Chronique - Guimard : «La régularité du Giro est en danger»
Par Valentin GLO le 24/05/2016 à 08:48
Vidéo - La 99e édition du Giro d'Italia du 6 au 29 mai
Le Tour d'Italie s'est élancé depuis le vendredi 6 mai à Apeldoorn. Deux semaines de course ont eu lieu depuis le Grand Départ des Pays-Bas et surprise au classement général : les favoris Vincenzo Nibali et Alejandro Valverde sont surclassés par Steven Kruijswijk et Esteban Chaves. Profitant de cette nouvelle journée de repos depuis le départ de la course italienne, Cyrille Guimard, vainqueur à sept reprises du Tour de France en tant que directeur sportif et chroniqueur chez RMC Sport et BFM TV mais également chez Cyclism'Actu, revient sur la deuxième semaine du 99e Giro et craint des faits de course irréguliers dans ce dernier tiers de l'épreuve, comme il a pu le connaître sur le Giro 84 lors du duel entre son coureur Laurent Fignon et Francesco Moser. Il s'exprime également sur les abandons de Marcel Kittel et André Greipel mais aussi sur les capacités de Julian Alaphilippe, tout juste lauréat du Tour de Californie, à briller sur un Tour de France.
"Sur le Giro, on n'aime pas les trouble-fête"
L’important sur ce Tour d'Italie ce n’est pas Nibali, ce sont ceux qui se sont invités au bal : Steven Kruijswijk et Esteban Chaves. Des coureurs que nous n'avons pas l’habitude de voir aussi haut dans un classement général. C'est peut-être une page qui se tourne sur ce Giro. En matière de cyclisme, on n’aime pes les trouble-fête. Surtout sur le Giro. Il y eu suffisamment d’histoires sur les anciennes éditions du Giro, souvenez-vous de Laurent Fignon contre Francesco Moser en 1984. En Italie il peut tout se passer. Actuellement, se met en place par médias interposés une sorte de défiance sur ceux qui sont en tête. Dans L’Equipe du jour, les personnalités demandent l’union sacrée pour faire gagner Nibali. Stefano Garzelli appelle à la coalition contre Steven Kruijswijk, à une alliance entre Nibali et Valverde. Quand on commence à faire ce genre de déclarations, on se demande jusqu’où ça peut aller. Ça a déjà existé avec ces Italiens montant des cols sans donner un coup de pédale. La régularité de cette fin de Giro me semble en grand danger. Ces déclarations sont graves, quand on est journaliste ou consultant on n’a pas à emanderune telle coalition.
"Les abandons de Kittel et Greipel ? Inadmissible"
J’espère que les organisateurs du Giro n’inviteront pas les équipes de Marcel Kittel ou André Greipel l'année prochaine, ou ces coureurs qui manquent de respect à la course et au public. Il faut que l’UCI se penche sur ce problème. Les managers qui préméditent ces abandons sont irresponsables. Les organisateurs ne disent rien, ce n'est pas normal qu’ils soient contents de voir des coureurs partir comme cela. Greipel fatigué alors qu'il vient de gagner une étape ? Mais dans quel état sont les autres alors ? Ils utilisent des arguments falacieux. C'est inadmissible, même si cela a commencé avec Mario Cipollini. Cela ne donne pas une bonne image du cyclisme. L'UCI et les organisateurs doivent mettre les points sur les i. Sont-ils muselés par certains gros groupes sportifs ?
"Alaphilippe, c'est top 10 sur le Tour de France"
La progression de Julian Alaphilippe est logique et normale. Quand on est capable d'être là où il se situe sur les Ardennaises à son âge, cela signifie qu'il a tout du coureur de grandes courses par étapes. Il a un rapport poids-puissance parfait pour passer la haute montagne. Et il a encore une marge de progression. Il peut jouer un rôle sur le Tour de France, avec des ambitions. Maintenant il ne faut pas le faire à l’envers. S’il prend le départ du Tour pour un top 10, il le fera. 23 ans, c'est statistiquement l'âge où les grands champions gagnent leur premier Tour de France.
Propos recueillis par Valentin GLO pour Cyclism'Actu.