Tour du Pays basque - Philippe Mauduit : «On est dirigés par des clowns»
Par Titouan LABOURIE le 11/04/2025 à 13:26

Romain Grégoire et la Groupama-FDJ ont vécu un véritable ascenseur émotionnel ce mercredi, à l’issue de la 3e étape du Tour du Pays basque. D’abord deuxième sur la ligne derrière Alex Aranburu (Cofidis), le Français s’est vu annoncer vainqueur un peu plus tard, après la disqualification de l’Espagnol pour avoir coupé un rond-point par la droite à 1,2 km de l’arrivée, alors que le passage par la gauche était clairement indiqué. Invité à la cérémonie protocolaire, le Français pensait avoir décroché la victoire… jusqu’à ce que, près de deux heures plus tard, l’organisation revienne sur sa décision et réattribue le succès à Aranburu, plongeant l’étape dans une grande confusion. Le lendemain, Philippe Mauduit, directeur sportif de la Groupama-FDJ, s'est montré très remonté au micro de nos confrères de L'Équipe.
Vidéo - La réaction de Romain Grégoire au lendemain de la 3e étape
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"Les commissaires se dédouanent totalement de leurs responsabilités"
"On va essayer d'être factuel. Il y a un gamin qui s'appelle Aranburu, champion d'Espagne, qui vit à 3 kilomètres d'ici (Beasain, ville d'arrivée de la 3e étape et de départ de la 4e), qui a dû rêver de cette arrivée pendant des semaines et des semaines quand il a pris connaissance du parcours, qui a sûrement roulé sur ces routes-là à tous ses retours d'entraînement", explique Mauduit. "Et qui sait que le meilleur chemin, c'est à droite du rond-point. Si on reste toujours très factuel, nous, toutes les infos qu'on a, elles nous font passer à droite du rond-point. Les commissaires se dédouanent totalement de leurs responsabilités, ils disent que les coureurs doivent connaître le parcours, mais le règlement dit aussi que les organisateurs de la course, pour un incident ou une autre raison, sont en capacité de changer au dernier moment le parcours. Et là, t'as une banderole jaune qui bouche la moitié de la route et trois drapeaux jaunes qui t'orientent de l'autre côté. T'as pas le temps de réfléchir à s'il y a un accident ou quelque chose qui obture le passage, donc tu suis l'indication des commissaires."
"On déçoit deux coureurs, alors que les commissaires..."
"En fait, il y a une vraie problématique : les commissaires se dédouanent et reportent la faute sur l'organisateur. Les commissaires n'ont pas fait leur boulot. À l'avant de la course, il y a un commissaire qui passe sur le parcours et qui doit voir qu'il y a une ambiguïté sur ce rond-point. Il doit se poser la question de pourquoi on l'obture à moitié à droite, et qu'est-ce qu'il va se passer quand les coureurs vont arriver là", poursuit-il.
"Tu es commissaire avant-course, peut-être que tu dois appeler le président du jury, ou tu as suffisamment d'expérience pour dire qu'il n'y a pas de danger et on reste sur la trace définie par l'organisateur, tout le monde va passer à droite, vous enlevez la banderole et la mettez à gauche, les drapeaux jaunes vous les mettez à gauche, et tout le monde tire tout droit. Ou, deuxième option, il fait remonter l'info, et là, on bouche toute la voie de droite pour que tout le monde prenne à gauche. En fait, il n'y a qu'un coureur qui passe à droite hier (mercredi), un seul, le gamin du village, le mec qui a rêvé de cette victoire depuis des semaines, et le gamin qu'on a privé de monter sur le podium, qui pleure au pied du podium avec sa famille, ses amis, ses enfants, ses parents. On a bousillé le rêve d'un mec hier. Et d'un deuxième. Car il y a l'autre (Romain Grégoire) derrière qui est fou furieux, déçu du scénario final, qui se dit : 'Putain, on devait passer à droite, on m'oblige à passer à gauche, OK je vais à gauche, il y a peut-être un problème', il n'a pas le temps de penser à tout ça, il suit les drapeaux jaunes, et il voit qu'il perd la course. Il est fou furieux. Donc on déçoit deux coureurs. Et les commissaires, hier (mercredi) soir, ils ont bu leur bière comme tout le monde, hein, tout va bien, on est dans le meilleur des mondes, en vacances au Pays basque, il fait beau, il y a du soleil, on se promène dans les bagnoles... C'est pas sérieux, on est dirigés par des clowns."