Route - Benoît Genauzeau : «Se donner les moyens de scorer en 2024»
La formation TotalEnergies a réalisé une saison 2023 mitigée, malgré bon nombre de places d'honneur, l'équipe française a connu une de ses années les moins prolifiques avec seulement 8 victoires au compteur, dont une seule en WorldTour, celle de Geoffrey Soupe sur la 7e étape de La Vuelta. Après cette année difficile, la TotalEnergies espère se relancer et effectuer une grande saison 2024. En plein préparatifs en vue de cette nouvelle année, le directeur du sport de la ProTeam française, Benoît Genauzeau, a accordé une interview à Cyclism'Actu. Au cours de ce long entretien, il est revenu sur de nombreux sujets. Le bilan de la saison 2023, le mercato marqué par le départ de Peter Sagan, les objectifs pour 2024 et bien d'autres. Et c'est à regarder ou à lire ci-dessous !
Vidéo - Benoît Genauzeau... au micro de Cyclism'Actu !
Comment ça va et quelle est l'actualité du moment chez TotalEnergies ?
Ça va très bien. Les coureurs sont en train de se remettre progressivement au travail, après des vacances bien méritées et une saison longue et fatigante. Tout le monde a pris un peu de recul, une bonne respiration, et ils reprennent l'entraînement avec le plein d'énergie.
Quel bilan est-ce qu'on peut tirer de la saison de la TotalEnergies ?
Le bilan est contrasté. C'est vrai qu'on a eu une première partie de saison qui était compliquée. On n'est pas satisfait de notre campagne des Classiques, notamment. Par contre, on est beaucoup plus satisfait de la deuxième partie de saison, à partir du mois de juin. On n'a pas l'habitude de les compter, mais c'est vrai qu'on a eu beaucoup de 2e et de 3e places. Je pense notamment aux trois 2e places de Mathieu Burgaudeau sur le Critérium du Dauphiné, sur le Tour de France et sur la Bretagne Classic. Le Tour de France a été bon, même si on n'a pas gagné. Ensuite, on a fait une très bonne Vuelta, collectivement, avec le classement général de Steff Cras (11e), la magnifique victoire d'étape de Geoffrey Soupe... Donc il y a eu des déceptions sur la première partie de saison, des satisfactions sur la deuxième et on a envie de convertir toutes ces 2e places en victoire en 2024.
La victoire de Geoffrey Soupe, sur La Vuelta, le grand moment de votre saison
On pense d'abord à lui, c'est tellement mérité. Pendant toutes ces années, il a été très performant dans ce rôle de lanceur et on va dire que toute l'expérience qu'il a emmagasiné, il a pu la mettre à profit sur cette étape. Pour une équipe, gagner sur un Grand Tour c'est toujours quelque chose de spécial. Donc il y a beaucoup de joie et de fierté.
Vos coureurs qui ont marqué le plus de points UCI cette année sont Mathieu Burgaudeau, Dries Van Gestel, Valentin Ferron et Sandy Dujardin, ce qui est quand même une petite surprise. Est ce que vous estimez que vos leaders qui sont plus sur le papier les Peter Sagan, Pierre Latour, Anthony Turgis ou Alexis Vuillermoz vous ont déçu ? Ou les autres ont-ils sur-performer ?
Je pense que la vérité est entre les deux. On connaît les potentiels de Mathieu Burgaudeau, qui a été très constant au haut niveau sur le Tour de France, et de Sandy Dujardin, qui était avec les meilleurs lors du Championnat d'Europe. Donc là on peut parler de révélation à très haut niveau. Après, Anthony Turgis est le premier déçu de sa campagne de Classiques, il a réalisé un très bon Milan-SanRemo et après ça a été un peu plus dur. Pour Pierre Latour, c'est un autre sujet, s'il avait gagné en haut du Puy de Dôme (où il a fini 2e, ndlr), je pense que sa saison aurait été totalement réussie. On essaye de se poser les bonnes questions avec eux pour les aider à convertir leur potentiel, qui est de très haut niveau.
Le passage de Peter Sagan chez TotalEnergies... une déception ?
Le premier sentiment, c'est que le bilan, pour nous, il est positif. Ça a été deux années riches aux côtés de Peter. Le retour d'expérience a été immense, c'était intéressant de confronter sa pratique, son approche du cyclisme. Ce qu'il fait, ça n'existe pas, ce n'est écrit dans aucun livre, c'est un champion, un artiste. Pour nous, le bilan est forcément positif. Une fois qu'on a dit ça, évidemment qu'on imaginait le voir un peu plus haut dans la hiérarchie, le voir conclure par un peu plus de victoires. Donc bien sûr le bilan sportif est un peu plus contrasté. Mais on essaye toujours de retenir les choses positives et Peter a beaucoup apporté à notre projet. Les retours des coureurs sont très bons, il a aidé et il a permis de faire grandir le groupe sur certains aspects, que ce soit pour les coureurs ou pour le staff.
Au niveau des transferts, vous perdez Peter Sagan, Maciej Bodnar, Edvald Boasson-Hagen, Daniel Oss, Victor De La Parte et Jérémy Cabot, et 4 jeunes coureurs arrivent avec Lucas Boniface et Bapstiste Vadic qui viennent de Vendée U et Thomas Gachignard et Jordan Jégat qui viennent d’équipes Continental. Est ce que vous pouvez nous expliquer votre raisonnement et ce qui vous a emmené à faire ce mercato ?
Ce n'est pas un repli, même si on va avoir une équipe - à l'exception de Dries Van Gestel et de Steff Cras - qui va être très franco-française. Les coureurs qui ont fait les beaux jours de l'équipe cette année, ce sont des jeunes coureurs français issues de notre centre de formation. On a envie de revendiquer notre identité profonde, qui est : la formation et les jeunes coureurs français. C'est ce qui a fait la réussite de l'équipe historiquement. L'année prochaine, sur les 23 coureurs de l'effectif, on va en avoir 11 qui sont passés par le Vendée U, donc ce n'est pas rien.
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— Cyclism'Actu (@cyclismactu) November 16, 2023
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D’un point de vue extérieur, on se dit qu’avec le départ de Peter Sagan vous avez une bonne partie du budget qui s’est libéré, mais il n’a pas vraiment été remplacé. Pourquoi ? Vous aurez un budget moins élevé en 2024 ? Vous n’avez pas trouvé la bonne occasion à saisir ?
Il y a des choix forts qui ont été fait, à la fois sur l'effectif et sur le projet global de formation. Il ne se cache absolument rien, ni pour 2024, ni pour 2025. C'est simplement de réaffirmer notre identité, de remettre en avant et de redonner des moyens à notre projet historique.
Le nom de Julian Alaphilippe, qui est en fin de contrat à l'issue de la saison 2024, a beaucoup été associé à celui de votre équipe. Est-ce qu’il y a des nouvelles de ce côté-là ?
On verra plus tard, la saison 2024 n'est pas encore lancée, donc on est encore moins en 2025. Comme ça a été souligné à plusieurs reprises, beaucoup d'équipes souhaiteraient avoir Julian dans leur effectif, à la fois pour ses performances et pour ce qu'il est et ce qu'il incarne. Quand on parle de notre identité, de cette part du "vélo-jeu" et d'insouciance, je pense que ça le caractérise aussi. Donc forcément c'est un coureur que beaucoup d'équipes, dont nous, aimeraient avoir au sein de leur effectif. Mais pour l'instant on n'en est pas là, il y a une saison 2024 à faire et on verra la suite un petit peu plus tard.
On sait aussi que Specialized va partir à l’issue de la saison, est-ce que vous avez trouvé un nouvel équipementier ?
On aura des vélos en 2024 (rires). Il va y avoir une communication qui va être faite dans les prochains jours. On est évidemment très content et on remercie Specialized pour les deux années passées avec eux. Leur expertise du haut niveau nous a également fait évoluer, ça a été deux années très riches. Et on vous présentera dans les jours qui viennent la prochaine marque.
Où est-ce que vous en êtes au niveau de la préparation pour 2024, quels seront vos objectifs pour cette saison ?
On est en période de préparation, de calendrier, de programmation des stages. Tout est à peu près ficelé jusqu'à début janvier. Ensuite, on va passer du temps avec les coureurs pour construire les programmes, pour comprendre ce qui les anime, je pense que la clé de la réussite n'est pas seulement de leur donner un programme, mais de comprendre ce qu'ils ont vraiment envie de faire. Et bien entendu, derrière on fait en sorte que collectivement ça puisse répondre à nos objectifs et à nos attentes. Puis on aura un premier "rassemblement équipe" pendant 10 jours, à partir du 8 décembre, en Espagne. Pour nos objectifs, on a envie de revenir sur les Classiques Flandriennes, il y a aussi un premier point de passage important avec Paris-Nice début mars et puis bien évidemment le Tour de France. On veut aussi retrouver le chemin de la victoire un peu plus régulièrement, donc se donner le moyen de scorer et de gagner des courses en 2024.
On sera également dans la 2e année du cycle de trois ans pour les promotions/relégations, pour l’instant vous êtes 22e du classement, est-ce que vous avez pour objectif de rentrer parmi les 18 meilleures équipes et donc de passer en WorldTour en 2026 ?
On part du principe que les résultats, les victoires, les rankings, les points UCI... c'est toujours la conséquence de nos performances. On prend les choses dans cet ordre-là, on s'attache à performer, à gagner des courses, le reste ne sera que la conséquence du travail bien fait. Il y a beaucoup de densité au haut niveau, entre les 22-23 premières équipes mondiales. Il faut trouver un juste milieu entre les points UCI, la manière, l'émotion...
Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour cette saison 2024 ?
De la santé pour nos coureurs, parce qu'en 2023 on a eu beaucoup de blessures, de chutes... C'est toujours le point noir de notre saison quand des coureurs sont blessés. Pour avoir des performances, il faut déjà que tous les coureurs soient en bonne santé. Et puis bien sûr de trouver le chemin de la victoire le plus régulièrement possible.