
Si on prend un petit peu de recul en dehors de votre équipe, on a eu la rentrée de la plupart des gros cette semaine, des gros noms. Il y en a un qui vous a impressionné plus qu'un autre entre Vingegaard, Pogacar ?
Non, pas spécialement. Ils sont là où on les attendait, où on supposait qu'ils allaient être.
"La victoire ne dépend pas que de nous"
Enfin, peut-être pour finir, parmi vos leaders, on en a un qui a fait un début de saison assez discret et un peu en retrait. Je pense à Valentin Madouas, qui a un petit peu avancé sa saison, qui a été sur le Tour d'Oman, mais pas très présent. Est-ce que c'est calculé, ce type de forme un peu plus lointain ? Ou alors il y a quelque chose qui ne va pas en ce début de saison ? On en est où pour Valentin Madouas ?
Non, non. Mentalement, tout va bien. Il y a un petit décalage physique lié à sa fin de saison de l'année dernière. Donc, on l'attend dans les prochaines semaines.
Très bien. On peut espérer, du coup… Allez, si on doit donner un petit pronostic, Marc Madiot, pour les prochaines semaines, la prochaine victoire, elle sera où, la victoire de la Groupama-FDJ ?
Là, je n'essaierai pas de vous répondre. Le plus vite possible sera le mieux, quel que soit l'endroit. Je ne suis pas en situation de pouvoir vous dire tel ou tel endroit. On y va pour gagner. Soyons raisonnables et modestes. La victoire ne dépend pas que de nous. Donc, on va essayer d'être opérationnels pour se mettre en situation de gagner. Mais je suis incapable de vous dire à quelle heure et à quel endroit ça se situera.
Bon, on n'est qu'après un mois de compétition. Mais au niveau du recrutement, vous avez l'impression d'avoir ciblé des profils qui fonctionnent. On a l'impression que l'intégration se passe plutôt bien pour tous les recrutements. Alors, on a parlé de Guillaume Martin, mais on pensait même à Clément Braz Afonso, à Johan Jacobs, et à d'autres coureurs comme Rémi Cavagna. On est content du recrutement pour l'instant ?
Écoutez, le recrutement n'est pas évalué, comme pour tous ceux qui sont présents dans l'équipe, n'est pas évalué avec seulement quelques semaines de course. Ils ont 5-6 jours de course en moyenne. Donc, on ne va pas s'arrêter à 5-6 jours de course pour porter un jugement de valeur sur les performances des uns et des autres. On va laisser la saison s'avancer tranquillement et il sera toujours temps d'en reparler dans quelques semaines.
"L'Algarve... Du mal à comprendre"
Et enfin, pour terminer, on a eu de nouveau un incident un petit peu dommageable sur le Tour de l'Algarve, en termes d'organisation, avec cette arrivée totalement lunaire sur la première étape, qui font suite, évidemment...
Oui, mais je peux vous répondre déjà sur Algarve. Je peux vous répondre sur Algarve. Je suis désolé, mais les coureurs, dans les heures qui précèdent le départ de la course, ont accès au roadbook, distribué par les directeurs sportifs. Pour bon nombre de coureurs, il y a eu même une reconnaissance de l'arrivée, effectuée à l'entraînement la veille. Pour ceux qui ne l'auraient pas effectuée, c'était la même arrivée que les années précédentes. Donc, si vous ajoutez à cela le visionnage des sites d'arrivée en visio avec les coureurs lors des briefings dans toutes les équipes, on est censé penser que les coureurs ne se trompent pas de route.
Vous allez un peu dans le sens d'Arnaud De Lie, qui indiquait que la responsabilité était clairement des coureurs qui n'avaient pas suivi…
De toute façon, il y a un point du règlement, et je n'ai pas très bien compris ce qui s'est passé d'ailleurs, parce qu'il y a un point du règlement qui dit que le coureur doit connaître le parcours. Et je ne comprends pas d'ailleurs qu'il y ait eu déclassement de Ganna et des coureurs qui suivaient à l'arrivée.
Et de Romain...
Oui, mais peu importe. Oui, je l'ai vu bien. Ces coureurs-là ont fait le bon parcours, ont eu le bon feeling par rapport au déroulé de la course, donc je ne comprends pas qu'on n'ait pas conservé ce classement, même s'il était facilité par le fait de l'erreur d'une grande partie du peloton. Mais s'il n'y avait eu que deux ou trois coureurs qui s'étaient trompés, on aurait maintenu le classement. Donc je ne comprends pas très bien ce qui s'est passé au niveau des commissaires, parce qu'encore une fois, les coureurs sont censés connaître le parcours.
Et il y a des gens qui ont fait le bon parcours. Il n'y a pas eu de difficultés particulières sur le final de la course, donc j'ai du mal à comprendre pourquoi on a annulé les résultats de la course. Ce n'est pas logique. On a été plusieurs à se poser la question et je pense qu'elle est légitime, parce qu'effectivement… Ça dépend. Le problème, c'est qu'on a une application du règlement à géométrie variable. Et c'est quand même un peu dommage.