INTERVIEW - Cyril Saugrain : «Ma victoire sur le Tour... ça a changé ma vie»
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Un nouveau challenge pour Cyril Saugrain ! Après plus de 20 ans chez Décathlon, il prend la tête du projet ambitieux du Vélo Club de Roubaix. À la tête de l’équipe Van Rysel-Roubaix aux côtés de Daniel Verbrackel dès cette saison, il ambitionne de faire rayonner l’équipe au-delà des résultats sportifs, en plaçant l’humain et la passion du vélo au cœur de son projet. Son nouveau rôle, le projet du Vélo Club de Roubaix, sa vision du vélo... Cyril Saugrain, ancien coureur cycliste et consultant pour nos confrères belges de la RTBF depuis plus de dix ans, a abordé de nombreux thèmes à regarder ou à lire ci-dessous.
Vidéo - Cyril Saugrain, au micro de Cyclism'Actu
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"Avant tout manager du Vélo Club de Roubaix..."
Vous avez fait un peu l'actualité ces derniers jours puisque vous êtes devenu le nouveau manager de l'équipe Van Rysel-Roubaix, expliquez-nous comment ça s'est fait et comment ça va ?
Pour être bien précis, je suis avant tout manager du Vélo Club de Roubaix et dans le projet du Véloclub de Roubaix, il y a cette équipe Van Rysel-Roubaix qui va, dans un premier temps, continuer d’être animée par celui qui est aujourd'hui manager général du Vélo Club de Roubaix, c’est-à-dire Daniel Verbrackel, qui va reprendre ce rôle de manager plutôt sportif pour l'année 2025. Il accompagnera le projet et moi, je vais construire avec lui les années suivantes. Daniel prendra gentiment sa retraite à la fin de l’année, donc il était important qu’on puisse tous les deux travailler ensemble pendant une année. Daniel gère ce club avec toute une équipe, notamment des bénévoles, et un projet comme celui-là ne se bâtit pas en 15 jours. Il faut travailler main dans la main pendant un an pour que les choses se passent correctement.
Pour moi, c’est une superbe nouvelle. Quand on m’a proposé ce projet, on était au mois d’août 2024. Ce n’était pas le projet initial pour moi. Je suis chez Décathlon depuis plus de 20 ans, donc quitter Décathlon n’était pas dans mes projets à court terme. Mais l’opportunité était belle, le projet superbe. Il y a ce projet Vélo Club de Roubaix, évidemment, mais aussi le projet autour de l’académie, le projet de l’équipe pro, et tout un gros projet en cours avec la mairie de Roubaix sur l’aménagement du parc des sports, l’arrivée probable d’un musée. C’est la globalité du projet qui m’a intéressé. Je m’étais dit que, si je devais un jour revenir dans le vélo, ce serait plutôt comme manager général, dans une fonction stratégique, plutôt que dans l’animation quotidienne des coureurs. On m’a dit à un conseil d’administration : « C’est un beau cadeau qu’on fait à Cyril. Ce ne sera pas simple, mais c’est une belle opportunité ». Je confirme que c’est un beau cadeau et une belle opportunité.
"J'ai eu la chance de gagner sur le Tour de France..."
Est-ce que vous pouvez revenir en détail sur votre parcours et expliquer comment se sont faits les premiers contacts ?
Mon parcours est assez simple : j’ai été coureur cycliste pendant une dizaine d’années. J’ai eu la chance de gagner une belle étape sur les routes du Tour de France. C’est, je pense, le jour qui a changé ma vie. En 1997, j’ai porté le maillot à pois une journée sur les routes du Tour. J’ai eu l’opportunité de courir pendant dix ans, de participer à de belles courses, de rencontrer de beaux leaders. Puis, fin 2003, j’ai décidé d’arrêter ma carrière. Je devais encore resigner deux ans, mais j’ai eu envie de me projeter dans l’après. J’ai donc suivi une formation au CNPC à Pau. C’est durant cette formation que j’ai rencontré des gens de chez Décathlon. En août 2004, j’ai signé mon premier contrat chez Décathlon, comme responsable de rayon au magasin de Meaux. J’ai eu la chance d’y passer cinq ans, puis quelques mois au magasin de Croix-Sibobourg, près d’Euro Disney.
En 2010, j’ai été proposé pour un challenge de directeur de magasin sur le site du Btwin Village, un endroit qui était inconnu à l’époque mais qui est aujourd’hui reconnu dans la région lilloise. C’est là que j’ai pris en charge le partenariat technique de la marque Btwin avec la Française des Jeux, puis avec l’équipe Cofidis. En 2019, j’ai pris en charge la communication pour la création de la marque Van Rysel. Le but était de remettre la marque sur le Tour de France, avec l’idée de faire partie des cinq meilleures marques mondiales dans les années à venir. J’ai salué les ingénieurs qui ont développé le RCR, certainement l’un des vélos les plus performants du monde aujourd’hui. Puis j’ai pris un peu de recul pour un autre projet au sein de Décathlon, le Decathlon Live Teleshopping 2.0.
C’est alors qu’Olivier Robinet, l’ancien patron de la marque Btwin et désormais président du Vélo Club de Roubaix, m’a proposé de rejoindre ce projet en tant que manager général. Au début, il ne s’agissait pas de remplacer Daniel Verbrackel, mais d’accompagner sa passation pour qu’il puisse me transmettre toutes les clés pour reprendre le projet. Il s’agit d’un projet global autour de l’académie, du parc des sports et de l’équipe. Notre objectif est de faire de Roubaix la capitale mondiale du vélo d’ici 2030.
"Faire de Roubaix la capitale mondiale du vélo"
Ce poste de manager général, un peu nouveau pour vous, vous procure-t-il de l’appréhension, de l’excitation ? Comment vous sentez-vous ?
C’est avant tout de l’excitation. Le projet est immense, avec de nombreux sujets différents. Il y a l’aménagement du parc des sports pour faire de Roubaix la capitale mondiale du vélo, la création d’une académie pour accompagner les jeunes vers le haut niveau, et bien sûr, le développement du club. Tout cela nécessite différentes qualités, et je pense que mon parcours chez Décathlon sera très utile, notamment dans le management et la capacité à travailler avec les gens. Olivier Robinet, bien qu’il ne vienne pas directement du milieu du vélo, est quelqu’un de passionné et expérimenté, ce qui est très important. Mon parcours d’ancien coureur me permet aussi de connaître l’univers pro et de mieux comprendre les enjeux.
Concernant les ambitions sportives de l’équipe Van Rysel-Roubaix, vous évoluez en Continental, la troisième division mondiale. Avez-vous des projets de montée en Continental Pro, par exemple ?
La montée en Continental Pro fait partie des ambitions possibles, mais mon objectif principal est de cultiver le plaisir de faire du vélo. On veut animer l’équipe autour du plaisir et de la satisfaction des coureurs. Bien sûr, il y aura des objectifs sportifs et de la data, mais celle-ci sera avant tout utilisée pour mesurer la satisfaction des coureurs, car un coureur heureux et motivé est plus performant. Notre objectif est de créer une équipe avec une vision moderne du cyclisme, axée sur la communication, les événements, et le développement d’une communauté autour de l’équipe. Bien sûr, nous visons des résultats sportifs, mais notre rêve à long terme est de gagner Paris-Roubaix avec un coureur issu du Vélo Club de Roubaix et de l’équipe Van Rysel-Roubaix. Ce ne sera pas pour 2025, ni 2026, mais d’ici 2028-2029, nous serons probablement prêts à viser cet objectif.
Le projet vous fait-il penser à celui de TDT-Unibet Tietema, avec sa vision moderne et son approche basée sur la communication, tout en cherchant à obtenir des résultats sportifs ?
Je connais bien l’équipe et j’apprécie leur vision. Nous partageons une vision similaire, à savoir que les plus grandes équipes mondiales ont des budgets que nous ne pourrons jamais atteindre. Mais on peut exister autrement, notamment grâce aux réseaux sociaux. Aujourd’hui, il ne suffit plus seulement de gagner pour être visible. Les gens veulent suivre une équipe pour ses valeurs, pour l’expérience qu’elle leur fait vivre, pas uniquement pour les résultats. Nous voulons faire vivre cette passion du vélo à notre public, à travers des valeurs et des bons moments partagés. C’est ainsi que nous comptons construire notre projet.