Chronique - Guimard : «Alaphilippe ? Peut-être pas une saison pourrie...»
Par Nicolas GAUTHIER le 30/07/2022 à 17:54
Cyrille Guimard sur Cyclism'Actu pour sa chronique d'après-Tour de France 2022 ! Après trois belles et intenses semaines de vélo, les sujets étaient nombreux. Le duel entre Jonas Vingegaard (Team Jumbo-Visma), grand vainqueur de cette Grande Boucle, et Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), son valeureux dauphin, la quatrième place de David Gaudu (Groupama-FDJ), le Tour des Français, les performances exceptionnelles de Wout Van Aert (Team Jumbo-Visma)... le Druide, consultant pour RMC Sport sur ce Tour de France, a livré son analyse du 109e Tour de France... et également dit toute la confiance qu'il a en Julian Alaphilippe (Quick-Step Alpha Vinyl Team) pour la fin de la saison.
Vidéo - La Chronique Guimard et le débrief du 109e Tour de France !
Le sacre de Jonas Vingegaard et la suite : "Une équipe extraordinaire autour de lui"
Après les problèmes rencontrés par Primoz Roglic, Jonas Vingegaard a assumé la responsabilité du rôle de leader, avec une équipe extraordinaire autour de lui. Peut-il gagner le Tour plusieurs fois ? Arrêtons de faire des scénarii sur le prochain Tour de France. Il faut voir comment les équipes vont évoluer, avec UAE qui va certainement tirer des enseignements de la deuxième place de Pogacar. Et il y aura d'autres coureurs qui vont arriver l'année prochaine. Le cyclisme est un sport un peu particulier puisqu'on écrit toujours le scénario après la course, jamais avant.
"Tadej Pogacar battu... la claque qu'il s'est prise va l'amener à se remettre en question"
Tadej Pogacar a été un petit peu moins saignant que l'année précédente, et la réalité, c'est que si on compare son équipe avec celle de Vingegaard, il n'y a pas photo. Pogacar avait une équipe de deuxième rang, alors que Vingegaard avait la Dream Team. Si Pogacar avait été chez Jumbo-Visma et Vingegaard chez UAE Team Emirates, le résultat aurait pu être différent car, à la pédale, les deux hommes étaient pratiquement du même niveau.
La défaillance de Pogacar dans le Granon ne vient pas du fait qu'il est moins fort, mais elle est la conséquence des quelques erreurs qu'il a pu faire - il aurait pu courir un petit peu plus intelligemment à ce moment-là - et de la pression mise par la Jumbo-Visma. Je pense que la claque que s'est prise Pogacar va l'amener à se remettre en question et à preparer le Tour mieux qu'il ne l'a préparé cette année. Il avait tellement de certitudes, après un début de saison où il avait quasiment tout gagné... Son problème s'est situé dans l'approche psychologique et pédagogique de l'évènement.
#TDF2022 Final podium!
— @UAE-TeamEmirates (@TeamEmiratesUAE) July 24, 2022
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David Gaudu, 4e du Tour : "Il a fait un Tour régulier, sérieux... mais il a subi"
Gaudu a fait un très beau Tour, mais il n'avait pas les moyens de s'enflammer. Il a fait un Tour régulier, sérieux, en essayant de ne jamais se retrouver très loin des hommes de tête, ce qui lui a permis à plusieurs reprises de revenir sur le groupe de tête. Il n'a jamais été acteur sur ce Tour, il a subi, mais c'est celui qui s'en est le mieux sorti en venant prendre une place de quatrième. Il a fait la course qu'il devait faire et avec les moyens qui étaient les siens. Geraint Thomas a fait un petit peu la même course, mais avec ses qualités de rouleur, il a fait la différence pour être sur le podium. Peut-il voir plus haut ? On n'a aucun élément qui nous permette de dire que David Gaudu pourra suivre les attaques de Pogacar ou de Vingegaard l'année prochaine.
Les Français sur le Tour : "Ils ont fait un très bon Tour, mais on est à notre place"
On a pu voir que ce n'était pas si facile que ça de gagner des étapes. Un Thibaut Pinot est, par exemple, passé au travers pendant tout le Tour de France. Il est sorti à plusieurs reprises et à chaque fois, il n'a jamais été le meilleur de l'échappée. Quand vous êtes dans un groupe de 25, pour gagner, il faut être le meilleur de l'échappée, il faut être celui qui court le mieux, il faut avoir le sens de la gagne. Et attention, quand on s'appelle Thibaut Pinot, vous avez une petite pancarte dans le dos, et ce n'est donc pas à vous qu'on va laisser faire le break en premier.
Plus globalement, les Français font un très bon Tour, mais on est à notre place, on ne prend la place de personne. Avec une trentaine de coureurs au départ, on gagne une étape avec Christophe Laporte - mais qui est plus la victoire d'un coureur de Jumbo-Visma qu'une victoire française - et on fait quatrième et septième du général. On a également vu de belles choses de la part de Benjamin Thomas ou encore d'Alexis Gougeard, un coureur qui doit jouer le final des étapes, et non dans la cour des petits dans un groupe de trois à 180 kilomètres de l'arrivée. Avec son potentiel, il doit être dans le final des grandes courses avec les champions.
Wout Van Aert, futur vainqueur du Tour : "C'est non... sauf dans des circonstances exceptionnelles"
Wout Van Aert a été le vrai patron et le grand bonhomme de ce Tour de France. On l'a vu partout et tout le temps : il faisait le ménage quand il fallait faire le ménage, il faisait la vaisselle quand il fallait faire la vaisselle et il montait sur le toit s'il y avait une tuile à changer. Pourra-t-il gagner le Tour un jour ? Je crois que c'est une question à laquelle on a déjà répondu il y a quelque temps, c'est non... sauf dans des circonstances exceptionnelles qui feraient que.
Quand on le voit faire ses numéros dans la montagne, il ne faut pas oublier qu'il est dans l'échappée, ce qui lui permet de gérer l'intensité de ses efforts dans l'ascension. Si on le met à la bagarre, à la hauteur de Pogacar et Vingegaard quand ils se mettent des peignées dans les cols, il ne pourrait pas suivre les accélérations. S'il devait défendre un maillot jaune dans les Alpes et les Pyrénées, je ne serais pas trop confiant si j'étais son directeur sportif, et c'est logique. En revanche, sur un Tour d'Italie, que je considère aujourd'hui être comme le troisième Grand Tour, avec un niveau de participation moins élevé, pourquoi pas ? Le Giro, c'est une autre forme de course.
La domination de la Jumbo-Visma : "Il n'y avait aucune faille"
Tout d'abord, ils ont dominé parce qu'ils ont les meilleurs coureurs, ce qui est quand même indispensable. Ils ont su être patients et calmes, et notamment lors de cette étape des pavés, ou après un moment de panique générale, ils ont su se regrouper et sauver Vingegaard. Cette équipe a couru intelligemment, et quand on court intelligemment, on ne fait pas d'efforts en trop - on en fait même moins - et on fait faire des efforts aux autres. Tout était réuni pour un sans-faute, le seul problème qu'ils ont rencontré étant la chute de Roglic et son abandon. Pour le reste, il n'y avait aucune faille, nulle part.
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— Team Jumbo-Visma cycling (@JumboVismaRoad) July 24, 2022
Le retour de Julian Alaphilippe : "Attendons la fin de saison et restons confiants"
Une saison pourrie ? On peut légitimement l'écrire puisque les faits sont là. Après, il a certes pris un test positif, mais ce n'est pas grave. Julian a gagné au sommet du Mur de Huy sur la 1ère étape, donc je pense qu'il n'est pas loin d'être son meilleur niveau, donc ça ne sera peut-être pas une saison pourrie, c'est trop tôt pour le dire. Il s'est passé ce qu'il s'est passé, mais, en termes de résultats, ça ne sera peut-être pas une saison pourrie. Attendons la fin de saison et restons confiants vis-à-vis de celui qui est notre meilleur coureur. Il aura les crocs.
J’espère aller mieux d’ici quelques jours. Mais la condition est bonne pour la fin de saison et j’espère vous retrouver rapidement.
— Julian Alaphilippe Officiel (@alafpolak1) July 25, 2022
Merci à tous et bon courage à toute l’équipe ✊
�' @gettysport