INTERVIEW - Jurdie : «On sait que face aux grands comme Pogacar, van der Poel...»

Après le week-end d'ouverture en Belgique et à quelques jours du départ de Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, ce début du mois de mars marque traditionnellement le véritable lancement de la saison cycliste et le début des choses sérieuses. L'occasion idéale pour faire un bilan provisoire de ces premières semaines de compétition avec Julien Jurdie dans un entretien accordé à Cyclism'Actu. Avec trois victoires sur les routes françaises (deux pour Sam Bennett sur Le Tour de La Provence, et Dorian Godon sur le Tour des Alpes-Maritimes) et sept podiums, le directeur sportif de Decathlon AG2R La Mondiale est revenu avec satisfaction sur les premiers résultats obtenus par ses coureurs avant d'évoquer les prochains objectifs du mois de mars, mais aussi l'absence préjudiciable de Benoît Cosnefroy, les problèmes de sécurité... Une interview exclusive pour Cyclism'Actu, à lire et/ou à regarder ci-dessous.
Vidéo - Julien Jurdie sur Cyclism'Actu pour un premier bilan en 2025
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"On n'avait pas de doute, mais plutôt une petite appréhension pour confirmer après 2024..."
Bonjour Julien, merci d'accorder cette interview à Cyclism'Actu. On va vous poser quelques petites questions, notamment sur ce début de saison, un premier bilan. Comment ça va et comment ça se passe pour vous et votre équipe Décathlon AG2R la Mondiale ?
Bonjour à vous ! Effectivement, le premier bilan du début de saison est plutôt positif. C'est clair qu'il y a toujours une petite appréhension suite à la saison 2024 qui a été excellente en termes de victoires et de ranking. On sait que ce n'est jamais facile de confirmer après une excellente saison. On n'avait pas de doute, mais plutôt une petite appréhension. Le travail a été bien effectué durant les stages de décembre et janvier, donc on savait qu'on était prêts. Mais les courses restent les courses, et il faut réussir un bon mois de février pour être prêts pour les gros événements de mars.
En février, on a déjà trois victoires, sept podiums, et on a été acteurs sur toutes les courses auxquelles nous avons participé. Nous avons également choisi de ne pas trop courir en février pour être performants sur les courses où nous étions présents. La course en Australie a bien lancé la saison avec une excellente place au classement général pour Bastien Tronchon. Donc les feux sont au vert, et nous espérons que tout ira bien. Nous avons quelques petits soucis de santé actuellement avec certains coureurs, mais dans l'ensemble, la préparation de février s'est très bien passée.
"Sportivement, on espérait un peu mieux en termes de résultats mais..."
L'actualité récente était ce week-end d'ouverture en Belgique, avec des courses aussi en France. Vous étiez en Belgique. Pas de résultats, mais une équipe offensive. Quel bilan tirez-vous de ces premières classiques ?
C'est clair que sportivement, on espérait un peu mieux en termes de résultats, on avait des objectifs plus élevés que 13e et 17e. Mais le côté positif, c'est qu'on a couru de manière assez offensive. Les courses étaient assez fermées, surtout samedi et dimanche, avec des conditions climatiques favorables à une course assez paisible. Pas de pluie et pas beaucoup de vent. Cela a incité une course assez prudente de la part des principaux favoris. Nous avons essayé de dynamiter la course, notamment sur l'Omloop le samedi, en étant acteurs sur certains secteurs clés. Et dimanche à Kuurne, on savait qu'il y aurait une vraie bataille entre les sprinteurs et les hommes de classiques.
Nous avions deux options dans l'équipe, avec Sam Bennett au sprint et nos coureurs de classique. On voulait éviter de rester passifs et d'attendre un sprint. Même si Sam est en confiance après ses deux victoires, on se devait d’être aussi acteurs. Le bilan de ce week-end, c'est un manque d’opportunisme sur les deux arrivées. À l'Omloop, Oliver (Naesen) n'a pas été assez lucide dans le final pour faire un beau sprint, contrairement à l'année dernière où il avait fini 4e. À Kuurne, on a pris l'initiative trop tôt dans l'emballage, et cela a limité notre potentiel. Mais la condition physique était bonne, et on a vu nos coureurs évoluer à un bon niveau.
"Les Classiques... on sait qu'on sera un peu juste face aux grands comme Van der Poel ou Pogacar"
Pour la suite des classiques, il y a un petit entre-deux avec des courses comme le Tirreno, Paris-Nice et compagnie. Mais dans deux ou trois semaines, les classiques vont reprendre à 100%. Quel est l'objectif de votre équipe pour ces classiques ?
Oui, effectivement, il y a une petite parenthèse avec Milan-San Remo où certains de nos coureurs de classiques seront présents. Mais l’essentiel sera de revenir en Belgique pour le Grand Prix E3, le Tour des Flandres, et bien sûr, Paris-Roubaix. Vous avez bien résumé, nous ne sommes pas les grands favoris pour ces courses pavées, mais on a des coureurs solides comme Oliver Naesen, Sam Bennett, Stefan Bissegger, etc. Notre objectif sera d'être opportuniste. Nous avons un collectif assez homogène, et Stan Dewulf a franchi un cap. J'espère qu'il pourra s'exprimer sur ces classiques. Stefan Bissegger se sent très bien dans l'équipe et aura certainement des opportunités. Il faudra être malin, anticiper et être réaliste. On sait que face aux grands comme Mathieu van der Poel, Tadej Pogacar ou Mads Pedersen, on pourrait être un peu juste pour les accompagner dans le final. Mais on doit trouver des solutions, anticiper avec des échappées et un bon collectif, sans regretter nos positionnements. Il faudra aussi bien positionner nos leaders en course.
"Cosnefroy ? On espère qu'il pourra revenir pour les classiques ardennaises, mais..."
Un coureur qui avait déjà brillé l'année dernière à cette époque avec deux victoires est Benoît Cosnefroy. Comment va-t-il et quand peut-on espérer son retour ?
Benoît reste notre leader numéro un et il nous manque énormément en ce début de saison. C'est un garçon qui apprécie particulièrement les débuts de saison et qui est très fort sur les courses d'une journée. L'année dernière, il avait montré une excellente forme sur le Strade avec une belle 6e place. Il a subi une intervention chirurgicale au genou il y a quelques semaines, et il est en rééducation actuellement. Il commence à peine à faire du vélo sur home trainer. En termes de retour sur le vélo, c’est difficile de donner une date précise. On espère qu'il pourra revenir pour les classiques ardennaises, mais il est trop tôt pour être certain de sa présence.
Avant de parler des classiques Flandriennes et Ardennaises, il y a Paris-Nice et Tirreno qui se profilent. Quels sont vos objectifs pour ces deux courses d'une semaine ?
Nous avons deux gros blocs avec Paris-Nice et Tirreno. À Paris-Nice, Felix Gall sera notre leader pour le classement général, épaulé par Aurélien Paret-Peintre. À Tirreno, nous aurons également deux leaders pour le classement général avec Johannes Staune-Mittet et Clément Berthet. Sam Bennett sera également présent à Tirreno pour les sprints, avec l'ambition de performer sur au moins trois ou quatre étapes. Nos objectifs sont réalistes : intégrer le top 10 à Paris-Nice et Tirreno. Nous voulons être acteurs sur ces deux courses, avec deux groupes différents qui peuvent performer. Les ambitions sont les mêmes : faire une bonne course en équipe et être compétitifs sur ces deux grands événements.
"La sécurité... je pense que la situation progresse, on va globalement dans le bon sens"
Un dernier sujet, la sécurité en course. Il y a eu quelques incidents cette saison, notamment en début de saison à Bessèges, Algarve, et d'autres courses. Quel est votre avis en tant que directeur sportif sur la sécurité des coureurs ?
C'est clair qu'en début de saison, il y a eu plusieurs incidents, et ce n'est jamais facile pour les organisateurs de garantir une sécurité parfaite. Mais je pense que la situation progresse. Je n'étais pas présent sur les courses où il y a eu des soucis, mais sur celles où j'étais, comme les courses en Espagne et en Belgique, la sécurité a vraiment progressé. Les organisateurs, notamment à Flanders Classics et Kuurne-Bruxelles-Kuurne, font vraiment de leur mieux pour protéger les coureurs. Après, il faut rappeler que le cyclisme est un sport atypique, avec des routes non privatisées, ce qui complique les choses. Mais globalement, la sécurité a bien évolué et va dans le bon sens.