Tour de France - Le sprint massif d'Amiens pour Greipel
Par Alexis ROSE le 08/07/2015 à 17:41
Au lendemain de l'étape des pavés, qui n'a pas été si belle et décisive qu'espérée, à cause du vent notamment, le peloton du 102e Tour de France repartait pour une longue étape dans le Nord de la France. Après quatre belles, mais difficiles, journées de vélo, des Pays-Bas à Cambrai, via un passage par la Belgique, les 191 coureurs restants devaient retrouver un certain calme dans cette 5e étape plus ou moins plate, qui ne comportait aucune difficulté répertoriée. Du moins, c'est ce que laissait présager le profil... Mais, en cyclisme, rien n'est simple, et les 189,5 kilomètres qui séparaient Arras et Amiens n'allaient pas être de tout repos à cause des invités-surprises : le vent et la pluie ! Malgré cela, cette journée de mercredi devait cependant se terminer par un sprint massif. Les équipes des principaux sprinteurs ne pouvaient vraiment pas rater cette première véritable occasion...
Edet lâche l'échappée, Perichon en solo, Bouhanni quitte le Tour
Le départ de l'étape est donné à 13h01 ! 2 coureurs s'extraient du peloton d'emblée, dès le kilomètre 1. C'est un duo français qui s'échappe : Nicolas Edet (Cofidis) et Pierre-Luc Perichon (Bretagne-Séché Environnement). Le peloton laisse un peu de marge aux fuyards, alors qu'il passe devant le Mont Saint-Eloi, là où a probablement été tué François Faber, le vainqueur du Tour 1909. Outre le côté sportif de la journée, cette étape passe devant plusieurs lieux commémoratifs de la 1ère Guerre Mondiale. Pour l'occasion, les coureurs d'Orica GreenEDGE portent d'ailleurs un brassard noir pour rendre hommage aux 46 000 Australiens morts sur le front pendant cette Grande Guerre.
Au kilomètre 6, Edet et Perichon mènent la course avec 2'35" d'avance, mais le coureur de la Cofidis décide de se relever : Perichon est désormais seul en tête. Quelques instants plus tard, une grosse chute se produit au sein du peloton. 4 coureurs de la Cofidis sont impliqués, dont Nacer Bouhanni. Le sprinteur Français est le seul à ne pas repartir, après avoir goûté sévèrement au bitume. Bouhanni abandonne le Tour de France : il est évacué par ambulance... L'avance de Perichon augmente au-dessus des 4', alors qu'Edet est repris au kilomètre 22. Le Tour connaît ensuite une nouvelle chute : Greg Van Avermaet (BMC) est notamment touché, mais il repart. Le peloton est tendu à cause du mauvais temps et revient tout près de l'ancien pistard de tête.
Peu après la 1ère heure de course, courue à 39,6 km/h de moyenne, Bauke Mollema (Trek) et Nicolas Roche (Sky) tombent lors d'un accrochage au kilomètre 52 : ils repartent. Les coureurs sont sur des oeufs, et Bryan Coquard (Europcar) chute aussi, quelques bornes plus loin : il est attendu par Voeckler, repart sans encombre, et réintègre le peloton assez rapidement, avant de rechuter en compagnie de Tyler Farrar (MTN) ... Ils repartent tous. Victime d'un problème mécanique, Nairo Quintana (Movistar) s'arrête et reprend sa route avec le vélo de son équipier Jonathan Castoviejo. Trop haut sur sa machine, Quintana se stoppe à nouveau pour prendre son vélo de rechange.
Regroupement général, des tentatives de bordures sous l'effet du vent
Le sprint intermédiaire du jour, placé à Rancourt au kilomètre 89,5, approche à grands pas. Perichon arrive le premier vers la plus grande nécropole de la bataille de la Somme, et remporte ce sprint intermédiaire. Derrière, l'emballage est lancé par l'équipe Giant-Alpecin. C'est John Degenkolb qui part le premier vers la ligne, mais c'est le maillot vert André Greipel (Lotto-Belisol) qui coupe la ligne le premier. L'Allemand, qui marque alors 17 points, devance son compatriote, Mark Cavendish (Etixx-Quick Step) et Peter Sagan (Tinkoff-Saxo). Coquard, qui se remet tout doucement de ses chutes successives, termine 7e de ce sprint.
Quelques mètres après ce point clé du jour, l'échappée de Pierre-Luc Perichon prend fin : il est repris par la meute après 91 bornes en tête. À ce moment-là, on assiste à des cassures : le peloton se fend en 2 ! Il y a quelques attardés, comme Bauke Mollema ou Andrew Talansky (Cannondale-Garmin), mais le paquet se reforme un peu plus loin. Après la zone de ravitaillement, le peloton rehausse le tempo.
Alors que le blessé Michael Matthews (Orica GreenEDGE) souffre à l'arrière, les formations Cannondale-Garmin et Tinkoff-Saxo tentent un coup de trafalgar, lors d'un changement de direction, à 77 kilomètres de la ligne. Le peloton casse, sous l'impulsion de la BMC : un peloton de 60 coureurs est distancé ! Dans ce dernier, on retrouve quelques coureurs, touchés par les chutes ou non : Peter Kennaugh (Team Sky), Dani Navarro, Thomas Voeckler, Alex Dowsett (Movistar), Wilco Kelderman (Lotto NL), Rafal Majka (Tinkoff-Saxo)... Alors que le temps s'empire encore, le 2e peloton capitule un peu et se situe à plus d'1' aux 70 kilomètres. Cavendish perce, ensuite, sa roue. Le sprinteur britannique, qui vise l'étape du jour, est ramené par 3 de ses coéquipiers.
Le peloton attend sagement le final, chute massive, Greipel gagne au sprint !
Alors que le peloton passe devant de nombreux Mémorials, l'allure se calme. Aux 50 kilomètres, Sky, Tinkoff-Saxo, Movistar, BMC et Astana mènent le jeu. Le groupe des attardés est à 3'15" du peloton. L'intensité repart, un petit peu, en hausse aux 40 kilomètres, juste avant un autre changement de trajectoire et donc de direction du vent. Alors que le temps se gâte, au milieu des champs cultivés, les attardés sont toujours pointés en retard : plus de 4'.
Sous la banderole des 25 derniers kilomètres, le peloton est victime d'une chute sur une route très glissante : Thibaut Pinot (FDJ) fait partie des hommes à terre, tout comme Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale). Le groupe Pinot repart avec une trentaine de secondes de retard, mais le peloton temporise. Pinot ne rentre pas si vite, alors que le paquet accélère grandement après le passage devant le Mémorial national des morts australiens. Aux 15 kilomètres, le leader de la FDJ fait la jonction, et décide de rester en fin de paquet.
Les équipes des favoris sont alors maîtres en tête de peloton. À l'approche des 10 dernières bornes, les équipes des sprinteurs sont en second plan. Le leader américain Talansky crève au plus mauvais moment, mais toute son équipe, ou presque, l'attend. À 8 kilomètres de la fin, BMC fait le forcing dans le vent, alors que le peloton des lâchés dérive maintenant à plus de 7'. L'Australien Michael Matthews, en lutte toute la journée pour conserver sa place au sein du peloton, est élu combatif de cette étape, qui se dirige tout droit vers un sprint massif. Les équipes de sprinteurs commencent à s'organiser aux 4 kilomètres.
Etixx-Quick Step travaille alors en ligne sur le côté droit, alors que de l'autre côté on retrouve les MTN, les Europcar, et les Giant-Alpecin. À 2,5 bornes de la fin, c'est le maillot jaune en personne Tony Martin qui étire le peloton ! La plupart des sprinteurs sont en place dans la ligne droite finale. L'équipe de Degenkolb prend les devants avant la flamme rouge. Les Lotto-Belisol de Greipel prennent place à l'avant, comme les Cofidis avec Soupe. C'est Etixx et Giant qui lancent le sprint ! Kristoff part de loin. Démare le déborde, mais Greipel se montre le plus rapide, en arrivant par le côté gauche, et s'impose devant le boulet de canon Sagan et Cavendish. L'Allemand de la Lotto-Belisol signe ici sa 2e victoire sur cette Grande Boucle : il conforte donc son maillot vert ! Tony Martin reste en jaune, avant la traversée vers l'Ouest.