Tour de France - Dan Martin en mode grand Tour
Par Romain MICHEL le 29/06/2015 à 11:17
Vidéo - Favoris du Tour de France 2015
A 28 ans, Dan Martin se construit un palmarès qui comblerait bon nombre de coursiers. Après Liège-Bastogne-Liège en 2013, le petit irlandais a mis le Tour de Lombardie dans sa musette en fin de saison dernière. En vieux briscard, il s'est échappé de la meute des favoris dans les 500 derniers mètres, au moment où tout le monde se préservait pour le sprint. Habitué des premiers rôles sur les classiques, le coureur Cannondale-Garmin se lance à l'assaut de la Grande Boucle.
Une première partie de saison ratée
Lorsque l'on parle de Dan Martin, comment ne pas évoquer ses chutes. Tour de Lombardie 2013, Liège-Bastogne-Liège 2014, Tour d'Italie 2014, l'irlandais goûte au bitûme lors de ces grands rendez-vous, souvent dans le final de la course. En cette première partie de saison, le puncheur-grimpeur a encore été poursuivi par la malchance. Il tombe lors de la Flèche Wallonne, son premier objectif de l'année, et récidive quatre jours plus tard lors de la doyenne des classiques, Liège-Bastogne-Liège. Mais le coureur de la Cannondale-Garmin est un dur au mal, pour preuve il participe et conclut le Tour de Romandie avec deux côtes cassées ! Suite à sa semaine suisse, il prend du repos avant de se concentrer vers le deuxième objectif de sa saison : le Tour de France. Après un mois sans compétition, Martin ne tarde pas à retrouver le rythme et rassure sur son état de forme lors du Critérium du Dauphiné. Il grimpe avec les meilleurs lors des arrivées vers Pra Loup, Saint Gervais ou Modane et se mue en attaquant opportuniste dans le final de la folle étape de Villard de Lans. Le neveu de Stephen Roche termine cette semaine de course à la septième place, intercalé entre Romain Bardet et Joaquim Rodriguez. Signe de sa bonne forme du moment.
L'irlandais a fait ses preuves sur trois semaines
A la lecture du palmarès de l'irlandais, on le catalogue volontiers comme un coureur de classiques. Habitué à jouer les premiers rôles sur les classiques ardennaises, il brille chaque fin de saison sur le Tour de Lombardie. Martin excelle aussi dans les courses par étapes d'une semaine, comme l'atteste sa victoire sur le Tour de Catalogne en 2013, ses deuxièmes places sur les deux dernières éditions du Tour de Pékin, ou encore sa huitième place sur le Tour de Suisse 2013. Mais le coureur Cannondale-Garmin a élargi sa palette lors de la dernière Vuelta. En prenant la septième place à Saint Jacques de Compostelle, sa meilleure place sur un grand tour, et de loin, il a montré qu'il avait les épaules solides pour une course de trois semaines. Cette performance espagnole soulageant sa plaie du Tour d'Italie 2014, abandonné dès le chrono par équipes inaugural, chez lui en Irlande. Avant Dan Martin avait toujours connu un coup de moins bien lors des grands tours. Rappelons qu'il aurait pu terminer dans le top 10 du Tour de France 2013, mais alors parmi les dix premiers, il était tombé malade à quatre jours du terme. Il avait subi lors de la traversée des Alpes et dégringolé au 33ème rang. Un échec que n'a pas oublié l'irlandais.
Des tactiques opportunistes souvent payantes
Dan Martin est connu pour être un fin tacticien et profiter de chaque opportunité pour retourner la course en sa faveur. On se souvient du final de ces victoires dans les grands monuments. Le cousin de Nicolas Roche pédale avec ses jambes et sa tête, et lorsque le petit irlandais, au coup de pédale saccadé, se met en danseuse, ce n'est pas pour faire de la figuration. Lors du prochain Tour de France, il aura une équipe forte autour de lui avec notamment Andrew Talansky et Ryder Hesjedal. On connait la Cannondale-Garmin pour ses stratégies osées et pertinentes, qui mettent le feu dès le début d'étape. On se souvient de la dernière étape du Critérium du Dauphiné 2014, qui avait vu la victoire de Talansky. On peut citer aussi l'étape pyrénéenne du Tour de France 2013, remporté par Dan Martin qui avait conclu magnifiquement, à Bagnères de Bigorre, une journée enflammée par son équipe dès le premier col de la journée. C'est le seul moment du Tour où Chris Froome avait vu son maillot jaune vaciller et on le doit à la formation américaine. On a hâte de la revoir à l'oeuvre dans deux semaines.
L'irlandais arrive à maturité physique et semble prêt à jouer le haut de l'affiche sur trois semaines de course. Seul ombre au tableau, sa capacité à passer la première semaine sans embûche. Le puncheur va adorer les arrivées au Mur de Huy et à Mur de Bretagne, mais les bordures et les pavés ne sont pas sa tasse de thé. Si au bout de neuf jours de course Dan Martin est toujours en état de fonctionner, on devrait voir apparaître sa fine silhouette et son coup de pédale saccadé dans les étapes montagneuses.