Strade Bianche - Tadej Pogacar intouchable... malgré une grosse chute et Pidcock !
Par Arthur DE SMEDT le 08/03/2025 à 16:47

Rien ne peut l'arrêter ! Pourtant bien amoché après une très lourde chute à 50 kms de l'arrivée qui restera comme l'image de cette 19e édition, Tadej Pogacar a fait son show habituel pour remporter pour la troisième fois de sa carrière les Strade Bianche, égalant ainsi au passage le record de Fabian Cancellara. Mais ce succès a eu le mérite d'offrir bien plus de rebondissements et de suspense que l'an passé, lors de son légendaire raid de 81 bornes. Et cela, on le doit avant tout à un homme : Tom Pidcock (Q36.5 Pro Cycling Team), le seul à avoir pu résister à l'accélération attendue du champion du monde dans le Monte Sante Maria, évitant ainsi une nouvelle démonstration en solitaire. S'en est donc suivi un très beau mano à mano entre le Britannique et le Slovène, mais c'est bien ce dernier qui a eu le dernier mot malgré cette violente sortie de route qui n'a au final pas eu d'autre conséquence que de retarder l'inévitable. C'est "seulement" à 18 kms de l'arrivée que Pogacar a fait craquer son rival, finalement repoussé à 1'24" à l'issue des 213 kilomètres de course !
Vidéo - Le résumé de la victoire de Pogacar... et sa grosse chute
Des écarts abyssaux, les Français pas dans le coup...
Avec ce triplé qui va lui offrir le droit d'avoir un secteur de chemins blancs à son nom, Pogacar marque encore un peu plus l'histoire de l'épreuve italienne en devenant le premier coureur à s'imposer deux fois consécutivement, et le premier champion du monde à lever les bras à Sienne avec le maillot arc-en-ciel. Derrière lui et Pidcock, les écarts sont tout aussi monstrueux, preuve de la difficulté de cette journée, la plus rapide de l'histoire de l'épreuve à 40,705km/h de moyenne. On retrouve sur la dernière marche du podium un deuxième coureur d'UAE, à savoir Tim Wellens. Le Belge s'est extrait du groupe de contre dans le final pour franchir la ligne à 2'12", son 2e podium ici après 2017.
Viennent ensuite au compte-goutte Ben Healy (EF Education-EasyPost, + 3'23"), Pello Bilbao (Bahrain Victorious, + 4'20") et Magnus Cort (Uno-X Mobility, + 4'26"). Les Français n'ont pas brillé, seuls Jordan Labrosse (Decathlon AG2R La Mondiale, 17e) et Kévin Vauquelin (ARKEA-B&B HOTELS, 20e) prenant place dans le top 20.
Le résumé de la course
Il ne faut pas longtemps pour voir la bonne échappée de cette 19e édition se former. Environ 10 kilomètres après le départ, un groupe de 10 coureurs prend les devants sans trop de difficultés. On y retrouve des noms intéressants, à l'image de Lewis Askey (Groupama-FDJ), Connor Swift (INEOS Grenadiers), Mark Donovan (Q36.5), Fabian Weiss (Tudor), Anders Foldager (Jayco-AlUla), Pepijn Reinderink (Soudal Quick-Step), Albert Withen Philipsen (Lidl - Trek), Simone Petilli (Intermarché - Wanty), Stan Dewulf (Decathlon AG2R La Mondiale) et Johan Price-Pejtersen (Alpecin - Deceuninck). Ils comptent jusqu'à 5 minutes d'avance avant que la formation UAE TEam Emirates XRG du grand favori Tadej Pogacar ne vienne contrôler.
Les premiers secteurs s'enchaînent rapidement, et les premières chutes ou incidents qui vont avec également. La plus notable, malheureusement côté Français, concerne David Gaudu (Groupama-FDJ), le Breton chutant et devant abandonner par la suite. Rien à signaler ensuite jusqu'à l'entrée dans les 100 kms de l'arrivée, où les choses sétrieuses vont débuter. Le groupe de tête perd d'ailleurs des unités, et les six plus forts à émerger sont Lewis Askey, Connor Swift, Mark Donovan, Fabian Weiss, Anders Foldager et Pepijn Reinderink. UAE mène sans surprise la danse derrière et impose un rythme soutenu, ramenant ainsi l'écart à moins de deux minutes et provoquant déjà un sacré écrémage au sein du peloton. A 90 bornes du but, ce dernier est déjà réduit à une trentaine d'unités à la sortie du secteur San Martino in Grania (9,5 km de long) !
Pogacar attaque dans le Monte Sante Maria à 78,5 km... mais Pidcock résiste !
On aborde alors le deuxième secteur clé de suite, le fameux Monte Sante Maria (11.5km) où Pogacar avait lancé son légendaire raid de 81 km l'an passé. Le rythme s'intensifie encore tandis que Tim Wellens, dernier étage de la fusée UAE, prend les commandes et fait le ménage. Il n'y a très vite plus grand monde dans leur sillage, et étonnament, ce n'est pas Pogacar qui bouge le premier, mais Tom Pidcock (Q36.5) ! A 78,5 bornes de la ligne, le Britannique se dresse sur les pédales, et seul le champion du monde peut le suivre, sans grande difficulté. Le Slovène contre même dans la foulée, mais le vainqueur de l'édition 2023 tient bon jusqu'à la sortie du Monte Sante Maria ! Un petit exploit quand on se souvient de l'envolée magistrale et du raid en solo de Pogacar l'an passé. Aux 75 kms, on retrouve désormais un trio en tête : Pogacar, Pidcock et le dernier rescapé de l'échappée matinale, Connor Swift, héroique pour s'accrocher à la roue des deux cadors.
On entame alors une longue portion sans chemins blancs. Les trois hommes à l'avant s'entendent parfaitement et en profitent pour creuser sur leurs poursuivants, déjà relégués à plus d'une minute et parmi lesquels on retrouve Tim Wellens, Lennert Van Eetvelt, Ben Healy, Pello Bilbao, Michael Valgren, Gianni Vermeersch ou Roger Adria. Sauf incident, la gagne devrait donc se jouer entre Pogacar et Pidcock. La situation se stabilise ensuite jusqu'aux 50 kms... où l'on assite à un gros tournant de la course !
Malgré une grosse chute, Pogacar fait craquer Pidcock et s'impose
Alors que le trio de tête s'apprête à entamer le Colle Pinzuto, Pogacar prend un virage trop vite dans une descente et part à la faute, emmenant avec lui Connor Swift ! Grosse chute du Slovène qui glisse sur plusieurs mètres avant de violemment sortir de la route, évitant de peu une collision avec un poteau. Même s'il est bien amoché, le tenant du titre repart rapidement mais doit changer de vélo un peu plus loin. Il repart avec 30 secondes de retard sur Pidcock, qui ne l'attend pas. Mais le champion du monde a de la réserve et revient en quelques minutes et avec une facilité déconcertante sur le Britannique. Le duel peut alors reprendre, même si Pogacar, le maillot déchiré, semble avoir quelques séquelles et prend le temps de faire le point sur son état de santé.
On ne sait pas encore si cette chute peut rebattre les cartes et donner plus de chance de victoire à Tom Pidcock, mais en attendant, les deux hommes collaborent à nouveau et ont l'air d'attendre le final pour s'expliquer. A 25 kms de l'arrivée, le duo conserve une minute de marge sur un groupe de contre constitué de Wellens, Bilbao, Healy, Adria et Swift, qui a entretemps été repris. Et alors qu'on repasse par les mêmes routes qui ont vu Pogacar chuter tout à l'heure, ce dernier hausse le ton dans le 2e passage du Colle Pinzuto. Pidcock s'accroche un temps... avant de craquer complètement, lessivé par la supériorité de Pogi, qui s'envole irrémédiablement. Après les 81 kms de l'an passé, son raid en solitaire de 2025 ne fera "que" 18,5 bornes, mais vu les circonstances, sa 3e victoire à venir reste tout aussi impressionnnante.
Pidcock est rapidement repoussé à plus d'une minute, le suspense pour la victoire est vite étouffé. Derrière, Tim Wellens se montre le plus costaud au sein du groupe de contre et prend une sérieuse option pour la dernière marche sur le podium. Le final n'offre aucun rebondissement ni changement de scénario, les écarts étant énormes entre chaque coureur. La suite, vous la connaissez déjà...