INTERVIEW - Stéphane Heulot : «On sait d'où elles viennent les calomnies... »
La Lotto Dstny semble être dans le rouge financièrement, en tout cas selon les sources du média néerlandais, Wielerflits. Problèmes avec les sponsors, mauvaise gestion sportive, harcèlement, retard de paiement... des sources anonymes du cadre général de l'équipe se seraient confiées au site batave. Contacté par Cyclism'Actu, Stéphane Heulot, patron de la formation belge, estime "être victime de calomnie" dans un papier qui n'est "qu'un tissu de mensonges". Wielerflits, Maxim Van Gils, la situation du cyclisme français... Stéphane Heulot s'est exprimé sur de nombreux sujets. En bref, plus de 25 minutes d'interview à regarder en vidéo ou à lire ci-dessous.
Vidéo - Stéphane Heulot au micro de Cyclism'Actu !
#CyclismActu : Stéphane Heulot, son avis sur le conflit FFC-LNC : "Un gros symbole de connerie"😅
— Cyclism'Actu (@cyclismactu) October 11, 2024
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"Ces calomnies... On sait d'où elles viennent"
Qu'avez vous à répondre à l'article de Wielerflits ?
"Quand on a pris connaissance de cet article-là hier, on ne savait pas s'il fallait en rire ou en pleurer. C'est tellement cousu de fil blanc par rapport à ces calomnies, on sait clairement d'où elles viennent. Malheureusement, la vie d'une équipe est faîtes d'alleé et venue de gens, c'est comme dans n'importe qu'elles sociétés, il y a des coureurs qu'on renouvelle, d'autre qu'on ne renouvelle pas... A partir de là, l'objectif était clair : instaurer un climat plutôt négatif. Ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que le 2 octobre dernier, il y avait la date limite pour le dépôt de garantie, c'est un peu le sésame pour tout enregistrement de l'équipe pour une nouvelle saison et cela été fait correctement de notre part.
Le budget est équilibré, c'est vrai qu'il y a eu de l'incertitude, ce qui a provoqué une lenteur au niveau du mercato, mais ce n'était pas forcément une inquiétude pour nous car on avait assuré le ré-engagement de nos principaux leaders. On savait où est-ce qu'on allait. Tout est en ordre, on est en train d'aménager notre nouveau service course qui est somptueux, on est neuvième mondial... Cela dérange peut-être des personnes, probablement, on est un peu désolé de ce genre de calomnies qui nuisent à l'équipe mais on a aussi envie de rigoler, je n'ai même pas était contacté par... je ne sais même pas si on peut appeler ça un média."
Route - La fin du nom "Lotto Dstny" en 2025, Dstny va quitter l'équipe belge #LottoDstny #Belgique #Heulot #DeLie #JO https://t.co/li4cRDGiXq #cyclisme #cycling
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Que comptez-vous faire ?
"On est déjà sur l'affaire. On ne va pas laisser passer les choses, on sait exactement de qui cela vient. L'important pour nous est de clarifier les choses. Maintenant, il faudra argumenter car c'est bien beau de parler sous couvert d'anonymat mais l'anonymat est vite levé. On n'a pas eu de mal à les identifier. Encore une fois, c'est juste très bas, à la hauteur des personnages, des deux personnages principaux. On fera ce qu'il faut, maintenant on est focus sur la saison et l'équipe."
"Un départ de Van Gils ? On n'est pas au Far West..."
En mai dernier, les médias parlaient d'un nouveau sponsor, où cela en est ?
"Pour résumer, Dstny avait un contrat de 2 ans avec une option de deux années supplémentaires. Cette option-là pouvait être levée jusqu'au 31 décembre, donc on était un peu bloqué. Il mettait beaucoup de temps à nous donner une vision claire, on l'a eu après le Tour. Pour l'anecdote c'est la quarantième année que la Loterie Belge sponsorise une équipe cyclisme, et on a eu la garantie qu'on pouvait partir seul sur cette année 2025 même si c'était quand même mieux de trouver un partenaire en phase avec nos valeurs. La recherche est en cours, on a diverses pistes."
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Vous avez enregistré beaucoup de départs... Le mercato est-il terminé pour vous ?
"Comme je le disais, on a commencé avec du retard. Maintenant, les départs sont des départs voulus, à part celui de Florian Vermeersch. Le reste, ce sont des choix par rapport à la vision que l'on a. On a une équipe de développement au top, qui fonctionne depuis de nombreuses années. On a de nombreux talents, un vivier relativement prodigieux, je pense à Jarno Widar forcément mais il y en a d'autres. On sait que 2026 sera crucial avec le passage en WorldTour. On est sur une réflexion pour 2026 plus que sur 2025."
Il y a eu des rumeurs de transferts de Maxim Van Gils, vous pouvez nous assurer qu'il restera ?
"Un contrat est un contrat. Je l'ai encore eu au téléphone il n'y a pas très longtemps. Maxim a changé d'agent, il a le même que celui de Cian Uijtdebroeks donc on connaît l'histoire. Les appels du pied sont importants, maintenant, les règles ont changé au niveau de l'UCI, on n'est pas dans le Far West, un contrat se faire avec l'accord des 3 parties. Aujourd'hui, il est clair qu'il est hors de question de briser un contrat. Le renouvellement s'est fait de manière très sereine, à une époque où il le souhaitait et à ses conditions. On est tous ravi de son évolution mais on ne l'imaginait pas à ce niveau-là, lui le premier. Aujourd'hui sa valeur est différente que celle qu'on a pu négocier en janvier mais dans le cas inverse comme cette année avec Florian Vermeersch qu'on a perdu dès la première course, l'équipe a assumé ses engagements."
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"Le conflit LNC/FFC ? Un gros symbole de connerie, c'est dramatique"
Emmanuel Hubert estime que dans 5 ans, 60% des équipes françaises amateurs auront disparu, êtes-vous d'accord ?
"Complétement. Quand j'ai arrêté ma carrière en 2002, j'ai développé un centre de formation sur la région rennaise qui a été la base de l'équipe pro Sojasun jusqu'en fin 2013. Pendant 20 ans, la FFC a oeuvré pour structurer le cyclisme amateur qui pouvait avoir une véritable légitimité. Aujourd'hui, c'est de moins en moins vrai, on connaît la conjoncture économique, la situation des communes et départements. Au-delà de ça, la FFC a augmenté ses plafonds budgétaires pour labelliser des équipes mais n'a jamais pris conscience des retours sur investissements. Sur 350 000 euros de budget, il y a moins de 5% d'aide. Et les investisseurs veulent un retour donc quand les équipes dévo sont arrivés, les DN1 n'avait plus aucun sens économiquement et sportivement.
Il y a un manque de discernement à la fois de la Fédération et puis aussi du monde pro qui n'a jamais été connecté au monde amateur. Aujourd'hui, on crée un schéma hyper professionnalisé, la Ligue notamment impose que les équipes Conti soient aussi professionnalisées que les équipes au-dessus. On est en train de créer un fossé avec les jeunes qui ne vont pas trouver de structures dans les trois années après la catégorie Juniors et on abandonne les doubles projets, les coureurs vont arrêter les études très tôt. On va dans le mur. Les DN1, DN2, DN3 organisent des courses, ce qui n'est pas le cas des équipes de développement, donc nous aurons ni équipes, ni courses. Je suis assez révolté quand j'entends des gens en haut de la pyramide regretter la manque de bénévolat. Ils ont tout fait pour le détruire et n'ont jamais été bénévole de leur vie."
Le conflit FFC/LNC n'est il pas le symbole du mal qu'il y a dans le cyclisme français ?
"C'est surtout un symbole de connerie, un gros symbole de connerie, il n'y en a pas un qui est plus intelligent que l'autre. C'est dramatique, est-ce qu'on a de l'énergie à dépenser pour ce genre de bêtise ? Ce sont des années et des années de travail pour de nombreux clubs, de nombreuses personnes. On s'en fou à la fin. Ce que veut mettre en place la FFC, c'est une règle de l'UCI, que la France a changé. Le monde professionnel se protège du monde amateur par ce genre de connerie. Partout ailleurs, ça fonctionne, qu'on me justifie pourquoi on ne le met pas en place en France. Ce n'est que du lobbying de bas étage. Cela montre à quel point on est dans la stupidité en France. Ce que j'aimerais, c'est que certains retrouvent la mémoire et d'où ils viennent. Là, j'ai le sentiment qu'il y a beaucoup beaucoup d'amnésie."
