INTERVIEW - Clément Venturini: «Si je perds mon titre de champion de France ?»

Par Arthur DE SMEDT le 10/01/2025 à 20:00. Mis à jour le 10/01/2025 à 20:30.
INTERVIEW - Clément Venturini: «Si je perds mon titre de champion de France ?»
INTERVIEW
Photo : @Cyclism'Actu / CyclismActu.net

A l'approche de l'un des moments forts de sa saison, Clément Venturini s'est exprimé auprès de Cyclism'Actu. En effet, le Villeurbannais de la formation Arkéa-B&B Hôtels s'apprête à disputer son 10e Championnat de France de cyclo-cross chez les Élites, qui se dérouleront ce dimanche à Pont-Château (Loire-Atlantique). A 31 ans, Venturini pourrait aller chercher un 7e titre, ce qui ferait de lui le 2e coureur le plus titré de l'histoire du cyclo-cross français (à égalité avec Eugène Christophe, André Dufraisse et Roger Rondeaux), derrière les neuf titres de Francis Mourey. A notre micro, il est également revenu sur la situation de son équipe Arkéa-B&B Hôtels, ses ambitions pour la saison sur route et bien d'autres.

Vidéo - Clément Venturini au micro de Cyclism'Actu

 

Clément Venturini, votre saison 2025 commence comme d'habitude très tôt avec les Championnats de France de cyclo-cross, qui auront lieu ce dimanche 12 janvier sur le circuit de Pont-Château. Vous êtes double tenant du titre, six fois champion de France dans votre carrière, comment abordez-vous cette édition 2025 ?

Comme les autres années, avec l'envie de bien faire ! Comme si je n'avais jamais été champion de France, car on ne s'en lasse pas. Je suis fier d'avoir déjà gagné six fois ce titre, et s'il y en a un septième, ce serait beau. Je pratique le cyclo-cross par plaisir et pour dynamiser mon hiver, et c'est un point de passage important. Derrière, il y aura encore trois épreuves de Coupe du Monde et les Championnats du monde à Liévin pour essayer de finir en beauté. Car c'est aussi un vrai objectif personnel de briller à l'international.

 

Avec un septième titre en poche, cela ferait de vous le 2e coureur le plus titré de l'histoire du cyclo-cross français (à égalité avec Eugène Christophe, André Dufraisse et Roger Rondeaux), derrière les neuf titres de Francis Mourey. C'est un record qui peut vous intéresser à l'avenir ?

En tout cas, ce n'est pas ce qui me motivera dimanche sur la ligne de départ. Peu importe le nombre, même si ça fait toujours plaisir de gagner, personnellement ma priorité c'est d'avoir ce coup de pédale, cette sensation que je recherche.

 

Vous n'aviez pas fait les Championnats d'Europe 2023 sur ce circuit de Pont-Château. Est-ce que vous le connaissez bien et est-ce qu'il vous convient dans ses caractéristiques ?

Ma dernière apparition ici, ça doit être en 2021, lors du Championnat de France Elite (qu'il avait remporté, ndlr). Pont-Château, c'est connu et reconnu. J'ai vécu de très grandes émotions là-bas, et j'espère en vivre d'autres ce dimanche. C'est vrai que c'est un magnifique circuit, il représente beaucoup de choses pour moi.

 

L'année dernière, on se souvient de votre duel avec Joshua Dubau. Il fera encore partie de vos principaux rivaux dimanche, comment évaluez-vous la concurrence en 2025 ?

Joshua sera un adversaire majeur... mais il n'y a pas que lui. Il ne faut pas oublier David (Menut), qui est le meilleur Français sur le plan international jusqu'à aujourd'hui, Fabien Doubey, qui a souvent répondu présent lors des Championnats de France, et d'autres. La concurrence sera là, il ne faut négliger personne. On avait pu voir en 2024 Théo Thomas qui avait créé la surprise en terminant 3e. Il peut y avoir des coureurs qui se subliment lors des championnats, donc il n'y aura pas que Joshua ou David à surveiller au départ.

 

Où en êtes-vous dans votre préparation ? Vous avez repris le cyclo-cross assez tardivement (à Troyes le 23 novembre), vous aviez prévu une montée en puissance pour le mois de janvier ?

Oui, en reprenant sur la Coupe de France à Troyes, c'était dur de prétendre gagner en ayant repris le vélo seulement un mois avant, et sans entraînement spécifique. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que je suis embauché par Arkéa-B&B Hotels pour briller sur la route. Et quand on fait les comptes à la fin de l'année, si ce n'est que les Championnats de France CX, mes patrons ne vont pas être contents... Donc je ne peux pas tout mettre sur le mois de janvier et faire comme si la saison s'arrêtait dimanche ou fin janvier, car la saison sur route reprendra fin février. Donc voilà, c'est une volonté de ma part de faire du cyclo-cross, mais je ne joue pas toute ma saison dimanche.

 

L'autre grand évènement de cet hiver, c'est bien sûr les Mondiaux organisés en france à Liévin (31 janvier - 2 février). Quelles sont vos ambitions pour ce moment unique qui s'annonce à domicile ?

C'est sûr que ce sera un évènement majeur et qui s'annonce très beau, ça fait vraiment plaisir de courir chez nous, on a rarement cette chance. Je suis persuadé que ça va être chouette, en plus Liévin est proche de la frontière belge, donc j'imagine que tous les fans belges vont faire le déplacement, même s'ils sont parfois un peu chauvins... Mais ce sera un très gros week-end, de bons moments à vivre, mais il y aura aussi avant ça 3 manches de Coupe du monde, soit 3 occasions pour moi de briller sur le plan international, l'un de mes gros objectifs personnels.

 

Concrètement, vous visez un top 10, voire un top 5 comme cela vous est déjà arrivé en 2022 ?

Ma place sera ce qu'elle est. Je ne parle pas trop en termes de chiffre, mais plus de performance. L'essentiel, c'est d'avoir un très bon niveau athlétique et technique à ce moment-là, d'être le meilleur possible, et la place suivra à l'arrivée.

 

Après le cyclo-cross, il y aura bien sûr la saison 2025 sur route à suivre. Comment vous vous organisez pour cette transition, est-ce que vous avez déjà un programme défini, une pause de prévu ?

La pause, ce sera plus sur le plan mental, car je vais couper quelques jours, mais la reprise sera dès fin février sur la Drôme Ardèche, les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico, puis les épreuves de Coupe de France après... Il y aura un gros programme derrière. Il y aura donc une petite coupure pour souffler et se régénérer avant de vraiment enquiller.

 

Malgré votre profil très polyvalent et rapide, vous n'avez plus lever les bras depuis 2018... On imagine que renouer avec le succès sera votre objectif principal en 2025. Cela ne vous pèse pas trop après toutes ces années de disette ?

Oui c'est sûr... La course de dimanche est hyper importante, mais si je viens à perdre mon titre de champion de France et que je gagne deux courses sur la route, ma saison sera plus que réussie en toute honnêteté... C'est vrai que je suis souvent présent, mais pas gagnant. Quand on voit le cyclisme actuel, c'est très dur de gagner. Je fais une saison 2024 correcte, avec pas mal de points UCI, et l'équipe en était très satisfaite. Mais de mon côté, le bilan était un peu mitigé, parce que je suis en effet régulier, mais j'aimerais parfois avoir ce coup d'éclat. Mais c'est comme ça, il faut aussi savoir s'avouer vaincu, quand je m'incline face à Arnaud De lie au Tro Bro Léon ou Benoît Cosnefroy à Paris-Camembert, qui sont parmi les meilleurs mondiaux, c'est une petite victoire personnelle. Malheureusement, il n'y a plus de course d'un niveau moindre, elles sont toutes très relevées et disputées. C'est dur d'avoir de belles performances.

 

C'est votre deuxième saison chez Arkéa, comment s'est passée votre intégration en 2024 ?

J'ai été plutôt bien intégré, je m'épanouis au sein de l'équipe de Manu (Emmanuel Hubert, le manager général). J'espère qu'on va vivre une grande saison 2025, tout le monde est motivé, on a senti un vrai objectif commun lors du stage de présaison. On va tous se retrouver dès lundi (13 janvier) en Espagne pour le second stage de préparation. La saison est déjà presque lancée car l'Australie va arriver très vite aussi.

 

En parlant d'Emmanuel Hubert, votre manager a beaucoup fait parler durant l'intersaison en tirant la sonnette d'alarme sur le danger qui menace le cyclisme français à terme. Est-ce que ces déclarations ont pu vous impacter et vous faire réflechir, notamment en ce qui conerne votre équipe Arkéa-B&B Hotels ?

J'ai 31 ans, et je suis assez lucide. Je ne suis pas patron d'une équipe, mais mes parents ont aussi été chefs d'entreprise, donc je sais ce que c'est , ça ne tombe pas du ciel et rien n'est acquis. Surtout dans le sport, un milieu précaire. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Certes, Manu a fait des déclarations un peu marquantes cet hiver, il nous a beaucoup parlé de ça. Mais si ce n'était que nous, ça se saurait, il y a plein d'autres équipes dans le même cas mais on n'en parle pas. C'est aussi le jeu du sport de haut niveau.

 

Donc ça ne vous inquiète pas plus que ça pour l'avenir ?

Oui et non. Forcément on court pour une équipe, mais on n'a pas des contats à durée indéterminée, ce qui peut être bien comme mauvais. Le premier but reste d'être performant. Si c'est le cas, l'équipe va briller. On est tous dans le même bateau, que ce soit les coureurs ou le staff. Tout le monde a envie que ça réussisse, car effectivement ce serait dramatique qu'une équipe comme Arkéa devait arrêter. Mais il ne faut pas penser à ça, bien au contraire. Manu fera comme nous, se battra jusqu'au bout, et l'avenir ne pourra qu'être bon, j'en suis sûr.

 

Pour conclure, en cette période de voeux et de bonnes résolutions, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour 2025 ? Qu'est ce qui ferait de cette saison une saison réussie pour Clément Venturini ?

On parle souvent de ça pour les meilleurs voeux, mais je pense que la base de tout c'est d'avoir une très bonne santé, surtout en étant sportif. Les pépins physiques font partie du sport de haut niveau, donc déjà j'aimerais pouvoir échapper à tout ça et ensuite pouvoir prendre du plaisir. Une fois qu'on a dit ça, on a éliminé les deux principaux soucis. Si on réunit ces deux ingrédient-là, généralement la recette est bonne au bout.

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